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Critique de belette2911


Voilà un roman noir sombre, épais, glauque, comme je les aime… le genre de roman dont on sait qu'on ne ressortira pas indemne, à force d'avoir vu du racisme, de la ségrégation, des violences, des injustices et des meurtres raciaux.

Non, il n'y a pas vraiment de lumière, dans ce roman glauque où les Méchants sont cruels, sadiques, racistes et j'en passe. À côté des Aigles Bicéphales, les membres du cucul… heu, du Ku Klux Klan font office d'enfants de choeur.

Bienvenue à Natchez, en plein coeur du Mississippi profond où la ségrégation est toujours présente, même si elle se voit moins. La cohabitation a lieu, mais une séparation entre les deux couleurs existe encore et toujours. Nous sommes en 2005 et rien ne change vraiment.

Ce roman noir, qui prend son temps, qui est fort bavard et qui se lit lentement, pourrait porter, en bandeau titre, la même inscription que celle sur le fronton des Enfers : "Lasciate ogni speranza, voi ch'entrate" (Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance), tant il est noir de chez noir.

À la manière d'un Don Winslow et de sa trilogie consacrée aux cartels de la drogue (Art Keller), Greg Iles s'attaque aux groupuscules secrets des États-Unis, parle de corruption, à tous les étages et des meurtres retentissants, tels ceux des frères Kennedy et de Martin Luther King. JFK, RFK, MLK et KKK… Oui, ce roman est un K intéressant. Très détaillé, aussi. Notamment dans ses personnages, ses lieux, leurs actions.

Ce roman noir est dense, touffu, on parle beaucoup et on n'avance pas très vite. L'enquête est pliée sur trois journées, mais ce sont des longues journées. À la page 73, le titre nous dit que nous sommes lundi et il faudra passer la page 500 pour arriver au mardi. Lire cent pages chez Greg Iles équivaut à deux cents pages chez David Gemmell ou Kent Follet. Une fois passé la moitié (600 pages), le rythme augmente et ça se lit plus vite.

Si l'auteur n'avait pas été aussi prolixe, on aurait pu avoir un roman plus ramassé, sur 800 pages. Est-ce que le récit aurait gagné à être moins détaillé ? Oui, il aurait été plus rythmé, mais avec moins de détails, il n'aurait pas été aussi réaliste, aussi prenant et aurait donné l'impression que l'auteur recoupait ses angles droits pour aller plus vite. Comme quoi, il n'est pas facile d'avoir un bon équilibre entre réalisme, profondeur et rythme.

Pour les personnages, par contre, ils ne m'ont pas vraiment touché. Caitlin, la journaliste, pense un peu trop à un scoop (réaliste, hélas), le docteur Tom Cage ne veut rien dire, Penn Cage, son fils, veut l'aider contre vents et marrées (réaliste aussi) et les méchants sont terriblement sadiques. Des Bisounours n'auraient pas été réalistes non plus, vu le contexte dans lequel ces hommes évoluent.

Finalement, ce roman résume bien les êtres humains : nous sommes des égoïstes ! Les crimes qui ont eu lieu il y a 40 ans (1964), tout le monde s'en fout, tout le monde a oublié les noms des disparus, des assassinés et personne ne veut vraiment rendre justice à ces pauvres gens, assassinés pour leur couleur de peau ou parce qu'ils avaient mis leurs petits oiseaux dans la chatte d'une jeune fille blanche (avec son consentement et parce qu'ils s'aimaient !!), qu'ils militaient pour leurs droits civiques, qu'ils étaient bien intégrés.

Ni les Blancs, ni les Noirs ne veulent s'en occuper, et ceux qui le font ont tous un motif personnel. 1964, c'est loin et personne n'en a rien à foutre, tant qu'il n'est pas concerné.

Le plus gros bémol de ce premier tome, c'est qu'une fois arrivé au bout des 1194 pages, il reste encore des questions dont nous n'avons pas les réponses, alors que l'auteur aurait pu les résoudre dans ce premier volume. Je ne voudrais pas que l'on en arrive à une certaine série télé (LOST) qui avait ouvert bien des mystères et ne les a jamais résolus… J'adore les cold case, mais il faut au moins apporter des réponses sans obliger les lecteurs à lire l'intégrale de la trilogie.

Brasier Noir est un roman très sombre, qui fait quelques retours en arrière, dans les années 60, afin de nous faire comprendre ce qu'il se passait à l'époque de la ségrégation et de la lutte pour les droits civiques, même si la partie « passé » n'est pas aussi importante que je l'aurais souhaitée.

C'est aussi une fresque historique, qui nous montre la part sombre des États-Unis, ces terres de liberté, comme le voulaient les premiers colons… Oui, mon cul ! En 2005, ça n'avait pas changé beaucoup dans les états sudistes et de nos jours, il vaut toujours mieux être Blanc que Noir, au pays de Trump.

Brasier Noir est un roman fort, percutant, dommage que ces personnages n'aient pas réussi à me donner des émotions, ni à m'attacher vraiment à eux. Cela ne m'a pas empêché de vibrer durant ma lecture, avec ce récit sombre et violent.

Oui, je continuerai l'aventure avec l'arbre aux morts

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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