Je n’achetais pas de nouvelles plantes par désir d’avoir de la fraîcheur verte. Moi qui n’avais ni mari ni enfant, je voulais avoir quelque chose dont je devais m’occuper, n’importe quoi faisait l’affaire, il me fallait prendre soin de quelque chose. Arroser, changer de place, renouveler la terre, mettre un peu d’engrais. La vie d’une plante n’est pas aussi pesante que celle d’un être humain. Difficile de parler de responsabilité, il s’agit plutôt de jouer à se sentir responsable. Je pensais que c’était à peu près la même chose que les humains. Après la naissance, les membres s’allongent, la plante se forme, a besoin d’eau, réclame à manger, regarde le soleil, si elle est fatiguée, les feuilles se ratatinent, la tige s’alourdit. Dans cet intervalle, la plante s’en remet à quelqu’un, elle ne doute pas qu’on va prendre soin d’elle. Certes, ce n’est pas une personne, mais je me disais que moi aussi j’avais une famille, le petit balcon et ses plantes me servaient de famille. J’étais contente d’avoir à veiller sur quelque chose
Ce n'est pas seulement les êtres vivants, animaux ou autres, qui peuplent la forêt. Elle est en permanence pleine de présences invisibles. L'air bleuté, la fine brume du matin, les fumées blanches qui s'élèvent on ne sait d'où.
Sur les flocons d’un blanc léger, le soleil couchant posait sa lumière et la poussière brillait avec un éclat pourpre.
"De plus, mieux vaut pénétrer seul dans la forêt. Car le silence est souvent plus fécond que l'échange de propos. a se laisser emporter par la conversation, on risque de perdre de vue l'essentiel."
"Après tout, l'homme n'est-il pas de passage, un être de transition? Du malheur au bonheur ou l'inverse, de la solitude à la multitude, d'un être à un autre, du calme à l'animation, le cerveau sans cesse va du passé au présent, du présent au passé, parfois même, il s'aventure jusque dans un lointain futur."
" La vie humaine est une étoile filante. Elle ne connaît pas comme l'eau de source un lointain et long parcours. Les jours se répètent dans un mouvement monotone, et quand on en prend soudain conscience, on se retrouve incapable d'avancer droit sur une ligne blanche."
Savez-vous qu'elles régulent elles-mêmes la température de la ruche ? Quand il fait chaud, elles agitent leurs ailes sans arrêt pour aérer les œufs, s'il fait froid, elles s'agglutinent en bouclier autour d'eux pour les protéger en sorte qu'ils ne meurent pas. Et ce, vingt-quatre heures sur vingt-quatre en plein hiver, sans le moindre répit ! Je les admire.
Même des bribes de souvenirs, les morceaux d’un vase, d’une assiette ou d’un bol cassés sont imprégnés du temps, ils portent la marque des jours où ils étaient vivants, car utilisés
Je voudrais trouver un rythme différent de celui qui t’a fait vivre ta vie trop vite. Oui, un rythme moins précipité que celui de Tôkyô, une vitesse qui corresponde à ce que je suis, tu vois ?
Même si je ne parlais à personne de toute la journée, la forêt et les champs retentissaient de chuchotements. Toute la vie de la nature parlait.
Quand j’avais abandonné un homme ainsi que ma famille d’Aichi, j’avais découvert avec surprise le plaisir d’avoir quelque chose à quitter. Ainsi donc, il était facile d’abandonner les choses ! Je n’en revenais pas. Quand avais-je perdu cette insouciance, cette légèreté ?
"Quel luxe ! Quoi de plus magnifique que l'optimisme invincible qui permet d'être insouciant du lendemain si on a aujourd'hui de quoi se nourrir, la certitude que demain aussi sera sans problème ?"