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sur 564 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mémoires d'une geisha est un petit livre précieux, qu'on devine patiemment poli et chantourné.

Ecrit sous forme de témoignage il est doté d'informations fort intéressantes sur les moeurs de la société japonaise, ses rites, son mode de vie au début du 20ème siècle et quels ont été les implications de la guerre pour le peuple japonais.

Mais c'est surtout la découverte de l'univers très particulier de l'apprentissage du métier de geisha.
Icône de la culture japonaise et entourée de mystères, ce personnage alimentera pendant des décennies beaucoup de fantasmes et de légendes puisqu'il occupe une vraie place dans la société.

Une geisha était avant tout une artiste accomplie, rompue à des heures d'entraînement, de dévouement et soumise au perfectionnement constant de ces dons artistiques. Les règles strictes qui régissaient leur statut et l'inconstance de leur situation les rendaient dépendantes de leur statut.
Les geishas étaient particulièrement respectées en tant qu'artistes accomplies et femmes cultivées, mais en réalité elles étaient avant tout des prostituées de luxe.

On est attendri par la narration autobiographique d'une destinée particulièrement dure et cruelle subie par une petite fille vendue à l'âge de 12 ans.
La pudeur est la clé de voûte de cette narration au style distancé, parfois froid et presque dénué d'émotions.
La culture nippone est bien connue pour ne pas promouvoir l'étalage de ses sentiments.

A travers ce récit où la destinée d'un individu se conjugue à L Histoire, Inoue Yuki, avec beaucoup de pudeur nous ouvre la porte du monde des geishas, un monde avec ses codes, ses lois et ses traditions.


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Je m'étais ouvert à l'univers des geishas avec le roman éponyme d'Arthur Golden. L'ouvrage de Yuki Inoué, Mémoires d'une geisha paru au Japon en 1980, s'apparente plus à un récit assorti d'un témoignage qu'à un roman. le témoignage c'est celui de Kinu Yamagushi, ancienne geisha devenue elle-même patronne d'une maison de geishas une fois son émancipation acquise, laquelle se confie à l'auteure dans cet ouvrage.

Ce qui est saisissant avec cet ouvrage c'est la conviction qu'il ancre dans l'esprit de son lecteur du poids de la culture et des traditions dans le conditionnement d'êtres humains, au point de leur faire considérer comme normal quelque chose qui nous est aujourd'hui une abomination : la vente d'un enfant, d'une fille en l'occurrence à des fins de prostitution, fût-elle pratique légale.

Car aussi sophistiqué, aussi travesti qu'il fut par les normes d'une civilisation, motivé et couvert par des aspirations d'éducation, de position sociale, de tradition, justifié par une dette encourue, le sort de la geisha reste celui d'une prostituée. Prostituée de luxe certes, mais seulement dans le sens ou ses prestations s'adressaient à des hommes riches. Car ce luxe ne changeait rien au fait qu'elle était un instrument de plaisir livré à ceux qui avaient les moyens de se l'offrir. Même si l'acte était précédé de démonstrations de dons artistiques et d'une culture des traditions, d'un cérémonial, celui du thé, cette mise en scène très codifiée et ce décorum ne faisaient pas oublier à la jeune fille que son statut était celui d'une personne tenue par sa dette envers la patronne de l'okiya, la maison de geishas, et livrée pour son émancipation au plaisir de personnages fortunés le plus souvent avancés en âge.

Vendue une première fois par des parents qui ne pouvaient pas subvenir à sa subsistance et son éducation, la jeune fille l'était une seconde fois par la « mère », patronne de l'okiya, pour ce qui était hypocritement appelé son initiation sexuelle, le mizu-age, qui comportait en apothéose du cérémonial rien d'autre que la vente aux enchères de sa virginité. Cela étant perçu par elle, parce que formée mentalement à cette condition, comme le destin naturel d'une jeune fille de famille démunie. Et peut-être même perçu par elle comme une chance quand elle pouvait tomber sous la coupe d'un protecteur, un danaa, qui s'il était bienveillant lui offrirait des chances de revenus suffisants pour s'émanciper.

Il aura fallu la seconde guerre mondiale, l'ouverture du pays à l'occident pour remettre en question cette pratique et la faire peu à peu tomber en désuétude. Kinu Yamagushi a connu toutes les phases de cette vie depuis sa vente par ses parents, sa formation de geisha, le remboursement de la dette de son éducation à la « mère » par ses prestations à commencer par son mizu-age, jusqu'à la prise en main de son destin et le montage de sa propre affaire : une maison de geishas bien entendu. La preuve qu'en son esprit son déboire de vie pût être une opportunité de promotion sociale. Elle relate sous la plume de Yuki Inoué les coulisses de ce statut, l'envers du décor, sans la moindre pointe d'amertume tant le conditionnement par le contexte historico-sociologique lui a fait intégrer l'évidence de l'utilisation de sa condition de femme pour sortir de l'indigence inhérente à sa naissance.

Ouvrage édifiant s'il en est. Ouvrage qui contredit les fervents traditionnalistes lesquels refusent le statut de prostituée de luxe aux geishas arguant de la liberté de disposer de leur corps. Mais quelle liberté quand il s'agit de rembourser les frais de l'éducation que les parents n'ont pas pu assumer. Bel éclairage sur la culture traditionnelle nippone quand elle joue de perversion. le parcours de vie de cette femme est relaté dans la pudeur que l'on connaît à la mentalité asiatique. Pudeur qui n'élude pas les choses du sexe et les aborde sans vergogne, mais pudeur qui étouffe le sentiment et interdit au sujet toute lamentation, quête d'apitoiement ou d'attendrissement sur sa propre personne. On ne peut qu'être ému au sort de ces filles écartées de leur famille dès le plus jeune âge, stupéfié par la maîtrise de leurs sentiments qui séchait leurs larmes en dépit de leur solitude face à ce destin.
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Je n'ai pas étais totalement transporté par ce récit.
La vie d'une geisha est captivante, mais l'accumulation de fait, de description, la narration qui part "parfois" dans tous les sens m'a un peu gêné. Je me suis laissé submergé par mes pensées. Et je suis souvent retourné en arrière… relire…

La geisha n'est pas seulement une prostituée, on leur apprend l'art de la danse, des instruments de musique, de posture, de l'écriture… On découvre aussi les différentes coutumes japonaises.

Et puis, il y a le côté moins harmonieux, le côté glauque : l'initiation sexuelle, les jeux, les dettes à payer, leur appartenance à un homme, leur esclavagisme forcé…
Tout ce côté écoeurant… J'aimerais vous en dire plus.
Vous décrire ma colère, mon indignation.
Mais je vous laisse découvrir…

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Cet ouvrage est né de la rencontre entre Yuki Inoue et Kinu Yamaguchi, dont elle retrace la vie de geisha depuis son entrée à l'okiya (maison de geisha) à l'âge de huit ans, lorsqu'elle fut vendue par son père pour la modique somme de cent yens. S'en suivirent quinze années de formation et de servitude strictes et exigeantes afin de devenir une geisha digne de ce nom et de rembourser la dette contractée afin d'y parvenir.

Qu'on ne s'y trompe pas, il ne s'agit pas d'un roman. Cette biographie très descriptive, parfois à l'excès, mais ô combien instructive en fait un récit indispensable pour mieux connaître et comprendre les moeurs, les us et coutumes et le folklore des quartiers de plaisir nippons au XXème Siècle. Petit détail non négligeable, l'ouvrage est parsemé de photos en noir et blanc, illustrant la vie de Kinu. C'est un ouvrage détaillé et de qualité afin de lever le voile sur le quotidien des geishas, représentation souvent biaisée et romanesque du point de vue de nos contrées occidentales. le ton n'est pas empathique, l'autrice se contentant de narrer les faits tels qu'ils sont, sans y ajouter de pathos.

Au sein de ce récit et au travers du parcours de Kinu, l'autrice nous éclaire sur l'organisation structurelle d'une okiya, sur l'emploi du temps très chargé des geishas, sur les divers échelons qui mène à ce titre et aux nombreux talents artistiques (chant, musique, danse, art de la conversation etc.) qu'il sied de maîtriser pour être une geisha reconnue et estimée, car la beauté ne fait pas tout.

Être une geisha requierait une rigueur et une obéissance à toute épreuve, bien qu'au fil des ans, le métier se fût assoupli, permettant aux femmes de prétendre à de meilleures conditions. Mais au temps de Kinu, il fallait se conformer et se plier aux traditions. Il fallait acquiescer à tout et subir les humeurs de chacun sans se rebeller ni même protester. “Dans les quartiers réservés, les filles étaient plus jalouses et orgueilleuses que dans toute autre société” mais malgré les côtés sombres du métier, elles étaient fières d'être geisha.

Je regrette un peu que les relations sociales, entre geishas notamment, n'aient pas été plus creusées, mais il s'agit là de l'intimité de Kinu, et elle nous livre déjà bien assez de détails sur sa vie et son parcours fascinant. Parfois un peu trop descriptif sous d'autres aspects, j'admets avoir parcouru quelques lignes en transversal ou sans vraiment en concevoir la portée, hormis cela j'ai dévoré cet ouvrage en quelques jours seulement, immergée dans ce Japon authentique et si complexe.

Challenge Multi-Défis 2021
Challenge ABC 2020-2021
Challenge Les Globe-Trotteurs
Challenge Monopoly
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Ce livre me fait envie depuis que j'ai lu celui d'A. Golden car je voulais un point de vue plus réaliste sur ce qu'était la vie de geisha. A ce point de vue, j'ai été comblée !

Ce roman retrace parfaitement ce qu'étaient les habitudes des geishas et ce n'était pas une vie très enviable. C'est tout le parcours de Kinu qui nous est raconté et ce qui m'a frappée, c'est à quel point les choses peuvent changer le temps d'une vie. Ce qu'elle a connu étant de jeune ne vaut plus quand elle devient patronne. Certes elle connaît beaucoup de bouleversements comme la guerre mais elle est aussi le témoin de l'évolution des mentalités qui touche jusqu'aux quartiers réservés des geishas.

Kinu ne cache rien de ce qu'elle a vécu : son éducation très rigoureuse, les corvées, son initiation sexuelle, les petits trucs de geishas pour les "vengeances",etc. C'est vraiment très intéressant car on apprend quantité de choses sur les geishas mais aussi sur les traditions, la nourriture et les fêtes japonaises. C'est très riche en informations mais c'est aussi une histoire personnelle.
Kinu est une femme qui s'adapte et qui sait surmonter les difficultés. Elle doit non seulement gérer sa vie de geisha, ce qui est éprouvant physiquement et mentalement, mais aussi sa famille et surtout sa mère et son frère. Son statut ne le coupe pas d'eux, loin de là.

Mais ce n'est pas pour ça que j'ai apprécié le plus Kinu. Dans sa vie de geisha, il n'y a pas de place pour l'amour, tout juste pour l'amitié et surtout pour le respect. Etre une geisha, c'est avant tout être la meilleure dans son domaine et accepter de consacrer son temps et son corps à gagner de l'argent. Les jours et les nuits sont consacrés à ça. C'est quand elle se décide à vivre selon ses envies qu'elle est touchante car elle devient femme et découvre tout ce que cela implique, le bon comme le mauvais. C'est là qu'elle (et le lecteur aussi) comprend que la liberté apporte son lot de difficultés et de choix compliqués. Certaines décisions qu'elle est contrainte de prendre et leurs conséquences font d'elle une personne attachante. C'est plus touchant que ce qu'elle a subi en tant que geisha, car elle le raconte avec un certain détachement.

Ce récit est un condensé de souvenirs, il est essentiellement descriptif et ce qui l'empêche d'être lourd à lire, ce sont les citations de Kinu. Cela donne à l'ensemble la valeur d'un témoignage à la riche et touchant.
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Une jeune future geisha nous raconte la vie de Kinu, qui l'accompagne à sa maison appelée "okiya". En 1900, cette dernière a été vendue par son père pour cent yens et a débuté la vie difficile et exigeante du monde des geishas. Après une enfance particulièrement rude, elle deviendra une des geikos les plus reconnues pour son excellence dans les arts. Récit autobiographique, on découvre la vie de Niru et des habitants d'une ville japonaise, ainsi de l'évolution de la société du début du XXème siècle jusqu'au années 1980.
Ce livre est une totale déconstruction du mythe des geishas, icônes du Japon. Ce récit, écrit comme un documentaire, nous raconte la vie de Kinu de sa jeunesse à sa vieillesse, au sein du quartier des plaisirs de la ville Kanazawa. On ne peut qu'être marqué par les tourments infligées aux enfants: brimades, malnutrition, maltraitance physique et peu de liens affectifs sont le quotidien des ces apprenties. L'apprentissage de la maîtrise des arts dans des conditions extrêmes et l'obligation des premières relations sexuelles tarifées à l'âge de 15 ans sont aussi très éprouvants pour le lecteur. A cette époque, la prostitution des geishas est une obligation pour qu'elles puissent rembourser la dette de leur achat à leur maison. On est loin de l'image des geishas uniquement représentante de la vie culturelle et artistique du Japon. Heureusement pour Kinu, sa jeune soeur Sato la rejoint rapidement, ce qui sera un élément réconfortant et affectif tout au long de leur vie.
J'ai particulièrement appréciée le réalisme du roman qui nous décrit les lieux, l'architecture, les magnifiques kimonos, la vie quotidienne, les fêtes, les coutumes.. Et, pourtant, l'émotion est présente car les sentiments et les ressentis de Kinu accompagnent le récit . La plume est particulièrement agréable à lire, vivant malgré sa construction en format documentaire. Je recommande pour les amoureux du Japon , qui souhaite découvrir une autre facette de la culture nippone.
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J'ai vu le film avant de lire ce roman, il y a plus de 10 ans aujourd'hui.

J'avais beaucoup aimé les images et l'esthétique du film d'Arthur Golden et j'avais fini par emprunter le roman à une amie.

Il s'agit de la vie racontée, dès la plus tendre enfance, au moment de la rencontre avec sa destinée, d'une femme devenue geisha. On a toutes et tous (ou presque), dans l'imaginaire collectif, l'image de la prostituée nippone lorsqu'on évoque ce terme. Mais c'est bien plus que cela. De ce roman, lu il y a quand même très longtemps maintenant, je garde aussi et surtout un souvenir du rituel de la cérémonie du thé.

Une jolie lecture


Challenge du livre au film
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Mémoires d'une geisha peut paraître lourd tant les détails et les termes japonais foisonnent tout au long des pages. Mais justement c'est cette richesse qui fait l'intérêt du bouquin. C'est pourquoi, je le conseillerai surtout aux personnes qui s'intéressent à la culture et à la littérature japonaise.

Ici, rien n'est édulcoré. Une Geisha est une jeune fille ou fillette vendue à une okiya par ses parents. Elle y apprendra le métier et les arts et pour rembourser sa dette (son coût d'achat et les frais liés à son éducation), elle devra se prostituer et ça commencera par la vente de sa virginité à un riche client.

Bon point pour les photos dans le roman même si il n'en ressort aucune joie. Pourtant le récit met l'accent sur le plaisir qu'ont les geishas à se rendre aux fêtes et à porter de belles tenues.

Je n'ai ressenti aucune compassion pour Kinu, elle m'a laissée de marbre contrairement à l'héroïne d'Arthur Golden dans son roman "Geisha".
On suivra Kinu de sa vente à l'okiya jusqu'à sa mort. de son apprentissage du métier jusqu'à sa fuite puis son retour en tant que patronne d'Okiya.

Un bon point pour le côté documentaire mais je reste sur ma faim pour lapartie roman.
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Basé sur le témoignage de Kinu Yamaguchi, le bouquin d'Inoue est vendu comme un roman. A mon sens, on se situerait plutôt dans la biographie.
Le parcours de Kinu colle à la réalité, sans s'encombrer d'envolées mélodramatiques ni de fioritures romantico-romanesques. L'amateur de belles histoires pourra trouver ces mémoires arides, faute d'émotions. Comme la vérité, l'intérêt de ce bouquin est ailleurs. Au-delà de tout ce qu'on peut apprendre sur les geishas, leur vie, leur oeuvre, la trajectoire de Kinu balaie le Japon de la fin de l'ère Meiji à l'après-guerre (en gros 1900-1960). Autant dire une mine sur la société japonaise et son évolution, la culture, les usages, le quotidien, la grande Histoire telle qu'elle a été vécue par le petit peuple.
Selon moi, un incontournable pour les passionnés de culture nippone, ou en tout cas ceux que la question intéresse, pour peu qu'ils ne soient pas rebutés par la masse de détails pointus.
Lien : https://unkapart.fr/memoires..
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Un ensemble très instructif sur le monde mystérieux, envoûtant des geishas. Comme pour tous les romans par des auteurs japonais, il n y a pas de perte de temps dans les fioritures.
L auteur ne cherche pas a enjoliver le tableau et peut même aller jusqu a la peinture au vitriole des détails.
Cela se lit très bien c est simple mais honnête et vrai.
Ce roman aurait-il inspiré l auteur du très actuel " geisha"??
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