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Critique de Darkcook


Fan de Shakespeare depuis si longtemps, fan du théâtre de l'absurde depuis encore plus longtemps, j'ai eu connaissance de l'existence de cet objet très tard, et je crois bien avoir reculé sa lecture de peur de voir une de mes pièces fétiches du grand William profanée et massacrée. Bon, elle est effectivement parodiée, mais pour notre plus grand bonheur. Car comme le soulignent d'autres lecteurs ici, le sourire et même la franche rigolade ne nous quittent pas pendant toute la pièce. Ionesco transforme Macbeth en joyeux asile de fous, mélange les tons (c'est ce qui est formidable avec lui et le distingue par exemple de Beckett : Il manie autant le langage soutenu, poétique, cosmique, que le familier et le trivial le plus total, et tout se conjugue et s'entrechoque ici, le plus cru et la plus grande beauté), fait évidemment de l'auguste Duncan un vieux tyran saligaud (je me l'imaginais même avec la voix du regretté Bernard Dhéran, pour ceux qui connaîtraient...), fusionne plusieurs personnages, trifouille les caractères des autres... Il y a même des répliques, et derrière, un commentaire de Ionesco, tournant en dérision les personnages de Malcolm et Donalbain (et surtout ce dernier) symptômatiques de l'abondance de multiples personnages secondaires chez Shakespeare dont énormément ne servent à rien. J'essaie d'éviter certains détails pour ne pas gâter toutes les surprises.

Il y a notamment un comique de répétition typique de l'absurde où des personnages vont répéter des tirades entières déjà prononcées par d'autres personnages auparavant, comme si Ionesco faisait du David Peace comique avant l'heure. Ce gag aura une véritable signification avec le personnage de Macol et ses répliques finales, L Histoire dans la pièce s'avérant un perpétuel recommencement (Macbeth étant devenu très vite vers la fin un autre Duncan...). La fin de la pièce ouvre d'ailleurs un questionnement qui est celui du lecteur/spectateur des pièces de Shakespeare : À la fin de Macbeth ou d'Hamlet, certes, l'on fait place à un nouveau règne sous lequel tout est censé aller mieux, mais l'on n'est jamais sûr de ce que sera le monde de ce successeur providentiel... Ionesco s'amuse avec cela en tranchant à sa façon. le basculement des personnages de la loyauté à la folie meurtrière de conjurés en transe est aussi très drôle tout au long de la pièce, avec les mêmes fameux jeux de répétition et d'échos de répliques. Il y a des parodies de scènes de ménage qui n'ont en réalité aucun sens et où on est dans l'incommunicabilité totale et où on tourne autour du pot tout le temps... Bref, c'est un vrai joyeux bordel.

Le brouillage avec Lady Macbeth (Lady Macbett ne manquera pas de se laver les mains!), le jeu avec les sorcières sont assez intéressants et bien trouvés. La raison véritable de l'orthographe MacbeTT m'échappe : Macbett dédoublé avec Banco (dont la graphie est aussi modifiée) plusieurs fois confondus de par leur ressemblance physique ? MacbeTT écho avec BeckeTT ? Ou tout simplement pour annoncer la désacralisation et le ridicule qui vont être opérés ? Quoiqu'il en soit, je me suis régalé, ma seule objection venant de la fin peut-être, un peu expéditive et expédiée, après l'escalade constante de folie qu'a été la pièce.
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