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Le sourire ne m'a pas quitté durant toute la lecture de ce MacBett d'Eugène Ionesco, un auteur qui demeurait un souvenir scolaire. La parodie est plus que réussie, et même si j'avais apprécié la pièce originale empreinte du génie shakespearien, je préfère cette version. Son côté burlesque, cette dénonciation du pouvoir qui corrompt, rend fou, noue des alliances opportunes, trempées dans le sang, mâtinées de trahisons, de lâchetés, de retournements, de soumissions, de renoncements pour une bonne soupe, m'a ramené à la comédie politique française. Les primaires à droite en furent le premier acte, la gauche poursuit le bal des ambitions, et même si les meurtres entre amis ou alliés ne sont plus que médiatiques, tous les ingrédients de la pièce s'y retrouvent peu ou prou.
Je l'ai littéralement dévoré au cours d'un trajet en train durant lequel les didascalies m'ont fait voyager à un rythme bien différent...
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Une des pièces les plus foisonnantes de Ionesco, dans laquelle il multiplie les références : littérature latine, textes religieux, Victor Hugo, William Shakespeare bien sûr... C'est une tentative de synthèse, sous forme de dénonciation des atrocités du pouvoir, de toute forme de pouvoir. On peut noter parmi les différences majeures avec la pièce de Shakespeare : la fin, où Malcolm devenu Macol est encore plus mauvais que les précédents (dans Macbeth, il apportait l'apaisement) et l'absence de Lady Macbeth, plus ou moins ramplacée par une Lady Duncan sorcière. du point de vue des idées, c'est outrancièrement simplificateur, mais attachant comme un hurlement d'indignation, plus particulièrement dirigé contre le stalinisme, ce qui n'était pas si évident en 1972. le dispositif scénique est important aussi, c'est une pièce que j'aimerais bien voir sur scène, tout compte fait.
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Voilà une parodie fort divertissante de la célèbre pièce Macbeth de Shakespeare (qu'il faudra absolument que je relise, soit dit en passant). Alors que la pièce de ce dernier est classée dans en tant que tragédie, l'on peut dire que celle de Ionesco relève plus du théâtre de l'absurde tant elle prête à sourire, voire même à rire de temps en temps malgré toute cette effusion de sang !

En effet, au début de la pièce, alors que Glamiss et Candor complotent pour assassiner et donc renverser du trône Ducan, celui qu'ils considèrent comme un tyran alors que Macbett et Banco lui sont voués corps et âme, les rôles sont rapidement inversés. Une fois les deux traîtres exécutés ainsi que tous leurs hommes, c'est au tour de Macbett et de Banco de comploter contre leur souverain.
Mais encore, s'ils ne faisaient que cela, mais il y a bien pire puisqu'ils ne se font absolument plus confiance et là, c'est à qui frappera le premier pour pouvoir monter sur le trône. Mais, mais...eh oui, il y a toujours un "mais", c'était cela sans compter sans l'intervention de deux sorcières qui s'amusent régulièrement à changer d'apparence afin de pouvoir mieux manipuler ces deux brutes assoiffées de gloire et de pouvoir...

Une parodie très bien écrite, très vite lue et rassurez-vous, même si vous n'avez pas le moral, vous pouvez vous lancer sans problème dans cette lecture, vous ne risquez pas de vous casser le moral davantage...bien au contraire ! A découvrir !
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Pas habitué au théâtre, et ne trouvant pas La Cantatrice chauve dans mes parages, je me suis reporté sur ce Macbett, dont je ne connaissais pas l'existence.
Adaptation plus que libre de l'oeuvre de Shakespeare, Ionesco nous offre une critique, sous couvert de dialogues truculents, acerbe du pouvoir . transportable à toutes les époques.
L'histoire ? C'est la rébellion contre le souverain Duncan mais le complot sera déjoué . les généraux vainqueurs , Macbett et Bacon se voient inégalement récompensés. Rien de tel pour susciter d'autres intrigues....

Beaucoup de sang, énormément même, beaucoup d'humour, de la trahison et en trame de fond , un "dézingage " du pouvoir .
- "L'accession au pouvoir entraine-t-elle la myopie?"
-"Ce n'est pas une condition nécessaire".
-"Mais cela arrive souvent."

Ici de la quête du pouvoir, où tout est bon de la flatterie la plus vile au coup d'épée le plus sanglant, à la réalité du pouvoir, mensonges, trahisons, reniement des promesses, tout y passe. on ajoute un peu de sorcellerie avec des sorcières démoniaques et on a une oeuvre qui pousse à la lecture d'autres pièces.
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J'aime beaucoup le théâtre, mais pas vraiment adepte de ce genre de lecture.

Pièce bien noire de par son contenu où les morts se succèdent et les complots aussi.

De l'humour par ci , par là avec notamment le limonadier (vendeur de limonade) censé soigner tous les maux assez loufoque.

Et deux sorcières qui ont l'art de se transformer, pour se retransformer et disparaître comme elles étaient venues.

Assassinats, champ de bataille sanglant, spectres et même manteau d'invincibilité ......

Cupidité et mensonges se disputent habilement entre les protagonistes.

ça se laisse lire, mais certainement plus agréable à découvrir dans un théâtre.

(parodie du célèbre Macbeth de Shakespeare)
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Fan de Shakespeare depuis si longtemps, fan du théâtre de l'absurde depuis encore plus longtemps, j'ai eu connaissance de l'existence de cet objet très tard, et je crois bien avoir reculé sa lecture de peur de voir une de mes pièces fétiches du grand William profanée et massacrée. Bon, elle est effectivement parodiée, mais pour notre plus grand bonheur. Car comme le soulignent d'autres lecteurs ici, le sourire et même la franche rigolade ne nous quittent pas pendant toute la pièce. Ionesco transforme Macbeth en joyeux asile de fous, mélange les tons (c'est ce qui est formidable avec lui et le distingue par exemple de Beckett : Il manie autant le langage soutenu, poétique, cosmique, que le familier et le trivial le plus total, et tout se conjugue et s'entrechoque ici, le plus cru et la plus grande beauté), fait évidemment de l'auguste Duncan un vieux tyran saligaud (je me l'imaginais même avec la voix du regretté Bernard Dhéran, pour ceux qui connaîtraient...), fusionne plusieurs personnages, trifouille les caractères des autres... Il y a même des répliques, et derrière, un commentaire de Ionesco, tournant en dérision les personnages de Malcolm et Donalbain (et surtout ce dernier) symptômatiques de l'abondance de multiples personnages secondaires chez Shakespeare dont énormément ne servent à rien. J'essaie d'éviter certains détails pour ne pas gâter toutes les surprises.

Il y a notamment un comique de répétition typique de l'absurde où des personnages vont répéter des tirades entières déjà prononcées par d'autres personnages auparavant, comme si Ionesco faisait du David Peace comique avant l'heure. Ce gag aura une véritable signification avec le personnage de Macol et ses répliques finales, L Histoire dans la pièce s'avérant un perpétuel recommencement (Macbeth étant devenu très vite vers la fin un autre Duncan...). La fin de la pièce ouvre d'ailleurs un questionnement qui est celui du lecteur/spectateur des pièces de Shakespeare : À la fin de Macbeth ou d'Hamlet, certes, l'on fait place à un nouveau règne sous lequel tout est censé aller mieux, mais l'on n'est jamais sûr de ce que sera le monde de ce successeur providentiel... Ionesco s'amuse avec cela en tranchant à sa façon. le basculement des personnages de la loyauté à la folie meurtrière de conjurés en transe est aussi très drôle tout au long de la pièce, avec les mêmes fameux jeux de répétition et d'échos de répliques. Il y a des parodies de scènes de ménage qui n'ont en réalité aucun sens et où on est dans l'incommunicabilité totale et où on tourne autour du pot tout le temps... Bref, c'est un vrai joyeux bordel.

Le brouillage avec Lady Macbeth (Lady Macbett ne manquera pas de se laver les mains!), le jeu avec les sorcières sont assez intéressants et bien trouvés. La raison véritable de l'orthographe MacbeTT m'échappe : Macbett dédoublé avec Banco (dont la graphie est aussi modifiée) plusieurs fois confondus de par leur ressemblance physique ? MacbeTT écho avec BeckeTT ? Ou tout simplement pour annoncer la désacralisation et le ridicule qui vont être opérés ? Quoiqu'il en soit, je me suis régalé, ma seule objection venant de la fin peut-être, un peu expéditive et expédiée, après l'escalade constante de folie qu'a été la pièce.
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Grand admirateur de William Shakespeare, Eugène Ionesco s'est toujours senti proche du dramaturge élisabéthain. C'est pour cette raison qu'il a eu l'idée de faire une pièce d'après "Macbeth" qu'il intitule "Macbett".
Déjà le son "bett" qui sonne "bête" annonce une comédie alors que le sujet est loin d'être drôle. En effet, la pièce de Shakespeare est une tragédie puisque Macbeth, roi d'Écosse qui régna à la fin du XIème siècle, représente l'archétype de l'ambitieux qui, poussé par sa femme, tua le roi légitime pour monter sur le trône et multiplia meurtres et autres atrocités.
On retrouve dans cette parodie, l'engrenage qui mène Macbett devenu souverain à multiplier les assassinats pour garder le trône conquis par le sang. Évidemment Ionesco n'a pas la puissance d'évocation de Shakespeare notamment quand Macbeth est hanté par les fantômes de ceux qu'il a tué.
Pour autant, on retrouve les spectres et les sorcières chez Ionesco mais avec humour, ce qui me fait penser que j'aimerais voir cette pièce montée sur scène, ce qui semble être assez rare (dommage).
J'aime les nombreuses répétitions que l'auteur sait parfaitement agencer pour donner un rythme au texte comique qui montre pourtant que le pouvoir absolu corrompt et que tout pouvoir est criminel.
Je regrette quand même que ce rire soit l'expression d'un pessimisme profond, encore plus profond que la tragédie Shakespearienne dont certains passages sont pourtant repris entièrement.


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Pièce d'un seul bloc, non découpée en actes et en scènes, le Macbett d'Ionesco est la version parodique du Macbeth de Shakespeare, mais pas que.

En fait, si on retrouve grosso modo les mêmes personnages, Duncan, Macbett, Banco, Candor et Glamiss, les modifications de l'intrigue changent totalement le sens de l'histoire. Dans la version de Shakespeare, Macbeth est poussé par l'ambition de sa femme à tuer traîtreusement Duncan, son seigneur. Dans le Macbett d'Ionesco, il n'y a pas de Lady Macbeth, mais des sorcières bien plus impliquées, et un Duncan qui n'a rien de l'innocente victime qu'il était chez Shakespeare, et qui aura bien cherché ce qui lui arrive...

Macbett commence par un dialogue entre Candor et Glamiss qui projettent de tuer Duncan. le complot éventé, Duncan compte sur Macbett et Banco pour le protéger et châtier les traîtres. En remerciement, ils auront chacun le titre et la moitié des terres de l'un des deux rebelles. Mais Duncan ne tiendra pas parole, et ne donnera rien à Banco, tandis que Macbett ne recevra que les titres, et aucune terre.

Les sorcières aidant, Banco et Macbett se retrouvent alors dans la même situation que Candor et Glamiss au début et jouent strictement le même dialogue. Macbett étant, de plus, séduit par celle qu'il croit être Lady Duncan, après avoir été convaincu de tuer Banco, assassine Duncan pour épouser Lady Duncan.

Mais Banco n'est pas mort, et, alors que Macbett découvre qu'il a été dupé pour son mariage, Macol, le fils de Duncan arrive et reprend le pouvoir, déclarant qu'il sera le pire souverain qu'ils aient jamais connu.

Ici, on a donc plus affaire à un complot des forces du mal dont les humains sont les jouets. Et le mal triomphe. La preuve que les humains ne sont que des marionnettes, c'est qu'à plusieurs reprises, les mêmes dialogues sont joués en interchangeant les personnages : ainsi l'échange subversif Candor/Glamiss est rejoué un peu plus tard par Banco/Macbett, et le moment où, pendant les derniers combats contre les traîtres, Macbett se repose pendant que Banco surveille les affrontements est rejoué strictement à l'identique et immédiatement quand Banco vient se reposer pendant que Macbett veille aux opérations.

De l'humour, il y en beaucoup, et c'est une pièce qui doit vraiment être très agréable à voir jouer. Et Ionesco arrive quand même à glisser sa petite touche d'absurde dans tout ça : à la fin, quand Macbett dit qu'il ne peut pas être tué d'un homme né d'une femme, conformément à la prophétie des sorcières, son assassin lui répond qu'il est né en fait d'une... Ah bah va falloir le lire pour le savoir ;-)
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C'est toujours pour moi un enchantement d'aborder une oeuvre de Ionesco. Papier ou théâtre, il nous offre à chaque fois ce même enchantement devant le verbe, cette même candeur mise à l'épreuve des mots, ce même regard désabusé devant les hommes, leur attrait pour le pouvoir, pour la guerre, la cruauté, le pouvoir encore.

Au théâtre de la Huchette on le joue depuis toujours... et on le redécouvre sans cesse... Ionesco et ses mêmes figures de style faciles et pourtant si cruellement véridiques, ses répétitions, ses chiasmes qui exagèrent à peine le ridicule de nos frères humains, ses exagérations bien en dessous de la réalité et ses même ses légers emportements dans le délire verbal qui ne sont que l'écho de l'absurdité nos passions.

Relisons Ionesco, l'applaudir au théâtre est un régal mais relisons-le juste pour la précision de ses didascalies... Ne cherchons pas le pourquoi, l'absurde est suffisamment logique pour ne pas souffrir de questionnement.
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Macbeth assassine pour accéder au pouvoir suprême et continue pour s'y maintenir. Shakespeare nous parlait d'un individu possédé par la folie du pouvoir. Ionesco, lui, en adaptant la pièce du grand William nous montre que cette folie, depuis le seizième siècle, s'est largement démocratisée. Certes le mode dramaturgique de Ionesco prête à rire, cependant ne nous laissons pas abuser par notre propre rire. La mise à mort d'une personne, accorde à cette personne une noblesse héroïque qui mène à la tragédie, ce qui a totalement disparu avec les mises à mort collectives et rationalisées inaugurées par notre belle révolution française. Alors oui, d'accord dans le Macbett de Ionesco on rit c'est vrai, mais ce n'est pas qu'une simple farce : attention aux malentendus.

« Le comique étant l'intuition de l'absurde, il me semble plus désespérant que le tragique. »
Ionesco, Notes et contre-notes.

Je dirais même que le texte de Ionesco est plus noir et désespéré que celui de Shakespeare, par la conclusion. Macbeth est exécuté par un prince vertueux qui rétablira l'ordre et la paix dans le royaume, Macbett lui l'est par un plus méchant, hargneux et cynique.

Drôle, oui, mais à pleurer !
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