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Citations sur Un garçon comme vous et moi (43)

J'avais beau me laisser pousser les cheveux, faire des blagues follement drôles, marcher dans la rue avec nonchalance, je n'étais aimé de personne. C'était incompréhensible : quelle qualité me manquait-il ? Je savais faire des dissertations, des poèmes, des exercices de maths compliqués, des devoirs de physique à 9 heures du matin, je savais tout faire -sauf dire à une fille que j'étais amoureux d'elle. On prétend que les hommes doivent « faire le premier pas » ; à cet égard, je ne savais pas marcher.
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À l’heure du goûter, Goldorak proposait aux garçons une sorte de stage viril : armes surpuissantes, corps-à-corps sans pitié, camarades rivaux à la parole rare et définitive dont les biceps, les cuisses, les pectoraux moulés dans une combinaison, les yeux inaccessibles à la peur étaient régulièrement mis en valeur par de gros plans flatteurs. Partout, des accessoires masculins : veston, ceinture, bottes, uniformes, bolides et chevaux qu’il faut maîtriser aussi fermement que sa colère. En dépit de son agrarisme cow-boy, la série partageait avec Star Wars, Albator, Ulysse 31 et Capitaine Flam une fascination pour l’espace, les robots, les pisto-lasers, les sauveurs de l’humanité aux prises avec un sinistre empire galactique.

En fait, la masculinité d’Actarus est plus subtile qu’il n’y paraît. Si, quand il ne pilote pas Goldorak, il reste au ranch à remuer le foin avec sa fourche, seul dans son coin, taiseux, sombre, peu liant, c’est parce qu’il porte un lourd secret : sa planète a été anéantie. Les flash-backs montrent des scènes de carnage, monstres d’acier qui ravagent tout, foules en panique, femmes et enfants piétinés à terre, immeubles et ponts bombardés, rues éventrées, incendies partout. Comme le père adoptif d’Actarus le raconte avec pudeur, « ses parents ont eu une fin tragique ». Réfugié sur Terre, l’orphelin regarde la Lune ou la mer avec nostalgie : « Nous avions des plages comme celle-là, et aussi des poissons et des coquillages. »

Le parcours d’Actarus est typique des grands mythes : une naissance de travers, un exil douloureux, une vie de labeur anonyme, une mission à la hauteur de sa destinée, qui consiste à sauver l’humanité. Ce qui me touchait chez lui, ce n’était pas la puissance, ni la gloriole ; c’était la vulnérabilité, le sentiment de la perte et du deuil, la tristesse sans remède. Et c’est précisément la fragilité d’Actarus qui rendait si jubilatoire l’invincibilité de son robot-armure, protection contre les forces du chaos.

Popularisé dans les années 1970 par Nagai Go, le père de Goldorak et de Mazinger Z, le genre mecha repose sur le principe du « garçon dans le robot ». L’humain pilotant un robot géant, le métal vient entourer, défendre, cuirasser la chair ; et le fait qu’Actarus commande Goldorak par la voix, de manière instantanée, parachève la symbiose entre l’homme et la machine. À l’évidence, le genre mecha répond à un fantasme adolescent : contrôler le monde tout en s’en protégeant, affermir une identité en pleine mutation. Pour moi, il y avait autre chose encore : affronter, à l’âge de 8 ou 9 ans, la menace de la destruction totale. Guerre mondiale, bombardements, invasion, extermination : Goldorak me permettait de faire face à la mémoire traumatique du XX e siècle, qui était celle de ma famille.
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La vraie subversion est calme, réfléchie, obstinément indocile, elle se construit livre après livre en déplaçant les lignes derrière lesquelles nous sommes parqués.
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J'aimerais bien savoir en quoi je suis un homme - et même, si j'en suis un.
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Notre école était"élémentaire" par le socle décidés apprentissages, mais aussi par la puissance de ses normes, qui faisaient d'elle un milieu à la fois sécurisant et autoritaire dès lors qu'on apprenait, avec les règles, à ne pas les enfreindre.
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La culture de la brutalité, de la querelle, du danger ou même de la drague n'est décidément pas la mienne. Ma capacité d'affirmation virile étant très réduite, il arrive qu'on croie me blesser en me rangeant dans la "catégorie" des femmes ou des gays. Peine perdue: je m'honorerais d'y appartenir.
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Ce qui me touchait chez lui, ce n'était pas la puissance, ni la gloriole: c'était la vulnérabilité, le sentiment de la perte et du deuil, la tristesse sans remède. Et c'est précisément la fragilité d'Actarus qui rendait si jubilatoire l'invincibilite de son robot-armure, protection contre les forces du chaos.
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Nous sommes assis à des pupitres en bois, sur un banc à deux places solidaire du bureau. Bien que tout le monde utilise des stylos-bille et des quatre-couleurs, la table inclinée est encore munie d’un trou pour l’encrier et d’une rainure pour les porte-plumes, en usage jusque dans les années 1960. Aux murs sont accrochés des dessins d’enfants et des cartes de France thématiques : fleuves et rivières, espaces agricoles et forêts, zones urbaines. Les pupitres sont tournés vers le bureau de la maîtresse comme des tournesols vers le soleil.
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Mon amour était d'une intensité et d'une pureté sans équivalent. Je n'étais qu'un enfant et je sais, maintenant que je suis un adulte, que j'aimais Cloé de tout mon caeur, de tout mon être, de toutes mes forces, d'un amour dont les grands ne sont pas capables, parce que pour eux tout commence en stratégie et se termine en sexe, alors que ce n'est pas cela qui m'intéressait chez Cloé. Ce que je voulais, c'était sa présence, son courage, sa rapidité à la course, la joie et la lumière qu'elle irradiait, le nimbe de sa blondeur, le velouté de sa peau - désir d'autant plus érotique qu'il n'avait rien de sexuel.
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Ma conscience n’a pas besoin d’être altérée pour être aiguë. Gringalet, demi-portion, mangeur de concombres et de poivrons, intello toujours en proie à quelque hypocondrie, je suis l’exact contraire du cow-boy Marlboro.
À cela, il y a un niveau d’explication familial et social. Mes copains qui adoptaient un comportement « ordalique », se défonçant le cerveau, jouant avec le coma éthylique, étaient les victimes de leurs traumatismes, alors que moi j’étais soutenu par les traumatismes des victimes. Ma volonté de faire fructifier l’héritage familial, entièrement placé dans la raison et la culture, exigeait la préservation de ma lucidité. L’oubli de soi aurait redoublé l’oubli des nôtres ; la perte de temps aurait signifié la perte du temps. Je n’avais pas envie de m’approcher de la mort, parce que ma mission était au contraire d’en arracher ceux qu’elle retenait prisonniers. Pour cela, j’avais besoin de durer.
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