- Tante Fanny ?
- Aide-moi, s'il te plaît. Viens, je t'en prie ! Dépêche-toi, je t'en supplie.
- Je suis dans la maison.
- Viens vite !
- J'arrive. J'ai la main tendue. Tout va bien, tante Fanny, je suis là.
Tante Fanny se retourna, prit la main de Fancy, et elle était de marbre chaud. Au loin, elle entendit le rire moqueur de Fancy, la voix de Fancy qui chantait.
- Les statistiques crèvent les yeux, reprit Essex. Quand j'ai eu vingt ans et que je ne voyais pas le temps passer, j'avais une chance sur cent douze de mourir d'une maladie de coeur. Quand j'ai eu vingt-cinq ans et que je me suis pour la première fois fourvoyé dans une passion mal inspirée, j'avais une chance sur soixante-dix-huit de mourir d'un cancer. Quand j'ai eu trente ans et que les jours et les heures ont commencé à se précipiter, j'avais une chance sur cinquante trois de finir dans un accident. Maintenant, j'ai trente-deux ans, le chemin se rétrécit constamment et j'ai cent chances sur cent de mourir de quelque chose.
(Gloria)Attendez... il y a quelqu'un qui vient, en haut de la colline. Essex, on dirait que c'est vous, sauf que vous ne portez rien... Vous n'avez pas de...
Gloria devient écarlate, se plaqua les mains sur les joues mais ne recula pas.
[...]
-Vous êtes... On dirait que vous êtes en train de chasser !
-Chasser quoi, au nom du ciel ? Objecta Mrs. Halloran.
-Le maillot de bain, sans doute, répondit Essex. Ne pourrais-je me tapir derrière un buisson s'il vous plait ?
Ne saurait-elle jamais ce que c'était que de courir affolée, désespérée, dans ce labyrinthe dément ?