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EAN : 9782743623982
240 pages
Payot et Rivages (19/09/2012)
3.81/5   437 notes
Résumé :
"Je m'appelle Mary Katherine Blackwood. J'ai dix-huit ans, et je vis avec ma sœur, Constance. J'ai souvent pensé qu'avec un peu de chance, j'aurais pu naître loup-garou, car à ma main droite comme à la gauche, l'index est aussi long que le majeur, mais j'ai dû me contenter de ce que j'avais. Je n'aime pas me laver, je n'aime pas les chiens, et je n'aime pas le bruit. J'aime bien ma sœur Constance, et Richard Plantagenêt, et l'amanite phalloïde, le champignon qu'on a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (114) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 437 notes
Affectueusement surnommée « cette petite folle de Merricat » par son aînée Constance, la narratrice Mary Katherine a dix-huit ans, même si, à la lecture de son seul récit, alors qu'elle se complaît à se cacher dans les cabanes qu'elle construit, à enterrer des objets dans le jardin et à jouer avec son chat en rêvant de se réfugier sur la lune, là où personne ne lui imposerait de compagnie indésirable, on la prendrait volontiers pour une enfant. Avec sa soeur bientôt trentenaire et son vieil oncle impotent Julian, elle est l'un des trois derniers occupants de l'imposante maison Blackwood.


Cachée au plus profond de son vaste parc à l'abandon, en surplomb du village où Merricat est la seule à se rendre, avec la plus extrême répugnance, pour les courses hebdomadaires, la demeure semble en vérité se replier sur ses habitants, comme pour les protéger d'un monde extérieur qui ne serait que menace et hostilité. C'est d'abord au travers des sous-entendus perfides des villageois et des moqueries de leurs enfants, puis bientôt par la bouche de ce vieil original d'oncle Julian, aussi obsédé par ce qui s'est passé qu'incrédule d'y avoir survécu, que l'on réalise que les trois Blackwood se remettent à peine d'une énigmatique tragédie, qui, six ans plus tôt, a coûté la vie aux autres membres de la famille. Tous ont péri, mystérieusement empoisonnés. Tous, sauf Julian – très diminué depuis -, et les deux soeurs, dont la rumeur continue sans répit d'incriminer l'aînée.


Une impression d'étrangeté plane sur le récit mené par la déconcertante Merricat. Pour conjurer ce qu'elle perçoit de malfaisance chez les villageois qui la harcèlent, la jeune fille s'invente mille rituels protecteurs et bascule dans des images mentales emplies de haine noire lorsqu'ils sont sans effet. Chez elle, toujours flanquée de son chat, elle ne se départit de ses comportements sauvages et fantasques que pour se perdre en adoration devant la douce Constance. Les deux soeurs vivent dans un troublant état fusionnel, l'une mi-elfe mi-sorcière, l'autre véritable fée du logis permettant au trio de poursuivre son existence comme si de rien n'était, le dos tourné à la réalité. Et, pendant que dans la tête de la plus âgée, le temps semble s'être pétrifié dans une maison figée à l'heure du drame, comme si maintenir chaque objet à sa place pouvait effacer la mort de leurs propriétaires, les velléités protectrices de la cadette vont bientôt prendre une tournure inattendue lorsque surgira un cousin, visiblement tout sauf désintéressé.


Intrigué par un drame passé qu'il lui faut plus ou moins deviner au travers du seul prisme de personnages à la psyché de plus en plus manifestement dérangée, baigné dans une atmosphère d'étrangeté ambiguë laissant planer l'inquiétude, le lecteur se retrouve insensiblement entraîné dans une plongée obsédante au coeur de la névrose et de la paranoïa. Un classique adapté au cinéma à redécouvrir, pour son mystère, mais surtout pour son tableau troublant, notamment parce que vu de l'intérieur, de la maladie mentale.

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Nous avons toujours vécu au château est un roman que j'ai découvert par hasard sur l'étal d'un bouquiniste. Puis plus tard il restait là durant plusieurs mois sur une de ses fameuses piles de livres. J'ai été happé dès les premières pages. Voici en effet une lecture prenante et addictive.
Nous sommes aux abords d'un village de la Nouvelle-Angleterre, aux États-Unis. Cette maison que tout le monde appelle le château est plutôt une grande demeure.
La narratrice s'appelle Mary Katherine Blackwood, sa soeur l'appelle Merricat. Elle a dix-huit ans, et désormais depuis quelques temps elle vit dans cette grande demeure avec sa soeur, Constance, plus âgée qu'elle et son oncle Julian qui commence à perdre la tête. Tous les autres membres de la famille sont décédés. On saura bientôt les circonstances dans lesquelles ils sont morts.
C'est Mary qui va faire les courses en descendant au village, les gens d'en bas ne l'aiment pas, n'aiment pas ceux qui vivent au château. Constance ne sort jamais, elle est retirée, protégée par sa soeur, son oncle, comme si elle était fragile, encore un peu fragile. Un secret étrange pèse sur cette relation familiale.
Quelque chose de mystérieux s'est passé ici il y a quelques temps. Tout semble aujourd'hui à peu près remis dans l'ordre des choses, lorsque de manière imprévue, un cousin débarque au château et alors...
Ici la tension monte graduellement, elle devient par moment étouffante. Roman rustique, au charme gothique comme je l'ai lu ici ? Oui, sans doute, roman atypique épris d'une magie profonde, qui nous amène là où on ne s'attend pas du tout. le fameux château devient peu à peu un personnage à part entière du roman.
Oui, il y a aussi une forme de suspense, puisqu'on ne sait pas comment toute cette histoire va finir.
Mais derrière l'intrigue proche de celle d'un thriller psychologique, j'y ai vu aussi une satire de l'opinion publique, de la foule qui gronde, qui bruit en silence, prête à se déchaîner avec de la violence, une violence irrationnelle, imbécile...
Ce roman insolite m'a fait voyager entre l'innocence abrupte et le mal absolu.
Shirley Jackson, l'auteure de ce roman, m'était parfaitement inconnu jusqu'à ce que je découvre qu'elle était aussi l'auteure de Hantise : La Maison hantée. Encore une histoire de maison, comme si c'était leurs fautes... Un jour, il faudra nous interroger, est-ce que nous prenons suffisamment soin des lieux qui nous habitent ?
La fin du roman m'a fait penser à un autre récit qui m'avait séduit, autre roman de la sororité, Dans la forêt.
Les mots de Shirley Jackson ressemblent à une forme d'incantation et je me suis pris à imaginer qu'ils venaient bercer plus tard encore les gestes et les songes de Mary et Constance, lorsque la foule déchaînée s'était retirée dans les chaumières alentour.
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Un petit livre pour hanter mes nuits en cet hiver qui vient de commencer. Encore un livre sur une maison hantee? Ou sur ses habitants, que hante un passe horrible? La maison Blackwood. Les riches Blackwood ont toujours regarde de haut les autres habitants de leur village, mais le livre s'ouvre quand des Blackwood il ne reste plus que deux jeunes soeurs et un vieil oncle handicape et dement. le reste de la famille est mort, tous empoisonnes a l'arsenic.


Les deux soeurs vivent enfermees a la maison. Il n'y a que la plus jeune, Merricat, qui en sorte pour faire des courses, sous les quolibets et les regards haineux de tout le village. La plus agee, Constance, qui a ete accusee de l'empoisonnement et acquittee, n'en sort jamais. Elle soigne son potager et prepare les repas. C'est la fee du logis. A elles deux elles maintiennent la maison exactement en l'etat ou elle etait avant le drame, sans rien y bouger, et Merricat s'adonne a toutes sortes de rituels magiques, senses les proteger de l'exterieur malfaisant. Mais quand arrive un cousin rapace, tout va chambouler.


C'est Merricat qui raconte, et des le debut elle transmet au lecteur la terreur qui est la sienne chaque fois qu'elle descend au village. Mais aussi ses efforts pour se proteger, elle et sa soeur, de la mechancete se ses habitants, tous traduits en des pratiques proches de la sorcellerie. Je l'ai sentie un peu derangee. Folie douce? Psychose maniaco-depressive? En tous cas elle a eveille en moi une grande pitie.
Mais assez vite j'ai fini par comprendre qu'elle n'est pas tres fiable. Il y a en elle quelque chose de pervers. Ce n'est pas une enfant, elle a 18 ans. Elle est trop sauvage pour son age et elle-meme atteste: “J'ai souvent pense qu'avec un peu de chance, j'aurais pu naitre loup-garou”. Elle vit enfermee, mais volontairement, elle n'est pas une autre Anna Frank. Serait-ce elle qui en fait enferme sa grande soeur et son vieil oncle? Et pourquoi?


C'est a l'evidence un conte de terreur. Avec une question qui plane dans la plus grande partie du livre: qui a empoisonne les parents Blackwood? Qui est responsable de leur mort? Mais d'autres questions se rajoutent, qui incitent a d'autres pistes de lecture qu'un simple suspense. Tout d'abord la mechancete de la foule qui s'acharne, en en prenant un plaisir malsain, sur des femmes sans defense. La foule qui fait la chasse aux sorcieres, comme d'autres foules des siecles auparavant. Puis vient la question du pourquoi ces femmes se confinent, se cloitrent. Ne seraient-elles pas agoraphobes? Ayant peur des espaces ouverts? Mais elles tournent dans les jardins et autres espaces de leur propriete. Plutot demophobes alors, et ce serait la foule, le contact avec d'autres gens qui les oppresse? Il parait que ces phobies touchent plus les adolescents et les jeunes que les plus ages, et plus les femmes que les hommes. Quand on sait que l'auteure, Shirley Jackson, s'est enfermee chez elle les trois ou quatre dernieres annees de sa vie, ces phobies deviennent une piste de comprehension du texte qu'on ne peut delaisser.


Mais ce livre reste surtout pour moi un conte de terreur psychologique, a double tranchant: la terreur qu'inspire a deux jeunes femmes le monde exterieur et la terreur qu'elles-memes inspirent autour d'elles. Chaque cote combat cette terreur differemment. La foule avec une agressivite mechante, qui devient violence effrenee. La jeune soeur avec des rituels empreints de sorcellerie censes la proteger et en meme temps detruire le village avec ses habitants. Elle n'a pour eux que des pensees de mort funeste. N'est-elle vraiment qu'une petite sinistre sorciere?

Un conte terrifiant, comme les terrifiants contes classiques de mon enfance. Avec les ingredients classiques: un chateau, une princesse enfermee, une deuxieme princesse qui n'est peut-etre qu'une reine jalouse ou meme, qui sait, un dragon. Et je n'ai pas eu droit a un prince charmant, tout au plus a un antipathique brigueur d'heritage.

Et comment tout cela finit? Bizarre, bizarre.. Je n'en dirai pas plus.


P.S. Apres le Granny Webster de Caroline Blackwood j'ai j'enchaine avec un livre sur une certaine famille Blackwood. Coincidence? Brrr...
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Dieu, que ce roman est triste. Il est aussi triste qu'il est beau. Et il est vraiment superbe. « Nous avons toujours vécu au château » m'a totalement bouleversée, plongée dans une profonde mélancolie tout en m'enchantant par sa beauté et sa subtilité.

Comme il est difficile de parler d'un livre qui touche au plus profond de son âme. Cette lecture m'a accablée tout autant qu'elle m'a ensorcelée. Ce n'était sans doute pas le bon moment pour lire un roman aussi triste vu la période compliquée que je traverse également, on ne peut pas dire que cette lecture m'a remontée le moral, au contraire, mais je ne regrette pas du tout ma lecture. « Nous avons toujours vécu au château » est un très grand roman. Il ne se passe pas grand-chose, le fil narratif est très ténu, et pourtant j'ai été captivée. Jackson instaure une ambiance envoutante et inquiétante à la lisière du fantastique autour de laquelle elle tisse une intrigue subtile qui monte en un délicat crescendo jusqu'à un dénouement saisissant. L'auteure donne vie à des personnages inoubliables. Merricat et Constance sont caractérisées avec une finesse remarquable, tout comme le lien qui les unit.

« Nous avons toujours vécu au château » est la première oeuvre de Shirley Jackson que je lis bien que cela fasse bien longtemps que je veux la découvrir. Cette rencontre littéraire a été au-delà de mes attentes. Rarement un livre m'avait touchée à ce point. Evidemment, je poursuivrai ma découverte de l'auteure même si je laisserai sans doute passer un peu de temps pour éviter de trop faire la comparaison avec ce bijou d'émotion.
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MIEUX VAUT TARD…



Il était bien temps sans doute que je lise Shirley Jackson, et notamment ce très célébré roman qu'est Nous avons toujours vécu au château, que bien des gens recommandables… eh bien, me recommandaient. En notant toutefois que cette romancière autour de laquelle je tournais depuis bien trop longtemps a connu quelques autres réussites majeures dans les domaines de l'horreur et du mystère, comme le roman Maison hantée, qui a inspiré à Robert Wise sa géniale Maison du diable, ou la nouvelle « La Loterie », qui a semble-t-il déchaîné les passions à l'époque outre-Atlantique.



À vrai dire, je n'en savais guère plus – je ne savais même pas si le présent roman relevait du fantastique ou du policier ; certes, il a été publié en « Rivages/Noir », mais ça a également été le cas d'autres oeuvres plus ambiguës, voire ouvertement surnaturelles (je serais bien preneur d'une réédition du John Silence d'Algernon Blackwood, moi, au passage, hein). Si, il y avait bien une chose : beaucoup de gens, parlant de ce roman, usaient du terme « gothique », mais dans sa perspective littéraire originelle, même « réactualisée » dans le cadre de la Nouvelle-Angleterre des années 1960 ; ça n'aurait pas déplu à un auteur local cher à mon coeur, je suppose…



J'ai donc entamé la lecture de ce roman avec un mélange (explosif ?) d'attentes très élevées et d'innocence virginale (si, si). Mais il a bel et bien sa magie : dès le premier paragraphe, il s'empresse de confirmer certaines attentes, et en même temps malmène certitudes et préconçus avec une jubilation perverse…



PAS FIABLE – VRAIMENT PAS FIABLE



Je m'appelle Mary Katherine Blackwood. J'ai dix-huit ans, et je vis avec ma soeur, Constance. J'ai souvent pensé qu'avec un peu de chance, j'aurais pu naître loup-garou, car à ma main droite comme à la gauche, l'index est aussi long que le majeur, mais j'ai dû me contenter de ce que j'avais. Je n'aime pas me laver, je n'aime pas les chiens, et je n'aime pas le bruit. J'aime bien ma soeur Constance, et Richard Plantagenêt, et l'amanite phalloïde, le champignon qu'on appelle le calice de la mort. Tous les autres membres de ma famille sont décédés.



OK. Pareille entrée en matière nous saute à la gueule, et en braillant : « JE SUIS LA NARRATRICE ET JE NE SUIS PAS FIABLE DU TOUT MAIS ALORS VRAIMENT PAS DU TOUT !!! » Délibérément, bien sûr – le propos est maîtrisé de bout en bout. Reste que cet emploi du procédé du « narrateur non fiable » a justifié, presque systématiquement, que l'on établisse ici une filiation avec le Tour d'écrou, de Henry James – sans doute, c'est la référence primordiale s'il doit y en avoir une, mais la violence de l'attaque en force me tire aussi bien du côté du Lovecraft du « Monstre sur le seuil », quant à moi. Et j'imagine que, derrière les deux, il pourrait y avoir Poe – le gothique à proprement parler, si jamais, c'est encore au-delà.



Il y a quelque chose de brutal, ici – dans un roman par ailleurs subtil –, dont je suppose que l'on peut dériver une clef de lecture : la « révélation » tant attendue (en fait devinée, au moins dans les grandes largeurs, dès ces premières lignes, et c'est pour partie leur fonction) n'est finalement que d'une importance limitée, et l'essentiel est ailleurs.



Qu'on ne s'y méprenne pas : Nous avons toujours vécu au château est bien un « roman à mystère », mais il est probablement d'abord un tableau angoissant de la névrose et de la haine – un concentré de malaise, d'autant plus savoureux en bouche qu'il se montre pervers et impitoyable.



OSTRACISME VILLAGEOIS



Suivons donc notre guide, l'enjouée Mary Katherine, qui se rend au village pour y effectuer les courses de la semaine. C'est une épreuve – et terrible… La jeune femme, avec sa fausse candeur de narratrice, qui n'a cependant rien d'une pudeur, dépeint un monde hostile, un microcosme villageois qui en a après elle et les siens – sur le mode pathétiquement lâche de la moquerie vicieuse à peu de frais, pratiquée par ces ersatz de « petits chefs », qui évacuent leurs frustrations sur les cibles les plus faciles de crainte de s'attirer l'ire d'autres plus à même de se défendre. Un héritage de la cour de récréation, typique de ces petits villages aux mentalités étriquées et bornées, où les réflexes de coqs de la basse-cour tournent aisément à l'exclusion de ce qui ose différer ne serait-ce qu'un tout petit peu – car il faut aller dans le sens du groupe, aucun autre sens n'est concevable : atavisme grégaire.



La scène est horriblement gênante – révoltante, même. Shirley Jackson y fait preuve d'une parfaite maîtrise de ses outils, point de vue biaisé et répétitions délibérée des mêmes allusions lourdingues mais qui se croient spirituelles, faux-semblants et non-dits, dans un cruel jeu de dupes qui serre le ventre. Elle sait aussi susciter une certaine empathie, voire sympathie, pour Mary Katherine – même si nous nous méfions d'elle, et peut-être d'autant plus quand, au détour d'un paragraphe, la narratrice exprime son voeu muet que tous ces imbéciles haineux meurent sur-le-champ…



COMBIEN DE SUCRES ?



Mais l'affaire est intrigante, aussi. Pourquoi tant de haine ? Car c'est bien de haine qu'il s'agit, sous le vernis de plaisanteries pas drôles. Pour l'heure, nous n'en savons encore trop rien, même si quelques indices surnagent de temps à autre : il doit y avoir un problème avec la soeur de Merricat, Constance – une sombre histoire, dans un passé proche… Probablement une histoire d'empoisonnement ?



Les indices sont distillés au fur et à mesure, très savamment. C'est finalement l'oncle Julian (oui : Merricat mentait en prétendant dès le premier paragraphe que, hors Constance, tous les membres de sa famille étaient décédés…), un vieux gâteux coincé dans son fauteuil roulant sinon son lit, qui, au fil de ses ressassements, auxquels il confère une vertu proprement littéraire, lâche enfin le morceau (de sucre).



Les Blackwood étaient une riche famille de la région. Dans ce « château » qui n'en est un que métaphoriquement, disons que c'est une grande, prétentieuse même, bâtisse bourgeoise de Nouvelle-Angleterre, vivait toute une famille étendue. Mais, il y a six ans de cela, un drame s'est produit : quatre membres de la maisonnée sont morts – les parents des deux filles, leur petit-frère et leur tante, soit l'épouse de Julian – qui lui-même n'en a réchappé que de peu, étant dès lors condamné à l'invalidité. L'affaire, on s'en doute, avait fait grand bruit. On a compris qu'il s'agissait d'un empoisonnement à l'arsenic – qui avait été versé dans le sucre. Constance n'ayant pas pris de sucre (et la petite Mary Katherine, douze ans, étant alors punie dans sa chambre), c'est donc la fille aînée des Blackwood qui a été accusée de l'odieux assassinat et parricide, matricide, fratricide (et, euh, tanticide ? Pardon…) : il y a eu un procès, mais impossible de trouver la moindre preuve… Constance, bénéficiant de la présomption d'innocence, a été acquittée.



Mais, pour les villageois, il ne fait guère de doutes qu'elle est bien la coupable – que le juge n'en ait pas décidé ainsi n'y change rien, elle a bel et bien commis ce crime abject ! Nous ne savons pas grand-chose des relations des Blackwood avec les villageois avant le drame – mais il a en tout cas servi de défouloir libérateur : les gens du coin haïssent les débris de la famille Blackwood, au premier chef la coupable Constance, mais, par un détournement révélateur, cette haine affecte tout autant les victimes supposées que sont éventuellement Mary Katherine et en tout cas Julian. C'est la famille entière qui est maudite, car perverse – les enfants du coin raillent les participants au drame, serinant toujours la même comptine idiote et cruelle, où Constance offre du thé à sa petite soeur, qui préfère ne pas prendre de sucre…



Cette haine bien pratique, en même temps, peut se muer en fascination puérile: gamins et adolescents bravaches se mettent au défit d'approcher la demeure du crime, et, plus singulier encore, quelques bonnes femmes du coin jouent à se faire peur, en allant… prendre le thé chez les Blackwood.



Tout en écoutant le récit sans cesse repris du drame par l'oncle Julian – obsédé par ce qui s'est alors produit, et qui emmagasine les notes, depuis six ans, pour un livre qui ne paraîtra jamais. Aveu du vieux bonhomme : il n'y dira pas la vérité – mieux vaut embellir, en pareil cas, c'est plus intéressant ; ce en quoi il est bien l'oncle de sa nièce Merricat…

UNE UTOPIE RECLUSE



Mais ces visites sont exceptionnelles – encore que réglées comme du papier à musique, de même que les courses de Mary Katherine au village, qui obéissent à un rituel bien précis. Car tout est rituel, ici…



Mais, pour l'essentiel, les trois Blackwood survivants vivent en reclus. de Résidence – non, pardon… Bref : Mary Katherine est en fait la seule à sortir du « château ». Oncle Julian, invalide, en est physiquement incapable. Constance en est psychiquement incapable : très affectée par le crime, le procès et les accusations portées contre elle, la haine ouverte, enfin, des villageois, mêlée de fascination perverse pour sa personne d'empoisonneuse supposée, elle ne peut pas aller au-delà du jardin où elle fait pousser ses légumes pour la cuisine.



Mais tout cela n'a rien de sinistre, n'est-ce pas ? le château des Blackwood, nous laisse entendre Constance (ou plutôt Mary Katherine ?), a tout d'une utopie, pour elle – même recluse. Ce côté presque carcéral appuie la filiation gothique du roman, et le lecteur, lui, peut à bon droit trouver cela parfaitement sinistre, mais Constance, dans cet environnement qui est le seul qu'elle connaisse, joue à la parfaite femme d'intérieur, qui siffle en travaillant, appréciant la sérénité propre aux ordres immuables et aux terrains connus. Souriante et généreuse, mère-poule à vrai dire, elle s'active en cuisine, et ses soins de tous ordres témoignent de son affection débordante pour sa soeur encore toute gamine (« Petite folle de Merricat… ») et son vieil oncle malade. TOUT VA BIEN.



Les connotations de la vieille demeure auront assurément l'occasion d'évoluer d'ici à la fin du roman – comme, aux yeux du lecteur, une métaphore qui s'incarnerait dans la pierre et les poutres. Constance n'en témoignera que davantage de ce qu'elle est portée au déni…



Mais il s'agit de protéger cette utopie – le château et la parfaite petite famille heureuse qui y vit dans une rassurante routine. C'est l'affaire de Mary Katherine. Parallèlement aux rituels de Constance, cette vie bien ordonnée autour des tâches ménagères toujours exécutées dans les mêmes conditions et selon un emploi du temps agréablement rigide, la fantasque adolescente, entre deux séjours sur la lune, assure la sécurité de la résidence par d'autres rituels, les siens, qui obéissent quant à eux (ou, plus exactement, de manière plus ouverte ?) à une forme de pensée magique. Enterrer quelque chose ici, clouer ce livre-là… Autant de talismans garantissant l'inviolabilité du foyer ! Elle a d'autres techniques tout aussi efficaces, ainsi, cette liste de trois mots : Mélodie – Gloucester – Pégase. Si personne ne les prononce, alors TOUT IRA BIEN. Et comment quelqu'un pourrait-il prononcer trois mots aussi bien choisis, avec tant de soin, tant de ruse ?



À vrai dire, Merricat, choisissant ces trois mots, n'est pas vraiment rassurée – et si elle s'y livre avec autant d'attention, c'est justement parce qu'elle devine qu'il va se produire… quelque chose.



Quelque chose de fatal à l'heureuse utopie du château.



UNE MENACE (DE PLUS)



Un jour, quelqu'un toque à la porte. Pas l'une de ces bonnes femmes du village venant chercher dans la demeure Blackwood une excitation supposée épicer leur morne quotidien de quidams, quelqu'un de bien plus inquiétant pour Mary Katherine – le cousin Charles…



Issu d'une autre branche des Blackwood, qui avait rompu avec la « château » suite au drame (il n'y a pas que les villageois du coin qui ne veulent pas avoir affaire avec Constance – les barrières sont multiples), le cousin Charles apparaît très tôt comme un sale bonhomme ; ceci étant, c'est Mary Katherine notre narratrice, elle a… un point de vue un peu biaisé ? À l'en croire, et après tout nous n'avons pas forcément le choix, Charles a très vite cherché à (re ?) nouer des liens avec Constance, comprenant très bien que la partie était d'emblée mal engagée avec Merricat. Il s'en accommode – et son comportement évolue, toujours plus autoritaire, cruel même, parfois…



C'est que Charles a une idée derrière la tête, dans le récit de Mary Katherine : c'est l'or des Blackwood qui l'intéresse – on dit que les défunts avaient accumulé une coquette fortune… Et il faut bien que Constance pioche de l'argent quelque part, pour que Mary Katherine puisse payer les courses… En fait, à ce stade, cette dernière nous avait déjà confié qu'elle avait enterré de l'argent çà et là, pour protéger le manoir.



Charles, quoi qu'il en soit, est obsédé par cette fortune. Individu cupide, égoïste et mesquin, il peut tromper Constance, mais pas Mary Katherine.



Il en résultera un nouveau drame.



Et ce sera la faute de Charles, hein !



Pas de Mary Katherine.



AMBIGUÏTÉS À LA PELLE



On met ici la balise SPOILERS ?



Au cas où ?



Allez.



Bon, le truc de base, vous le savez déjà : c'est bien la petite Mary Katherine, douze ans alors, qui est la responsable de l'empoisonnement – pas le moins du monde Constance… laquelle savait toutefois très bien ce qu'il était depuis le début, si elle ne le confesse que bien tardivement à sa meurtrière de soeur. le premier paragraphe du roman, aussi ouvertement « non fiable », nous assure peu ou prou cette « révélation », qui n'en est du coup pas une.



Et cela n'a rien d'un problème, car l'essentiel se joue sans doute ailleurs – tout en impliquant à nouveau ce procédé primordial de la narratrice non fiable, qui subvertit subtilement toutes les « informations » contenues dans le roman, au point de rendre le lecteur bientôt paranoïaque.



Comme dit plus haut, le premier paragraphe du roman s'avère très vite un mensonge sur un point qui n'est probablement pas tout à fait un détail (du moins, c'est ce que je suppose, mais je pars peut-être déjà en vrille) : outre sa soeur Constance, un autre membre de la famille de Merricat a survécu – à savoir l'oncle Julian… qui aurait dû être une victime, du coup. Cette première incohérence incite très vite le lecteur (en tout cas le Nébal) à scruter les détails du récit de Mary Katherine pour la prendre en faute. Et cela peut arriver à plusieurs reprises, très régulièrement en fait.



Mais le plus important, dans ce registre qui est effectivement aussi celui du Tour d'écrou, c'est une ambiguïté fondamentale, que le lecteur perçoit mais subit, et qui est à même de l'inciter aux plus déments des fantasmes sur la base de la narration non fiable – éventuellement au point de s'interroger sur la dimension fantastique du récit : Merricat, après tout, ne tarit pas de commentaires sur ses rituels magiques – ou sur son anticipation de la venue de Charles, même si, dans ce dernier cas, nous sommes particulièrement incités à y voir une manipulation narrative (et à deux niveaux, bien sûr, avec Shirley Jackson qui s'amuse derrière Mary Katherine).



L'ambiguïté du cas de Julian, par ailleurs, m'a fait envisager un temps la possibilité qu'il soit bel et bien mort – une ambiguïté éventuellement étendue à l'ensemble de la petite famille : ne seraient-ils pas tous morts, en fait, comme dans, mettons, Les Autres, d'Alejandro Amenábar (film fantastique qui emprunte d'ailleurs beaucoup au Tour d'écrou) ? Nous parlons ici d'un roman de l'auteur de Maison hantée… Et le titre même du présent livre nous y incite peut-être.



Cette référence en entraîne éventuellement une autre – via le film de Robert Wise, le cas échéant. Et si Merricat était la seule à être restée en vie, qui se serait construit un univers fantasmatique de compagnons survivants pour gérer tel ou tel trauma… quitte à incarner elle-même tous les rôles ? le roman de Shirley Jackson date de 1962, mais Psychose, de Robert Bloch, était paru en 1959, et avait été adapté par Hitchcock en 1960 – bien évidemment, je ne parle pas ici d'influence, plutôt de quelque chose dans l'air du temps…



Vous savez quoi ? Oui, vous le savez – je parle d'autant moins d'une éventuelle influence que toutes ces hypothèses… sont fausses. Nul fantastique ici, au-delà de l'ambiance. Et la psychose façon Norman Bates, à base de trouble de la personnalité multiple, n'est pas non plus de rigueur. Qu'importe : l'ambiguïté reste savoureuse, un bel outil pour captiver le lecteur et l'impliquer dans l'histoire – et, si l'on n'y trouve rien d'aussi excessif que le cas de Norman Bates, les pathologies mentales sont bien au coeur du récit, associées à un malaise permanent.



FIGURES DU MALAISE ET DE LA NÉVROSE



C'est sans doute ce qui prime, en définitive – cette folie sous-jacente, qui peut s'exprimer de manière brutale ou insidieuse, mais toujours au prisme du malaise. Cette « petite folle de Merricat », à tout prendre, même si elle a pour fonction première de biaiser le récit, et ce en adoptant un comportement, ou du moins un discours, véritablement fou, si tant est que cela veuille dire quelque chose, laisse pourtant du champ pour que s'exprime la souffrance qui caractérise le quotidien de sa soeur Constance depuis l'empoisonnement, et sa faiblesse psychique qui en résulte. L'oncle Julian aussi y passe – dont le traumatisme n'a jamais été évacué, même au fil de ses notes où la catharsis n'opère pas, et peut-être du fait d'une certaine complaisance de sa part à sans cesse revivre le drame. Une vraie famille de dingues.



Tous trois, pour se protéger, mettent donc en place des rituels de divers ordres – et d'une efficacité à peu près aussi douteuse les uns que les autres. En fait, ces rituels sont peut-être les plus éloquents témoignages de la douleur qui suinte sous les protestations de bonheur domestique les plus invraisemblables. En tant que tels, ils participent de cet étouffant malaise qui s'exprime à chaque page de Nous avons toujours vécu au château.



Mais ce malaise s'exprime aussi au-delà de la psyché torturée de ses protagonistes – il acquiert une dimension sociale, dans les relations malsaines des survivants Blackwood avec l'extérieur, ce Village sauf erreur anonyme, dont l'abstraction même a quelque chose de menaçant dans ce qu'elle laisse supposer d'universalité.



Le roman de
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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critiques presse (1)
Telerama
24 octobre 2012
[Une] lecture obsédante. Du grand art.
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Avant de venir à table, j'avais bien vérifié ce que j'avais l'intention de dire. "L'amanite phalloïde", commençai-je en m'adressant à lui, "contient trois poisons différents. D'abord, il y a l'amanitine, le plus lent des trois mais aussi le plus puissant. Ensuite, la phalloïdine, à effet immédiat, et enfin la phalline, qui dissout les globules rouges, même si c'est le moins vénéneux. Les premiers symptômes n'apparaissent qu'entre sept et douze heures après l'ingestion, dans certains cas pas avant vingt-quatre heures, voire quarante. Les symptômes commencent par de violentes douleurs stomacales, des sueurs froides, des vomissements...
- Ecoute", fit Charles en reposant le morceau de poulet, "tu arrêtes ça tout de suite, tu m'entends ?"
Constance gloussait. "Oh, Merricat", fit-elle, un rire étouffé entrecoupant ses paroles, "quelle petite bécasse tu fais. Je lui ai montré, dit-elle à Charles, qu'il y avait des champignons près du ruisseau et dans les prés, et je lui ai appris à reconnaître ceux qui sont mortels. Oh, Merricat !
- La mort survient entre cinq et dix jours après l'ingestion, dis-je.
- "Je ne trouve pas ça drôle", fit Charles.
"Petite folle de Merricat", dit Constance.
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Depuis le perron de la bibliothèque, je pouvais traverser tout de suite la rue et suivre le trottoir d’en face jusqu'à l'épicerie, mais cela m'obligeait à passer devant le bazar et les hommes assis dehors de part et d'autre de la porte. Dans ce village, les hommes restaient jeunes et c'étaient eux qui se chargeaient de colporter les ragots, tandis que les femmes vieillissaient, chaque jour plus grisonnantes, plus lasses et plus méchantes, et attendaient en silence que leurs homes se lèvent de leurs chaises et rentrent à la maison. En quittant la bibliothèque, je pouvais aussi rester sur le même trottoir et remonter la rue jusqu'à hauteur de l'épicerie et traverser là-bas ; c'était préférable, bien que cela me fît passer devant la poste et la maison Rochester avec ses tas de tôles rouillées, ses épaves de voitures, ses bidons d’essence vides, ses vieux matelas, ses tuyaux de plomb et ses baignoires que les membres de la famille Harler rapportaient chez eux et - je n'en doute pas une minute - qu'ils adoraient.
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Près du ruisseau, je trouvai un nid de bébés serpents et je les tuai tous ; je déteste les serpents et Constance ne m'avait jamais demandé de les aimer. Je retournais vers la maison lorsque je découvris un très mauvais présage, l'un des pires. Dans la pinède, le livre que j'avais cloué à un tronc d'arbre était tombé. Je supposai que la rouille avait dû ronger le clou ; et le livre - c'était un petit registre de notre père, où il consignait les noms des gens qui lui devaient de l'argent, et de ceux dont il attendait, selon lui, des services en retour -, ce livre, donc, avait à présent perdu son pouvoir de protection. Je l'avais enveloppé très soigneusement d'un solide papier d'emballage avant de le clouer à l'arbre, mais le clou avait rouillé et le registre était tombé. Je me dis que je ferais mieux de le détruire, au cas où il serait devenu activement maléfique, et d'apporter un autre objet à fixer au tronc du pin, une écharpe de notre mère, peut-être, ou un de ses gants. En réalité, c'était déjà trop tard, même si je ne le savais pas alors : il était déjà en route pour venir chez nous.
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Qu'il y ait ou non d'autres clients dans la boutique, cela n'avait jamais d'importance. J'étais toujours servie aussitôt ; quel que soit l'endroit où ils se trouvaient, M. Elbert ou son épouse, une femme cupide au teint pâle, accouraient à chaque fois pour me fournir ce que je désirais. Parfois, si leur fils aîné profitait des congés scolaires pour les aider au magasin, ils se hâtaient pour s'assurer que ce ne soit pas lui qui me serve, et un jour, quand une petite fille - qui n'était pas du village, bien sûr - vint tout près de moi dans l'épicerie, Mme Elbert la tira en arrière avec une telle brusquerie que la petite poussa un cri, puis il y eut une longue minute pendant laquelle tout le monde attendit la suite des événements, avant que Mme Elbert ne respire profondément et me demande : "Autre chose ?" Je me tenais toujours parfaitement raide et droite comme un "i" lorsque des enfants s'approchaient de moi, car ils me faisaient peur.
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Avant de venir à table, j'avais bien vérifié ce que j'avais l'intention de dire. "L'amanite phalloïde", commençai-je en m'adressant à lui, "contient trois poisons différents. D'abord, il y a l'amanitine, le plus lent des trois mais aussi le plus puissant. Ensuite, la phalloïdine, à effet immédiat, et enfin la phalline, qui dissout les globules rouges, même si c'est le moins vénéneux. Les premiers symptômes n'apparaissent qu'entre sept et douze heures après l'ingestion, dans certains cas pas avant vingt-quatre heures, voire quarante. Les symptômes commencent par de violentes douleurs stomacales, des sueurs froides, des vomissements...
- Ecoute", fit Charles en reposant le morceau de poulet, "tu arrêtes ça tout de suite, tu m'entends ?"
Constance gloussait. "Oh, Merricat", fit-elle, un rire étouffé entrecoupant ses paroles, "quelle petite bécasse tu fais. Je lui ai montré, dit-elle à Charles, qu'il y avait des champignons près du ruisseau et dans les prés, et je lui ai appris à reconnaître ceux qui sont mortels. Oh, Merricat !
- La mort survient entre cinq et dix jours après l'ingestion, dis-je.
- "Je ne trouve pas ça drôle", fit Charles.
"Petite folle de Merricat", dit Constance.
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