25 mars 2022- Emprunté à la Bibliothèque Buffon- Paris- Jardin des Plantes
De l'Amitié et de la difficulté de rentrer dans la vie d'adulte ....!!
Après être sortie avec soulagement (j'avoue !) de l'atmosphère oppressante d'"Un Attachement féroce" de Vivian Gonick, j'ai souhaité retrouver juste un nuage de légèreté et j'ai emprunté à la bibliothèque ce roman de
Fabienne Jacob, que je lis pour la toute première fois !
Trois jeunes étudiantes provinciales louent en commun un appartement, surnommé "Campo". Un esprit
libertaire , joyeux, nourri de littérature anime cette petite communauté de femmes... Rosie, la Solaire, Helga, la narratrice qui se trouve bien terne et insignifiante par rapport à la troisième "luronne ", Sambre, la plus charismatique des trois !
Elles partagent tout, vivent ce temps unique des premiers apprentissages avant la vraie rentrée dans la vie adulte, avec complicité et euphorie...
Jusqu'au jour, où Sambre, la première, claque la porte de Campo...et le trio, par la brusquerie de ce départ...va exploser, se défaire...chacune devant aborder la réalité: une profession, une famille, la solitude...l'indépendance....
Des années plus tard, Helga croisera sa "meilleure amie", Sambre, qui , malheureusement ne ressemble plus à la fringante étudiante, pleine de pétillance... et de fantaisie. La vie, le quotidien semblent avoir recouvert de grisaille ses rêves et son dynamisme....
"Je ne voudrais pas le dire ainsi, mais il le faut pourtant : il n'y a plus personne dans Sambre. Mon amie a été désertée de l'intérieur. Il n'y a plus aucune lumière en elle. Ou alors elle s'est éteinte. Quelqu'un a éteint la lumière. "
Helga, elle, insiste sur le fait qu'elle n'a pas réussi à rencontrer le Grand Amour, à fonder une famille... mais que sa solitude ne lui pèse pas et qu'elle préfère vivre ainsi, indépendante, libre de toute attache.
"Que s'est-il passé pour que je n'aie ni mari ni maison? Et surtout que s'est-il passé pour que je n'en conçoive ni tristesse ni amertume ? Je n'ai pas la réponse, je me pose la question seulement quand je suis dans un jardin.(p.154) "
Rien n'est moins sûr, mais on va faire comme si on la croyait.... car ce qui me frappe surtout, c'est qu'Helga aime agir et penser surtout comme si elle gardait une part de cette fantaisie et insouciance que les trois amies partageaient...à l'époque de leur jeunesse estudiantine...!!
Un style fluide, plaisant, empreint de poésie pour dire aussi le passage du temps...inexorable :
"Je ne laisserai personne dire que l'entrée dans la vie adulte est le plu bel âge. Rosie, Anders et moi nous trouvions devant une falaise de laquelle il fallait sauter. La vie nous attendait, chacun devant soi son petit carré de travail, de mari ou de femme, une perspective mesquine sur le néant. le début de la fin, Sambre l'avait prophétisé. Qu'avait-elle fait au bord de la falaise ? Nul ne pouvait le dire. Rosie, Anders et moi avions sauté. Bien obligés, chassés du paradis foutraque de Campo.
Plus de communauté, chacun habitait dorénavant son enclos de solitude. (...)
Première difficulté, la vie sans modèle. Il faudrait désormais s'inventer soi-même sans la grâce de personne. Sambre a été mon dernier modèle en
date" (p. 76).