Nous marcherons ensemble dans la vallée de l'ombre jusqu'à ce que nous retrouvions la lumière. Un soleil qui éclairera notre vie. Je te le promets, cherie.
La guerre n’abîme pas seulement les corps, elle tue aussi les âmes.
Avec le brouhaha des clients, les parapluies mouillés rangés à l'entrée, l'odeur du café et des tartelettes… Le Café Engel est une île, un endroit protégé, un refuge.
La guerre n'abîme pas seulement les corps, elle tue aussi les âmes.
Cela dit, qui est-elle pour vouloir châtier un de ses semblables ? Julia n’est pas croyante. Ni la foi chrétienne, à laquelle ses parents se sont convertis, ni la religion juive ne jouent de rôle dans sa vie. Mais elle pense qu’on ne fera pas disparaître le mal en répondant par le mal. Agir dans ce sens, c’est se placer sur le même plan que l’auteur de l’acte répréhensible. Il ne faut plus de camps, pense-t-elle. On doit en finir avec cela.
Mais quel amour est-ce là ? Ce n’est pas la passion, non. Ni l’exaltation qu’on ressent à adorer une étoile lointaine. C’est l’air dont on a besoin pour respirer. Le calme. L’affection. La confiance. Tout ce qu’on a tendance à considérer comme allant de soi. Mais lorsqu’on en est privé, on ne saurait trouver le bonheur.
Cela étant, qu’est-ce qui est juste ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? En cette époque de folie, la réflexion est de peu d’utilité. On fait ce qu’il faut, et voilà qu’on fonce droit dans le mur. On ne fait pas ce qu’il faut, et on s’en sort quand même. Dans le fond, tout cela se résume à une pure question de chance.
Mais non, c’est fini, se répète-t-elle. Hitler est mort. J’ai une nouvelle carte d’identité, je suis redevenue Julia Wemhöner. Je n’ai plus besoin de me cacher. Désormais, je peux marcher la tête haute dans les rues de la ville.
-il ne faut pas regarder en arrière, dit Luisa à l'instant du départ. Toujours garder les yeux fixés vers l'avant .Donne-moi la valise, maman. Tu prendras le sac.
Pourtant, très tôt, un certain nombre de faits lui ont ouvert les yeux. Le traitement réservé aux juifs, notamment. Personne ne savait précisément ce qu'ils devenaient. On disait juste qu'ils étaient envoyés dans des camps de travail. Mais ni lui ni Else ni avait cru. Il y avait des rumeurs. Tard dans la soirée, lorsqu'ils restaient seul avec les Koch, certains clients du café, surtout des soldats en permission, racontaient bien autre chose. Ils parlaient de famille et de misère, d'assassinats ciblés visant exterminer tout un peuple.