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Citations sur La Petite Femelle (88)

Elle n’a jamais baissé la tête, ne s’est jamais tordue les doigts en sanglotant de honte comme doit le faire une femme, elle n’a pas poussé de cris hystériques ni jamais ne les pas suppliés de lui pardonner et cette résistance frontale, cette insolence les a rendu fous. De rage. Ils l’ont vaincue évidemment, ils l’ont détruite.
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Et sans doute n'était ce pas une apparence, dans un monde où toute catégorie correspond une oppression, celle d'une classe par une autre ne dissimulant guère la séculaire exploitation de la jeunesse par les vieillards, non plus que l'état de sujétion dans lequel l'homme persiste outrageusement à tenir la femme.
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Au sujet de ce qui s'est réellement passé à l'intérieur de l'appartement de Félix, étant donné qu'on ne dispose que de la parole de Pauline, la meurtrière, autant dire de rien du tout, chacun peut recréer la scène comme il veut. L'accusation fabriquera sa version, bien tournée, pratique, qui sera nonchalamment adoptée par tout le monde — alors qu'il aurait été si facile de l'atomiser en quelques remarques simples : l'avocat de la partie civile lui-même, René Floriot l'invincible, sera décontenancé par l'inattention, la mollesse et la docilité de son confrère de la défense, adversaire décevant. J'y reviendrai quand la Justice entrera en action. Pour l'instant, je vais donner la mienne, qui ne s'appuie pas que sur les déclarations sujettes à caution de Pauline (elle n'a pas dit grand-chose, de toute manière), mais sur des trucs de poètes rêveurs comme le rapport d'autopsie ou la balistique, de petites choses évidentes et concrètes qui auraient dû sauter aux yeux de quiconque en a deux, mais que les artistes officiels de la Société Bien Protégée, dans leurs belles robes de scène rouges ou noires, ont habilement dissimulées sous leurs foulards soyeux et colorés de magiciens.
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D'autre part, je crois que pour l'instant, les hommes qui plaisent à Pauline, à qui elle ne dit pas non, ce sont ceux à qui elle plaît. Un marin de dix ans de plus qu'elle quand elle n'en avait que treize, un vieux médecin dégoulinant d'amour, et ce Félix trop mielleux qui n'est pas fait pour elle. C'est mal, c'est égocentrique et peu conforme aux grands critères de l'amour, mais elle est comme ça, beaucoup de gens sont comme ça — surtout ceux qui ne sont pas sûrs d'eux. Je le sais : pendant près de vingt ans, seules les filles à qui je plaisais me plaisaient. Jusqu'à ce que je rencontre ma future femme, dont je me moquais bien de savoir si je lui plaisais ou non : moi, je l'aimais. (Je m'en suis rendu compte le jour où elle m'a confié, dans un bar désert de Veules-les-Roses en hiver, que mon premier roman, le seul que j'avais écrit jusqu'alors, l'avait profondément ennuyée. À cette jeune époque, une fille qui me disait ça, je ne savais même plus comment elle s'appelait la seconde suivante. Cette fois, à ma grande surprise, je me suis aperçu que je l'aimais toujours autant, malgré son manque navrant de clairvoyance et de bon goût littéraires.)
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L'oncle Jean Hutter, lui, est mobilisé dans les services décryptement, à Epernay, mais refuse de laisser les siens derrière lui ; il n'a pas confiance en l'armée française et redoute un tourisme allemand de masse du côté de Dunkerque - pas bête. Il envoie donc sa femme AlIce et les enfants vivre dans le sud près de Montpellier, dans la maison où ils passaient leurs vacances d'été jusqu'alors (pour les Dubuisson, non, jamais de vacances).
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Ce que redoutait le plus son père est en train de se produire malgré ses efforts: la part féminine passe à l'attaque, libérée, avec plus de force encore qu'il pouvait le craindre, car Pauline est une fille contrariée. Elle devient une bombe.
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Le pardon, chez la plupart des protestants, c'est à soi qu'on ne l'applique pas sur un claquement de doigt. Chez les Dubuisson, c'est aux autres.
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– Vous montiez des chevaux allemands en amazone. (J’aime cette indication de la nationalité des chevaux – traîtresse jusque dans le monde animal.) Cette photographie en témoigne.
– En amazone, moi ? (Pauline prend la photo qu’il lui tend.) C’est une photo de ma mère, qui date d’avant 1914.
Bien, les serviteurs de la justice, la vraie, la pure, l’éternelle. Incapables de distinguer l’accusée de sa mère. Ni un cliché du début du siècle, le décor et les accessoires qu’on y remarque, d’une photo qui date de dix ans à peine. On voit qu’ils prennent les choses à cœur, au sérieux – c’est la moindre des choses, ils vont tout de même décider du sort, de la vie d’une femme. Du côté de Georgette et du commissaire Guibert, c’est encore plus intéressant. Neuf mois après la première déposition, on ajoute cette tenue d’amazone. Ça ne s’invente pas, Georgette a forcément vu la photo – c’est-à-dire qu’on la lui a montrée, c’est la police, avant la justice, qui l’a en sa possession. Et cela devient, bien qu’en toute connaissance de cause : « Personnellement, je l’ai vue… » ? Ce n’est pas faux, mais ne faudrait-il pas préciser « en photo » ? (Sinon, je vais affirmer de manière officielle : « Personnellement, j’ai vu les Beatles traverser Abbey Road. ») Ce n’est qu’un détail dérisoire, bien sûr, cette tenue d’amazone, mais justement : pour bien enfoncer Pauline, on magouille jusque dans les détails dérisoires.
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l'espoir est fort. rien de pire que l'espoir, mais la vie ne peut pas etre qu'une succession de claques, non plus.
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je t'écrirai une véritable lettre d'amour, d'amour à un petit lapin qui m'a procuré tant de joie, autant qu'il y a de sable au bord de la mer
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