Tout le monde peut devenir un fauve, il suffit de s'oublier.
Il ne faut jamais manger juste avant le combat : ça alourdit et ça endort.
- Tu as réussi à abandonner le pinard ?
- M'en cause pas. J'aime que le Coca. Mais c'est sûr que comme dirait mon oncle : "C'est pas avec l'histoire du Coca que tu peux suivre l'histoire de l'humanité !"
Au début, Sarah avait hésité à entrer avec lui dans cette immense baignoire fumante et débordante d'une écume blanche parfumée, puis avait haussé les épaules en souriant. Elle s'était allongée entre ses jambes, soufflant en riant sur les petits paquets de mousse, flottant, enfin paisible. Il l'avait lavée, gentiment frottée. Ils étaient enfin sortis de l'eau devenue froide et elle avait levé les bras pour qu'il puisse l'essuyer. Il souriait sans un son, elle ne savait trop de quoi, mais lui souriait aussi. Elle natta ses cheveux si sombres et mouillés et il lui sembla que c'était un geste évident d'épouse, comme si elle avait toujours tressé les cheveux d'un homme.
Ça ne sert à rien Princesse. C'est déjà trop tard pour elles, peut-être aussi pour nous, alors garde ta force pour toi et ta fille. Tu vas en avoir besoin. Ne te disperse pas dans la douleur des autres, soigne ta haine, ça te sauvera peut-être la peau.
Par courtoisie, elle n'évoqua pas les choses qui la faisaient encore pleurer, se convainquant qu'un jour, elle trouverait bien un artifice pour les rendre drôles et qu'elle pourrait alors les raconter.
On ne se sent jamais vraiment que lorsque la souffrance vous dessine.
Ils étaient tous sincères. Elle savait que leurs mines ravagées et la douleur qu'elle lisait dans leurs regards, pour ponctuelles qu'elles fussent, étaient véritables. Ils savaient tous entrer pour un instant dans la peau de l'autre comme s'ils étaient des familiers de son âme.
Sarah passa la journée dans une espèce de tension, joyeuse et nerveuse. Une tension animale qui lui donnait envie de faire même si elle ne savait pas encore quoi. Elle allait faire qu'on trouve son bébé, son petit, elle les pousserait, les forcerait et ils ne pourraient pas résister.
Elle avait fait le premier pas, celui qui compte parce qu'on sait déjà qu'on ne pourra plus revenir en arrière, même si on a fait une erreur ou si on a peur de continuer.