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3,43

sur 389 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le titre, ironique, annonce d'emblée que dans la famille Jardin il va y avoir du grabuge et que les paternels (père et grand-père) vont en prendre pour leur grade.

Dans un style tranchant et bourré de dérives de langage, Alexandre Jardin nous déballe une confession-délivrance, dans une quête obsessionnelle de rédemption. Il régurgite ainsi des années de honte, de non-dits, du refus de voir l'évidence, pour s'absoudre de la culpabilité qui le ronge.

Il n'épargne personne, avec le débit d'une mitraillette il balance son dégoût pour ces secrets de famille des gens très convenables qui ont commis l'irréparable en se réfugiant dans les bras de leur bonne conscience. Alexandre Jardin n'y va pas de main morte et affuble son grand-père de tous les noms d'oiseaux politiquement corrects. Il dénonce en dressant carrément la liste des gens très bien qui fréquentaient les Jardin et connaissaient la vérité.

Bouleversant et courageux, Alexandre Jardin répète à l'infini : il souhaite cesser d'être complice, il ne supporte plus la douleur morale de connaître la vérité sur l'implication de son grand-père dans le massacre des juifs à Vichy.

Lesté d'ombres il pose son fardeau.




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Ce livre est un coup de poignard pour Pierre Assouline et son ouvrage : Une Éminence Grise, Jean Jardin, 1904-1976. En effet ce qu'il n'a pas pu, su ou voulut écrire, le petit-fils de Jean Jardin s'en est chargé. Et c'est destructeur !
Il crache le morceaux sur cet homme qui était directement impliqué dans la rafle du Vél d'Hiv des 16-17 juillet 1942. Terminé l'Omertà familiale !
Pierre Assouline pourrait dire, plagiant la phrase célèbre : Alexandre m'a tuer.
Une thérapie pour l'auteur, une découverte historique pour le lecteur qui s'il n'est pas trop exigeant sur la forme passera un bon moment de lecture (Faut-il encore qu'il s'intéresse à cette période).
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Avec son roman “Des gens très bienAlexandre Jardin nous fait une sacrée confession en nous parlant de son grand-père, Jean Jardin. Directeur de cabinet de Pierre Laval sous le régime de Vichy, le nain jaune (de son surnom) est ce qu'on appelle couramment aujourd'hui un collabo, le collabo suprême, celui qui a tiré les ficelles de beaucoup d'événements dramatiques.

Il fallait oser et il l'a fait. Rien que pour ça c'est assez honorable et c'est quelque chose qu'on ne pourra pas lui enlever. Oui, on peut parler de trahison mais a priori et si j'ai tout bien compris les gens très bien sont souvent ceux qui trahissent. Pour la bonne ou la mauvaise cause, ça c'est à chacun de faire un choix. Toujours est-il que Mister Jardin a posé ses “coucougnettes” (c'est plus mignon vous en conviendrez… bien qu'un peu cul cul… j'assume) sur la table. Merci.

Il porte ce fardeau depuis l'adolescence et n'a jamais réussi à accepter ce lourd secret de famille. Il faut dire aussi que… bon, c'est quand même pas rien, on ne parle pas d'une maîtresse ou d'un enfant caché. Comment son grand-père, pour qui il a eu une véritable adoration étant enfant, a pu être aux manettes de la rafle du Vel d'Hiv ? Comment sa famille entière a réussi à nier cette partie de sa vie et à idéaliser le bras droit d'un type comme Laval ? Comment Jean Jardin, indéniablement quelqu'un de très bien, a t-il pu mettre en oeuvre une telle politique, y adhérer ?

Alexandre Jardin mène ici un lourd travail d'exhumation et d'expiation, il donne l'impression d'être investi d'une mission, comme si la vérité devait triompher à tout prix, même celui de jeter un voile noir sur sa propre famille. Il nous fait part de ses interrogations, de ses longues heures de recherche, de ses reflexions, de sa manie à essayer de comprendre les actes de son grand-père et la cécité maladive qui frappe sa propre famille depuis ce temps là. Peut-on pardonner l'impardonnable ? Son grand-père peut-il avoir des circonstances atténuantes ? Est ce que le Nain Jaune avait conscience de ce qu'il se passait à l'Est ? A t-il fermé les yeux ? Et comment son propre Père a t-il pu être complice de tout ça en ne disant rien ? Pourquoi c'est à lui, Alexandre, de s'y coller ?!

On peut accuser Jean Jardin de mauvaise foi en avouant tant d'années après sa honte de porter le nom d'un collabo alors que sa propre famille a été la matière première de ses succès et de ses sujets de romans. On peut lui reprocher d'accuser sans preuves et de laver son linge sale en public, c'est vrai aussi mais on ne peut lui reprocher son style et la qualité de son écriture malgré qualques excès sentimentaux qui ont des fois tendances à m'agacer… N'en fait-il pas trop des fois ? Franchement ?!.

J'ai lu ce livre avec un réel intérêt même si les sources historiques semblent foireuses aux dire de certains historiens ou autres biographes. Perso, je n'en sais rien et pour être tout à fait franche je m'en tamponne un peu, je suis bien consciente de ne pas lire un livre d'histoire. Je sais juste que j'ai apprécié cette lecture, j'aime les romans qui touchent à cette période noire. La France a clairement sa part de responsabilité dans l'holocauste et c'est bien de se le rappeler de temps à autre.

Zakhor, al Tichkah. Souviens-toi, n'oublie jamais.

Quoiqu'on puisse en penser c'est un livre qui ne laisse pas indifférent, de par la gravité des faits qui y sont relatés au moins. J'ai trouvé la démarche de Jean Jardin sincère et touchante, j'ai aimé son éciture et j'ai adoré le dernier chapitre, un peu surréaliste. Belle et audacieuse fin ! A lire. Si ce n'est pas dans l'immédiat, au moins un jour !

Lien : http://www.nola-tagada.fr/ca..
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Alexandre jardin dévoile la partie cachée de sa filiation et surtout la honte qu'elle lui inspire du fait des hautes fonctions tenues par son grand père pendant la seconde guerre mondiale. Avec style et volupté, l'auteur nous livre sa vision des choses, son malaise face à ce qu'il découvre. une analyse profonde et détaillée de sentiments qui émaillent sa conscience, de l'incomprhéension qui le touche devant la froideur des acteurs de l'époque face à la barbarie qu'ils ne pouvaient pas ignorer. Se pose en lui la question du pourquoi? Poirquoi avoir continué à servir Hitler, pourquoi ne pas avoir dénoncé plus vite, interdit plus tôt, n'être pas parti rejoindre la France libre?! La fin est saisissante de réalisme quant à ce que son grand père pouvait réellement se dire dans une époque aussi troublée et troublante. A Jardin eut aimé pouvoir écrire autre chose sur son grand père, sur son père, sans doute, mais nous ne portons pas la responsabilité des actes de nos parents, nous avons juste le droit de ne pas les masquer, de ne pas les minimiser ni les enjoliver. Notre devoir de vérité doit rester intact, c'est ce que l'auteur fait à mon sens, et il le fait très bien.
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Lourd passé que celui d'Alexandre JARDIN.
Après le Roman des Jardin, ouvrage sur les moeurs quelques peu farfelues et dissolues de ses ascendants, Alexandre JARDIN crève l'abcès en publiant Des gens très bien... Et là c'est une toute autre histoire, celle d'une famille gouvernée par l'omerta, dont le seul mot d'ordre est la cécité. L'histoire c'est celle de Jean, grand-père d'Alexandre connu sous le pseudonyme du Nain Jaune. Jean fut le proche collaborateur de Laval sous le régime vichyste.
Le pilier central de ce "roman" demeure la rafle de juillet 1942 où 4000 enfants furent sauvagement assassinés, leur tort étant tout simplement celui d'être juifs !
Alors que la France a dû attendre le dernier quart du 20ième s pour enfin admettre son rôle à part entière dans la déportation des juifs, A Jardin a dû composer avec son passé, celui de petit-fils du Nain Jaune.
Cette ouvrage est poignant, il montre le malaise de notre auteur qui malgré, sa confession demeure profondément heurté par ce passé si sombre. A travers les pages, nous découvrons que bien souvent Alexandre s'est retrouvé, contre son gré, en compagnie de ceux qui furent les alliés de ce plan d'extermination ou encore ceux qui sont comme lui les descendants de ces criminels. Un passé qu'Alexandre subit, et ce à tel point que lorsqu'il retranscrit les propos d'une ex femme de SS, il ne peut s'empêcher de crier son indignation, comme si le vieil adage "qui ne dit mot consent" pourrait lui être attribué, comme si il devait justifier qu'il n'est pas de ces antisémites qui semèrent la terreur dans la France Vichyste et bien au-delà.
Enfin, ce roman légitime le choix littéraire de notre romancier. A un passé trop sombre, trop lourd, il a substitué un mode littéraire. Celui de romans légers voir parfois à l'eau-de-rose.
Une chose est sûre, plus jamais je ne lirai monsieur Jardin de la même manière.
Lien : http://www.athena1-lire.blog..
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Rien à voir avec l'Alexandre Jardin que l'on connaissait, écrivain de romans plutôt légers qui n'étaient pas trop ma tasse de thé. Mais en lisant la quatrième de couverture, j'ai décidé de lui laisser une chance. Et j'ai beaucoup aimé. Quel poids! J'ai lu dans certaines critiques de babelionautes qu'il s'était déchargé. Eh bien tant mieux! Même si ça n'avait servi qu'à ça, tant mieux pour lui. Si on croit à la lecture thérapeutique, on peut aussi croire à l'écriture thérapeutique.
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N°928– Juin 2015

DES GENS TRÈS BIEN - Alexandre Jardin - Grasset.

Est-il de secret mieux gardé qu'un secret de famille, un événement, une personnalité qui resteront inconnus des descendants au seul motif que de cela, au sein de la parentèle « on en parle pas » surtout si on doit rattacher tout cela aux heures sombres de notre histoire nationale ! Dès la première phrase il n'y a pas d’ambiguïtés « Mon grand-père, Jean Jardin, dit le Nain jaune, fut, du 20 avril 1942 au 30 octobre 1943, le principal collaborateur du plus collabo des hommes d’État français : Pierre ­Laval, chef du gouvernement du maréchal Pétain. Le matin de la rafle du Vél' d'Hiv, le 16 juillet 1942, il était donc son directeur de cabinet ; son double. Ses yeux, son flair, sa bouche, sa main. Pour ne pas dire sa conscience.» . Il y avait bien eu de la part de Pascal Jardin, le fils de Jean, une tentative d'éclaircissement et ce fut « La guerre à Neuf ans »(1971) qui fit un peu trembler son père. La publication du« Nain Jaune » (1978) donnait du même père un portrait plus édulcoré, accommodant et attachant, qui n'avait pas paru convaincant au petit-fils, Alexandre qui voit là un « tour de passe-passe insoutenable » et qui en remet une couche, pas vraiment dans le même sens. Malgré l'attachement qu'il a pour sa propre famille, Alexandre, apporte des précisions que l'auteur du « Nain Jaune » ne pouvait ignorer. Il prend peu à peu conscience de ces réalités, lui qui à quinze ans admirait aussi son grand-père sans rien connaître de son passé vichyssois. Taire de tels faits ne sert à rien sauf si ce mutisme qui ainsi perdure devient un poids trop lourd à porter. L'espèce humaine n'est pas composée que de brillants modèles et prendre le risque d'explorer son propre univers familial, de secouer l'arbre généalogique, expose à bien des désillusions. Quand il a choisi de parler de son père, Pascal Jardin dit « le Zubial », Alexandre l'a fait sur le registre du fils meurtri par la mort prématurée d'un être excentrique, solaire et dont il ne se remet pas. Pour Jean, le grand-père c'est autre chose. On n'est responsable que de soi-même et surtout pas de sa parentèle. Les frasques dont la famille Jardin fut familière, celles de sa grand-mère dite « l'Arquebuse », l'épouse de Jean, de son père et de sa mère ont été mises sur le compte d'un art de vivre plutôt marginal mais présentées par Alexandre sur le registre de la légèreté et de l'adultère. Cela il pouvait parfaitement l'accepter. En revanche, le parcours de Jean était nauséabond, homme de l'ombre et de la collaboration, celui de la rafle du Vel d'Hiv qu'il ne pouvait ignorer, et ce malgré la légende tissée par lui-même de son vivant. Cette rafle l'obsède tellement qu'il va jusqu'à mettre en garde son grand-père contre cette « fracture dans sa vie » dans une scène improbable et surréaliste. En écrivant ce livre l'auteur dit « vouloir purger son ADN », pour lui, pour ses enfants, cesser de vivre dans la cécité. Pourquoi pas après tout ? Mais est-ce bien certain puisqu'on camoufle souvent sous des motivations familiales feintes des préoccupations personnelles et on peut parfaitement imaginer que des familles qui portent un nom de « collabo » notoire souhaitent vivre normalement au nom de l'oubli et de la non-responsabilités des erreurs d'un aïeul. Personnellement, j'ai toujours combattu cette culpabilité qui veut qu'on batte sa coulpe au nom de je ne sais quelle pseudo-morale judéo-chrétienne et qu'on s'accuse de tout les malheurs, surtout quand on n'y est pour rien. Je ne perds pas de vue non plus que cette culpabilité affichée fait partie du discours convenu de tout héritier du catholicisme, même s'il n'en a pas conscience ou s'il le refuse.

Cette période de notre histoire, pas si lointaine d'ailleurs, a révélé des hommes peu scrupuleux qui, sans cela eussent connu l'anonymat. D'autre part le monde des hommes politiques, fait de tractations, de compromissions, de trahisons, des ces petits et grands arrangements avec la réalité et la vie, se conjugue assez mal avec la mémoire, se cache souvent sous la mauvaise foi, et sous la vérité « officielle », gravée dans le marbre et qu'il ne convient pas de bousculer. Non seulement Jean échappa adroitement à la purge de la Libération puisque, prudent, il avait eu soin d'expurger les archives du moindre bordereau portant sa signature, connut une carrière de financier occulte des partis politiques, droite et gauche confondues, de la IV° et de la V° Républiques mais mourut dans l'impunité en 1976, non sans avoir habillement préparé une éventuelle défense jusque dans les moindres détails. Elle ne servit cependant pas. Il ne fut pas le seul et ces « grands commis de l’État », ces Talleyrand, ces funambules qui en firent autant, eux qui eurent le talent et la chance de servir plusieurs régimes parce qu'on avait opportunément fait disparaître les archives et qu'on avait choisi de recouvrir certaines de leurs actions du voile d'un silence complice. Le livre révèle d'ailleurs des vérités connues depuis longtemps mais adroitement occultées, sur nombre d'hommes politiques célèbres et qui ont habillement survécu à cette page noire de notre histoire... et sont devenus des ministres gaullistes. Il était possible de soutenir que Jean Jardin ait été un fonctionnaire intègre et loyal au pouvoir politique, qu'il ne savait rien de la destination des trains de la mort non plus que du sort de ceux qui y étaient transportés, bref faisait partie des « gens très bien » de cette époque mais son poste de directeur de cabinet de l'omnipotent Laval ne peut soutenir cette affirmation. L'auteur conclut un peu malgré lui que, compte tenu des préoccupations quotidiennes et alimentaires d'alors, le rafle du Vel d'Hiv ait pu passer inaperçue. Il est vrai aussi que suivant l'époque, l'idée qu'on se fait du bien, même de parfaite bonne foi, est fluctuante et changeante en fonction des événements. Il note que l'entourage des gens qui ont connu cette « éminence grise » tentèrent, même longtemps après sa mort, de le dédouaner de l'antisémitisme de règle à l'époque, de présenter le nazisme comme un idéal auquel on pouvait adhérer sans avoir pour autant le sentiment du péché. En attaquant le grand-père, (« génétiquement catholique, il fut ce qu'on appelle une conscience dérangée par une morale exigeante »), qui n'était sans doute pas exempt de tout soupçon dans son passé vichyssois, et sans vouloir remettre en cause sa démarche courageuse, n'en fait-il un peu trop dans l'exploration de la boue fangeuse de sa généalogie ? C'est en tout cas courageux de faire une telle démarche forcément contestée dans son lignage. Éprouve-t-il un besoin de repentance très à la mode ou le rachat d'une part d’ombre qu'il ne pouvait garder pour lui ? Il est écrivain et, à ce titre on peut penser qu'il a trouvé là, sur le registre de « famille je vous hais » toujours payant, un thème récurrent et juteux. Il est en effet légitime d'avoir des comptes à régler avec sa propre famille, au moins le fait-il sans le masque du roman où s'agitent souvent des personnages cachés. Les mots sont son matériau et pour lui aussi l'écriture peut avoir un effet cathartique. Je ne suis pourtant pas fan des romans d'amour ni les fictions à l'eau de rose mais je ne déteste pas non plus l'authentique s'il est servi par le talent. Qu'il sorte d'un long déni familial ne me gène, au contraire ! Je suis donc prêt à suivre Alexandre Jardin sur ce terrain, lui qui portait sans doute ce passé comme un poids et le camouflait comme il le pouvait, confessant : « J'ai appris à paraître gai. A siffloter pour échapper au chagrin. Jusqu'à en écrire des romans gonflés d'optimisme ». J'ai peut-être tort mais je choisis de le créditer de la bonne foi. 

J'ai, depuis longtemps écrit dans cette chronique, le plaisir que j'ai à lire Alexandre Jardin pour sa verve, son humour, ses rodomontades, pour son talent d'écrivain. Il m'est arrivé cependant, n'ayant rien d'un thuriféraire, de mâtiner ces éloges à propos d'un de ses romans en particulier. La lecture de ce livre, même si elle m'a rendu un peu dubitatif, m'invite à découvrir une face caché de cet écrivain et sa démarche courageuse ne fera pas de moi un contempteur de plus dans la polémique qu'il a allumée. Après tout Alexandre Jardin a parfaitement le droit de changer de registre surtout si sa démarche lui permet de se libérer un peu du poids d'un passé peut-être trop lourd à porter. J'ai donc lu ce récit passionnant de bout en bout, le texte à au moins l'avantage d'être bien écrit même si le ton est forcément différent de celui des autres romans. Il m'a permis de connaître un peu mieux l’écrivain et de découvrir que toutes ces fanfaronnades cachaient en réalité quelqu'un d'angoissé par ce passé familial. Je n'ignore certes pas que c'est le propre du créateur artistique que de cacher sous des dehors différents ce qu'on ne veut pas voir ou pas avouer. Je le confesse bien volontiers que je n'avais pas saisi cela à la lecture du « Zèbre » que j'avais bien aimé, mais je lui sais quand même gré d'avoir en quelque sorte fendu l'armure et de faire acte, non de repentance(il n'y est pour rien) mais de vérité. Il tire d'ailleurs pour lui-même et pour son lecteur la leçon de ces « gens très bien », nazis, vichyssois qui se présentaient pourtant sous des dehors respectables que cachaient une réalité moins reluisante. Est-ce par hasard, par amour ou inconsciemment en réaction contre ce passé qu'il a choisi sa deuxième femme dont les origines ont quelques marques de judéité d'ailleurs contradictoires (« Les gènes d'une grand-mère dont les papiers d’identité affichaient le tampon rouge JUIF et ceux d'un père prénommé Philippe (comme Pétain) né en 1942 … à Vichy ») ? Il met aussi en garde contre l'islamisme qui actuellement mine nos sociétés occidentales, s'engage personnellement dans le monde associatif en prônant la lecture, ce qui est une autre manière de bousculer un peu les choses.

Hervé GAUTIER – Juin 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Je n'ai lu aucun autre livre d'Alexandre Jardin, je ne peux donc pas comparer, mais j'imagine assez bien ce qu'était sa littérature avant Des gens très bien. Naïvement, je pensais qu'il écrivait comme il se doit dans ce genre de livres, légèrement et avec un vocabulaire volontairement limité. Là point ; son livre est bien écrit, beau style, quoique parfois un peu ronflant. Heureusement d'ailleurs, car le propos est fort et pesant, et sans style, le récit serait indigeste.

On pourrait lui reprocher de dénoncer et de juger 70 ans après les faits, certes. Mais ce livre, sert plus à Alexandre pour se libérer de son ascendance pesante. Il le dit d'ailleurs dans ses dernières phrases dans lesquelles il s'adresse à son père, Pascal : "Plus tard, tu ne pourras pas vivre avec le secret des Jardin. Il te tuera. Tu feras un livre pour le camoufler. Au même âge que toi, j'en ferai un pour l'exposer. Et je vivrai la deuxième partie de ta vie... la mienne. En essayant d'aimer Jean, un jour. Dors, dors mon petit papa..." (p.295)

Dans l'ensemble, j'ai aimé ce livre, qui part très vite et annonce la couleur dès les premières pages. Cependant, je dois admettre que sur les presque 300 pages, Alexandre Jardin tourne en rond et se répète. Assez mal reçu, d'après ce que j'ai pu entendre et lire, -il est indéniable que l'auteur doit moins gêner en écrivant Fanfan- ce bouquin revient donc sur des années dont la France n'est pas fière. En outre, Alexandre Jardin, n'y va pas avec le dos de la cuillère ! Il flingue. Des critiques lui reprochent ce que d'autres approuvent (lire ici). Selon eux, qui n'est pas historien ne peut pas savoir et a fortiori écrire sur cette période. Mais Jardin écrit avec ses tripes, avec ses gènes, avec ses rancoeurs mais aussi avec l'amour qu'il a pour les siens, père et grand-père notamment.

Maladroit parfois, redondant souvent, intéressant et remuant tout du long c'est un livre qui ne laisse pas indifférent et on ne peut pas, enfin il me semble, en ressortir sans avoir rien éprouvé.

Un "livre étrange que je tiens pour mon acte de renaissance. le cri de chagrin par lequel je me désassigne de mon passé" dit l'auteur page 271. Une renaissance pour Alexandre Jardin, qui ne pourra donc plus revenir en arrière et écrire ce qu'il écrivait précédemment.
Lien : http://lyvres.over-blog.com/..
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Le premier livre d'Alexandre Jardin que j'aie lu, et probablement le dernier, à moins qui en commette un autre du même tonneau.
La période m'intéresse, la ville où l'action de déroule je connais, et les interventions télévisées de l'auteur à l"époque pour sa promotion m'avaient parlé.
Il a mis en lumière avec courage le rôle tenu par son propre grand-père. le travail obscur et très efficace de ce fonctionnaire pour qui servir consciencieusement l'Etat même s'il demande le pire, a permis d'organiser une rafle qui est entrée dans l'histoire et a marqué celle-ci d'une tâche d'infamie.
Pour compléter le portrait du Nain Jaune, il ne me reste donc qu'à lire Pascal Jardin, suite au prochain épisode.
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Certains lui reprocheront d'accuser sans preuve, d'autres regretteront le lynchage familial et pourtant, ce cri est déchirant pour qui veut bien lire l'auteur plutôt que de l'attendre au tournant.
Magistral exposé de psycho-généalogie, Des gens très bien crève le moelleux feutré du divan pour sonder le gouffre de l'Histoire et de la mémoire.
Bouleversant et COURAGEUX !
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