Le Nain jaune

Personne ne lui résistait, sauf moi. j'avais compris très jeune que , pour se remettre d'un père d'une telle envergure, il fallait que je vole au plus vite de mes propres ailes.

[...] des grands commis qu'il pensait et savait déplaçables et souvent ennuyeux, car ne sachant rien d'autre que ce qu'ils avaient appris.

L'écriture est un véhicule tout terrain, et le langage un transport en commun dont on n'est jamais sûr qu'il arrive à bon port.

Au contraire, la gloire, même secrète, abîme plutôt les hommes.

Les lieux que j'ai aimés sont pour moi enracinés dans les êtres et, quand ils disparaissent, rien ne ressemble plus à rien, le décor s'abîme et puis se défigure.

- Un peu anxieux ?
Le Nain Jaune répondit par un saut vertical qui fit trembler toute l'armature métallique de son lit.
- Je souffre, dit-il.
- Non, répondit Sauvage, mais vous ressentez beaucoup, ce qui revient au même.

Je frissonnais et lui aussi, car nous riions tous deux sur le fil d'un rasoir. Il est des plaisanteries qui sont des enseignements, et qui côtoient l'abîme.

P.167

Nous étions toujours ensemble ou toujours fâchés, mais jamais en eau calme.

Pourquoi faut-il que nous ne réussissions à nous parler d'amour que par-delà les tombes ? Seule la mort nous autorise à entrer dans notre vérité. Il y a sans doute de la pudeur dans tout cela ; j'y vois surtout une immense infirmité. Mais les grands livres ne sont-ils pas toujours des jambes de bois ?

Préface d'Alexandre Jardin

Je ne voulais rien apprendre. J'y suis hélas tragiquement parvenu.