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Citations sur Rois du monde, tome 2 : Chasse royale I, De meute à mort (41)

L'amitié est une force et une protection, pour le roi comme pour le héros.
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Malgré mon assiette instable, malgré le pressentiment sinistre qui m'a juché sur ce perchoir, cette position m'offre un instant de griserie. D'un seul élan, je me suis hissé au-dessus de la mêlée. À mes genoux s'affrontent les rois, les chefs, les champions. Autour d'eux, sur des arpents et des arpents de plaine, tourbillonne un immense chaos. Il mugit comme un océan soulevé par le gros temps, crêté de lames et de cris, bouillonnant de crues et de reflux, ecumeux d'un grésil de traits. À ma hauteur, au-dessus d'une houle de casques, de crinières et de poings, tanguent de loin en loin des enseignes et les babines retroussées de grands carnyx d'airain. On croirait voir des navires roulant sur une mer mauvaise, que menace la fringale de monstres surgis des abîmes. Sangliers, chevaux et oiseaux de bronze giguent une ronde saoule autour de la pique, là-bas, où bée la tête du roi de Bribacte. Vu du ciel, une étrange harmonie semble ordonner ce massacre. Je me sens presque corbeau, planant au-dessus d'une tourmente héroïque, comme si toute la guerre m'était livrée.
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Tu vois cette nuit a beau être d'un noir de suie, j'ai toujours les brasiers qui rougeoient au fond de ma mémoire. Je revois toute la colline en feu. Je revois Sacrovèse, ton père, se détachant sur l'incendie au milieu de la troupe de ses héros. Bon sang ! Dire que nous nous croyions vainqueurs !
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Qui sait où nous avons été entraînés ? Et surtout : quand ?
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Or il faut préciser que nous, les Celtes, nous accordons une grande importance à l'élégance et aux soins du corps. les gros sont mal vus, tout comme ceux qui ont le cheveu gras, l'œil chassieux ou l'ongle noir. Hors des travaux des champs, et de la guerre, chacun s'efforce de porter beau.
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Toutefois, c'est ce que je distingue chez Segomar qui m'estomaque. Le gaillard semble indemne, mais adopte une posture bizarre, serrant contre sa poitrine une espèce de balluchon. Comme le crépuscule cède au jour, je réalise ma méprise, et je comprends pourquoi il parle à mi-voix. Roulé dans un manteau de laine douce, c'est une enfant qu'il porte dans ses bras. Je vois maintenant la jolie tête blonde, posée au creu de son cou ; une petite fille qui dort en suçant son pouce, l'index enroulé sur le bout du nez. Elle s'est abandonné à l'épuisement, sur l'épaule d'un des pires tueurs du roi.
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-Et tu m'aurais cru ? Je ne cherche pas à te mentir. J'ai juste évoqué les raisons les plus puissantes qui dissiperont tes craintes.
-Tu m'emmerdes, avec ta sincérité, grogne-t-il.
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C'est Ségovèse qui m'a désarmé, sans même réaliser ce qu'il faisait. Comme nous arrivions aux portes de la ville, il s'est précipité pour m'embarrasser. Il riait aux éclats, il criait d'allégresse. Nulle duplicité dans son accolade, parce qu'il n'y avait nulle mauvaise conscience chez lui. À Argentate, on lui avait ordonné d'accompagner le prince et Comargos : il avait suivi. Cela lui paraissait si naturel qu'il n'y avait rien à expliquer. À cent lieues de soupçonner mon amertume, il était juste heureux de me retrouver. Cette insouciance m'a heurté, et bizarrement, cela a amorti ma rancoeur. Ajoute à cela que j'avais du mal à le reconnaître, et tu mesureras l'étendue de ma perplexité.
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Cette nuit-là sur la colline, à la veille de la bataille de l’Aurona, j’ai dormi comme une masse.
Personne n’est venu visiter mes songes : ni dieu ni fantôme, ni présage ni souvenir. Roulé dans mon tartan, indifférent aux félicitations qui continuaient à m’accabler, je me suis allongé dans l’herbe mouillée et j’ai fermé les yeux. Jamais je n’ai connu sommeil plus profond. Ce n’était même plus du repos ou une fuite, juste une absence. Comme si je prenais les devants en direction du monde des morts.
La nuit s’envole donc en un battement de paupières. Soudain, au-dessus de moi, s’ouvre un vertige de ciel ; au fond de l’azur tendre du petit matin s’alanguissent quelques moutons mouchetés de rose. (p. 198.)
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Sous la surface, le courant possède la pureté des eaux vives, qu’obscurcissent la densité du sous-bois et du temps qui se couvre. Je me dis d’abord qu’il faut de bons yeux pour repérer une pépite dans ces remous. Et puis, brutalement, je réalise à mon tour ! Il n’y a pas que de la pierraille épandue dans ce lit : au milieu des cailloux et des feuilles mortes s’éparpillent des tessons. Et ces gros objets aux panses rondes ne ressemblent que de loin à des galets : ce sont des pots de terre cuite. Ils semblent gavés de gravats gris pers, mais ils contiennent en fait des fouillis de broches, de bracelets et de rouelles que les ans ont verdis. Çà et là, enfouis dans ce bric-à-brac corrodé, étincellent l’arc torsadé d’un torque ou les figures d’une plaque d’or.
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