Le pouvoir. Tout le monde recherche le pouvoir. La Salvatrucha ne faisait pas exception à la règle. Uppercut allait sortir de prison, et récupérer ses privilèges serait une priorité. Mes parents étaient morts pour rien.
Je n’aimais pas quand les gens m’évitaient du regard, c’était souvent annonciateur de mauvaises nouvelles.
Il m’embrassa comme s’il avait besoin de moi pour respirer et je l’embrassai parce que j’avais besoin de lui pour le faire. Passé et futur se confondirent. Seul le moment présent comptait.
Il plongea son regard dans le mien et j’avalai toute velléité de répondre. Ses doigts suivirent le tracé de mes bras jusqu’à atteindre ma taille. Doucement, il me ramena contre lui et commença à nous faire onduler au rythme de la musique. Je ne savais pas où poser les mains, je ne savais pas où poser les yeux, alors je me contentai de garder mes mains le long de mon corps et mes yeux fermés. Ses pouces s’enfoncèrent davantage dans ma taille, comme s’il luttait contre quelque chose, comme s’il se retenait de faire quelque chose.
Venir ici était une très mauvaise idée. On ne joue pas avec le diable sous peine d’être dévorée toute crue.
Les gens avaient fui la guerre civile qui faisait rage ici et s’étaient réfugiés en Californie. Ils avaient du mal à s’intégrer, ils ne parlaient pas anglais, ne trouvaient pas de travail alors ils ont créé des communautés ; c’était plus facile pour survivre dans un pays inconnu. C’est comme ça que les clans sont nés. Ils se réunissaient, d’abord le soir, comme ça, autour d’un repas, puis, pour certains, ça a pris une autre dimension. La Salvatrucha venait de voir le jour. Quand il y a eu des vagues massives de déportations parce qu’ils n’avaient pas de papiers, les expulsés l’ont ramenée ici. Elle est revenue vers ses racines.
J’avais même préparé une phrase pour l’occasion : Adrián, on ne peut être rien d’autre que des amis. Une petite phrase de rien du tout, et hop, emballé c’est pesé. Problème résolu.
Sois toujours aussi discrète qu’un caméléon...