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LU DANS LE CADRE DES 68 PREMIERES FOIS

Un roman pour lequel je n'ai absolument rien ressenti. Pourtant le sujet me plaisait : trois artistes qui tour à tour passent un bout de temps au château de l'Islette, petite réplique de celui d'Azay-le-Rideau. Un petit séjour dans l'Indre, une nature échevelée, un élan artistique, une page de l'art moderne et de la sculpture… et puis l'histoire, de la Valse, du Balzac et de L'Après midi d'un faune qui reste la pièce de Debussy que je préfère.

Nous commençons l'histoire avec une lettre. Celle qu'Eugénie adresse à son fils, au front de la première guerre mondiale, celle où elle lui raconte comment elle est devenue ce qu'elle est, et comment lui, est venu au monde.

Fille de chapeliers, elle devient bien vite la déception de ses parents : pas couturière, peu vendeuse, pire, une mauvaise tête à chapeau. Ils l'envoient, l'exilent, auprès de Madame Courcelle afin d'y devenir la prescriptrice de sa fille, Marguerite. C'est là bas qu'elle croisera les trois artistes qui successivement se presseront aux portes de l'Islette, là où Rodin a toujours eu ses entrées pour sculpter selon son bon plaisir. Là aussi qu'elle croisera Camille Claudel, l'amante de Rodin, mais surtout la sculptrice de la Valse, dont on ne peut manquer l'ineffable mélancolie, la douleur que cela est de revoir son amant, d'exister dans son ombre, et de ne pouvoir valser seule, loin, haut.

Un été à l'islette est un roman de fiction qui s'inspire donc de la vie de ces trois artistes et de cette campagne de l'Indre pour dresser un portrait fugace et artistique de la fin du XIXe siècle. C'est lent. Peut-être un peu trop. On se demande où l'autrice veut en venir, pourquoi écrire là dessus si ce n'est pour nous parler de personnages, mous, manquant de profondeurs. On rechigne à continuer. On le pose. Et puis on le reprend parce que ce n'est sans doute pas pour rien qu'il est dans la sélection des 68.

Je dois dire que la seconde moitié, à partir du moment où Rodin fait son entrée à l'Islette puis Debussy fut plus « passionnante ». On devine la discorde sous les discours raffinés, l'aigreur sous les sourires, la fatigue de Camille, et le côté intraitable de Rodin. C'est donner corps à des personnages qui sont presque devenus des mythes, c'est leur donner vie et émotion alors qu'ils ne sont pour nous que de l'histoire. Et c'est peut-être tout ce que je retiendrai du roman.

Pour le reste, pour l'écriture, pour le ton, pour le rythme je me retrouve insatisfaite, blasée d'une langue française « trop bien » utilisée, avec trop de douceur et de plénitude, comme si l'écriture ne pouvait refléter le désordre qui agite nos personnages. Tout cela reste pour moi impersonnel et froid, emprunt de trop de respect. Lire ce roman c'est comme marcher sur la pointe des pieds. Là où j'aurais sans doute voulu un peu plus de craquement, de faiblesse, d'envie, de fougue.

En résumé

Un été à l'Islette est un roman qui conte la dernière page d'un tournant artistique spectaculaire de la fin du XIXe siècle. Debussy, Camille Claudel, Rodin, tous trois passent sous la plume de Géraldine Jeffroy et tout cela me laisse trop indifférente. Dommage car l'ambition est grande mais ne m'a pas touchée.
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"Vous ne pouvez vous figurer comme il fait bon à l'Islette […] et c'est si joli là ! […] Si vous êtes gentil à tenir votre promesse, nous connaîtrons le paradis." - Lettre de Camille Claudel à Rodin

"Je pris réellement conscience de ma solitude ; j'avais eu à l'Islette l'illusion d'avoir une famille, ou du moins une place non négligeable. Mais peut-être est-il plus juste de dire que j'avais fait de telles rencontres durant cet été 92 que je voulais en garder "quelque chose" en vertu de l'accord tacite passé avec Camille."

Qu'il est doux, l'espace resserré d'une petite centaine de pages, d'être accueillie à l'Islette, de mettre mes pas dans ceux d'Eugénie, fille de chapeliers parisiens qui désespérant de lui trouver un mari l'envoient, contre son gré, en Val de Loire pour être la préceptrice de la petite Marguerite, 6 ans.

"Un été à l'Islette", deuxième roman de Géraldine Jeffroy, est d'une délicatesse infinie, une parenthèse enchantée, toute d'harmonie et de poésie. le texte économe de mots, le rythme souple du phrasé, la beauté classique de la langue offrent un moment de lecture hors du temps : on oublie, on s'oublie, et c'est délicieux.

Le récit s'ouvre sur la longue lettre qu'Eugénie écrit en 1916 à Millou, alors au front, pour y confesser un secret tu depuis plus de vingt ans et dont je ne vous dirai rien. Ce que je peux toutefois me risquer à écrire, c'est qu'elle y raconte l'été 1892, été qu'elle passa au château de l'Islette. Mme veuve Courcelle l'avait engagée pour s'occuper de sa petite-fille adorée alors en convalescence.

En ce mois de juillet de fin de XIXe siècle, des artistes reconnus viennent établir leur atelier d'été au domaine de l'Islette, lieu bucolique et favorable à la création. Cet été-là verra Camille Claudel travailler à la "Petite Châtelaine", et surtout à la "Valse dite avec voiles"

"Ici, ma Valse mûrit doucement à force de recherches, d'essais heureux ou malheureux. le drapé sur les jambes de ma danseuse a fini par trouver sa forme et le haut des corps m'a donné quelques peines. le mouvement des bras, l'impression de leur courbe, l'opposition des mains, l'inclinaison des têtes, l'expression des visages, tout cela fut soumis à de longues réflexions qui m'ont laissée exsangue."

Rodin viendra se mesurer au "Monument à Balzac" que lui a commandé la Société des Gens de Lettres un an plus tôt et Debussy, resté un temps rue de Londres à Paris, esquissera les premières mesures de son "Prélude à l'après-midi d'un faune", "ce morceau lumineux, teint de toutes les couleurs de l'été".

La qualité narrative de ce court récit doit beaucoup à l'alternance sans heurts de passages de la main d'Eugénie et de lettres qu'échangent Claude Debussy et Camille Claudel. Ces lettres, intermèdes apaisants dans une vie artistique par ailleurs tourmentée, disent tout d'un lien que l'on devine mi-amical, mi-amoureux, exposent les élans créatifs que viennent contrarier quelques doutes pour elle, ici :
"Il y a toujours une part de nos créations qui nous échappe, n'est-ce pas ?"

ou là encore :
"Les corps, nus ou recouverts, se trouvent pareillement lorsqu'ils veulent se trouver. Quelle hypocrisie leur fait croire que ce qui est caché n'éveille pas le désir ? D'ailleurs, ils se trompent d'objet. Mes valseurs, ce ne sont pas deux corps indécents qui s'enlacent avant l'accouplement, ce sont deux corps qui vacillent. Croient-ils qu'ils vacilleront moins si je les enveloppe ? Peut-on éviter l'inexorable par un voile de pudeur ?"

et quelque "bile noire" pour lui :
"Nous sommes de laborieux artisans, un peu penseurs tout de même, mais de vrais galériens. Modérez-vous, Camille, n'épuisez pas vos forces à façonner une oeuvre que vous avez en tête. Elle ne s'échappera pas."

Eugénie, cette "femme sans charmes mais sensible et cultivée. [...] Réservée et douce, [inspirant] une confiance immédiate" ainsi que la décrit Camille Claudel, va tisser une relation privilégiée avec la sculptrice, relation qu'un temps, elle craint mise à mal par l'arrivée de Rodin. Car, entre Camille et Rodin, c'est violent quand passion créatrice et passion amoureuse se télescopent de nuit comme de jour. Et on s'écrierait bien avec Debussy :
"De grâce, Camille, soyez raisonnable et laissez votre barbu là où il est. Loin du bûcheron les arbres poussent jusqu'à toucher le ciel."

Cet été-là, un événement viendra infléchir à tout jamais le destin d'Eugénie.

Comment résister à l'Islette et ne pas tomber sous son charme ?
Pendant deux heures à peine, j'ai eu l'impression d'être avec eux, au bord de l'Indre, dans ce château Renaissance, d'être bienvenue aussi bien dans la poussière argileuse de l'atelier de Camille Claudel que dans le jardin languissant à écouter le piano de Debussy,

"La musique est un art de plein air, un art à la mesure des éléments, du vent, du ciel et de la mer. Il y a une collaboration mystérieuse de la nature et de la musique, une alchimie certaine."

d'être admise à la table où Marguerite, "la petite de l'Islette", avec la candeur de l'enfance, assène quelques vérités bien senties, voire prémonitoires :
"Mademoiselle Camille est bien malheureuse. Dans sa tête il y a des monstres."

"Un été à l'Islette" m'a ramenée vers un autre été, celui de Gaëlle Josse, "Un été à quatre mains", publié en 2017 par les Éditions Héloïse d'Ormesson. Est-ce l'été de leur titre ? la douceur de l'écriture ? l'alliance heureuse de faits historiques et de trame romanesque ? Je ne saurais dire. J'en ai goûté la grâce et le charme surannés et m'y serais bien attardée.

2e roman,
Lu pour la session automne 2019 des #68premieresfois

Lien : https://www.calliope-petrich..
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Eugénie ne suivra pas la trace de ses parents artisans chapeliers parisiens et ne tiendra pas leur boutique. En cet été 1892, ils l'envoient au château de l'Islette au bord de l'Indre où elle sera la préceptrice de Marguerite, la jeune enfant de la châtelaine. C'est ici que Camille Claudel vient passer l'été pour travailler une de ses plus fameuses sculptures : La Valse. Rodin l'accompagne, mais ne restera pas, pour aller retrouver la vie parisienne et ses conquêtes féminines, ravivant la jalousie de sa maîtresse.
L'auteur a pris l'angle de vue d'Eugénie pour décrire les passions et les tourments d'une Camille prise entre son travail acharné et sa colère contre Rodin qui, lorsqu'il vient faire un séjour au château, n'arrange pas la situation ; des nuits à se disputer, des journées à travailler.
Heureusement, la petite Marguerite est là pour égayer le château de sa fraîcheur. Elle est le témoin innocent des scènes qu'elle ne comprend pas toujours mais auxquelles elle s'adapte. Elle donnera à Camille l'occasion de passer des heures tendres en dessinant ce qui deviendra un buste d'enfant, La petite châtelaine.

Un livre de plus sur Camille Claudel, personnage inspirant de la littérature, dans lequel l'auteur s'est inspiré de l'histoire pour recréer une atmosphère intime avec l'artiste, l'invitant à une correspondance avec Debussy, lui aussi en pleine création musicale. Il viendra même au château jouer les premières notes de sa composition L'Après-midi d'un faune, musique inspirée d'un poème de Mallarmé. Ces lettres sont des fenêtres apaisantes dans la tourmente de l'artiste qui peut se reposer sur l'amitié partagée avec le musicien, permettant aux deux correspondants de mettre à jour leur créativité.

C'est d'une écriture fluide et légère que Géraldine Jeffroy nous fait vivre cet été au château de l'Islette, un roman qui se lit très facilement et nous permet de lever pour un temps court le voile sur la vie de Camille Claudel. L'auteur a su créer un rythme d'alternances fortes de sentiments contraires dans ce cadre bucolique de la campagne de l'Indre. Elle se permet de concrétiser certains faits de la vie de Claudel qui ne sont que suppositions fortes, mais qui restent cohérentes…
Une facette de plus à offrir au lecteur sur la tragédie de cette artiste emblématique.
Lien : http://dominiquelin.overblog..
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Eugénie, fille de commerçants, est employée durant l'été 1892 chez Mme de Courcelle, comme préceptrice auprès de sa petite fille Marguerite. Arrive un couple d'artistes, qui n'est autre que Rodin et Camille Claudel, laquelle reste au château pour travailler sur "Les valseurs" tandis que Rodin retourne à Paris. Eugénie est fascinée par cette jeune femme un peu sauvage qui travaille toute la nuit, et raconte la passion de Camille, ses recherches, sa solitude ; on sent, en filigrane, la folie qui quelques années plus tard prendra possession de l'artiste, dans ce que dit Eugénie du feu de la création et du son comportement parfois étrange de la sculptrice. Géraldine Jeffroy réussit tout du long à garder le point de vue de cette jeune femme cultivée et sensible, mais qui porte sur l'artiste un regard plein de bon sens et de raison. Par ailleurs elle fait revivre Debussy, dont nous découvrons quelques échanges de lettres avec Camille, chacun se confiant sur son oeuvre en cours d'élaboration. C'est une biographie fictive puisque l'auteur a extrapolé à partir de "trous" dans la vie de Camille Claudel, mais elle nous offre ici un récit très touchant, et plausible, dont on peut regretter cependant qu'il soit un peu court.

Roman lu dans le cadre des "68 premières fois".

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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Voilà bien une petite pépite que je vous invite à découvrir. Ce court roman se déroule au Château de L'Islette lors de l'été 1892, alors que Camille Claudel et son amant Rodin y séjournent pour quelques semaines… Claudel travaille à « La Valse » , Rodin ébauche son célèbre « Balzac ». Camille, à travers une correspondance croisée, rend compte de l'avancée de son travail à Debussy qui , de son côté, compose « L'après-midi d'un faune ».
Eugénie est embauchée au château comme préceptrice de la petite Marguerite. Les deux jeunes femmes seront les témoins du processus de création de ces artistes tourmentés, à l'orée de l'Art moderne et au point d'orgue du Romantisme.
La composition du roman, rythmée comme une valse à trois temps, est servie par écriture belle et exigeante à la hauteur du sujet.
J'attends avec impatience le prochain opus de Géraldine Jeffroy.
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De très belles pages sur la création artistique, celle de Camille Claudel, ses travaux préparatoires, d'études dans la nature, ses études par le dessin puis son travail de la terre. Celui de Claude Debussy, ses compositions musicales sur des mots, des poèmes comme le faune Apollinaire. Rodin, l'ogre qui travaille sur son Balzac. Tous ses personnages sont en vacances dans un château, à Islette et une jeune femme nous raconte cet été. En peu de pages l'auteure nous narre la création, le rapport à la nature, le rapport avec les autres. Un très beau texte.
Lu dans le cadre la sélection des 68premièresfois.
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