Reprenons. le premier tome mettait en place le fonctionnement du continent/nation qu'est le Fixe. Dans celui-ci, humains et orogènes cohabitent avec une certaine hostilité. En effet, le don de manipuler les forces thermiques et cinétiques est plutôt mal vu par la population générale et surnommant ces autres êtres de « gèneurs ». Particularité autre de ce continent, c'est le déclenchement cyclique de saisons, périodes où Père Terre se rebelle et déchaîne les fléaux sur la Terre et ses humains. S'en suit une saison où les ressources se raréfient et chacun combat pour sa survie.
Ça, c'était pour la mise en contexte. le premier tome nous faisait alors rencontrer trois orogènes : Essun, Syénite et Dayama. Il s'avère qu'il s'agit de la même personne, à différents stades de son éducation orogénique. Essun a deux enfants Uche et Nassun. le père de ces derniers a, de rage à la découverte de son orogénie, assassiné son fils Uche et s'est enfuit avec Nassun. Leur mère, Essun, se met alors en quête de sa fille et sur le chemin, rencontre une communauté relativement favorable à son orogénie et y retrouve une ombre de son passé : Albâtre. Ami, amant, mentor, Albâtre appartient au passé d'Essun, du temps où elle était encore Syénite. Ce dernier lui parle de son rêve impossible : la lune.
Ce deuxième tome alterne les points de vue d'Essun et de Nassun, qui va apprendre à appréhender son orogénie, que sa mère entraînait en secret. Elle sera pour ça aidée d'une aide insoupçonnée, Schaffa, gardien repenti qui était alors la némésis d'Essun du temps de son apprentissage au Fulcrum. J'ai trouvé très intéressant et intelligent cette dualité entre la haine de la mère, et l'affection presque filiale que ressent Nassun, trouvant en Schaffa un père qu'elle n'a pas avec son géniteur.
A l'autre bout du continent, Essun renoue avec son passé et tente de se faire une place à Castrima, cette communauté souterraine favorable aux orogènes. Elle navigue entre ses sentiments parfois contradictoires, une vie dans une communauté qu'elle n'a pas vraiment choisi et les apprentissages d'Albâtre.
Le tome permet de répondre aux questions soulevées par le premier opus de la trilogie, mais en pose également un certain nombre de nouvelles. On comprend l'utilité des obélisques, on en apprend plus sur la mythologie qui berce cet univers et des forces qui s'y exercent. On découvre ce que sont exactement les mangeurs de pierre, à peine abordés dans le premier tome.
Les questionnements principaux qui subsistent au terme de cette lecture sont : Est-ce que le but sera atteint ? Quels en seront les conséquences ? Mère et fille se retrouveront elles ?
Worldbuilding
J'ai envie de profiter de ce billet pour revenir sur un aspect que je n'ai pas trop évoqué dans ma chronique du premier tome : la richesse du worldbuilding. Ce point est particulièrement mis en lumière avec les découvertes « de fond » faites lors de la lecture de ce deuxième livre.
N. K. Jemisin a construit un monde riche, tant par ses spécificités que par sa mythologie. On sent que c'est très réfléchi, et je trouve fascinant la construction globale et la profondeur pensée pour chaque élément. Tout a son explication, finalement très logique. Ca doit être un des worldbuilding les plus aboutis que j'ai pu lire. L'autrice y mêle une intrigue rondement menée et intéressante, et un style que j'apprécie tout particulièrement.
Je parlais dans ma première chronique « d'une plume franche et acérée, n'épargnant ni les personnages, ni le lectorat. »
N.K. Jemisin continue donc dans cette même lignée, utilisant toujours le vous pour s'adresser directement au lecteur, allégeant sa narration par des mises en abyme
En résumé : NK Jemisin nous présente un deuxième tome de haut vol pour la suite de sa trilogie dont je me réjouis de lire le dernier volume, bientôt (avant la fin de l'année !)
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