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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Presque aussi bon que La cinquième saison

Lu en VO en raison du prix très élevé de la version électronique française (87 % de la version physique, à comparer avec les 45-50 % pratiqués par Bragelonne et l'Atalante).

La porte de cristal est le second tome de la trilogie Les livres de la Terre fracturée, après La cinquième saison. Comme son prédécesseur, il a obtenu le prix Hugo, et deux consécutifs pour un même auteur, deux années successives et pour les bouquins d'un même cycle, ça n'arrive tout de même pas tous les quatre matins. Et quand on sait que le tome 3 est également nominé cette année… Même si ce deuxième opus, donc, a été couronné à l'égal du premier, on peut tout de même légitimement se demander s'il est du même niveau de qualité (le tome intermédiaire d'une trilogie étant rarement à la hauteur des deux autres). La réponse est, de mon point de vue, oui, ce qui est d'autant plus remarquable que cette fois, l'auteure ne bénéficie pas de l'effet de surprise, puisque nous connaissons déjà l'univers, qui, à mon sens, constituait un des points forts (mais pas le seul et peut-être pas le principal) de la cinquième saison.

Attention : si vous n'avez pas encore lu le tome 1, il est possible que ce qui suit contienne des spoilers sur l'intrigue de ce dernier.

Situation, structure, personnages

Nous allons, cette fois encore, suivre trois personnages, deux de façon majoritaire, et le troisième essentiellement par les yeux d'un des deux premiers. le point de vue minoritaire est celui du Gardien Schaffa, qui, suite aux événements du tome 1, n'est plus tout à fait le même, et les deux majeurs sont ceux d'Essun, d'une part, et de sa fille Nassun, d'autre part.

Alors qu'une cinquième saison vient de se déclencher (suite aux actions de vous-savez-qui), et que, d'après Essun, elle durera dix-mille ans, notre héroïne s'installe à Castrima, la comm souterraine abritée dans une géode géante dont les systèmes de ventilation, d'éclairage ou de plomberie sont alimentés par l'orogénie, et dont la simple survie dépend d'une zone de calme sismique impulsée par les orogènes. Dans une civilisation où ces derniers sont tués dès que leur nature est découverte par les Fixes, Castrima fait donc figure d'exception, d'utopie, dont on verra qu'elle se révélera plus théorique ou metastable que réelle et pérenne. C'est une inversion des archétypes installés dans le tome 1 : ici, les Orogènes ne veulent pas quitter les Fixes, fuir ailleurs à la première occasion. Et plus on va avancer dans le roman, et plus Essun va assumer un rôle de leader, des orogènes d'abord, mais pas que.

Pendant les trois premiers quarts, en gros, Essun va cependant se faire en partie voler la vedette par sa fille, Nassun, dont on découvre l'odyssée aux côtés de son père, après qu'il ait massacré son petit frère en découvrant que c'était un Orogène. Il va ensuite la conduire dans une lointaine comm antarctique, où se trouveraient des gens capables de supprimer l'orogénie. La jeune fille (nous la suivons de 9 à 11 ans) se révèle très intéressante, notamment dans la façon dont elle est tiraillée entre ses sentiments pour ses parents et les nécessités de la survie en tant qu'Orogène en pleine Saison, et aux mains de quelqu'un (son propre père) prompt à tuer les personnes dans son genre.

L'évolution d'Essun est, dans un genre différent, également très intéressante : n'étant plus focalisée sur la traque de sa fille, dont elle a perdu la trace, elle s'implique dans la vie politique de sa comm d'adoption, devenant la figure de proue des orogènes. A cette occasion, pour défendre son « peuple », elle montrera un côté encore plus déterminé et impitoyable que celui qu'on lui connaissait déjà, se transformant en quasi-dictateur à deux doigts de régner par la terreur et le meurtre, un peu dans une perspective mais vous allez finir par vous aimer les uns les autres, bordel de merde… 😀

Signalons que les flashbacks sont minoritaires (un chapitre pour Schaffa, un ou deux pour Nassun, de mémoire, dont un qui nous explique pourquoi Jija a tué son fils mais épargné sa fille), et que l'intrigue s'étend sur quelque chose comme deux ans. Et bien sûr, qui dit moins d'aller-retours entre points de vue et temporalités dit roman plus simple et fluide à lire.

On retrouve aussi d'autres personnages issus du tome précédent (Tonkee, Hoa, Antimoine, Albâtre, Schaffa, etc), ainsi que de nouveaux qui font leur apparition dans celui-ci.

Genre et world- / magic-building

Malgré le fait que N.K. Jemisin présentait le tome 1 comme une oeuvre de Fantasy, à la lecture, on avait plus l'impression d'être au minimum dans de la science-fantasy, et peut-être même de la SF post-apocalyptique déguisée. de plus, les facultés des orogènes semblaient relever au moins autant d'un pouvoir type super-héroïque que de sorcellerie classique, ce qui fait qu'il était difficile de se faire une idée.

Ce tome 2 apporte plus de réponses, parle explicitement de magie en parallèle de l'Orogénie, clarifie la nature des Obélisques, celle des Gardiens (qui sont au centre de l'intrigue, et c'est tout ce que je dirais à ce sujet), des Mangeurs de pierre, explique l'absence de Lune dans le ciel, les causes des saisons, nous montre un faible aperçu de civilisations très anciennes, bref répond à pas mal de questions. Sauf que… d'une part les réponses apportées entraînent bien plus de nouvelles interrogations que celles qu'elles résolvent, et que je me demande dans quelle mesure certaines révélations ou explications sont fiables, et dans quelle mesure l'auteure ne cherche pas à nous mener en bateau pour mieux nous surprendre dans le tome 3.

Intrigue, thématiques

Les deux points de vue principaux sont assez opposés : alors qu'Essun est statique (elle ne bouge pas de Castrima de tout le bouquin), Nassun va parcourir tout le chemin de Tirimo, sa comm natale, jusqu'à une comm antarctique. Les deux vont cependant devoir faire face au racisme anti-orogènes, développer de nouveaux et spectaculaires pouvoirs et, à la fin, faire preuve d'une résolution sans faille, sanglante et impitoyable dans le but d'atteindre leurs objectifs.

Si le racisme reste au centre des thématiques, il est aussi rejoint par le coming-out et la façon de coexister avec des gens qui méprisent tout ce que vous êtes : Jija considère que l'Orogénie de sa fille est une maladie, dont il recherche le traitement sur la moitié d'un super-continent de la taille de la Pangée. Dans un miroir du coming-out d'un homosexuel ou d'une personne atteinte du SIDA, il n'accepte pas sa nature ou son état, allant même jusqu'à recourir à la violence contre la chair de sa chair. Une phrase est très significative : il déclare « je veux retrouver ma petite fille », ce à quoi, craignant les coups, voire la mort, Nassun se garde bien de répondre à haute voix, mais pense pourtant « je ne suis allée nulle part ». Traduction : l'orogénie fait partie de moi, que tu le veuilles ou non, et le fait que tu la conçoives comme une abomination n'enlève rien au fait que je suis ta fille et toujours la même personne que tu as autrefois aimée. Mais le dégoût n'est pas le seul facteur qui entre en compte : j'avais déjà relevé des convergences avec le traitement des Mutants chez Marvel, mais là aussi, c'est la peur du père des pouvoirs de son enfant qui l'empêche de l'aimer.

La dynamique de la façon dont Nassun considère ses parents est d'ailleurs fascinante : elle déteste, au début, sa mère pour sa dureté, voire ce qu'elle perçoit comme de la cruauté, mais idolâtre son père, malgré les regards ou actes meurtriers qu'il est susceptible de lui jeter à la figure du simple fait de sa nature d'orogène, bref quelque chose qu'elle n'a pas choisi et qui n'est pas sous son contrôle. Et plus le livre avance, plus elle est conduite à reconsidérer ces paradigmes, notamment lorsqu'elle considère son mentor dans la comm antarctique comme un père de substitution l'aimant bien plus sincèrement, pour ce qu'elle est et pas ce qu'il voudrait qu'elle soit (ou pas), tout ce qu'elle est, que son véritable géniteur. Un Jija qui, d'ailleurs, présente lui aussi une évolution psychologique, schizophrénique, même, fascinante.

Si le survivalisme était déjà bien présent dans La cinquième saison, il passe ici une vitesse de plus : la saison est bel et bien là, et la Loi saisonnière est appliquée sans états d'âme. Celui qui ne veut pas participer aux travaux nécessaires à la vie de la communauté, ou qui sabote les installations vitales de celle-ci, est puni sans pitié. On ne peut pas, de plus, être enceinte sans permission, car un bébé met des années à être d'une quelconque utilité à la communauté, un temps pendant lequel il consomme, au contraire, des ressources vitales pour des éléments productifs. Si la viande vient à manquer, le cannibalisme sera pratiqué parce que c'est nécessaire. Il est vraiment fascinant de voir à quelles extrémités ces comms sont prêtes à aller pour assurer la survie d'un fragment de race humaine alors que les pluies acides tombent, que le ciel est d'un gris incessant torpillant la photosynthèse, alors que les changements climatiques et géophysiques catalysent des transformations meurtrières chez certains animaux, alors qu'un nouvel empire Sanze pille les ressources de toutes les comms trop faibles pour résister à des armées fortes de centaines de soldats qui, de plus, pratiquent un impitoyable eugénisme. Un comportement qui se conjugue donc à l'impérialisme d'une cité mineure soudain propulsée sur le devant de la scène historique par les actions du responsable de la saison en cours.

Et c'est d'ailleurs là un des autres thèmes majeurs du livre : l'eugénisme est présent à de multiples niveaux, qu'il s'agisse de celui pratiqué par les Gardiens, par les Fixes contre les Orogènes, par les Sanze contre ceux qui n'ont pas leur phénotype, par certains Mangeurs de pierre contre les humains.

Via l'entraînement qu'Albâtre fait subir à Essun, on aborde aussi la thématique de l'endoctrinement (du Fulcrum, ici), du formatage de la vision du monde conforme à une doctrine mais qui, du coup, prive une personne de tout un pan d'une réalité bien plus riche, complexe.

Bref, nous avons là encore affaire à un roman qui est non seulement riche, mais qui, plus encore, est subtil dans sa façon de traiter les nombreuses et profondes questions de société abordées.

Globalement, je l'ai trouvé un tout petit peu moins prenant que son prédécesseur, dont la construction narrative très habile participait à l'intérêt. sans compter celui de la découverte d'un monde à la fois assez original et très minutieusement et astucieusement construit. Je dirais aussi que l'empathie est, à partir d'un certain point, moins forte pour Nassun, voire Essun, qu'elle ne l'était pour le trio de protagonistes dans le roman précédent. Toutefois, globalement, ce tome 2 est aussi intéressant, que ce soit sur le plan des réponses apportées sur le world-/magic-building, sur l'exploitation des thématiques ou même sur le plan de l'action et de la pyrotechnie. S'il n'y a pas à proprement parler de cliffhanger, certaines révélations nous font entrevoir un tome 3 passionnant, où la mère et la fille vont se retrouver alors qu'une grande absente va faire son spectaculaire retour.
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Nous retrouvons Essun alors qu'avec Hoa elle a posé son balluchon à la comm de Castrima, vaste géode. Là, elle retrouve Lerna, le médecin bienveillant de Tirimo mais aussi Albâtre, en piteux état, grignoté qu'il est par sa mangeuse de Pierre Antimoine.

Albâtre à l'origine de cette Cinquième saison, Albâtre qui a décidé de plonger le monde dans les ténèbres. Mille ans avant que la terre arrête de cracher cendres et gaz, mille ans au moins avant que l'humanité ne revoie la couleur du jour ou puisse cultiver, vivre dans une atmosphère assainie, espérer retrouver l'ordre naturel des choses…

Dans ce tome 2 de la trilogie de N. K Jemisin, nous retrouvons la trace de Nassun, emmenée par Jija, son père, un Fixe pour qui l'orogénie constitue une telle tare qu'il a massacré Uche son petit garçon à coups de poing lorsqu'il a découvert son pouvoir. Jija, entre amour et répulsion pour la nature de sa fille, va la conduire jusqu'à Nouvelle lune, une comm dans laquelle des Gardiens accueillent et éduquent les jeunes orogènes. Jija pense trouver là un lieu susceptible de « guérir » Nessun... On y retrouve un personnage bien connu qui va nouer avec la fillette une relation filiale complexe.

Pour apaiser la colère du Père Terre, il faudra lui rendre son enfant, la lune. C'est la mission que confie Albâtre à Essun. Pour cela, il faudra s'appuyer sur les 256 obélisques, coordonner leur magie pour ouvrir la Porte de cristal et ainsi mettre fin aux saisons.

Disons-le, je me régale ! C'est très bien écrit, construit de façon habile, les personnages sont complexes et attachants – l'auteur fait la part belle aux femmes, toutes des conquérantes et des combattantes, confrontées à des choix cornéliens qui les engagent entièrement, qui les amène à sacrifier leur corps, leur famille pour protéger le collectif, la communauté. Pointe également une réflexion autour de la nature, de la Terre (ici personnifié par une figure masculine, le Père Terre qui pleure son enfant, la lune) qui, maltraitée, condamne l'humanité à l'errance.

Allez, j'attaque le dernier tome 😊 !

Challenge MULTI-DEFIS 2021
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Primée par trois Hugo consécutifs, la trilogie des « Livres de la Terre fracturée » de N. K. Jemisin s'est taillée une solide réputation. Une fois passé le (court) prologue un peu rude en terme de compréhension, le premier volume s'était révélé absolument captivant. le lecteur y apprenait à se familiariser avec un monde hostile dans lequel les hommes en sont réduits depuis des siècles à vivre dans de petites communautés dont la seule et unique préoccupation est de se préparer à survivre à la prochaine « cinquième saison », une période de durée variable durant laquelle les conditions de vie se dégradent suite au déclenchement de catastrophes naturelles. Dans cet univers où tout le monde craint les colères de « Père Terre », une poignée d'individus se voient doter du pouvoir d'utiliser et de contrôler les éléments. Loin d'en faire des super-héros adulés de la population, ces capacités les transforment au contraire en parias, et mettent leur vie en danger : à la fois parce que ces pouvoirs sont extrêmement dangereux et difficiles à maîtriser, mais aussi parce qu'ils terrifient les habitants lambda de leurs communautés, qui n'hésitent pas à les lyncher lorsqu'ils réalisent qu'un « gêneur » se trouve parmi eux. C'est dans ce contexte pour le moins violent que l'on fait la rencontre d'Essun, une orogène, justement confrontée à la haine engendrée par sa différence, y compris auprès de son entourage le plus proche. [Attention, si vous n'avez pas encore eu l'occasion de découvrir le premier tome de la trilogie, passez directement au paragraphe suivant au risque de vous voir révéler des pans importants de l'intrigue du précédent volume.] Après la mort tragique de son fils, la jeune femme s'est lancée à la poursuite de son époux infanticide pour tenter de récupérer leur fille, Nassun. Seulement prendre la route alors qu'une cinquième saison se prépare, ce n'est pas de tout repos, même lorsqu'on dispose de pouvoirs comme Essun. Après avoir croisé la route de deux étranges compagnons de route, la voilà condamnée à résider à Castrima, une cité souterraine dans laquelle orogènes et « fix » cohabitent tant bien que mal et dont la localisation doit rester secrète afin d'éviter toute attaque des communautés voisines. Nassun n'est pourtant pas perdu et, si Essun ne sait toujours rien du sort de sa fille, le lecteur, lui, la suit en parallèle de sa mère dans ses pérégrinations.

Le premier tome avait été une véritable claque, tant du point de vue de la construction de l'univers que de la dureté et de l'intensité émotionnelle de ce qui arrive aux personnages. Or, si on retrouve dans ce second tome tous les éléments qui avaient fait le succès du précédent, l'effet de surprise est un peu passé. Cela n'enlève rien au charme du roman, et on prend toujours autant de plaisir à suivre Essun, mais maintenant que l'on a intégré la plupart des règles qui régissent cet univers, on est moins souvent pris de court par les événements. le rythme de ce second tome est d'ailleurs beaucoup plus lent : Essun est condamnée à rester à Castrima et son immobilité forcée réduit évidemment le nombre de scènes d'action. L'essentiel de l'intrigue repose ainsi sur ses interactions avec les différents membres de la communauté (certains issus de son lointain passé, d'autres totalement inconnus jusqu'alors) et sur la manière dont la jeune femme tente de surmonter ses deuils. Ces pertes, le lecteur en ressent lui aussi douloureusement la perte, et par cet aspect, ce second tome se révèle tout aussi déchirant et tragique que le premier (qui mettait pourtant la barre assez haut). On s'attache sans mal aux nouveaux venus qui gravitent désormais autour de notre héroïne qui a bien du mal à rentrer ses griffes mais tente pourtant de s'intégrer à cette nouvelle communauté. Ses retrouvailles avec l'une des figures phare du premier tome la pousse également à tenter de comprendre toujours un peu plus comment fonctionne son orogénie et quel rapport celle-ci entretient-elle avec les mystérieux obélisques géants qui gravitent un peu partout sur le continent. L'autrice profite aussi de cette inertie de l'héroïne pour nous en apprendre davantage par l'intermédiaire de son mentor sur certains des aspects les plus fascinants de son univers : les mangeurs de pierre (qui sont-ils ? d'où viennent-ils ? dans quel camp se trouve-t-il ?), la cause à l'origine des cinquième saison, l'origine de l'orogénie… La seconde partie du roman se révèle plus dynamique, Castrima devant faire face à une menace inattendue et potentiellement mortelle qui va mettre les pouvoirs et la patience d'Essun à rude épreuve.

En ce qui concerne la narration, l'autrice continue d'alterner entre le « vous » lorsque les chapitres sont consacrés à Essun, et la troisième personne lorsque d'autres personnages sont mis en scène. On retrouve d'ailleurs dans ce second volume plusieurs acteurs du premier tome que l'on ne pensait pourtant pas nécessairement revoir (et qui ont, pour la plupart, subi d'importantes transformations). le roman se focalise également pour la première fois sur le personnage de Nassun, dont on ignorait jusqu'à présent le sort. Emmenée par son père après qu'il ait tué son petit frère et découvert son orogénie, la petite fille entreprend donc elle aussi un voyage périlleux en compagnie d'un homme qu'elle aime par dessus tout mais dont elle craint désormais les pulsions meurtrières. Nassun le sait, la seule raison pour laquelle elle est encore en vie, c'est que sont père croit pouvoir la « guérir » de son orogénie en rejoignant une communauté dont l'existence n'est qu'une rumeur mais qui serait capable de prendre en charge et « sauver » les gêneurs. Ce voyage plein de tensions entreprit entre père et fille fournit au lecteur l'occasion d'en apprendre plus sur la vie d'Essun avant la catastrophe, et surtout d'avoir sur elle un regard extérieur. Et celui-ci est loin d'être flatteur, ce qui frappe d'autant plus que, depuis le début du premier tome, on sait l'amour profond que porte la mère à sa fille. Or, à travers les yeux de Nassun, on découvre une femme dure, froide, et, si on connaît la vulnérabilité d'Essun et les raisons profondes qui la poussent à se comporter ainsi, la douleur de la petite fille et les sentiments ambivalents que lui inspirent sa mère ne laissent évidemment pas indifférents. Quel que soit le point de vue adopté, N. K. Jemisin se révèle en tout cas toujours aussi habile pour traiter les émotions de ses personnages et nous faire partager leur ressenti, leur douleur, leur frustration.

Si ce second tome des « Livres de la Terre fracturée » n'atteint sans doute pas le niveau du premier (qui était cela dit assez exceptionnel), on n'en suit pas moins avec toujours autant de plaisir le parcours d'Essun et des autres protagonistes. le rythme plus lent auquel s'enchaînent les événements permet à l'autrice d'approfondir un peu plus encore les spécificités de son univers et de son système de « magie », de même que la psychologie de ses personnages. Espérons que la conclusion sera du même acabit !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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La Porte de Cristal poursuit la trame du tome précédent. Je vais éviter de vous donner les éléments clés du roman précédent (et évidemment de celui-ci). Essun est à la recherche de sa fille, enlevée par son meurtrier de père qui, sous le coup de la surprise, tua leur fils en découvrant sa nature d'orogéne.

Les orogénes sont les sorciers du Fixe, ils ressentent secousses, mouvements de terrain et points chauds. Non seulement ils y sont sensibles mais ils possèdent la capacité de puiser cette énergie pour la transformer : atténuer, voire gommer, des secousses, ou geler le carreau d'une arbalète mais aussi transférer au sol leurs humeurs les plus sombres et les plus colériques, transformant leur don en calamité – ou les personnes proches en glaçon authentique – ou en diamant brut.

Après tout, ce n'est qu'une transformation de l'énergie par la voie calorique et la pression…

Or, les orogénes sont des êtres qui attire au mieux l'indifférence, au pire, un haine débordante. AInsi quand le paternel s'est aperç que son rejeton faisait partie de cette catégorie honnie, il l'occit en deux coups de poings, puis réalisant que sa compagne en était certainement, il prit la poudre d'escampette… avant d'avoir la confirmation que leur fille était touchée par la même tare.

Essun s'est donc lancée à leur poursuite, avec le double but de protéger sa fille et de punir le père.

Chemin faisant, La 5° Saison étend son empreinte, flétrissant la flore, étouffant le faune. Notre mère déterminée s'associent au garçonnet Hoa et à Tonkee qu'elle rencontre sur le bord de la route. C'est grâce au « jeune mangeur » de pierre (Hoa) qu'elle parvient à suivre la trace de sa fille, jusqu'à la comm de Castrima où la piste s'interrompt.

Cette comm est particulière; alors que les orogénes sont persona non gratta ailleurs lors des Saisons, cette communauté les accueille. Il faut préciser que leur chef, est une orogéne acceptée dans la région. Ce rassemblement est un impératif pour survivre lors de ces hivers apocalyptiques. Toutefois, l'exercice exige expertise et doigté, car il faut parvenir à une gestion optimale des ressources et concilier les égos. Et l'arrivée d'Essun va perturber le fragile équilibre.

Et, périodes délicates obligent, la barbarie refait surface (si nous croyons qu'elle est éliminée de nos jours…), les comm doivent se protéger des pillages ou des attaques de seigneurs de guerre prompt à ravie des esclaves et des ressources. Ainsi, Castrima se retrouvera-t-elle dans une situation très périlleuse, corsant la tension existante, et renforçant le suspens. L'ambiance a quelque chose de Mad Max ou du Facteur de David Brin dans ces affrontements meurtriers et ces attitudes dénuées de la moindre compassion. Les amateurs de dystopie, de mondes post-apocalyptiques vont se régaler car NK Jemisin dresse un tableau tout en cohérence et vraisemblance, avec une impression de danger et d'équilibre précaire de tous les instants.

Les effets du séisme gigantesque et du volcanisme qui s'ensuit sont dépeints avec une justesse scientifique. Ce n'est pas TOUT le Fixe qui est brutalement touché de manière uniforme. Les conséquences s'étendent de jour en jour, alors que la destruction totale se concentre bien que sur Lumen. le séisme a certes détruit toute une zone, mais les dégâts s'amenuise plus Essun s'écartant de l'épicentre. A l'extrémité du continent, le climat n'est initialement pas modifié, ce n'est que peu à peu que la cendre vient se déposer, emportée par le vent.

Les plantes meurent, les animaux également, mais d'autres espèces opportunes font leur apparition, et je peux vous dire que cela glace le sang bouillir d'impatience…

J'ai beaucoup apprécié cette lecture, haletante, addictive. le tome introductif m'avait franchement séduite avec cette science-fantasy qui proposait enfin autre chose dans le domaine de la dystopie et de l'apocalyptique. La Porte de Cristal me frappe sans doute moins, la découverte première passée, mais offre un excellent moment dans le Fixe, notamment avec ce jeu double, les effleurements entre mère et fille.

Les thématiques exposées sont chères à l'auteur : secte/dogme, discrimination, intolérance, génocide, l'utilisation d'enfant dans la guerre.

Critique bien plus complète sur mon blog
Lien : https://albdoblog.com/2018/1..
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J'ai mis 4 ans à me lancer dedans après ma lecture du premier, parce que celui ci m'avait bien marqué. du coup j'avais peur de lire la suite. Mais c'est enfin chose faite, et maintenant je ne pense pas que j'attendais pour lire la suite, parce que je suis rassurée.

Pour rappel pour ceux qui ne connaîtraient pas la série, on est sur une fantasy matinée de SF (enfin, avec des thèmes qui sont normalement classique à la SF mais qui sont traités de façon fantasy). Dans le premier pour moi on était totalement dans de la fantasy, de la fantasy apocalyptique d'ailleurs. Mais dans le second on se rapproche encore plus de la SF (plus que juste le coté post-apo déjà présent avant).

Nous somme sur une planète qui n'a qu'un seul continent. Et ce continent tremble tant et plus.
Du coup régulièrement, il y a ce qu'on appelle des saisons. Une saison est une catastrophe mondiale, souvent à cause d'une très forte éruption volcanique, qui provoque un hiver sur plusieurs années ou divers problèmes aboutissant à la mort d'une bonne partie de la population. Pendant les saisons les humains rentrent en mode survie, et plus rien d'autre ne compte.

Dans ce monde il existe les Orogènes. Ceux ci peuvent contrôler la terre (de façon magique). Ce qui fait qu'ils sont à la fois les sauveurs (on ne peux pas avoir de stabilité sans eux) mais aussi les destructeurs (souvent les saisons sont provoquées par un ou plusieurs orogènes). de tout temps on a donc cherché à trouver des moyens de les contrôler, de les contenir …
Dans le présent de la série, une saison vient d'être déclarée. Pour nos personnages principaux, il est évident que cette saison est différente des autres. Cette fois ci ce n'est pas juste quelques années à se serrer l'estomac, mais plusieurs centaines qui vont arriver. La survie de l'humanité n'est vraiment pas sure sur un temps si long.

Nous suivons plusieurs personnages qui se retrouvent donc embarqués dedans.
Autant vous dire que ça n'est vraiment pas une série joyeuse. On est totalement dans la tragédie et l'ambiance générale est bien plus proche de la route de Cormac McCarthy que du Seigneur des anneaux.
L'horreur prend différentes facettes ici, aussi bien dans la façon dont les humains traitent les orogènes comme des esclaves, la façon dont les populations les détestent au plus profond de leur coeur ou la façon dont la nature se change quand une saison arrive pour devenir prédatrice.

Pour ce qui est de ce tome ci.
Essun a retrouvé Albâtre grièvement blessé et ils se carapatent dans une com (communauté) ou se sont réfugiés de nombreux orogènes « sauvages ». Albâtre veut lui enseigner tout un pan de son pouvoir qui est inconnu à Essun, mais il manque de temps pour son enseignement. En effet il est dans une telle douleur qu'il n'est en état de parler que quelques heures au mieux chaque jour.
Il se trouve qu'Albâtre a un secret, et qu'il pense pouvoir modifier la terre si profondément qu'il n'y aurait plus jamais de Saison dans le futur. Essun arrivera-t-elle a prendre sa suite dans cette mission insensée?

Nous avons aussi un nouveau point de vue, celui de Nassun, la fille d'Essun. Celle ci a assisté à l'assassinat de son petit frère par son père, car celui ci a une peur et une haine profonde des orogènes. Et Nassun en est aussi une. Mais elle sait que son père l'aime et elle joue sur ce point la pour survivre. Elle réussi à l'embarquer dans une folle épopée à travers le continent qui est en train de se déliter à cause de l'arrivée de la Saison.

Pour les deux la survie au jour le jour va se jouer de peu à de nombreuses reprises. Elles vont devoir apprendre à maîtriser des parties de leurs pouvoir qui leurs étaient inconnues avant.

Dans le premier tome on suivait le tout début de la saison, quand les humains n'étaient pas encore vraiment en mode survie. Dans ce tome ci on est vraiment dedans et les choses se durcissent. Des choix très difficiles s'annoncent et on ne sait vraiment pas d'une page sur l'autre si la situation va s'améliorer ou se détériorer pour chaque personnage.

Mais en même temps, ce tome ci apporte de nouvelles possibilités. On peut vraiment dire qu'il ouvre la porte. Et du coup on voit apparaître tout un pan d'espoir qui n'était pas la avant. J'ai trouvé l'ensemble vraiment bien fait.

J'ai vraiment adoré la façon dont l'intrigue principale avance. En fait j'ai l'impression d'avoir dévoré ce tome. Je pense que j'aurais pu lire la suite directement après sans aucun problème.
Limite ça me manque un peu maintenant, même si je suis passé à autre chose.

Je pense que la suite ne traînera pas trop. J'ai adoré !
Lien : https://delivreenlivres.home..
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« Vous secouez la tête. « Arrête, Albâtre. A t'entendre, on dirait que la planète est réelle. Vivante. Consciente. Mais les histoires du Père Terre n'existent que pour expliquer ce qui ne va pas dans le monde. Comme les sectes bizarres dont on entend parler de temps en temps. Il y en a une dont les membres demandent tous les soirs à un vieillard dans le ciel de veiller sur eux, quand ils vont se coucher. Les gens ont besoin de croire que l'univers ne se limite pas à ce qu'il est. »
C'est-à-dire de la merde. Vous le savez maintenant, après la mort de deux de vos enfants et la destruction répétée de votre existence. Pourquoi s'imaginer la planète telle une force mauvaise, en quête de vengeance ? C'est juste un caillou. C'est juste la vie : horrible, brève, menant au néant – avec de la chance. »
---
Ma lecture du premier tome date de six mois et si c'est un laps de temps relativement court, le nombre de lectures qui se sont intercalées fait qu'en débutant ce deuxième tome je craignais de ne pas suffisamment me souvenir des détails, nombreux, pour affronter sereinement la suite. Mais s'il est inenvisageable d'aborder cette trilogie dans le désordre, point n'est-il besoin d'avoir en tête les choses très précisément, tant l'univers créé se suffit à lui-même. On s'intéresse à Essun, qui vit maintenant par la force des choses à Castrima, et à sa fille qui a elle aussi trouvé refuge dans un abri qui va lui apprendre beaucoup. Toutes deux détentrices d'un pouvoir leur attirant des ennemis très dangereux, elles apprennent à le maîtriser et surtout à le partager… Lente préparation à leurs retrouvailles qui s'annoncent explosives, ces quatre cent trente quatre pages se lisent à toute allure et brassent des thèmes qui vont bien au-delà du genre (pas très bien défini, par ailleurs; autant SF que Fantasy qu'écologie que psychologie que suspens !), et on comprend très bien l'obtention d'un deuxième prix Hugo. Transposable de bien des manières à nos vies très quotidiennes, le roman ne nous permet pas moins une évasion aussi bien dans le temps que dans l'espace. Tenter de se représenter une cité de cristal enterrée, des sangsues bouillantes et volantes, la perspective d'une famine sans issue, tout concourt à un sentiment d'urgence oppressant qui paradoxalement n'éteint jamais tout à fait la lueur d'espoir. Bien fichu, bien mené, bien traduit, ce deuxième tome appelle le troisième, vite, viiiiite !
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Mon avis reste inchangé depuis le premier tome, j'adore ! Au risque de me répéter, je suis toujours aussi gênée par l'utilisation du "vous", mais tout le reste - les personnages, le monde, l'intrigue - est tellement original que je continue ma lecture et que je l'apprécie grandement ! Il est parfois dur, quand on débute une saga aussi complexe, d'avancer dans le récit sans se perdre, se lasser, rester cohérent, voire même de terminer l'ouvrage (je pense ainsi aux chroniques d'un tueur de roi de Rothfuss), et ici je trouve que c'est parti gagné, l'autrice y arrive avec un immense talent et une grande finesse. J'ai déjà hâte du troisième opus !
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Après le très intéressant premier tome de cette trilogie ("La cinquième saison"), voici une suite remarquable. Là où on suivait trois femmes ou jeune fille précédemment, ici les chapitres alternent entre deux personnages seulement, Essun et sa fille Nassun. Pas toujours évident de passer de l'une à l'autre, avec chacune leurs différents lieux et personnages rencontrés. D'une manière générale, le livre impose, comme le premier, une lecture attentive pour ne pas être perdu. L'auteure distille les infos a minima pour qu'on comprenne progressivement mais ne nous explique en effet jamais clairement les choses.

Surtout, il n'y a pas assez de rappels du tome précédent, il vaut mieux l'avoir encore en tête. Comme ce n'était pas mon cas, je dis merci à Wikipédia pour le résumé du premier tome, et merci aussi au lexique en annexe pour aider à s'y retrouver.

Dans tous les cas, dès lors qu'on a retrouvé ses repères, on est heureux de suivre de nouveau Essun dans son périple et ses rencontres, toujours à la recherche de sa fille emmenée par son conjoint, dans cet univers à la fois si proche et si différent du nôtre. L'histoire est toujours aussi passionnante et, les pouvoirs des orogènes montant en puissance, on a droit à des scènes impressionnantes. Mais c'est surtout l'intrigue du troisième tome qui se met en place et qui donne très envie avec une mission particulièrement ambitieuse que je ne dévoile pas. Allez, résolution de nouvel an, lire le tome 3 dans l'année…
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L'histoire reprend là où nous étions resté•e•s, c'est-à-dire avec Nassun sur la route avec son père, Essun dans la cité-géode de Castrima, peu après son arrivée et Albâtre, dont on vient d'apprendre qu'il se trouve à Castrima, quoique dans un état critique après son violent coup d'éclat. Nous allons également retrouver Schaffa assez rapidement. Mais avant de parler des personnages, parlons des lieux, plantons le décor. Castrima - communauté hors du commun - fonctionne grâce aux orogènes (c'est la première cité où leur utilité ne leur cause pas de tort, bien au contraire) ; il y a donc une union tacite entre fixes et orogènes, qui donne d'abord à douter mais qui amène une situation vraiment soudée, finalement, lorsque l'adversité bat son plein, et la cheffe Ykka se montre très à la hauteur. le Fulcrum quant à lui n'existe plus dans la cité mère de Lumen, détruite entièrement, mais des satellites du Fulcrum résistent encore, notamment en Antarctique, où l'on apprend que Schaffa a fondé une école nommée Nouvelle Lune. Il prétend aux fixes qui habitent ou passent dans les environs qu'il peut guérir les orogènes (c'est-à-dire: leur supprimer l'orogénie), afin que les « poussières » y soient amenées par les parents soulagés ; on apprend assez vite qu'il les entraîne en vérité. Cependant, il y a une déconstruction de plus en plus forte de ce qui a été imposé au Fulcrum, que ce soit par le biais d'Albâtre, d'Essun ou de Schaffa et Nassun. Cette nouvelle saison est celle qui renouvelle les orogènes, mais aussi les Gardien•ne•s.


Il y a beaucoup d'affrontements dans ce livre, en passant par des confrontations mineures à des conquêtes armées, et le livre termine d'ailleurs dans une grande apothéose. Il y a quelque chose de très politique, d'utopique et de militaire, une organisation qui se crée avec cette communauté. On commence déjà à comprendre la difficulté de survivre en saison, bien que la cité-géode soit bien protégée et que Nassun en soit relativement encore épargnée puisqu'éloignée. le thème de la pierre est de plus en plus présent, non seulement avec les mangeurs•euses de pierre, mais aussi avec ce que découvre Essun en revoyant Albâtre : qu'un alignement trop puissant aux obélisques risque de transformer l'orogène en pierre et lui interdire d'utiliser ses pouvoirs sous peine de se transmuter complètement. On passe aussi énormément de temps dans Castrima, la cité dans la géode, pour en comprendre mieux le fonctionnement, et, bien sûr, avec les obélisques. Au pouvoir (encore mystérieux) des orogènes, s'ajoute un nouveau principe énergétique : celui de la magie, aussi représentée sous la forme de filaments d'argent - pas du tout évoqués dans le premier tome.


Encore une fois, bien que les personnages féminins se taillent la meilleure part du récit, il faut noter la présence de figures masculines, autoritaires, terrifiantes, toujours sur le fil du rasoir : Jija, le père de Nassun, Schaffa le Gardin, mais aussi Mr. Gris, le mangeur de pierre - Hoa et Lerna faisant l'exception. Albâtre reste toujours entre deux : bénéfique pour Essun car il lui apprend beaucoup malgré sa parcimonie apparente, mais aussi impétueux et dangereux pour le monde entier dans sa rage de se venger du sort réservé aux orogènes. Nassun et Essun gagnent en dureté, et deviennent de réels rocs, inébranlables : obstinées, presque même destinées à changer le monde, pour les orogènes, mais aussi pour les autres, les fixes, les gardien•ne•s, les mangeurs•euses de pierre… le plus gros revirement reste celui de Schaffa, qui passe du Gardien de la mère au Gardien de la fille, et si le premier tome nous avait appris à le détester, le second nous fait voir une version plus torturée, plus nuancée, voire, réellement plus aimante. J'aurais été très dubitative du traitement de certains personnages si N. K. Jemisin n'utilisait pas tous ces rôles, féminins et masculins, d'une façon très intelligente, extrêmement nuancée, forte et servant un but.


Au niveau de l'écriture, la temporalité est quasi-linéaire cette fois : on passe d'Essun à Nassun assez régulièrement, ce qui laisse à penser que leur histoire s'aligne, bien qu'elles soient en réalité très éloignées. C'est moins déroutant que dans le premier tome, tant au niveau de la chronologie que parce qu'il n'y a plus vraiment de grands mystères quant à l'identité et l'histoire des personnages, bien qu'on ait encore beaucoup à apprendre de leur passé en tant que civilisation. Néanmoins, il reste beaucoup de questions en suspens et d'autres mystères de nouveau soulevés, et il faudra attendre le dernier tome pour réellement comprendre les enjeux, les civilisations, les saisons... J'ai englouti ce livre en moins de temps qu'il n'en faut pour dire obélisque, réellement happée par l'apparition et l'évolution de Nassun, tremblant pour la cité de cristal. Je suis tombée amoureuse de cet univers, j'ai énormément d'attachement pour ces personnages, de curiosité pour leur histoire, pour le destin de la Terre. Restez proche, le troisième tome arrive très vite !
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Il existe un cliché qui veut qu'en fantasy, les deuxièmes tomes de trilogies soient toujours les moins bons, parce qu'ils font office de transition entre le début et la fin d'un cycle. Laissez-moi vous dire que ce cliché est totalement faux dans le cas de la Porte de cristal, qui selon moi, est tout aussi bon que La Cinquième Saison et mérite tout autant son prix Hugo. N. K. Jemisin nous donne certaines des clés de compréhension de son univers tout en prenant soin de poser de nouvelles énigmes et de probablement nous piéger. Elle aborde également des thématiques sensibles telles que l'humanité et ce qui la définit, ainsi que l'idéologie des structures dominantes, avec des nuances de réflexion et de propos qui donnent de la profondeur à son récit.
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