Citations sur Angéline (15)
Le jour même, elle décida de reprendre la lecture de "La Chartreuse de Parme" au chapitre XV, c'est à dire à l''arrestation de Fabrice del Dongo. Elle m'accabla par avance de recommandations.
- Lisez lentement, articulez, marquez bien les points, les virgules, les points-virgules...Je veux tout comprendre. Si vous saisissez mal quelque chose, ne craignez pas de vous arrêter : nous en discuterons.
Elle me fit signe d'entrer. Il y eut un bruit de verrou. Je me retournai. Elle venait de m'enfermer dans la pièce. Je tressaillis, mais tâchai de ne pas montrer mon inquiétude.
Je mangeais de moins en moins. Ce demi-jeûne me donnait un certain bien-être : je voyais plus clair dans mon âme, sans pour autant être bouleversée par ce que je découvrais... Quand Mme Henriette m'adressait de mauvaises paroles, de mépris ou de menace, je lui répondais d'un sourire sincère et sans rancune
Quand j’imaginais un fiancé, je ne pouvais me le représenter qu’à cheval, galopant vers moi sur un beau pur-sang ou se retournant sur sa selle en balançant son chapeau pour un au revoir chargé d’espérance. Je lui aurais pardonné de ne posséder qu’un coursier très ordinaire, une jument efflanquée ou un mulet de montagne, pourvu qu’il fût fringant sur sa monture !
Ce n’était pas dans ma nature de renoncer sans me battre.
Je savais qu’une vie d’affrontements, de rivalités, de luttes m’attendait. Avec les joies et les souffrances d’une vraie destinée, au lieu d’une existence de chiffe et de souche qui contente la plupart des gens, surtout les femmes. J’ai eu cette destinée, et plus de souffrances que de joies, sans doute...
Il a beaucoup d’ennemis, les plus dangereux ne sont peut-être pas ceux qui tirent des coups de fusil sur son passage, à cent ou deux cents mètres. Je crois en connaître qui sont prêts à tout pour l’empêcher d’être maire d’Aubersac et conseiller d’arrondissement. Le temps les presse. Ils n’ont pas plus de quelques jours pour agir avant sa nomination.
J’aurais voulu lui répondre que je l’aimais comme toutes les bonnes gens qui le connaissaient, ses serviteurs, les pauvres d’Aubersac et de bien loin. C’était un mensonge. Je l’aimais d’une autre façon. Je l’aimais. Or la morale, la religion autant que la simple loyauté à ma maîtresse m’interdisaient cet attachement déshonnête.
Mon mari n’est pas ambitieux à la façon des personnages de Balzac qui veulent être riches, honorés, comblés de tous les bonheurs. Il demande seulement de pouvoir améliorer la santé et la prospérité des gens, de faire avancer le pays... sur la voie du progrès : ce sont ses mots.
J’aurais aimé devenir un pur esprit. Les esprits, pensais-je, n’ont pas d’envies terrestres ni de malsaines curiosités. Ils ne se posent pas de questions sur les secrets des humains ; ils ne se sentent pas en faute quand ils admirent un beau cavalier...