Citations sur Chroniques des secondes heures de Tanglemhor, tome 1 .. (66)
TU TE TROMPES. LA SOUFFRANCE DE CHACUN NOUS CONCERNE TOUS. NE PENSES-TU PAS QUE LE MONDE SERAIT MEILLEUR SI CHACUN POUVAIT COMPRENDRE CETTE SIMPLE VÉRITÉ ?
GJORVN, LE MOINE SANCHAI P.246
Ce n’est pas à l’aune de ses exploits que l’on mesure la véritable valeur d’un être, mais bien à celle de son cœur.
– Pourquoi malmeniez-vous celle jeune femme ?
– Ce ne sont pas tes affaires.
– Tu te trompes. La souffrance de chacun nous concerne tous. Ne penses-tu pas que le monde serait meilleur si chacun pouvait comprendre cette simple vérité ?
Déconcerté par cette déclaration, le décurion hésita pour la troisième fois en quelques instants.
– … C’est une fauteuse de troubles, finit-il par prétexter.
– Te moques-tu, soldat ? Tu sais très bien que ce n’est pas vrai.
– Et alors ?! rétorqua ce dernier, agacé. Les légionnaires ont tous les droits. Tu n’avais pas à intervenir !
– Trouves-tu juste d’avoir tous les droits, sans aucune limite ?
– Bien sûr. C’est la loi du plus fort, la loi la plus naturelle du monde.
– Es-tu réellement convaincu de ce que tu dis ?
– Oui ! Et crois-moi, mon peuple est bien placé pour le savoir.
– Tu te trompes encore, professa le rebelle. La force – ou plutôt la violence que tu assimiles à la force – ne sert a rien. Elle ne fait que s’ajouter à elle-même dans une spirale de détresse infinie.
– Vous voulez savoir ce qui me motive ? répéta-t-il d’un ton qui se faisait agressif. Je crois surtout comprendre que vous voulez savoir si je suis un résistant. Eh bien, oui. Je résiste. Je résiste à tout. A l’Empire, à l’Alliance, à la faim, au mépris, à la suffisance, à l’injustice… Je résiste. Je résiste mais je ne sers aucune autre cause que al mienne. Car toutes les « grandes causes » finissent par être accaparées par des ambitieux, des politiques qui, aussi bien intentionnés qu’ils soient, finissent immanquablement par rétablir les lois de la faim, du mépris, de la suffisance, de l’injustice…
L’assassin s’inclina pour prendre congé. Il avait un signalement à diffuser aux patrouilles qui parcouraient la cité suite à la grande rafle décrétée par l’empereur du Levant. Chaque soupirail était fouillé, chaque famille interrogée, chaque demeure retournée… La Légion fantôme était entièrement mobilisée. des cohortes d’assassins anonymes, extrêmement disciplinés. des effaceurs de contrariétés. Des nettoyeurs souvent plus efficaces que le déploiement de troupes régulières… Le tueur doutait cependant que l’impudent serait pris à errer dans les rues parmi la foule des victimes qui allaient assouvir la soif de représailles du Premier Vindicateur. Non. Malgré les dispositions impériales, l’Ombre avait déjà dû quitter la ville. Il était déjà loin. L’audacieux soupçonnait-il seulement l’importance de son larcin ? Savait-il seulement ce que représentait… L’œuf de Tanglemhor ?
– J’enseigne la philosophie. Je conçois que mes cours soient peu académiques mais je crois qu’ils portent leurs fruits. J’entre chez les gens et leur dérobe quelques valeurs, qui ne représentent rien, en fait, afin de rappeler à ceux qui y étaient trop attachés que seule leur vie importe, que la richesse matérielle n’est rien comparée au bonheur, à la santé… Les gens ont tendance à l’oublier.
– Ne craignez-vous pas que la leçon puisse être tout autre ?
– Comment ça ?
– Vos « élèves » doivent concevoir quelque colère, nourrir quelque rancœur à votre endroit, non ?
– La colère est passagère, ils le découvrent vite. Quant à la rancune, elle est mauvaise conseillère. Nourrir un vain sentiment ne mène à rien. Tout cela passe au prix de ma leçon.
J’enseigne la philosophie. Je conçois que mes cours soient peu académiques mais je crois qu’ils portent leurs fruits. J’entre chez les gens et dérobe quelques valeurs, qui ne représentent rien, en fait, afin de rappeler à ceux qui y étaient trop attachés que seule leur vie importe, que la richesse matérielle n’est rien comparée au bonheur, à la santé… Les gens ont tendance à l’oublier.
Vous serez toujours la princesse de celui dont vous illuminerez l’existence.
Décidément, les goûts dispendieux de la nouvelle bourgeoisie nhermaroise avaient quelque chose de révoltant. Tant de luxe à côté de tant de misère ! Certains méritaient vraiment d’étouffer dans leur graisse !
Sa seule présence illuminait la pièce. Dans sa longue robe bleu turquoise, assortie à ses yeux magnifiques, on aurait dit une princesse de conte de fées. De fées sauvages. Son abondante chevelure couleur aile-de-corbeau, portée avec une grâce sans artifice, lui donnait parfois un air farouche. À son regard fulgurant, on pencherait même pour un conte barbare, finalement.