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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le coeur de ce premier roman bat au rythme d'un trio familial ordinaire. Un père, une mère, une fille adolescente, nouvellement installés dans une banlieue parisienne banale, un nouveau départ pour un couple fragile.

Avec précision, l'auteure décrit leur quotidien avec une froideur clinique, pourtant non dénuée de chair et de sensibilité grâce à des personnages bien campés. On colle à leur ressenti, leurs émotions, leurs pensées, leurs contradictions et leurs aspirations, dans toute leur complexité. Peut-être moins avec le père, plus monolithique, dont les excès de la réaction finale, plausibles en théorie, ne m'ont pas semblé crédible tel qu'ils ont été avancés dans le récit. Par contre, la fille, qui ne se révèle pas être qu'une adolescente égocentrique et insouciante, et surtout la mère, sont de superbes personnages. Difficile d'oublier Elisabeth dont la caractérisation se construit dans une psychologie très fine, au-delà des clichés de l'épouse victime d'infidélité en détresse.

Nos corps étrangers. le titre est parfait, il résonne durant toute la lecture en plusieurs strates d'imbrication. le corps qu'on ne maitrise pas ou plus et qui trahit. Les corps d'un couple qui se sont irrémédiablement éloignés. le corps d'une jeune fille qui s'ouvre au désir. le corps trop adulte d'un migrant enregistré comme collégien. le corps d'une femme fracassée par l'adultère qui se réfugie dans des troubles alimentaires. Chaque personnage devient lentement étranger à l'autre, s'empêtre dans une solitude de plus en plus criante, englué, jusqu'au terrible drame.

Si la tension monte crescendo, jamais je n'ai vu arriver la déflagration finale qui consacre la chute de la famille dont on a suivi progressivement le délitement. Spectaculaire. Brutale, sidérante aussi, elle correspond à la réalité de la situation. Avec le recul, la minutie discrète de l'auteure est révélée, elle qui a semé des indices subtils, judicieusement placés, tellement qu'on ne les avait pas remarqués mais qui nous reviennent en mémoire alors qu'on est sous le choc du dénouement. Dans cette scène, l'écriture est remarquable pour décrire l'insoutenable, à la fois nerveuse et divaguante, précise et intuitive.

Tout prend sens. Et notamment le soin qu'a pris Carine Joaquim à déployer la banalité presque ennuyeuse du quotidien de cette famille. Car c'est dans cette banalité que s'est joué l'engrenage qui mène à la tragédie de fait divers. Cette famille tellement ordinaire qu'on peut aisément s'identifier à eux ou les identifier à des personnes de notre entourage. Tellement qu'on ne peut pas détourner le regard, qu'on ne peut pas se rassurer lorsqu'éclate la « monstruosité » d'un. Les monstres, ce ne sont pas les autres.

Je regrette juste qu'il embrasse trop de thèmes ( l'accueil des migrants, le dépassement par l'art, le handicap, le harcèlement, l'adultère, l'adolescence ... ). Même si je comprends la volonté de l'auteure d'ouvrir l'intime de cette famille en la confrontant à l'altérité du monde extérieur, cela dilue le propos car aucun de ses thèmes ne peut être totalement exploré, ce qui conduit à un épilogue un peu maladroitement conduit pour refermer les portes ouvertes.

Reste que ce premier roman est globalement très réussi, intense et profond dans ce qu'il dit de nous.

Lu dans le cadre du collectif 68 Premières fois
https://www.facebook.com/68premieresfois
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Eux qui n'envisageaient pas de vivre ailleurs que dans la capitale vont pourtant franchir le pas de s'installer en banlieue. Cela a surtout été l'idée de Stéphane qui voulait repartir sur de nouvelles bases. Comme la nouvelle maison dispose d'un atelier où elle pourrait se remettre à la peinture, Élisabeth a accepté cette idée, espérant par là même que cette nouvelle vie allait faire oublier à son mari son incartade amoureuse envers Clara. Seule Maëva, leur adolescente, s'y est opposée, farouche à l'idée de quitter ses amis et d'intégrer un nouveau collège. Dès les premiers jours, le ciel s'assombrit : Stéphane peste contre les retards incessants et autres imprévus du RER, Élisabeth peine à retrouver les pinceaux et Maëva grogne, râle sans cesse. Une ado, en somme, qui va bien vite déraper, et faire alors vaciller cet équilibre familial déjà précaire...

Peut-on décemment espérer rebâtir une nouvelle vie et faire table rase du passé juste en déménageant à 40 kilomètres de chez soi ? La réponse est clairement non lorsque l'on se plonge dans ce roman de Carine Joaquim. le mari peut-il oublier les caresse de sa maîtresse, sa femme, son infidélité ? Si le couple fait tout son possible pour commencer une nouvelle vie, leur fille, en pleine rébellion, va commettre un acte répréhensible et va s'enticher d'un gars peu recommandable aux yeux de son père. La famille, les secrets, l'(dés)amour sont l'épicentre ? de ce roman au coeur duquel l'auteur aborde également d'autres thèmes tels que l'exclusion, les sans-papiers, le handicap, la tolérance, l'anorexie, le harcèlement... Si quelques invraisemblances et caricatures entachent ce récit, l'ensemble convainc globalement tant l'auteure réussit à nous plonger dans une ambiance glaçante, glauque parfois, et nous entraîne dans une histoire poignante au final percutant.

Une auteure à suivre, assurément...
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Une grande maison, un jardin, un atelier de peintre pour madame, loin du tumulte parisien...

Mais est-ce vraiment la maison du bonheur ? du bonheur retrouvé, on l'espère, mais dès le départ, le ton est donné : Stéphane a trompé Elisabeth, et l'amour semble bien avoir fui ... Et Maeva ? Maeva se cherche, Maeva se rebelle, Maeva transgresse, Maeva oscille entre un père plutôt sectaire et une maman compréhensive et bienveillante mais qui n'a pas elle-même résolu ses problèmes et qui a d'autres préoccupations.

Déséquilibre familial, malaise croissant qui pousse le lecteur à aller plus loin pour savoir... pour connaître le dénouement surprenant de ce récit, une fin qui m'a surprise et qui m'a laissée bien pensive.

Si le sujet dominant semble être le couple et la famille, on y évoquera le problème des migrants, des sans-papiers, le racisme et l'intolérance. Un ensemble bien écrit et très fluide.

Un roman qui m'a happée !
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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A Paris, rien n'allait plus vraiment dans leur couple. Alors Stéphane et Elisabeth ont décidé de s'exiler à la campagne : l'air pur, une belle maison, un grand jardin, un atelier pour que Elisabeth puisse laisser cours à sa passion de la peinture. Seule Maëva, leur fille, est dépitée de ce changement : A 14 ans quitter ses amies, son collège pour aller vivre chez les « péquenauds », très peu pour elle. Et ce déménagement va t'il vraiment donner un nouvel essor à leur vie ? Pas sûr...
Pendant le temps d'une année scolaire riche en événements, on suit cette famille empêtrée dans ses obligations, ses choix hasardeux, ses non-dits. Et c'est palpitant (même si j'ai appréhendé assez rapidement quelques ressorts de l'histoire). La plume est fluide, agréable, addictive. Les personnages pourraient être vous ou moi. Les sujets évoqués sont multiples : l'adolescence et ses excés, l'adultère, les migrants, les troubles du comportement alimentaire. L'histoire pourrait être celle de vos voisins. C'est plutôt sombre. On pressent bien sûr les drames à venir. On sent le tragique sous les sourires.
Mais on se laisse tout de même embarquer.
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****

Elisabeth et Stéphane forment un couple fragile. Il l'a trompé, elle s'efface. Tentant le tout pour le tout, ils décident de quitter Paris pour la banlieue, entre champs et grande maison. Maëva, leur fille de 15 ans, a du mal à accepter ce déménagement. Pour elle, rien ne vaut Paris et ses amies. Mais sa rencontre avec Ritchie va bouleverser sa vision des choses. Chacun d'entre eux idéalisait cette nouvelle vie, mais rien ne va se passer comme prévu...

Ce premier roman de Carine Joaquim est parfaitement maîtrisé. A l'image des personnages, on est aveugle et sourd aux messages adressés par ces êtres - et ces corps - blessés, humiliés, effacés ou effervescents.

Chacun, avec son vécu, son histoire, ses rêves et ses doutes, va abandonner son corps.
Elisabeth profite de ce nouvel espace pour renouer avec sa passion pour la peinture. Mais sa solitude ne fait que croître. A-t-elle eu raison de suivre son mari ? Va-t-elle réussir à pardonner ?
Stéphane lui, fait le sacrifice de ses heures perdues dans les transports. Il a tellement de trahisons à effacer. Mais a-t-il fait le bon choix ? S'oublier est-il si raisonnable ?

Chacun s'isole, se tait, s'enferme. Chacun s'accroche à d'autres solitudes, d'autres désespoirs. Leur corps eux ne mentent pas, mais personne ne les écoute, ne les regarde, ne les comprend.

Carine Joaquim signe un roman qui bouleverse autant qu'il secoue, qui touche autant qu'il heurte. La tension est palpable, elle s'épaissit jusqu'à la scène finale, explosive et sidérante.

Un roman qui sans conteste me marquera longtemps... Corps et âme...

Une nouvelle découverte percutante des 68...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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Le décor est différent – la ville n'est plus Paris, l'appartement est changé en maison avec un atelier pour la peinture, l'air est plus sain, le temps plus lent, le bonheur attendu. Ils se déplacent, tous trois, père, mère et fille, corps en avant, sans imaginer cependant avoir gardé au fond de leurs poches les cailloux lourds des souvenirs et des griefs. Qu'elles pèsent ces pierres devenues roches ; ces pierres qui se remuent, se tournent et se retournent, écorchant l'âme de leurs angles vifs.
Les silences murent les dialogues, chacun sa vie. Lui court d'un train à l'autre, l'esprit parasité par un avant. Elle, espère lécher ses plaies. L'ado trinque, ni entendue, ni comprise.
Que (re)construit-on sur des ruines ?
Carine Joaquim explore habilement la dérive du couple et la complexité de la parentalité, les choix de l'adulte, les troubles de l'adolescence. Elle sonde les coeurs rivés aux solitudes et nous invite dans leur intimité. Elle trace l'usure et les espoirs. Les non-dits. le déni. Sensible, sa plume nous accroche et nous retient jusqu'au dénouement final dont on n'avait aucunement soupçonné l'issu.
Un roman passionnant.
Une lecture marquante.

Lien : https://aufildeslivresbloget..
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Un livre prenant, bien écrit que j'ai lu en une journée.
Une famille qui déménage pas loin de Paris, là où tous les espoirs sont mis pour reconstruire les relations entre le père et la mère suite à une infidélité.
La jeune fille, adolescente, fera son petit bonhomme de chemin entre harceleuse et amoureuse.
Mais pourquoi cette fin ?? Cela m'a coupé le souffle. Je ne l'oublierais pas de sitôt.
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L'histoire d'un couple et de leur fille qui vont déménager de Paris pour la banlieue pour prendre un nouveau départ et essayer de sauver leur couple. Stéphane fera tous les jours ses allers-retours en RER pour son travail. Elisabeth restera à la maison pour s'occuper de leur fille et se consacrer à la peinture. Stéphane en déménageant cherche à se faire pardonner ses infidélités. Ce couple arrivera-t-il à surmonter cet épreuve ?
Leur fille n'est pas très heureuse d'aller dans ce nouveau collège. Tout au long de cette année scolaire, on va suivre cette famille et les événements qui vont ponctués leur vie.
La communication est difficile dans cette famille et il y a beaucoup de non-dits. Chacun exprimera sa souffrance à sa façon.
Chaque personnage est superbement décrit. Un roman d'une belle écriture fluide que j'ai lu en une seule fois jusqu'au dénouement final inattendu. Ce qui arrive à cette famille pourrait nous arriver également pris dans les affres du quotidien. Un roman qui explore finement les dérives d'un couple, les choix difficiles à effectuer en tant qu'adulte, le harcèlement, le handicap, les premiers amours, l'anorexie et la cause des migrants.
Merci aux 68 premières fois et aux Éditions La Manufacture de livres de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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Si je devais comparer cet ouvrage à une expérience, ce serait celle de montagnes russes infernales.
 Cramponnés à nos sièges, nous nous révélons être des spectateurs impuissants face à tous les hauts et les bas que rencontrent les personnages jusqu'à en avoir mal au coeur (pour ma part).
Une famille de citadins décide de quitter la capitale pour s'installer en banlieue loin de l'agitation parisienne.  Sur le papier tout semble idyllique. Une grande maison, la campagne  environnante tout en bénéficiant des transports en commun, la possibilité pour Élisabeth d'arrêter de travailler pour se consacrer à sa passion pour la peinture...
Pourtant ce changement de vie cache un mal-être entre le couple et une volonté de se laisser une dernière chance. 
Au travers d'une narration décrivant les instants du quotidien, l'auteur aborde de nombreux thèmes ( vie de couple, consentement, santé, éducation...) qui quoique paraissant banals se révèlent être source d'une succession d'évènements qui se révéleront dramatiques.

Ce premier roman de Carine JOAQUIM a, malgré sa noirceur et sa volonté d'être déstabilisante a su me conquérir. Même si celui-ci est très dur, il ne laisse pas indifférent et pousse à la réflexion. Paradoxalement, et malgré ma nature très pessimiste, je me suis tout le long accrochée à tous les éléments positifs qui se trouvaient devant moi pour espérer une fin heureuse.

#68premieresfois
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Plonger en apnée... dans la vie de ce couple qui s'exile en banlieue parisienne "pour que ça aille mieux" mais qui manifestement s'exile aussi pour tenter de se raccorder. À qui et à quoi ?
Quand un mari part chaque matin travailler à Paris, dans ces transports qui vous abîment plus sûrement que quelques dizaines d'années de plus au compteur
Quand son épouse se morfond à longueur de journée même si elle a enfin de la place pour manier les pinceaux et s'adonner pleinement à ses aspirations d'artiste peintre.
Quand leur fille rejette avec force le nouveau lycée dans lequel elle va pourtant enfin trouver une épaule attentive et aimante en la personne d'un jeune émigré africain qui sort indiscutablement du lot des autres lycéens.

Difficile de les rassembler ces corps qui s'évaporent, se rejettent, s'ignorent.
De nombreux thèmes sont abordés par l'auteur, relation de couple, adultère, crise d'adolescence, émigration, secret et anorexie, handicap et différence, solitude et perte de confiance. Et pourtant tout s'enchaîne, s'emboîte comme une évidence jusqu'à ce final qui nous entraîne vers les plus sordides faits divers, et dans lequel éclate toute la solitude, le désespoir de certains êtres que l'on aurait pourtant bien imaginés capables de bonheur.

Un premier roman très prometteur, où la violence éclate et bouleverse, et que l'on ne peut pas lâcher avant de savoir, mais surtout avant la claque finale.
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