Mais je ne veux pas être sauvé, moi ; ça ne me suffit pas d'être sauvé : je veux voir New York, la Californie, avec des dollars dans toutes mes poches...
Je serai cow-boy, boxeur, businessman, gangster, n’importe quoi mais pas coiffeur, pas un petit mec médiocre qui coupe des tifs à longueur de journée. Quant à son certificat d’études, alors là, je rigole doucement. Et s’il y a une chose dont je suis bien sûr, c’est que c’est pas moi qui vais le passer. Je laisse ça aux minables. En 1945, il faut vivre avec son temps.
Les yeux ouverts dans le noir, je me dis que les échecs s'accumulent. Le trafic, la boxe, l'amour et les chemins de la gloire sont encore bien loin. Le certif, lui, est beaucoup plus près... Je me demande si je ne vais pas devoir réenvisager mes positons...
Qui vivra verra
"Qu'est ce qui n'est pas vrai Joseph ?"
Dans le poêle , le ronflement s'accentue puis s'apaise ; dehors , les rafales de vent se sont tues .
"Pour mon père se n'est pas vrai." Il m'écoute silencieux...Il ne m'aidera plus , il faut que cela sorte de moi même .
"J'ai dit ça comme excuse , mais... il n'est pas rentré . "
Maillard a descendu deux marches de l'estrade et s'arrête . Lorsqu'il est en colère, sa voix fait vibrer les murs ; à présent je l'entends à peine .
"Je sais , Joseph , je sais "
Je n'ai jamais eu à trop me forcer pour inventer, ça me vient tout seul en général, je n'ai qu'à me laisser parler.
Tomber sur une peau de vache, ce n'est pas de bol mais tomber sur le prof dont on passe le crâne du fils à la tondeuse, c'est tout de même rarissime!