Citations sur Les enquêtes de Donatien Lachance, détective de Napoléon, t.. (9)
Vingt minutes s'écoulèrent encore. Napoléon avait demandé sa lunette et la braquait vers le sud tandis que l'aube blanchissait peu à peu le sommet des collines face à eux. Soudain, un disque incandescent émergea du brouillard et nimba le tertre d'une lumière rouge. Deux hauteurs se découpèrent en noir sur le paysage, alors que la brume tout autour prenait une teinte rosée dans la lueur de l'aurore.
- Sire, c'est le soleil de la victoire, dit Soult.
- Oui, dit Napoléon. Le soleil d'Austerlitz !
... chercher à comprendre, c'est déjà désobéir.
Ainsi Napoléon établissait-il sa réputation de devin de la guerre. Il semblait inspiré par son génie. Il était renseigné par ses espions.
Pour être le plus fort dans quelques jours, il fallait se montrer faible aujourd'hui. Pour gagner, il fallait jouer les perdants.
Tout juste, monsieur le commissaire, dit Napoléon d'un ton triomphant. La surprise et la ruse sont les maîtresses des batailles, Lachance. Nous tenons une arme décisive. Gardons-la.
Ainsi ma politique de réconciliation ne suffit pas. Le sang appelle toujours le sang et le crime, la vengeance. Robespierre et ses émules ont créé autant d'ennemis à la République qu'ils en ont tués. Cette politique de Terreur est un expédient. Elle ne vaut rien à terme. La peur ne peut pas guider les peuples. Il y faut l'ordre, le bon gouvernement, la gloire ...
C'est un homme diabolique dont le charme et les talents sont employés à l'établissement d'une nouvelle tyrannie. Voilà la vérité.
C'est la guerre qui est dangereuse, mon amie. On la fait ou on ne la fait pas. Il n'y a pas de milieu.
Napoléon marchait comme dans un rêve, émerveillé par le spectacle de cette armée fanatisée par un seul homme. Donatien suivit à quelques pas, fasciné par ce moment unique, le coeur transporté par ces soldats qui brûlaient leur couchage pour fêter celui qui les envoyait à la mort. Il se dit qu'il n'oublierait jamais une seule de ces images, ni les torches orangées qui trouaient la nuit, ni le petit homme dont le bicorne noir et luisant reflétait la lumière du feu, ni les cris qui transperçaient l'âme, ni le regard éperdu des soldats qui regardaient passer, calme et bienveillant, celui qu'ils tenaient pour le dieu de la guerre.