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Citations sur Sa préférée (202)

C’était immonde. À voir et à ressentir. Si je ne connaissais pas encore la manière dont les traits se métamorphosent sous la puissance de la jouissance, ou du pouvoir sur l’autre, j’ai vu la bestialité d’un homme, un père, le mien. Au-dessus de moi, il avait relâché l’étreinte de ses mains de géant, les balançait partout sur mon corps maigrichon. Ma tête, mon torse, mes bras. Au lieu de me protéger, sidérée, je le regardais les yeux écarquillés à me faire mal aux paupières.
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Mon père achetait un cochon par an. «C'est pour les truies», il disait
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Mon corps fait mal et je renie ses douleurs, brûlures d’estomac, ulcère à vingt ans, dos en pagaille. Mon corps n’existe pas, mon corps ne connaît ni la consolation ni la jouissance. Mon corps ne m’appartient pas. Mon cœur a été évidé. Le rêve est dans la tête, l’espoir est dans l’esprit, plus puissant que moi, que tout : partir.
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J'observe à la dérobée la spécifiée Charlotte.Avec les années de recul ,je comprends ce qui ébahit les autres dans cette bulle hypocrite des apparats: son allure,ses grands airs,ses moues étudiées, sa façon de laisser penser à l'autre qu'il est unique.Encore plus maniérée que dans mon souvenir,le visage déjà marqué par les injections et la chirurgie,alors que nous étions loin des quarante ans.Trop de parfum,trop de grands gestes, trop de théâtre, trop de blablas.Elle méduse les hommes autour d'elle,rit trop fort à leurs blagues, complimente les femmes ,module ses phrases avec des intonations doucereuses.( Page 100).
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De l'attirance, du désir ou même de mes goûts, je ne savais rien. Rien. Si, à vingt ans j'étais si indifférente au sexe, c'est que j'étais imperméable à tous les plaisirs. Être aux aguets avait accaparé tout mon être. Esprit et corps. Chaque jour. Anticiper les gestes de mon père, avoir peur à chaque instant. Faut l'imaginer ça, tous les jours la trouille, tous les jours.
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LA MORT DE MON PÈRE ne m’a pas libérée. Au contraire, elle m’a accablée plus encore que les départs d’Emma et de maman. Je n’avais pas de chagrin. Cette absence de tristesse n’était pas une enveloppe bricolée, une fausseté pour tenir à distance les autres ou pour survivre. Je n’éprouvais, sincèrement, aucune peine. Je crois que j’aurais voulu sentir un peloton de larmes dans la gorge, plutôt que cette masse dure dans mon estomac. La haine et la colère restaient comme figées. Je suis devenue rance. Je détestais celle que je devenais. Incapable de pardon, incapable d’avancer ou de me défaire des frusques puantes de mon enfance. Plus je me détestais, plus je me cloîtrais.
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Il renifle et entre deux hoquets :
« C’était comme ça, à l’époque.
– Quoi ? Putain ! Quoi, c’était comme ça ? T’es cinglé, ou bien ? Non, c’était comme ça par ta faute, parce que tu es une sale merde. Chez mes copines, non, c’était pas comme ça. Je suis pas née au Moyen Âge, bordel de merde ! Alors, va te lamenter ailleurs. Pas chez moi. Crève ! Le plus vite possible. »
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Qu'est-ce que je retiens ? Si peu. Alors je sais. Je sais que je n'ai jamais trouvé de sens. Je n'ai pas fait semblant, j'ai vécu un jour derrière l'autre sans qu'aucun n'ait pu effacer la peur et l'arracher de mon enfance. Ce n'est pas grand-chose pourtant, une enfance. Mais c'est tout ce qui subsiste pour moi. Je ne sais pas me réfugier ailleurs.
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Après. Après il faut revivre. Après le décès de ma mère. Après ces heures tendres et étourdissantes, ces heures insensées avec Paul. Continuer. Faire semblant. Mentir. Les sentiments se chicanent entre eux. C’est un manège entre chagrin et l’amour, entre mes valeurs et ma déloyauté. Vivre dans la solitude de la cachoterie et le déchirement des sentiments contraires.
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À aucun moment,je ne l'ai touché. Enfin le départ.
Marine se penche pour embrasser ses joues.Je reste debout à ses pieds empantouflés.Il me regarde avec une tristesse terrible.Il sait que son heure point.Avec ses croyances,l'enfer l'attend.Ou alors,malin comme il est ,son repentir de chien battu,ses déclarations d'affection pour ma mère ne servent qu'à le laver de ses pêchers. Dieu pardonne .Pas moi.
《 Ciao》 ,je dis.
Il m'attrape le poignet ,il m'importe du regard.Pitié!Pas ça. Il va chialer en plus ,il parle si péniblement, je suis exaspérée d'avance de sa probable litanie.
《 Je sais que tu me déteste. Mais moi je t'aime》-- une pause et puis : 《 Pardon》.
J'ai entendu le hoquet de Marine, derrière mon dos ,qui r avalait des sanglots.Filmé ça aurait filé la chiale à n'importe qui.Je ne suis pas n'importe qui.Je suis la fille de ce monstre je suis la femme qui trompe ,je suis la femme qui a frappé, je suis la femme sèche de l'intérieur, je suis la femme aux entrailles pourries ,je suis la fille qui n'a sauvé ni sa mère ni sa soeur,je suis la fille vide qui regarde son père mourir, je suis la femme qui n'écoute pas sa compagne lui dire :《 Fais la paix》.
Je suis la femme sans rémission.
Je l'ai regardé ,non pas regardé,toisé.Il y avait une pointe d'émotion et de peur dans mon ventre.Je l'ai regardé encore.
Je lui ai craché au visage.( Page 187).
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