Quand je marche, je marche... sans que mon esprit ne vagabonde ailleurs, sans que je me perde en de vaines rêveries qui me coupent du monde présent.
Accepter que nous ne guérirons peut-être jamais de nos carences ni de nos plaies, assumer que les coups du passé peuvent hanter une âme pour nous ouvrir aux dons du jour et, pourquoi pas, les partager.
Quoi de plus fou que la tyrannie des désirs ? Ce matin, à la pharmacie, mon regard croise une publicité pour une pommade extraordinaire contre les cors aux pieds. Magnifique exemple de désirs inadéquats. Quel comble que cette publicité soit capable de susciter le désir d'un truc complètement inutile : sur le moment, je me suis dit : « Merde, je n'ai pas de cors aux pieds ! »
Certes, je n'ai pas choisi mon existence, ni mon corps d'ailleurs. Je n'ai pas totalement décidé d'aimer Corine ni mes enfants, mais je peux choisir d'être tendre avec eux, d'oser un "d'accord"
Au fil de ce journal, je découvre une nouvelle difficulté : assumer les hauts et les bas de l'existence. Jamais de progression linéaire, jamais de progrès définitif.
Je console, encourage, prodigue mille et un conseils et pourtant mon cœur est en miettes. Singulières contradictions! En écoutant les louanges, je n'ai pas pu m'empêcher de regarder mon portable pour voir si Z m'avait écrit. Et dire que je venais de disserter sur le détachement! Serais-je un imposteur?
Ce soir, une chose est sûre : la passion me joue de sacrés tours et je veux progresser vers un peu de détachement, cette terre lointaine à laquelle j'aspire. Car les passions me tiennent au corps, et à l'âme. E quand elles me tiennent, je peux bien dire : "Adieu prudence!" Colère, tristesse, peur, envie, jalousie, rien de ce qui est humain ne m'est étranger.