« Apprendre à ne plus refuser le réel, à accueillir ce qui est, sans résister, sans lutter sans cesse,cette fâcheuse tendance qui me mène à l'épuisement »
Alexandre Jollien, annonce d'emblée le message qu'il entend partager avec le lecteur dans ce « Petit traité de l'abandon ».
Il s'agit d'un partage et nullement de « leçons », si Alexandre Jollien expose des convictions, elles correspondent à son vécu, aux antipodes d'arguments d'autorité ou de compilations de formules pré-digérées de "stars" de la pensée.
Jollien cite et revient régulièrement à un aphorisme attribué à Bouddha du « Soutra du diamant » tel un mantra mais nous sommes aussi dans l'univers de Lao Tseu et d'Epitecte.
L'auteur n'a jamais dissimulé sa créance à Epitecte qui a transformé sa vie.
La vie peut être souffrance, elle accompagne Alexandre Jollien depuis sa naissance, mais il faut accepter cette souffrance en soi, ne pas l'accepter totalement est ce qui permet le développement d e cette souffrance..
Epitecte n'a t-il pas écrit
« Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses mais les jugements relatifs aux choses. »
Nous ne sommes pas dans la mortification, le culte de la souffrance. Il faut vivre avec et s'ouvrir à la vie qui offre aussi ses flagrances de bonheur, se rendre disponible pour la beauté, l'amitié, l'amour.
Mais là aussi, il ne faut pas s'égarer, l'ami, l'être aimé(e) n'apportent pas des actes magiques qui effacent la laideur, créent un monde enchanté. L'amour comme l'écrit Jollien c'est « la bienveillance inconditionnelle », ceci n'efface pas le passé mais il transcende la sécheresse des actes et bien sur dans la condition humaine de l'auteur, sa différence, sans la masquer.
Au fil de ses différentes œuvres elle est omni présente et pesante mais l'auteur joue aussi avec elle et l'apprivoise en quelque sorte .
Le livre tel un moulin à prières tibétain invite à la réflexion à travers des courts chapitres dédiés à des mots choisis (« dépouillement »,« détermination », gratitude », « peur »...) ; il communique au lecteur une profonde sensation d'apaisement.
Les esprits chagrin considèrent qu'il s'agit d'une apologie de la résignation, tout le contraire.
C'est précisément grâce à son éveil spirituel et à sa bouleversante force de résistance à la condition mutilante qui semblait sa destinée à vie, qu'Alexandre Jollien a transfiguré son existence.
Un livre à lire pour s'éveiller, se réveiller ou plus simplement respirer
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Entre philosophie et bouddhisme, Alexandre Jolien propose un livre très riche, d'une grande profondeur spirituelle et humaine, qui ne peut qu'intéresser tout ceux et celles qui sont en recherche d'épanouissement personnel.
Le fil conducteur de cet essai : l'abandon qui mène à la joie. Ne pas lutter contre l'existence mais se laisser porter. Changer ce que l'on peut changer, et accepter ce que l'on ne peut pas changer. Se dépouiller de ce qui nous étouffe, ne pas étiqueter les êtres et les choses qui sont toujours mouvants, être pleins de gratitude envers la vie.
Tout cela est bien beau me direz-vous, mais quand on souffre moralement et physiquement, c'est une autre histoire ! Alexandre Jollien est handicapé moteur cérébral. Il a vécu 17 ans en institution spécialisé. Il souffre au quotidien. Alors en terme de souffrance et d'abandon...
Son livre est pour moi un essai fondamental, d'une grande lisibilité, une source immense de réflexion personnelle et spirituelle.
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En lisant cet opuscule, j'ai pensé très fort à une personne qui m'est chère et qui souffre - physiquement et surtout moralement - en raison de ses "misères" au quotidien. Elle n'est quand même pas dans la situation d'Alexandre Jollien, gravement handicapé. La lecture de ce "Petit traité de l'abandon" me semble très profitable. Divisé en courts chapitres, rédigé dans une langue simple, écrit dans un esprit proche du vécu réel, il peut être lu par tous, sans exception. L'auteur énonce des aphorismes simples qu'il faut méditer et, si possible, mettre en pratique ici et maintenant.
Par exemple, face aux aléas de santé et à tout déficit (grave) de bonheur, il vaut mieux accepter, sans lutter, sans s'arc-bouter contre l'adversité. Cette attitude s'appuie sur l'humilité, la simplicité, la non-violence à l'égard de soi-même. J'ai mis en citation quelques autres réflexions d'Alexandre Jollien, qui n'ont rien de sophistiqué et sont pourtant utiles et profondes.
Une formulation particulière (extraite du Soûtra du Diamant) revient très souvent dans ce texte, appliquée à divers contextes. La citation originale s'énonce ainsi: « Le Bouddha n'est pas le Bouddha, c'est pourquoi je l'appelle le Bouddha ». Cela veut dire que nul ne peut "enfermer" le Bouddha (ou tout autre personne) dans une conception rigidement définie. Mais, dans cette phrase, j'avoue ne pas bien comprendre l'utilisation de l'expression « c'est pourquoi ». Pour ma part, je préfèrerais l'expression « et pourtant », dans le sens suivant: tout en reconnaissant les insuffisances et les ambiguïtés du mot usuel, je l'utilise quand même (en sachant bien qu'il ne rendra jamais compte de la réalité profonde).
Ce petit traité, éloigné de l'intellectualisation et des argumentaires philosophiques, est à mon avis un très bon livre, à lire et à relire.
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