AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,97

sur 695 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sur une toile du peintre Emmanuel de Witte, une femme apparaît, de dos, dans un intérieur hollandais bourgeois de la ville de Delft. Qui est-elle ? Pourquoi ne voit-on pas son visage ?
A partir de ce beau tableau un peu mystérieux, Gaëlle Josse imagine la destinée de cette femme, Magda van Beyeren. le roman est son journal intime. Si l'histoire ne couvre qu'un mois, de la mi-novembre à la mi-décembre 1667, il plonge dans les souvenirs de Magda. La voilà enfant. Elle accompagne son père, administrateur de la Compagnie des Indes. Les bateaux la fascinent, ainsi que les produits rares que cachent leurs ventres rebondis. Adolescente, elle se penche sur les livres de comptes. Puis, elle épouse un capitaine qui reprend le commerce et lui donne une nombreuse progéniture. Hélas, l'existence des enfants est si brève ! Et puis arrive déjà le soir de sa vie...
En quelques coups de pinceau délicats, Gaëlle Josse brosse le commerce avec l'Orient, les porcelaines, les épices, le thé. Elle redonne souffle aux artistes de l'époque : Emmanuel de Witte, bien sûr, dont la toile intimiste s'anime soudain. Là, au fond du couloir, avez-vous remarqué la servante qui lave le carrelage ? C'est Sarah, une simplette, le souffre-douleur de l'orgueilleuse et dure Catherina.
Et Vermeer. Il a réalisé de beaux portraits de femmes. Voici une amie de Magda, « Rebecca Beekman, l'épouse d'Abraham Beekman, le banquier de la Donkestraat (…) On la voit affairée à peser de l'or et des perles, grosse de son huitième enfant. »
La musique, douce, chaleureuse, berce ces pages. Magda joue de l'épinette, Elisabeth, sa fille, a une voix magnifique, qui, un jour, a bouleversé un hôte prestigieux de ses parents, et Nicolaes Brouwer, son maître de musique, ne brûle que pour son art.
Ce court roman est un vrai bijou qui m'a transportée au XVIIe siècle et m'a permis, un peu, de réaliser un rêve : pénétrer dans un tableau.
Commenter  J’apprécie          120
" A l'heure où mes jours se ternissent comme un miroir perd son tain, le besoin de m'alléger de ce qui m'encombre devient plus fort que tout. Je garde l'espoir, naïf peut-être, qu'un tel aveu sera comme l'amputation d'un membre inguérissable qui, pour douloureuse qu'elle soit, permet de sauver le reste du corps. "
Tout paraît à sa juste place dans la vie de Magdalena, épouse de Pieter van Beyeren, administrateur de la Compagnie des Indes orientales à Delft. Rigoureuse, maîtresse d'elle-même, elle aurait pu succéder à son père. Mais le commerce est réservé aux hommes. Sa place est au foyer. Magdalena doit se limiter à cet espace intérieur, où elle a souhaité se faire représenter à son épinette, de dos. Un décor à secrets, que son journal intime dévoile.

Déceptions, souvenirs, drames familiaux, mais aussi joies, et désirs interdits... Dans le silence de l'heure, derrière le précaire rempart de l'ordre et de la mesure, Magdalena transcrit les vacillements de son coeur, explorant les replis les plus secrets de l'âme.

Ces heures silencieuses ont été pour moi deux heures délicieuses, d'une écriture toute en finesse, un vrai régal ; mais trop court !!
Commenter  J’apprécie          360
12 novembre 1667, c'est à cette date que commence l'histoire. En plein siècle d'or hollandais. Une période où les Pays Bas étaient la puissance commerciale. Magdalena van Beyeren, fille et épouse d'armateur se confie à son journal. C'est elle que l'on voit sur ce tableau d'Emanuel de Witte. Un tableau sur lequel elle a souhaité être représentée dans sa chambre, assise à son épinette aux premières heures du matin. C'est à ces heures silencieuses qu'elle se sent le plus à son aise, qu'elle écrit, qu'elle joue de la musique.

"C'est la lumière du soleil montant, celle des promesses du jour, que j'ai voulue pour ce tableau. La journée n'est pas encore écrite, et ne demande qu'à devenir. Ce sont mes heures préférées, j'aime leur reflet dans le miroir de Venise où l'écho de nos silhouettes se perd dans les dorures."

C'est le journal de Magdalena que nous lisons. Elle y raconte ses joies d'enfant quand elle allait avec son père, dépourvu d'héritier mâle, sur les bateaux à quai, c'était à chaque fois une fête. Elle y déverse ses chagrins, ses peines. Ses rêves d'océan et de contrées lointaines se sont vite heurtés à sa condition de femme. Intelligente, organisée, elle ne peut être que l'assistante de son père, puis celle de son mari à qui son père lègue sa charge. Elle doit se résigner à n'être qu'une épouse, une mère, elle va perdre des enfants en bas âge et veiller sur ses deux filles restantes auxquelles elle va devoir trouver un mari. Voilà à quoi se résume sa vie, aux murs de sa maison, à la domesticité, à fournir une descendance à son mari. Elle est résignée mais digne. Qu'ils paraissent loin ces doux souvenirs de l'enfance dans lesquels elle se replonge avec une joie teintée d'amertume.

"Avec le temps, ce sont nos joies d'enfant que nous convoquons le plus facilement dans nos souvenirs, elles nous accompagnent avec une rare fidélité. Retrouver ce que nous avons éprouvé dans ces moments demeure une source de félicité que nul ne pourra nous ravir. le cours de nos vies est semé de pierres qui nous font trébucher, et de certitudes qui s'amenuisent. Nous ne possédons que l'amour qui nous a été donné et jamais repris."


Puisant son inspiration dans le tableau d'Emmanuel de Witte, Intérieur avec une femme jouant de l'épinette, c'est un portrait de femme résignée que nous livre Gaëlle Josse. Une femme résignée et digne, qui a voulu figurer sur ce tableau de dos car sa personnalité est niée par son statut. Un portrait touchant, émouvant, une image de la condition de la femme à cette époque. Un portrait tout en subtilité, tout en poésie, tout en musicalité, tout en justesse. Gaëlle Josse a le don de transcrire sur le papier l'âme humaine, ses forces, ses failles. Ce roman est le premier de l'auteur, le dernier qu'il me restait à lire et encore un fois, il m'a touché au coeur.
Lien : http://leslecturesduhibou.bl..
Commenter  J’apprécie          140
Magdalena van Beyeren, épouse de l'administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales à Delft, entreprend la rédaction d'un journal intime le 12 novembre 1667.
C'est un besoin, une nécessité même. Depuis longtemps déjà, elle garde au plus profonds d'elle-même, des secrets, des envies, des douleurs. Elle confie donc ses joies et ses peines à ces quelques feuilles de papier, plutôt qu'à ses amies en qui elle n'a aucune confiance.
« Je n'ai pas de goût pour les confidences que s'échangent les femmes entre elles. Trop souvent on voit le secret de l'une, sitôt franchi les lèvres, porté à la connaissance des autres. »

Gaëlle Josse, l'auteure, a imaginé la vie de cette femme autour du tableau d'E. Witte, c'est donc elle que l'on aperçoit de dos. Ce livre ne compte que 135 pages, cependant l'écriture, pourtant très fluide, demande quelques temps de réflexion tant elle se fait l'écho de sentiments refoulés.

Laissez-vous tenter par la découverte de cette histoire, c'est le seul moyen pour savoir pourquoi Magda n'est pas de face sur ce célèbre tableau !

CHALLENGE ABC 2014-2015

Lien : http://uneautrelecture.blogs..
Commenter  J’apprécie          230
Les premières phrases de ce petit livre qui pourrait s'apparenter à une nouvelle, témoignent bien des talents d'écriture de Gaëlle Josse. Dans ce roman, son premier, l'auteure nous dépeint un tableau, celui d'Emmanuel de Witte, et le contexte dans lequel il a été produit. Emmanuel de Witte est un petit maître hollandais du XVème siècle, principalement connu pour ses peintures d'intérieur d'église. A cette époque, au tout début de l'âge d'or de la peinture néerlandaise, les bourgeois commandent des portraits à quelques peintres réputés. C'est ce contexte que présente Gaëlle Josse dans ce livre : elle campe des personnages, issus de la bourgeoisie hollandaise, une société en plein développement et qui partage un pouvoir sur le monde avec les anglais, les italiens ou les français. Cette prospérité passe par le commerce au long cours et le commerce triangulaire, abordé également dans ce livre.
Cette plongée dans l'art pictural du XVème siècle hollandais est tout à fait passionnante. Il s'agit d'un réel portrait d'une époque, d'une société, d'une classe sociale, de la place de la femme dans ce monde et dans les affaires, dans la famille ou dans les arts.

Ce livre est un très beau support à la découverte des peintres de cette époque que j'apprécie pour ma part beaucoup. L'écriture de Gaëlle Josse est très belle, tout en finesse et subtilité.

Lien : http://itzamna-librairie.blo..
Commenter  J’apprécie          20
D'après le tableau que l'on a sur la couverture du livre peint par de Witte, l'histoire que l'auteur nous raconte est celle du personnage, Magdalena, vu de dos.

Elle se déroule à Delft au 17e siècle, une époque où la Hollande parcourait les mers vers les Indes et y entretenait un commerce prospère.

Magdalena va nous livrer à travers son journal intime les peines de son coeur, ses sacrifices, les travers de sa vie jusqu'à ses secrets les plus intimes. Elle ne cherche pas à faire pitié ni à choquer ni à revendiquer quoi que ce soit. le style de Gaëlle Josse m'a beaucoup séduit, il est délicat et le rythme tout à fait adapter à l'époque.

Tout ce que dévoilera Magdalena est fait avec beaucoup de pudeur. On sent la maîtrise de ses émotions vis à vis de son entourage et en même temps ses combats intérieurs. Son journal est en quelques sortes une délivrance, une façon de pouvoir se décharger sans blesser qui que ce soit.

La vie de Magdalena est une vie bien réglée, elle est marié à un homme qu'elle aime, a des enfants qu'elle aime également. C'est une femme droite, dévouée à sa famille, courageuse, qui s'est pliée aux exigences de l'époque.

Elle aurait pu reprendre l'entreprise de son père qui était négociant dans le commerce maritime mais à cette époque ce n'est pas la place d'une femme. Pourtant elle en avait la capacité et l'envie. Elle aurait voulu s'ouvrir un peu pus au monde mais à cette époque une femme reste à la maison et élève ses enfants. Il y a d'autres choses par contre qu'elle ne souhaitaient pas mais qu'elle est obligée d'accepter parce qu'à cette époque c'est comme ça que les choses doivent se passer.

Par ce court récit on écoute ses confidences, ses explications sur certains détails du tableau, et tous ces moments de sa vie qu'elle veut bien raconter. Et c'est en même temps une évocation de la condition féminine de cette époque.
Lien : http://unepauselivre.over-bl..
Commenter  J’apprécie          10
Delft, Hollande, 1667. Magadalena van Beyeren, épouse effacée de Pieter van Beyeren, tient son journal… D'une écriture limpide et magnifique, pleine de délicatesse et de simplicité, Gaëlle Josse peint le portrait bouleversant d'une femme digne qui, sous le vernis affiché de la réussite sociale et du bonheur conjugal, passe consciemment à côté de sa vie. Sans se plaindre. En silence. Un petit bijou à lire dans le recueillement. Ceux qui l'ont apprécié s'intéresseront avec bonheur au roman de Tracy Chevalier La Jeune Fille à la perle dont l'intrigue se déroule également à Delft à la même époque dans la maison du peintre Vermeer…
Lien : http://0511926s.esidoc.fr/re..
Commenter  J’apprécie          00
Inspiré du tableau d'Emmanuel de Witte "Intérieur avec femme à l'épinette", l'auteur offre au lecteur sous forme d'un journal intime, les pensées d'une femme au début du 16e siècle à Delft. Fille et épouse de commerçants et armateurs, mère de 4 enfants, elle a, à 36 ans, atteint un âge de "retraite sentimentale", où son mari préfère ne plus partager le lit conjugal pour ne pas risquer de la perdre lors d'un accouchement difficile. Elle ne peut avouer le trouble qu'elle éprouve en présence du professeur de musique familial qui n'a de yeux que pour sa fille cadette à la voix lumineuse.
Qu'elle évoque sa relation avec ses enfants aux caractères si différents, sa participation aux choix de l'entreprise familiale, ou ses désirs intimes, l'héroïne de ce court roman nous dévoile le portrait finalement très contemporain d'une femme.
Commenter  J’apprécie          10
Une petite merveille...Dommage qu'il soit si court!
Commenter  J’apprécie          41
C'est moi, Magdalena « La femme à l'épinette », représentée sur le tableau accroché au mur de mon boudoir. Je mène une existence rangée de riche bourgeoise protestante : rigueur, sens de l'ordre et de l'économie. J'assure le bon fonctionnement de ma maison, l'éducation de mes enfants et le bien être d'un mari attentionné : une vie heureuse en somme. Mais j'ai atteint en cette année mes 37 ans, la vieillesse est proche, me voici soudain assaillie de doutes et aujourd'hui, le 12 de ce mois de décembre 1667, j'ai décidé de confier mes pensées les plus secrètes à mon journal intime, confident sûr et discret !
J'y raconterai mon enfance et mon adolescence heureuse au côté d'un père que j'ai accompagné et secondé dans ses affaires … jusqu'à mon mariage : les voyages, les bateaux en partance ou de retour de nos Indes, leurs cargaisons évocatrices d'ailleurs lointains. J'y évoquerai mes joies mais j'oserai aussi y avouer mes regrets et tous mes rêves évanouis, surtout celui de n'avoir pu succéder à mon père car ma place d'épouse puis de mère fut naturellement au foyer. Voici pour l'histoire de Magdalena .
Quant à l' « histoire » du roman, elle mérite aussi d'être contée : sa naissance est due à la rencontre entre un tableau : « Intérieur avec une femme jouant de l'épinette » (de E. de Witte –musée Boymans- Rotterdam) et un écrivain Gaëlle Josse, intriguée par cette peinture : une scène d'intérieur apparemment paisible, baignée par la lumière, une demeure cossue, au premier plan, une femme représentée de dos devant son épinette et, à gauche, un lit en alcôve laissant deviner un homme. « Pourquoi se faire représenter au milieu de toutes ses richesses mais en dissimulant son visage et pourquoi cet homme au lit dans cette sorte de présence-absence ? » se demande Gaëlle Josse qui ajoute : « Magdalena est réellement descendue de son cadre, elle m'a prise par la main et m'a confié son histoire ».
C'est donc de cette rencontre insolite et de l'imagination de l'auteure que sont nées « Les heures silencieuses ». D'une écriture élégante et délicate qui n'est pas sans rappeler le style de l'époque, ce roman est le portrait intimiste d'une femme, ancré dans une époque et un lieu.
Livre court (trop court diront certains ?), à mon avis non puisque tout est dit et rien ne manque : un de ces livres que j'appelle à ma façon livre « sans graisse superflue » … Bravo et merci à Gaëlle Josse pour ce beau moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          230




Lecteurs (1314) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1101 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}