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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le titre du diptyque de Nicolas Juncker a de quoi interpeller : qui sont ces femmes qu'on affuble de surnoms insultants revoyant à leur sexualité ? La vierge, c'est Élizabeth Tudor, fille illégitime (pour les catholiques) d'Henri VIII et qui régnera pendant plus de quarante ans sur l'Angleterre sans avoir jamais voulu partager sa couronne avec un homme. La putain, c'est Marie Stuart, épouse du roi de France et reine légitime du royaume d'Angleterre (pour les catholiques) qu'elle tentera par tous les moyens de reprendre à sa cousine depuis son bastion écossais. Deux souveraines que tout oppose, ici réunies dans un même coffret composé de deux albums construits en miroir. Il faut dire que leurs destins sont étroitement mêlés, l'ascension de l'une ne dépendant que de la chute de l'autre. Déjà bien différentes au niveau du caractère, les deux femmes vont ainsi évoluer de manière totalement contraire l'une par rapport à l'autre. Élisabeth, par exemple, commence bien mal : condamnée par sa soeur et reine (Marie Tudor) à la prison à vie, elle se retrouve finalement à la tête d'un royaume qui atteindra son apogée sous son règne qui sera long et prospère. Marie, elle, commence au contraire plutôt bien puisqu'elle accède à la couronne de France suite à la mort prématurée d'Henri II moins d'un an après son mariage avec François II. Et puis tout s'enchaîne mal : son mari meurt après seulement un an de règne, son autorité sur l'Écosse peine à s'affirmer et ses tentatives de s'emparer de la couronne d'Angleterre finiront par la mener prématurément à l'échafaud.

En dépit de leurs indiscutables différences en terme de parcours, de personnalité ou encore de stratégie, Marie et Elizabeth possèdent pourtant un point commun sur lequel Nicolas Juncker insiste dans chacun des deux albums : leur capacité à imposer leur autorité dans un monde dominé par les hommes. Ce sont d'ailleurs eux, et exclusivement eux, qui ont ici la parole. Ronsard, James Stuart, Édouard VI, John Knox, William Cecil : tous les hommes ayant gravité autour de l'une ou l'autre des reines sont tour à tour invités à s'exprimer « face caméra », à la manière d'une véritable interview. Si les propos sont rarement flatteurs, ils nous permettent malgré tout d'avoir un aperçu des moments clés de leur règne respectif, qu'ils soient d'ordre politique (révoltes fomentées ou réprimées, décisions lourdes de conséquences, trahisons...) ou personnel (histoires d'amours, caractère, favoris...). Les dessins sont pour leur part assez simples et peuvent même paraître au premier abord légèrement disgracieux, mais le style de l'artiste convient parfaitement au ton du récit. Les jeux de couleurs et de lumière sont également intéressants, l'ouvrage baignant tour à tour dans une ambiance faite de couleurs chaudes puis froides et inversement. le parallèle entre les deux volumes constitue cela dit le principal point fort de ce diptyque. La double pagination proposée par l'auteur (l'une classique, l'autre renvoyant au second album du coffret) permet notamment de se rendre compte de l'ingénieuse manière dont les deux ouvrages ont été construits, la vie de l'une évoluant à l'inverse de celle de l'autre.

Nicolas Juncker signe avec « La vierge et la putain » un diptyque dont on ne peut que saluer l'audacieuse construction qui permet de rendre compte de l'étroitesse des liens unissant Marie Stuart et Elizabeth Tudor, ici racontées par leur entourage masculin. Une belle découverte que je recommande chaleureusement.
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A travers deux romans graphiques, Nicolas Juncker retrace les parcours en miroir d'Élisabeth Tudor et de Marie Stuart.

Déjà, graphiquement, j'ai adoré. Les teintes sont bien choisies, les portraits sont clairs, le format des cases original. L'auteur a astucieusement dessiné ces deux bande-dessinées pour qu'elles se répondent visuellement et textuellement. L'idée est ingénieuse et drôlement bien réussie.

Au niveau des deux biographies, évidemment, c'est passionnant. Ces deux femmes entourées d'hommes qui tentent de les plier mais qui ne rompent pas sont assez admirables même si elles sont toutes deux sanguinaires et sans pitié, un peu moins admirable mais disons que c'est l'époque et leur rôle qui veut ça... Les guerres de religion ne pardonnent pas. Ni celles pour le pouvoir.

J'ai adoré découvrir ces deux portraits de reines à la sauce Juncker. L'humour noir est drôle, les vies de ces deux femmes palpitantes et historiquement, il me semble que c'est fidèle. Rien à redire.
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Cette BD se présente sous forme d'un coffret. L'un des 2 tomes est consacré à Marie-Stuart, une reine passionnée et fougueuse. L'autre est relatif à Elisabeth Tudor, froide et pragmatique. Elles n'ont qu'un point commun : elles sont reines et cousines. Ces deux femmes se détestent éperdument car le royaume d'Angleterre est l'enjeu.

Il faut savoir que ces deux ouvrages sont parfaitement symétriques comme un palindrome ludique. On peut les lire séparément mais ensemble, cela constitue une merveille où la véracité historique est toujours respectée malgré une lecture très habile et personnelle de l'auteur. Il nous propose un autre regard.

En effet, cette BD est tout simplement passionnante surtout pour le public qui aime déjà la collection sur les reines de France. Ces femmes ont réussi l'exploit de mettre les hommes à leurs pieds, chacune à sa manière. le destin de la dernière des Tudor et de la Stuart est tout simplement exceptionnel entre manoeuvre politique et complots. le résultat force l'admiration au-delà de l'exercice de style.
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S'appropriant tout un pan de l'histoire de la dynastie Tudor, Nicolas Juncker signe avec « La vierge & la putain » une oeuvre ambitieuse sur le fond comme sur la forme, qui allie avec brio érudition et sens du divertissement.
Ainsi, derrière ce titre aguicheur, se cache en réalité une bande dessinée de près de 200 pages, découpée en deux volumes pouvant se lire indépendamment l'un de l'autre, et propulsant le lecteur sur les traces de Marie Stuart et de sa cousine, Elizabeth Ire.

A travers une structure en palindrome, Nicolas Juncker met ainsi en scène les personnalités et les destins en miroir des deux souveraines. Décortiquant leurs trajectoires respectives et relevant les similitudes qui émaillent leurs parcours hors norme, le dessinateur s'amuse à dresser des parallèles entre les vies tumultueuses des deux cousines, mettant en exergue les nombreux évènements se faisant mutuellement écho.

Prises indépendamment, les deux BD nous livrent ainsi le récit de deux destinées hors du commun, diamétralement opposées du point de vue de leurs finalités, mais néanmoins intimement liées, tandis que mises bout à bout, elles offrent au lecteur une vision inédite de ce pan de l'Histoire, abordé à travers un angle d'attaque original et bien pensé. Par un jeu de miroir narratif doublé d'une savante construction graphique et scénaristique, le dessinateur déroule les fils de ces intrigues parallèles, dévoilant progressivement toute la malice du procédé, tandis que la double pagination permet de guider le lecteur dans sa lecture afin de lui faire apprécier à sa juste valeur l'ingéniosité de la construction.

En dépit d'une marge de manoeuvre limitée du fait de la complexité de la mise en scène de son récit, Nicolas Juncker a su extraire l'essentiel de la vie de ses deux sujets pour en livrer une synthèse relativement pertinente dans son propos et parfaitement logique dans l'enchainement des évènements. Au-delà de la véritable prouesse stylistique, le dessinateur signe donc un remarquable tour de force, aussi bien graphique que scénaristique, s'appuyant sur une narration éclatée qui puise tout son souffle dans le ton délicieusement décalé et légèrement insolent du récit.

Les ressorts comiques mis en jeu, s'ils ne sont pas toujours des plus fins ni des plus subtiles, fonctionnent parfaitement. La narration sans filtre, à la fois droit au but et pleine d'esprit, crée ainsi un décalage original avec la solennité froide et le protocole figé de la Cour à cette époque. Les répliques brutes de décoffrage et matinées d'humour graveleux fusent sous les yeux amusés du lecteur.

S'appuyant sur une solide documentation et à travers les portraits croisés de ses deux souveraines, Nicolas Juncker a su en outre capter et retranscrire avec brio toute l'essence de cette période à la fois trouble et foisonnante et mettre parfaitement en avant l'implacable force de caractère de ces deux femmes parvenues à s'imposer dans un monde d'hommes.

En dépit de l'irréfutable maîtrise du procédé, « La vierge et la putain » n'échappe pas à quelques écueils qui, quoique mineurs, démontrent néanmoins toute la limite de ce délicat exercice d'équilibriste. Si le choix d'une narration éclatée entre différents témoins oculaires permet d'offrir au lecteur un tour d'horizon des personnages qui influèrent la vie de Marie et d'Elizabeth, ce procédé crée rapidement une distance entre les souveraines et le lecteur qui peine à s'attacher à ces deux femmes aux zones d'ombre impénétrables. S'appuyant ainsi sur une succession de narrateurs faillibles dont la crédibilité peut à tout moment être mise en doute, Juncker nous relate les évènements à travers le prisme biaisé d'une multitude d'observateurs externes, sans jamais permettre au lecteur de s'immiscer pleinement dans l'intimité des deux reines ou de connaître leurs pensées. Jusqu'au bout, les deux femmes conservent donc une grande part de leur mystère, et leurs portraits manquent parfois d'un peu de nuances.

Les historiens ou les puristes de la première heure trouveront sans doute à redire de cette version empruntant inévitablement de nombreux raccourcis et dans laquelle les portraits psychologiques auraient gagné à être davantage nuancés. Certaines interprétations semblent ainsi parfois davantage relever d'un parti pris de l'auteur que d'une tentative (de toute façon purement illusoire) de prétendre à la vérité historique. Mais si la vision de Juncker est donc avant tout personnelle, à défaut d'être toujours historiquement irréfutable, son interprétation du déroulé des évènements ainsi que les portraits psychologiques qu'il propose n'en demeurent pas moins passionnants !

* * *
Alliant avec brio érudition et sens du divertissement, Nicolas Juncker signe avec « La vierge & la putain » une oeuvre biographique de magnifique facture, aussi ambitieuse sur le fond que sur la forme. A travers une double bande dessinée de près de 200 pages, le dessinateur propulse ainsi le lecteur sur les traces de Marie Stuart et de sa cousine, Elizabeth Ire, dont il s'approprie les trajectoires mouvementées et les destins exceptionnels pour en livrer une vision aussi inédite qu'originale.
S'appuyant sur une astucieuse structure en palindrome, Nicolas Juncker met ainsi en scène les personnalités et les destins en miroir des deux souveraines dont il fait ressortir les nombreuses similitudes tout en soulignant la saisissante divergence de ces deux trajectoires diamétralement opposées quant à leurs finalités.
Au-delà de la véritable prouesse stylistique, le dessinateur signe donc un remarquable tour de force, aussi bien graphique que scénaristique, s'appuyant sur une narration éclatée et un ton légèrement insolent au service d'un humour souvent graveleux mais néanmoins efficace.
Avec « La vierge & la putain », Nicolas Juncker s'est ainsi approprié tout un pan de l'Histoire des Tudors afin de nous livrer une approche des évènements et une analyse psychologique de ses principaux acteurs qui se révèle aussi inédite que personnelle, à défaut d'être toujours historiquement irréprochable. Si certains détails semblent donc davantage relever d'un parti pris de l'auteur que d'une quête effrénée de la vérité historique, la parfaite maîtrise de l'exercice n'en demeure pas moins spectaculaire, et séduira sans aucun doute les inconditionnels du dessinateur, ainsi que tous ceux qui se passionnent pour cette période de l'Histoire !
Lien : https://lectriceafleurdemots..
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Ah qu'aurais-je aimé découvrir l'histoire par des médias comme la Bande Dessinée !
Je ne garde pas de souvenir intarissable de mes cours d'histoire en général, je trouve que par l'image comme ça c'est plus parlant, plus ludique et ça rentre mieux. Ou est-ce simplement parce que je suis un peu plus vieux maintenant et que ça m'intéresse d'avantage ?

Quoi qu'il en soit nous avons ici un superbe diptyque vraiment très astucieux dans sa conception. Un ouvrage sur Marie Stuart et l'autre sur Elisabeth Tudor les deux se répondant parfaitement en miroir, tant dans les dessins que dans les dialogues.
Et c'est intelligent parce qu'on se rend bien compte à quel point leurs destins sont liés.
La lecture en est un peu plus périlleuse parce qu'on est forcément tenté de relire l'un et l'autre en parallèle pour constater avec amusement le travail de l'auteur. Alors on prend son temps et on s'installe confortablement.

Les arbres généalogiques (dans les couv') sont vraiment bienvenus. Bref ce diptyque c'est plusieurs allers retours, c'est de la curiosité. Moi personnellement ça m'a donné envie d'en savoir plus.

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La figure duelle de la couverture introduit les deux tomes, conçus et dessinés en miroir l'un de l'autre pour évoquer le destin de deux souveraines, cousines et rivales en lice pour la couronne d'Angleterre. le titre de la bande-dessinée évoque quand à lui le regard des hommes de leur entourage, souverains, parents, soupirants ou conseillers, tour à tour méprisants, admiratifs, jaloux ou énamourés, qui s'invitent au cours de la narration pour témoigner comme face à une caméra d'un ton trivial et moderne rappelant la série Kaamelott. Ces deux femmes que tout oppose, Élisabeth Tudor, la protestante née en prison, bâtarde d'Henri VIII à qui le trône n'a échu que par hasard, et Marie Stuart, la catholique venue au monde reine d'Écosse, brièvement souveraine de la France qui terminera, elle, ses jours en captivité, exécutée sur ordre de sa cousine, n'ont pour seul point commun que de se retrouver investies du pouvoir monarchique dans une Europe régie par les hommes et de mettre à mal les règles attribuées à leur sexe pour pouvoir le conserver, Élisabeth Tudor refusant de se marier et d'enfanter un héritier et Marie Tudor, menant une armée à la bataille pour reconquérir son pays. le récit est mené à un rythme efficace et servi par un dessin à la fois précis et caricatural, les expressions outrancières des personnages amortissant l'aspect tragique de l'existence des deux reines. Il en résulte une bande-dessinée instructive et divertissante que je conseille à tous les publics férus de la Renaissance et des séries télévisées dès la fin du collège.
Lien : https://leventdanslessteppes..
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J'ai adoré lire ce diptyque ! Grande fan de Juncker depuis que j'ai découvert D Artagnan,je n'ai pas été déçu et j'ai été ravi de retrouver son humour, sa façon de raconter l'histoire à travers des interventions des personnages "face caméra", un ton mordant et cynique ! J'ai hâte d'en découvrir d'autres de cet auteur !!!
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un dessin percutant, vif, parfois violent, qui ne peut laisser indifférent. Deux femmes, deux destins cruels et deux histoires qui se croisent, se chevauchent, pour finir par se mêler. La construction de cette BD est très adroitement réalisée. Je reprocherais seulement la touche de violence et de vulgarité qui ne me semble pas nécessaire
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Si des Tudors vous ne connaissez que la série du même nom ou les deux (superbes) long métrages avec Cate « Galadriel » Blanchett, vous risquez d'être surpris par la version de Nicolas Juncker de la biographie des deux cousines, la sus-citée Elisabeth Tudor et Mary Stuart. La première, reine « vierge » qui refusera toute sa vie de se marier et d'enfanter, gouvernant l'Angleterre d'une main de fer et condamnant la seconde, reine volage (doux euphémisme) et sans cesse bafouée de ses droits. Deux albums réunis dans un même coffret, conçus sous la forme d'un palindrome, qui relatent donc chacun en parallèle via des « témoignages » de protagonistes, les destins terribles de ces deux figures de l'Histoire de l'Europe au XVI° siècle. Une double biographie originale et stylisée mais, au rayon des bémols, si l'exercice de style narratif est impressionnant, il reste cependant un brin vain à moins d'avoir la motivation de comparer les planches des deux livres au fur et à mesure. le choix de narration via les témoins se révèle parfois également un peu fastidieux, transformant le scénario en suite d'anecdotes. le trait décalé et très expressif de l'auteur, s'il fait mouche niveau détails historiques, risque d'en rebuter certains. Une grande B.O pour écouter avec: http://bobd.over-blog.com/2015/02/destins-de-reines-la-vierge-et-la-putain-vs-the-lion-in-winter.html
Lien : http://bobd.over-blog.com/20..
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