Simon Spruyt, auteur belge néerlandophone (mais aussi francophone), est tantôt auteur complet (Le tambour de la Moscva) tantôt juste dessinateur, mais toujours dans le registre historique. Comme c'est le cas pour les truculentes "Mémoires du dragon Dragon", scénarisées par
Nicolas Juncker, qui n'ont rien à voir avec les dragons des contes de fées. Notre dragon est ici un grade de cavalerie durant les guerres révolutionnaires et l'autre Dragon est couillonnement son patronyme ! Dans cette interview filmée à Angoulême à la veille de la sortie du T1,
Simon Spruyt nous parle de l'humour qu'il insuffle dans la mise en scène de ce militaire qui cumule tous les vices et sans scrupule : lâche, vénal, félon, obsédé sexuel... Un florilège de tares pour éclairer
L Histoire !
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Est-ce que j’ai jamais attenté aux libertés publiques fondamentâââles ? Je les ai rétablies ! Et y ai-je une seconde attentééé ? Jamais ! Pourquoi voulez-vous qu’à 61 ans je commence une carrière de dictateur ? (Charles de Gaulle)
(98)
C’est l’impasse, Monsieur le Président. Il (de Gaulle) réclame les pleins pouvoirs, la mise en congé de l’Assemblée, une nouvelle constitution et avant tout refuse de condamner les insurgés d’Alger…
Je ne serai pas celui qui déclenche une guerre civile. Pas plus que celui qui remettra les clefs du pouvoir à un dictateur ! Bonne nuit Monsieur le Président ! (Pierre Pfimlin)
(page 120)
- Le général ne peut paraître comme l’émissaire d’un putsch ! Il ne peut ni vous condamner, ni vous encourager ! Non… Il n’est que d’un seul camp : celui de la nation tout entière. De Gaulle n’est pas homme à prendre la France par la force. C’est à nous de la lui offrir, mon général. (Soustelle)
- Magnifique ! Et comment comptez-vous vous y prendre ? (Salan)
- Ensemble ! Léon (Delbecque) m’a parlé de votre coup de main sur la Corse. Très bien ! Mais surtout n’allez pas plus loin. La menace sera amplement suffisante !... Le gouvernement est déjà acculé, sans aucune marge de manœuvre, le peuple est aux abois, l’Assemblée est paralysée par ses dissensions… Il ne restera à la France qu’une seule alternative : le général de Gaulle. (Soustelle)
(page 90)
Les généraux, au fond, me détestent. Je le leur rends bien. Tous des cons. Vous les avez vus, en rang d’oignons sur l’aérodrome, à Telergma ? Des crétins, uniquement préoccupés de leur avancement, de leurs décorations, de leur confort, qui n’ont rien compris et ne comprendront jamais rien. Ce Salan, un drogué. Je le balancerai aussitôt après les élections. Ce Jouhaud, un gros ahuri. Et Massu ! Un brave type. Massu, mais qui n’a pas inventé l’eau chaude. Enfin, il faut faire avec ce que l’on a. (Charles de Gaulle)
(page 139)
Tu les as entendus tous ces Boches qu’on a interrogés ? Connards !
À les croire, aucun d’entre eux n’était nazi ! De braves petits soldats qui n’ont fait que leur devoir !
(page 40)
Franchement, mon général, le gaullisme a fait son temps, de Gaulle, c’est du passé, de la vieille Histoire Ha, Ha, Ha.
- De Gaulle ?
- Ah oui ? Et ce couillon de Massu qui prend la tête du comité en criant « Vive de Gaulle ». C’est quoi, selon vous ? Et ce communiste de Delbecque qui fourre son nez partout ? Et inutile de compter sur Salan, le cire-pompes du pouvoir…
(page 52)
Chez les rats, ce sont les femelles qui travaillent. Amazones d’un Reich sans eau courante, sans charbon, sans gaz ni électricité. Seules capables d’improviser une soupe d’orties ou une salade de pissenlits arrachés au bitume.
Les mâles, eux, sont perdus. Ce Reich n’est plus le leur. Ils gisent tels des bateaux en cale sèche.
Incapables. Inertes. Inutiles.
(page 17)
- De Gaulle va parler le 19… Mais pourquoi le 19 ?
- Ridicule. Encore une idée de Chaban. Vous savez que c’était un ancien général, Chaban-Delmas ?
- Oui, bien sûr… « Le plus jeune général de France. »
- Ils sont partout ! On nous bassine avec les Francs-maçons mais la vraie plaie de ce pays, je vous le dis, ce sont les généraux.
(page 70)
L’armée, Massu en tête, a pris le pouvoir avec ses paras et un comité révolutionnaire d’excités poujadistes. Salan laisse faire apparemment, ou il les soutient. Enfin, on ne sait pas…
On ne sait rien… il prévoit peut-être un parachutage sur la capitale.
(page 29)
Berlin est un champ de gris.
Berlin était déjà la capitale du gris.
Gris taupe, gris anthracite, gris fer, vert-de-gris,
gris du Volkischer Beobachter.
Mais un nouveau gris s’est abattu sur la ville,
le gris de la poussière et des cendres,
le fruit des avions américains et anglais, des canons russes.
Un gris cosmopolite, omniprésent, poisseux,
un gris dont on ne peut se débarrasser.
Un gris juif, en somme.