Citations sur Pensées en chemin : Ma France des Ardennes au Pays Basque (49)
Mon goût, je devrais presque dire le besoin vital que je ressens pour la marche dans une nature aussi belle et vierge que possible, expliquent l'enthousiasme avec lequel je lus, à la fin des années quatre-vingt, le livre Chemin faisant que Jacques Lacarrière avait consacré en 1977 à son périple de Saverne dans les Vosges jusqu'aux Corbières.
Je ne saurais conclure aux vertus supposées de cette eau mais elle est en tout cas merveilleusement fraîche et agréable à boire et je ne puis après tout exclure qu'elle ait joué un rôle dans le miracle de cette étape, une merveille jubilatoire du début à la fin." "Ici et là des arbustes persistent, isolés ou en boqueteaux; ils donnent aux Hautes Chaumes des cimes foréziennes, ainsi qu'on désigne ces lieux dans la région, un charme irrésistible.
Cependant, je suis loin d'être convaincu que, dans les autres situations de changement de donne par épuisement d'une ressource naturelle, le souci du bien commun des décideurs de l'époque les ait amenés à étudier très en amont de l'événement prévisible toutes les solutions au drame humain qui s'annonçait sinon.
Quel vilain mot pour certains que celui de patriotisme dans la France d'aujourd'hui, il évoquerait un nationalisme suranné et étroit. Notez bien que ce trait nous est propre, les Américains sont patriotes, les Chinois aussi et la plupart de nos partenaires européens le sont plus que nous. Ils ont d'ailleurs de quoi car tous s'enracinent dans des nations superbes qui ont apporté à l'humanité des contributions majeures. Je serais américain, anglais, allemand, indien, italien, égyptien ou de tout autre pays, je serais patriote dans le sens où, édifié au sein d'une culture inscrite dans une histoire, j'aurais, comme j'ai concernant la France, conscience du tribut que je lui dois.
Ma philosophie est que l’on peut sans doute être heureux à tout âge à la condition expresse de ne pas vouloir imiter absolument, plus vieux, ce que l’on faisait plus jeune.
En effet, nos sociétés tendent de ce fait à être d'une remarquable tolérance à la laideur si elle apparaît source de rentabilité, ou alors à ramener la notion de beau à "ce qui le vaut bien".
Ma grande angoisse ne touche pas tant à la vitesse qu'à l'utilisation qui en est faite pour soumettre les esprits à un flux continu de sollicitations, d'informations , d'alertes auxquelles il est important de réagir dans l'instant, de sorte qu'il n'y a plus le temps nécessaire au déploiement de la pensée.
A l'abbatiale de Moissac, les reliefs à gauche du tympan du portail sud représentent la légende du pauvre Lazare et du mauvais riche. Le second festoie pendant que le premier malade, meurt à sa porte, ce qui m'apparait être une figuration réaliste du monde moderne ! Je suis persuadé que la cupidité sans bornes des possédants conduira le monde à sa perte s'il ne sait réintroduire la notion du bien commun à sa logique.
Quel contraste avec les habitudes de nos concitoyens modernes qui mettent tout en oeuvre pour vivre le plus vieux possible et on un sentiment si fragile de leurs devoirs envers ceux qui vivront après-demain que tout bâtiment commence à se dégrader quelques décennies seulement après sa construction et que nous ne sommes pas vraiment mobilisés pour léguer aux générations futures une terre compatible avec l'épanouissement d'une vie authentiquement humaine.
Les citoyens engagés que je rencontre aux étapes et qui tentent de réagir, me décrivent un sentiment de dépossession des habitants de petites cités ou de villages de toute responsabilité dans la conduite de leurs affaires et l'écriture de leur avenir par " les autres ". Paris, l'Etat, Bruxelles, les étrangers, le Monde.