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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quand s'ouvre le roman, Rika a fui le Japon pour passer la frontière japonaise. La presse titre sur une affaire de détournement de fonds à hauteur de 100 millions de yens ( près de 800.000 euros ) alors qu'elle travaillait dans une banque comme responsable de clientèle auprès de personnages âgées.

Rika est un personnage d'une formidable opacité. Jolie, mal mariée mais épouse modèle, sans enfant, une vie bien banale comme tant d'autres. Mitsuyo Kakuta construit son récit à coup d'analepses pour essayer de comprendre ce qui a pu amener la très réservée et droite Rika à basculer dans l'indignité. Elle focalise l'attention et pourtant, c'est progressivement un petit choeur de femmes ( toutes ont connu Rika ) qui se forme et raconte la condition féminine japonaise et plus largement la société du pays : soumission au mari, emprise des crédits à la consommation, addition à la société de consommation, conformisme social y sont décryptés minutieusement, l'air de rien.

C'est là que le roman se nimbe d'une subtile subversivité avec le récit d'une femme qui s'émancipe en volant des personnages âgées qui lui vouent une confiance quasi filiale. Même si au départ, elle est animée par des motivations superficielles et égoïstes, elle brise une myriade de tabous et contraintes inhérentes à une société japonaise très corsetée et réglementée, comme lorsqu'elle ose inviter son mari dans un restaurant cher, un affront assimilé à une volonté de l'humilier comme s'il n'avait pas les moyens de le faire.

Cette rébellion buissonnière est racontée d'une écriture plutôt lapidaire et froide, ce qui crée une tension, certes légère, mais toujours présente qui fait grandir une sensation de malaise devant cette quête de liberté et d'être soi. le lecteur flotte au dessus des personnages dans une ambiance à la fois ouatée et violente psychologiquement.Ce n'est pas un roman qui vous fait vibrer d'émotion mais réfléchir. Rika ne suscite certes pas d'empathie, elle reste terriblement hermétique, et pourtant, on a l'impression de la comprendre dans sa dérive qui n'en est d'ailleurs pas forcément une. C'est ce qui fait toute la beauté des dernières pages, consacrées non pas à Rika mais à Aki, son amie, magnifiquement éclairée alors qu'elle aussi a chuté aux yeux des conventions japonaises.

Un roman troublant et subtil.
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La vie avec un mari distant ne lui apportant pas le bonheur espéré, Rika décide de s'investir dans un emploi. Devenue chargée de clientèle dans une banque, elle visite régulièrement à domicile les personnes âgées qui lui font confiance pour leurs opérations bancaires et la gestion de leur épargne. Sa hiérarchie et ses clients l'apprécient, mais le vide de sa vie privée devient de plus en plus obsédant. Pour tenter de le combler, elle noue une relation extra-conjugale avec un jeune homme et, insensiblement, se retrouve occupée à détourner des sommes de plus en plus importantes…


A travers Rika, mais également les autres femmes du roman, tout aussi ingénument engagées dans une vie maritale dont elles n'imaginaient pas le poids des désillusions, c'est la vacuité du quotidien ordinairement réservé aux Japonaises, que l'auteur nous dépeint ici avec férocité. Au foyer ou employée le plus souvent à mi-temps, avec ou sans enfants, aucune, dans ce récit, n'était préparée à la somme des renoncements qui l'attendait, alors que toutes se retrouvent liées à des époux absents, exclusivement accaparés par leur carrière professionnelle et pétris de la certitude de leur prééminence masculine. Dans cette histoire, aucune communication n'existe au sein du couple, chacun vaque à ses occupations parallèles au détriment même, parfois, de toute intimité conjugale. Les maris décident et disposent sans partage, partent plusieurs années à l'étranger sans se préoccuper de ce qu'il advient à la maison, divorcent rarement, mais alors abandonnent leur ex-conjointe sans ressources pour confier la garde des enfants à leurs propres parents.


Dans ces couples cimentés principalement par le souci des apparences et des conventions sociales, sans doute parce que chacun pense compenser ses manques affectifs par davantage de satisfactions matérielles, c'est finalement autour des questions d'argent que se cristallisent tensions et conflits. Tel mari craint l'ombre d'une épouse capable de gagner sa vie, tel autre est mal considéré par sa belle-famille parce que ses revenus sont insuffisants, le dernier se résout au divorce – si rare au Japon -, en raison des achats compulsifs de sa femme. Quand, depuis les années quatre-vingt, beaucoup de Japonais se retrouvent prisonniers des crédits à la consommation et du surendettement, c'est dans un tout autre engrenage que la si sage Rika, sans intention malhonnête initiale, se laisse happer, dans une irrésistible escalade qui installe un sentiment de malaise et tend imperceptiblement le récit : en rébellion à sa morne et insignifiante existence, la jeune femme succombe elle aussi au mirage de l'argent, en se transformant en improbable escroc. Par ses malversations, c'est de la société japonaise toute entière, de ses hypocrisies et de son corset de convenances, que Rika tente en réalité de s'affranchir…


Au travers de ses personnages féminins, réduits à tromper l'indigence affective de leur couple et à s'inventer un semblant d'affirmation de soi par une surconsommation de biens matériels, Mitsuyo Kakuta pointe du doigt l'écrasante pression sociale qui poursuit les Japonais jusque que dans leur relation maritale, sacrifiée à l'hypertrophie du carriérisme masculin. Une lecture fascinante et troublante, où sous ses apparences lisses et policées, la société japonaise, tout comme cette histoire, se révèle d'une incommensurable violence psychologique.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L'intérêt de la littérature étrangère est de découvrir de nouveaux pays, des styles différents, d'autres modes de vie. Avec la littérature Japonaise, on découvre un monde à part.

Le Japon bénéficie dans l'imaginaire Français d'une image idyllique. Pas ou peu de violence, de crime. Des relations sociales apaisées avec beaucoup de politesse et de respect des règles.

Ce livre écorne cette image en relatant l'histoire de plusieurs hommes et femmes et de leurs relations à l'argent. Cette obsession de l'argent que ce soit en dépensant ou en le rognant, des achats, du paraitre est oppressante.

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Belle découverte !
Dés les premières pages, le lecteur est happé par l'intrigue, en suivant Rika à travers sa fuite. On le devine dés le début qu'elle se cache. La construction du roman est bien vue car elle n'est pas linéaire. Page après page, avec ces retours dans le passé, le lecteur comprend petit à petit la vie de ce personnage, qui de toute évidence n'est pas épanouie et heureuse dans sa vie.

Ce roman nous offre un regard sur les rouages de la société japonaise. le statut de la femme, dans le monde du travail, mais aussi au sein du couple. Son émancipation financière va prendre une tournure des plus dramatiques. Pourtant, on a de la peine pour ce personnage hors du commun, dont on a l'impression qu'elle se sépare d'elle-même, n'a pas conscience de la gravité de ses actes. Elle n'est pas heureuse tout simplement.

Étouffant par moment, car on se perd avec elle dans les méandres de ses frustrations et pensées et quelque part de sa propre perte. L'auteur réussit avec brio à nous tenir en haleine pour comprendre comment Rika en est arrivé à être en cavale. On angoisse car on sait que cette amoncellement d'argent, ses décisions contraires à la bonne moral, vont lui retomber dessus. le lecteur le sait, mais il est tenu jusqu'aux dernières lignes, pour savoir le dénouement. Belle prestation littéraire ! L'écriture de cette auteur est belle, raffinée. Ce fut un très bon moment de lecture.
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Visiblement, le statut de la femme japonaise n'a guère évolué depuis les années 50, tel qu'il était décrit notamment dans les splendides films de Mikio Naruse. Dans cette société patriarcale, si les femmes ont le droit de travailler, quand même, leur mission reste toujours de procréer, de tenir la maison et de veiller au bien-être d'un mari assez souvent absent du domicile conjugal et épuisé par son travail, lui (rires sarcastiques). Avec son héroïne frustrée, qui se rebelle peu à peu contre les conventions, tout en tombant dans les rets du consumérisme, vu comme une drogue dure, Lune de papier dresse un froid constat par le biais d'une fiction assez habilement construite. Mitsuyo Kakuta n'est pas tombée dans le piège de l'empathie pour son personnage principal, qui est une aigrefine (oui, le féminin n'existe pas, mais c'est joli, non ?) mais elle réussit à nous faire entrer dans sa tête, via son passé, l'engrenage fatal qui l'a conduit à escroquer des personnes âgées et la vision qu'ont d'elle ceux qui l'ont côtoyée, notamment au lycée. Volontairement dénué d'émotion et parfois répétitif dans ses scènes de fièvre acheteuse, Lune de papier est une démonstration percutante et acide auquel il manque peut-être un peu plus d'humanité. Mais c'est un roman qui colle parfaitement à la réalité d'une société où le verbe avoir est bien plus important que le verbe être.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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De femme au foyer à détourneuse de fonds, rencontre avec une femme dont la vie va basculer dans ce roman qu'il est extrêmement difficile de lâcher. J'ai notamment beaucoup apprécié suivre Rika tout au long de sa réflexion, de découvrir le moment où le déclic se fait et où elle se rend compte qu'elle manipule chaque jour des centaines de milliers de yens qui peuvent être dépensés très (trop ?) facilement dans cette terrible société de consommation japonaise.
Lien : https://comaujapon.wordpress..
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Les avis sont partagés sur ce livre. Quant à moi, Je conseille fortement ce livre, bien que je trouve le procédé narratif peu percutant , suivre à chaque pas la vie de Rika, surtout si on tient compte de la valeur attachée à son identité ; voisine de zéro. Seule compte l'exaltation que procure l'argent. Je trouve le discours sur l'identité très original ainsi que les expériences que vivent les corps sous l'effet de l'argent. Si je faisais un dessin, je représenterai Rika essayant de déplacer une montagne pour dégager 5 billets de 10 000 yens.
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Au centre de ce roman, un fait divers : le détournement de fonds commis par une employée de banque. La coupable, Rika, s'est réfugiée en Thaïlande, cherchant à se fondre dans un décor miteux.

Le contexte posé, la parole est à ses camarades de classe, à ses proches : tous apportent un témoignage et construisent peu à peu le portrait de la jeune femme, s'éloignant imperceptiblement de son statut de femme au foyer.

Au delà d'une simple affaire de malversation, c'est à la place même de la femme au sein de la société japonaise que choisit de s'intéresser l'auteure. Elle le fait de manière subtile, alternant réalisme et délicatesse, à l'image de la Cigale du huitième jour, délivrant sans faillir son message interpellant. Une lecture captivante.
Lien : https://nahe-lit.blogspot.co..
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