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sur 120 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Les parapluies d'Erik Satie", j'avoue que le titre du premier roman de Stéphanie Kalfon m'a beaucoup intriguée. de Satie, je connaissais certes les Gymnopédies… pas vraiment ma tasse de thé… mais je ne m'étais jamais particulièrement interrogée à son sujet… Pianiste et compositeur, musicien hors normes, ses sons décalés ne rentraient pas dans le style préféré de l'amateur de musique classique "classique" que je suis. Alors des parapluies !
A peine ouvert, pourtant, je me suis sentie propulsée dans son monde…dans un monde, car l'auteur ne se contente pas de relater sa vie, elle va beaucoup plus loin, narrant le climat dans lequel il évoluait, les personnalités qu'il côtoyait, le caractère si particulier qui fit de cet homme un musicien hors normes. J'ai apprécié, en effet, l'humanité avec laquelle elle parle de lui, l'artiste misérable, pour le moins ignoré, raillé, ridiculisé même, l'explique, lui rend hommage. Elle le dépeint merveilleusement dans son époque, au sein d'une société conformiste à laquelle il souhaite échapper. Réfractaire à tout ce qui était dicté par les bien-pensants, lui a voulu explorer d'autres rythmes, d'autres nuances de notes et fut donc incompris comme chaque précurseur. Il est vrai, je l'ai dit, que sa musique n'est pas d'un accès facile pour des néophytes, il faut s'y habituer, s'y adapter, s'en imprégner.

Stéphanie Kalfon nous raconte sa descente aux enfers, sa folie… "Signe extérieur de folie : Satie répète les mêmes motifs. Sans cesse il revient, revient, revient autour des mêmes choses…. Voilà comment il apparaît aux yeux des mondains. Aux yeux de ceux qui n'ont pas de sympathie envers la tristesse". Car il ne fait pas bon être différent des autres, insolite, inventeur, même si parfois, l'on n'en a pas moins raison à être seul à dire vrai.
J'ai trouvé le récit déroulé par Stéphanie Kalfon parfaitement adapté à la musique du pianiste. Syncopée, dérangée, l'écriture s'envole, se pose et bringuebale de descriptions en citations. Elle englobe dans ses propres mots, ceux du musicien, ses pensées, ses réflexions, ses notes, et le tout forme une sarabande à l'image des sons que j'écoute en lisant, car, oui, il fallait bien ça : se remémorer cette musique déglinguée, écoutée et restée mystérieuse, alors que je n'avais pas plus de vingt ans.

Le sujet est original et le texte très beau qui ravive le gris de la vie de Satie, lui donne de la brillance, et à moi l'envie de redécouvrir cet artiste méconnu de son vivant.
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Un livre qui se déguste, une écriture telle une petite musique virevoltante, poétique, énergique et originale ….. un peu comme la musique d'Erik Satie 🎼🎹 . Ce n'est pas une biographie, mais cela m'a donné l'envie de mieux connaître le personnage qui se cache derrière ses musiques que j'aime déjà 😊
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Que dire sur ce livre ? Un ovni? Pas vraiment un roman, pas vraiment un récit, une histoire... On suit Erik Satie, que je dois avouer je ne connaissais pas, un musicien non compris de son temps... Un être original, non conforme, excentrique, triste ? Que reste-t-il de nous lorsque l'on décède ? Quelle image se font les gens de notre vivant et de notre mort ? L'écriture du livre tout en rythme m'a beaucoup plu, comme si on écoutait une musique ou lisait une partition... Bon moment qui m'a donné envie d'en connaître plus sur Erik et sur ses oeuvres...
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Je ne suis pas férue de musique classique. Je connaissais Erik Satie de nom mais je n'avais pas vraiment en tête sa musique. Après quelques pages, je me suis arrêtée pour me mettre des morceaux de Satie en fond sonore. le roman nous rend curieux. le personnage et la musique de Satie sont très bien décrit. On visualise l'univers mais j'ai vraiment ressenti le besoin de l'éprouver avec la musique. Et à l'écoute, je me suis rendue compte que je comprenais désormais bien mieux sa musique.

Erik Satie était un homme en décalage avec son temps, avec les hommes. L'auteure l'a bien retranscrit dans son écriture. La fantaisie de l'homme transparaît dans les envolées de Stéphanie Kalfon. Certains passages en italique sont même directement d'Erik Satie. Au vu de la similitude entre les deux styles, je pense que l'auteure a fait un énorme travail en amont ! Bien qu'il s'agisse d'un roman assez littéraire, je l'ai lu d'une traite, totalement embarquée dans cet esprit tourmenté.

Je vous recommande vraiment cette lecture, que vous connaissiez Satie ou non. Sa conception de la musique est sans prétention ni fioritures. C'est une belle découverte !
Lien : https://lecturesdemistinguet..
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Avec "Les Parapluies d'Érik Satie" Stéphanie Kalfon fait un portrait troublant mais réussi du pianiste d'exception. Car il est délicat de faire le tour de sa personnalité : il se cache, il résiste, fait des blagues, vous tourne le dos et rentre toujours à Arcueil s'enfermer dans son gourbi où personne n'est admis.
Avec ce premier roman, la réalisatrice et scénariste rend un bel hommage à Satie qui est un musicien incontournable pour moi.

Déjà solitaire dans son enfance à Honfleur, la perte de sa mère ne cesse pas de résonner dans sa tête. Les phrases en anglais nous rappellent d'ailleurs qu'elle était écossaise. Les notes deviendront sa respiration même si sa formation de pianiste a été compliquée car son refus des règles lui ont valu l'incompréhension et le rejet de ses professeurs au Conservatoire.

Satie changera de siècle dans la douleur car c'est un homme qui n'arrive pas à se faire à son époque même si c'est la belle époque.
Au début du 20ème siècle, Erik Satie a la trentaine. Sans ressources et sans avenir professionnel, il délaisse Montmartre et l'auberge du Chat Noir où il a joué de nombreux soirs, pour une chambre de banlieue à Arcueil, coincé entre deux pianos désaccordés et quatorze parapluies identiques. Il boit autant, ou plus, qu'il compose. Observateur critique de ses contemporains, l'homme dépeint par Stéphanie Kalfon est aussi un créateur brillant et fantaisiste qui condamne l'absence d'originalité de la société musicale de l'époque. Il faut rappeler qu'il est l'inventeur de la musique d'ameublement, une musique créée pour faire partie des bruits ambiants et qui en tient compte.

Ami de Debussy, Cocteau, Man Ray, le portrait proposé par Stéphanie Kalfon est pourtant celui d'un solitaire triste, paranoïaque et alcoolique. Dommage qu'il soit si noir. Mais malgré cela j'ai aimé le ton et cette façon intéressante de raconter la vie de ce grand musicien, en la ponctuant des formules originales dont il était le créateur.

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Stéphanie Kalfon retrace d'une écriture originale une partie de la vie du compositeur talentueux Erik Satie. Elle mêle son verbe à des écrits d'Erik Satie avec fantaisie et talent, montrant ainsi la singularité du personnage, analysant une enfance jalonnée d'événements traumatisants….expliquant le besoin de solitude et la "folie" du musicien… ?
Je ne suis pas musicienne, je suis juste Arcueillaise et à ce titre plutôt intéressée par la vie des artistes qui ce sont installés où sont passés dans cette banlieue sud de Paris plutôt populaire (Satie certes, mais Jean-Paul Gaultier, Jean Teulé...pour ne citer que quelques contemporains). Aujourd'hui la "maison aux 4 cheminées" existe toujours et les cheminées environnantes de l'usine Valstar ont disparu. L'immeuble, rue Cauchy, a été restauré et rend un bel hommage à ce compositeur, affichant son portrait et une de ses phrases tellement souriantes "Sachez que les enfants sont plus jeunes que bien des vieillards".... telle une lapalissade !
La solitude, la misère, l'originalité, l'alcoolisme, la névrose d'Erik Satie l'ont mené dans cet endroit sordide à l'époque mais où sa générosité et ses bons mots ont imprimé sa trace ; telle sa façon de répondre à la question Comment vous appelez-vous ? "Je m'appelle Erik Satie, comme tout le monde".
Un très joli texte que ce livre, dans lequel j'ai appris sur ce personnage aussi sombre que lumineux et familièrement "perché" à la une vie tellement, tellement ...trop et anti, anti !! Un être singulier.


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Je ne connais pas vraiment la musique d'Erik Satie, mais j'aime bien certains morceaux que je connais un peu. J'ai découvert la vie parisienne de ce musicien. Un livre qui m'a bien plu.
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En 1887 Erik Satie a 17 ans, est viré du conservatoire, jugé trop insolent et refusant de se conformer aux règles de l'établissement.
« ICI, ON EXÉCUTE LA MUSIQUE !
IL N'Y A PAS DE VÉRITÉ EN ART :
LES COMPOSITEURS NE DOIVENT PAS
ETRES ESCLAVES DES REGLES. »
Il reste deux ans à ne rien faire et y retente sa chance mais ils ne veulent toujours pas de lui pour les mêmes raisons. À 20 ans il décide de s'engager dans l'armée mais sa fébrilité ne fait pas de lui un bon soldat, dehors ! Erik Satie est seul et a besoin de reconnaissance mais comment y parvenir avec sa singularité.
« Tous, nous avons tous une signature de vie. C'est elle qui vous rend singulier, à cause d'elle que les choses arrivent d'une certaine manière, et se répètent ou se déroulent selon une musique spéciale, identifiable, différente. »
Il est obsédé par la mort de Diane, sa petite soeur à l'âge de 8 mois mais aussi par celle de sa mère Jane deux mois plus tard et de sa grand-mère Granny, elle qui l'a élevé de nombreuses années. Elles le hantent chaque jour de son existence.
Ses rencontres l'amènent à jouer les gymnopédistes à l'Auberge du Clou, puis à croiser la route de Claude Debussy, qui fera naître une amitié de 30 ans.
À 36 ans il commence à sombrer dans l'alcool et n'arrive plus à créer. Il a toujours caché sa misère aux autres, vivant dans une petite chambre à Arcueil avec pour seule compagnie deux pianos, des partitions et 14 parapluies identiques.
« Alors alors, dès qu'il a un sou en poche, c'est pour acheter un parapluie :
un de Secours (de couleur noire)
un Just in case (de couleur noire)
un Malheureux (de couleur noire)
un plus Solide (de couleur noire)
un qui s'Envole (de couleur noire)
un Jetable (de couleur noire)
un très Digne (de couleur noire)
un Imperméable (de couleur noire)
un que l'on peut Casser (de couleur noire)
un qui nous Attend (de couleur noire)
un très Intimidant (de couleur noire)
un Alambiqué (de couleur noire)
un très Sportif, qui défend bien (de couleur noire)
et le dernier, gentil, juste pour les Dimanches (de couleur noire) »
Toujours habillé de la même sorte, empruntant le même chemin dans les rues.
« Il est un continent sans passeport valide. Il est sans barrière, sans limite. Il invente donc un style vertigineux, en supprimant les barres de mesure. C'est cela, le style Satie. Aucun jugement, aucune mesure, aucune norme ne peuvent plus vous barrer la route. »
Erik Satie passe les 27 dernières années de sa vie à errer dans les bars, seul, incompris, méconnu.
« Je n'aime pas marcher dans le vent, il kidnappe les sons et les rythmes, il écrase tout. Quand il souffle il nous rend sourd. »
« Rire d'une absurde mélancolie pour ne pas prendre ni la vie ni la mort au sérieux, quitte à ne jamais être pris au sérieux, tel est le piège. »
« Parfois, s'égarer hors du monde est le meilleur moyen d'en ressentir la vraie pulsation. »
Ce roman biographique rend un bel hommage à Erik Satie, musicien mal dans sa peau car incompris des autres. Il a consacré sa vie à la musique. Il nous montre sa fragilité dès le début de son enfance jusqu'à la fin de sa vie. Cet homme m'a fait souffrir avec lui tout au long du livre. Chaque période de sa vie nous renvoie à une découverte comme par exemple le cinéma, la tour Eiffel, le Coca-Cola…enrichissant notre culture. Comme il n'est pas simple d'être un artiste ‘hors-norme'.
Ce roman fait partie de la sélection des 68 premières fois, édition 2017
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