Garbo s'était murée dans une citadelle imprenable, une citadelle de vêtements.
Mais elle continuera à se dupliquer dans sa propre vie, à travers ses deux garde-robes, celle pour tous les jours, et celle qu'elle cachait dans ses vastes armoires.
Ce linge de coton blanc comme un linceul de son passé de star, qui servait de nappe à maquillage.
Qu'est-ce qu'un style vestimentaire sinon l'identité même d'un être, celle qu'il s'est choisie, pour jouer le rôle qu'il s'est imparti?
Le vrai luxe selon Garbo, c'était la simplicité, une fidélité à un style qui avait traversé les décennies, une élégance intemporelle.
Elle avait été aimée et serait toujours aimée pour Garbo, le masque, l'image idéale projetée sur grand écran et dans les rêves des hommes, car les êtres ne tombent jamais amoureux que d'un rêve. La vérité, l'authenticité, qui voulait la voir? La vérité d'un être, un tas de petits secrets, de lâchetés et de rancunes, de petitesses, de frayeurs, et toujours, les pleurs d'un enfant qu'on abandonne dans la nuit.
Un homme cherche toujours à changer une femme, à la faire ressembler à son désir.
Mais les 14 et 15 décembre 2012, lentement dépecée, Greta Garbo est morte une deuxième fois.
Huit cent pièces. Autant d'indices qui révèlent une facette de l'icône, pièces d'un puzzle à travers lequel elle signe sans s'en douter son autoportrait. La garde-robe d'une femme morte serait comme le testament de ce qu'elle fut intimement, puisqu'elle témoigne de son goût, et qu'il n'y a peut-être rien de plus révélateur d'une vie intérieure.
« Ma chérie, la vie, c’est une longue aventure vestimentaire ! »