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sur 62 notes
Sacré roman, et ce dès les premières pages : 1989, le photographe sri lankais Maali Almeida se réveille dans un Au-delà bureaucratique et surpeuplé. Il n'a aucun souvenir de sa mort, mais il a sept lunes pour errer dans cet Entre-deux. Après, la porte de la Lumière ( le paradis de l'oubli ) se refermera pour toujours. Maali Almeida ne veut pas oublier, pas encore. Il a donc sept lunes pour découvrir qui l'a tué et pourquoi, sept lunes pour guider ses amis vers une série de photographies qui selon lui pourraient changer le cours des choses.

Le rythme est trépidant, la course folle dans Colombo étourdissante même tellement le roman est peuplé de mille fantômes, goules et démons, de vivants aussi qui ont croisé la route du photographe; tellement l'histoire de la guerre civile sri lankaise démarrée en 1983 est inextricablement compliquée avec toutes ses factions adverses pour lesquelles Maali Almeida travaillé : les nationalistes cinghalais de l'UNP au pouvoir, les Tigres tamouls des LTTE, les communistes du JVP, les forces spéciales du gouvernement, les Forces indiennes de l'ONU, tous pourris, tous capables des pires exactions et crimes, tous potentiellement capables d'avoir fait assassiner Maali.

Il m'a fallu un peu de temps pour me poser sur cette intrigue fort touffue, mais j'y suis arrivée, quelque peu aidée par le recensement inaugural qui liste tous les personnages, absolument nécessaire. Je suis allée également m'informer sur la guerre civile sri lankaise ( achevée en 2009 ) pour mieux appréhender ma lecture. Sans cela, je pense que j'aurais vraiment galéré.

Pour apprécier cette lecture, il faut donc un petit coup de pouce et surtout accepter de ne pas tout comprendre ( les références au folklore et mythes sri lankais sont nombreuses ) pour se laisser porter par la verve virtuose et généreuse de l'auteur.

Derrière chaque page, on sent la puissance narrative de Shehan Karunatilaka, à commencer par son choix d'un narrateur à la deuxième personne. Maali Almeida est mort. Son « tu » qui s'adresse à lui-même incarne parfaitement le son d'une voix sans corps, une voix survivante qui chuchote à l'oreille de son mort, comme si Maali Almeida doutait lui-même que c'était sa propre voix qui parlait pour l'accompagner dans sa quête de vérité.

Lorsqu'on a recours au réalisme magique, il faut l'assumer jusqu'au bout, sinon cela a un goût de gadget épate bourgeois qui ne sert à rien. Ici l'auteur joue la carte à fond. Il a réussi à créer un monde cohérent oscillant entre le surréalisme de cet Entre-deux ( dans lesquels les fantômes se déplacent à volonté grâce à des courants d'air qui les conduisent dans n'importe quels lieux qu'ils ont fréquenté de leur vivant ) et un Sri Lanka réel absolument terrifiant.

Le ton est à un humour noir sardonique qui côtoie le grotesque comme la tragédie. C'est sale et mordant mais jamais gratuit. Car cette farce irrévérencieuse confronte le lecteur à la terrifiante et absurde réalité de la guerre civile sri lankaise, ses escadrons de la mort, ses acteurs dégueulasses, ses attentats, assassinats, exécutions sommaires, tortures, enfants sacrifiés. Certaines scènes sont mémorables comme celles mettant un marche une armée de fantômes vengeurs haranguée par une goule marxiste.

La lecture est parfois un peu longue pour absorber le flux bouillonnant d'informations, mais jamais ennuyeuse, portée par une écriture inventive extrêmement séduisante d'un auteur dont on sent à quel point il juge important de ne surtout pas céder à l'amnésie collective maintenant que la guerre civile est finie. Et si l'on permettait aux 100.000 morts de la guerre civile de parler ? Chiche semble dire Shehan Karunatilaka.
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Il est mort. S'il avait une carte de visite, « y figurerait : « Maali Almeida // Photographe. Joueur. Salope ». Il est mort et il se trouve dans un Entre-Deux assez délirant, une sorte d'administration kafkaïenne avec d'interminables files d'attente où personne ne semble pouvoir lui donner un renseignement clair ni lui expliquer ce qu'il fait là. Il est arrivé il ne sait trop comment et se parle à lui-même pour tenter de tirer les choses au clair : « Désormais tu sais ce que les autres ignorent. Tu détiens les réponses aux questions suivantes : Y a-t-il une vie après la mort ? À quoi ça ressemble ? ». Il a été tué, ça c'est sûr. Mais par qui, comment et pourquoi ? Il dispose de sept lunes pour mener son enquête.
***
J'ai bien cru que je ne réussirais pas à entrer dans Les Sept Lunes de Maali Almeida, ce roman étrange, déroutant et foisonnant. Je ne savais à peu près rien sur le Sri Lanka, sur l'histoire si complexe et si violente de ce pays. Une petite mise à jour s'est imposée. J'aurais été contente de la faire avant même de commencer le roman. Mieux encore, j'aurais aimé trouver quelques renseignements en avant-propos, par exemple. La liste des personnages, au tout début du roman, m'a bien aidée à me repérer entre les vivants (Ici-Bas) et les morts, sans précision de lieu puisqu'on peut les trouver Ici-Bas, Entre-Deux ou dans la Lumière... L'énumération des huit factions en présence donne une idée de la complexité des forces engagées : parmi elles, notre héros compte l'ONU et la CIA. Pour corser le tout, il faut ajouter l'emploi pour le même personnage d'un nom, d'un surnom et souvent d'un diminutif. Ainsi, Maali Almeida s'appelle pour l'état civil Malinda Albert Kabalana…
***
Je n'étais vraiment pas enthousiaste au début. Je commençais à envisager de lâcher prise quand, vers les pages 75 sq., je me suis enfin laissé emporter par cette folle histoire dans laquelle les morts peuvent voir les vivants, mais normalement pas l'inverse. Les défunts se déplacent au gré des vents (ce n'est pas toujours facile) essentiellement quand des vivants parlent d'eux. Dans la première scène qui m'ait vraiment accrochée, Maali se retrouve dans un commissariat à observer certains de ses proches : DD, son amant, Jaki, cousine du précédent, présentée dans la liste de personnages comme un « amour délaissé », et Lakshmi (Lucky), la mère de Maali, qui n'a pas vu son fils depuis longtemps. Tous trois cherchent le photographe et posent des questions à deux policiers débordés par le nombre de mères à la recherche de disparus… Si Maali ne se rappelle rien de ce qui concerne sa mort, il veut faire en sorte que ses proches retrouvent et publient une série de photos qu'il a prises, photos qui permettraient de mettre en lumière de terribles exactions et de confondre les coupables.
***
Beaucoup de thèmes sont abordés plus ou moins frontalement : la guerre civile et toutes les horreurs qui l'accompagnent, les rivalités religieuses, la corruption, le racisme sous toutes ses formes, l'homosexualité, le mal, la foi, le pouvoir de l'image, etc. La langue imagée, vivante, parfois très crue, m'a semblée originale et parfaitement adéquate dans ce contexte de violence parfois difficile à supporter. On perçoit tout au long du roman, même dans certaines scènes épouvantables, l'ironie, la dérision et l'humour noir dont Shehan Karunatilaka ne se départ jamais. La difficulté à entrer dans le roman et quelques longueurs que j'ai trouvées pesantes m'empêchent d'attribuer 5 étoiles à cet exubérant roman.

[Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices de Elle 2024]

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Un récit qui commence comme une farce, mais qui assez vite fait rire jaune. Les Sept Lunes de Maali Almeida est un roman qui ne ressemble à aucun autre, Shehan Karunatilaka jouant sur la forme pour aborder des sujets forts.

L'histoire débute dans une étonnante antichambre post-mortem, les récents décédés arrivant par flots à des guichets qui les guident vers d'autres endroits (n'oubliez pas d'aller faire vérifier vos oreilles !) avant de se diriger vers la grande lumière. Ou pas… Les âmes ont sept jours pour décider de s'y plonger, durant cette période, elles se meuvent dans cet entre-deux.

Almeida a été assassiné, comme nombre de ses compatriotes de la République socialiste démocratique du Sri Lanka (qui n'a de démocratique que le nom). Son absence de souvenirs de ses derniers moments de vie le pousse à une enquête pour comprendre son propre meurtre. Il a le temps, sept lunes c'est long, croit-il.

Roman de l'Imaginaire ? Oui, en partie. Texte léger ? Sûrement pas. L'auteur joue des mots et de cette atmosphère étonnante pour mieux parler de son pays et des horreurs qui s'y déroulent. Une manière de plaisanter avec la mort pour mieux la mettre en perspective.

Certaines parties sont clairement drôles, décalées, mais servent de passage entre les lunes et la progression du personnage principal, pour comprendre ce qui lui est arrivé, ce qui arrive à son pays.

Savez-vous beaucoup de choses sur le Sri Lanka ? Pas moi, en tout cas, avant de lire ce roman. Et pourtant, il y a à dire et à apprendre sur cette île de 22 millions d'habitants. Une vraie richesse de lecture.

Le livre se construit comme une sorte de devoir de mémoire, pour ne pas oublier les atrocités, pour tenter de progresser. Comprendre même quand on est mort, avant de ne plus pouvoir le faire, car, comme on l'explique au personnage, la réincarnation, c'est l'oubli.

Cet homme, qui a une forte tendance à l'auto-dévalorisation. Un personnage fort, torturé, complexe, qui aime se faire passer pour un moins que rien, homosexuel dans un pays qui ne les tolère guère, alors que c'est un photographe de valeur.

Et qui se révèle capable de marquer les esprits (sans mauvais jeu de mots), grâce à ses photographies de presse prises sur le terrain. Il a imprimé sur le papier des événements clés de l'Histoire récente du pays dans les années 80 et 90. Mais c'est un peu compliqué de les rendre publiques alors qu'elles sont restées cachées. Sauf à tenter de communiquer avec les vivants… Almeida devient alors la menace fantôme.

La période évoquée est largement décrite, telle une photo d'une époque, période Sida, avec d'immondes relents du passé du pays. Certains passages font littéralement froid dans le dos, par ce qu'ils décrivent, par la puissance d'invocation que développe l'écrivain.

Le pays connaît l'un des taux les plus élevés de suicides au monde. Les guerres entre factions tuent depuis longtemps des milliers de Sri-lankais chaque année. La corruption gangrène tout le système.

Sous couvert de cette fiction décalée, qui explose les principes de la narration traditionnelle, c'est bien de l'Histoire du pays dont il est question. Mais à hauteur des personnages, pour mieux comprendre et ressentir. le récit est parfois un peu long, mais marque durablement.

Le livre a reçu le Booker Prize 2022, l'un des prix littéraires les plus prestigieux, et sa publication est prévue dans 27 pays. Ça aide à imaginer la richesse de ce roman, qui rayonne loin de ses terres natales.

À la fois récit fantastique, polar atypique, drame personnel et récit historique, cette histoire de fantômes qui ont encore des choses à dire aux vivants marque par la qualité de sa narration autant que par ses idées.

Les Sept Lunes de Maali Almeida, sont un voyage étonnant, et Shehan Karunatilaka un écrivain audacieux et talentueux. de la belle littérature.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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Entre-Deux.

1990, Colombo. La guerre civile au Sri Lanka fait rage. Maali Almeida, photographe de guerre, se réveille dans un endroit inconnu. Une administration. Mais pas n'importe laquelle, celle qui gère les défunts. Maali doit se rendre à l'évidence, il est mort. Mais un mystère subsiste. Qui l'a tué et comment ? Une employée l'informe qu'il dispose de sept jours, sept lunes, pour essayer de résoudre cette énigme. Maali a également un autre objectif : montrer ses photos au monde pour mettre fin à la guerre.

Le monde des morts n'est qu'un reflet du monde des vivants. La haine, la rancoeur sont bien présentes. Les esprits et les démons influent les vivants dans le seul but d'accomplir leur vengeance. Pourquoi aller dans un hypothétique Au-delà ? Prendre sa revanche sur les mortels est bien plus satisfaisant.

Maali a sept jours, sept minuscules jours pour essayer d'agir. Les souvenirs de sa vie affluent. C'est le temps des regrets, du désespoir. Maali s'inquiète pour son petit ami, pourtant il n'hésitait pas à le tromper avec d'autres hommes. Idem pour sa colocataire, pourtant il la traitait mal. Maali prétend agir pour le bien commun en montrant ses photographies, pourtant il n'est jamais venu en aide aux victimes qu'il photographiait. Durant ces sept jours, l'homme arrogant devient progressivement un être désespéré.

L'auteur n'épargne personne. Les membres du gouvernement, les milices, l'ONU et les différentes ONG présentes, nul n'agit pour le bien commun, seul les intérêts personnels prédominent. La moindre parcelle d'influence, de pouvoir suscite les convoitises.

Malgré toute cette noirceur, le lecteur rit souvent, mais c'est un rire jaune, de désespoir. Ce roman n'est au final qu'un immense charnier. Les cadavres débordent des pages, l'odeur de putréfaction prend à la gorge. le lecteur est malgré lui un acteur, un témoin impuissant du désastre par l'utilisation de la deuxième personne du singulier par la narration.

Bref, ce roman est magistral.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2024
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Maali Almeida, photographe de presse sri-lankais, homosexuel, de 35 ans a été assassiné à Colombo, en décembre 1989; il se retrouve dans l'Entre-Deux, où il bénéficie de sept lunes pour découvrir qui l'a tué et pour rendre publiques des photos qu'il a faites et qui pourraient changer le cours de la guerre civile qui ravage le pays.
Nous évoluons alternativement parmi les vivants, au milieu de la guerre civile et parmi les morts qui errent, essayant de rentrer en contact avec ceux qui leur étaient chers, de revenir sur terre dans une autre enveloppe, de rejoindre la Lumière. Parmi eux, comme ici-bas, les luttes pour le pouvoir, le mensonge, la violence règnent en maître.
Ce roman très singulier, qui mêle roman noir, enquête policière, fantastique gore, analyse et critique politiques, sort totalement des sentiers battus et ne peut que surprendre le/la lecteur/trice.
Sous le vernis loufoque, déjanté, gore, l'auteur décrit avec une ironie noire et grinçante, la situation de son pays dans les années 80. le Sri Lanka était en proie depuis 1972 à une guerre civile qui a duré jusqu'en 2009 faisant entre 80 000 et 100 000 morts. La majorité cinghalaise bouddhiste faisait face à la minorité tamoule hindoue qui luttait pour un état indépendant dans l'est et le nord du pays où ils étaient majoritaires et aux communistes. de terribles atrocités ont été commises par tous les belligérants, prenant la population comme cible. L'auteur ne nous épargne d'ailleurs pas des scènes d'une violence inouïe, difficiles à lire.
Il se livre à une critique en règle de l'ONU et de ses troupes de soit-disant maintien de la paix et des puissances qui jouent leur partition sur le dos du pays : les Indiens, les Américains, les Britanniques.
L'auteur s'appuie sur les légendes, les croyances et le folklore sri-lankais pour nous livrer un texte haut en couleurs, parfois amusant, exubérant, extravagant. J'en ai apprécié la verve et l'originalité au début mais j'ai fini par me lasser des fantômes, des âmes errantes, des goules qui envahissent les 507 pages du roman, malgré la gravité sous-jacente et l'intérêt du propos. Ce roman, lauréat du prestigieux Booker Prize en 2022, n'était pas vraiment pour moi
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Pour pénétrer dans ce roman, il faut déjà parvenir à passer le début sous acide, l'énonciation qui interroge sous forme d'adresse à un « tu » énigmatique, les thèmes ésotériques, le renversement dans le monde des morts, comme un incipit de Carnaval. Il faut accepter de ne rien comprendre, de laisser la drogue et de la mort flouter les contours du récit. Même les cartes placées en début de roman et la liste interminable des personnages, censées aider, embrouillent. Soit. On passe les 40° rugissants, on essuie quelques avaries mais rien qui nous empêche de continuer à naviguer en eaux troubles.

L'humour du ton est plaisant, ainsi que la poésie de certains passages, née de la surprise, du choc et du mélange de ce qui ne se mélange pas d'ordinaire: "Tu as vécu dans un camp de réfugiés, parcouru les marchés à la nuit tombée et t'es endormi dans les casinos bondés". le texte est émaillé de ce genre de phrases qui brillent d'un éclat superbe, maléfique et magnétique.
On a enfin saisi l'énonciation, elle provient de la mort du sujet, qui le fait éclater en deux morceaux, le « je » et le « tu ». On est assez admiratif de l'explosivité du récit, de son inventivité folle. Ça change, c'est sûr !

Mais la suite de la lecture a raison de cet équilibre précaire. En tout, 508 pages bourrées de bavardages - la logorrhée a pris le contrôle. 508 pages remplies à craquer de cadavres, de pets, de vomis, de bouts de corps, de déchets en tous genre, tous choisis pour leur capacité à faire vomir le bourgeois. J'en suis sortie écoeurée, non que je sois spécialement impressionnable mais parce que la multiplication du procédé m'a ennuyée.

En somme, je n'ai pas aimé le rôle qu'on fait jouer au lecteur. L'auteur cherche la saturation du champ du récit en nous bombardant de tout ce qui lui tombe sous la main. Nous sommes malmenés, mais comme des enfants battus, nous devenons insensibles. J'ai fermé ce roman en déplorant qu'il faille en passer par ces extrêmes pour faire parler d'un livre, pour créer le buzz de cette manière si artificielle et tapageuse.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2024.
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J'ai sorti la crème solaire. Bien sûr.
On m'a dit Sri Lanka, j'ai déroulé tous les clichés, cartes postales bien fixées, eaux turquoises, bouddhas dorés...

J'ai compris très vite.

On ne connaît pas le Sri Lanka

Almeida est mort. Ça, c'est établi. Il fait la gueule, y a de quoi, mais il n'est pas le seul dans ce grand bureau céleste. Ça pullule de défunts. Il a sept lunes, une semaine, pour comprendre pourquoi, et comment et par qui, il a été assassiné.
Son appareil photo cassé autour du cou.
Talisman inutile, son dernier lien au monde des vivants.

Une mission l'anime.
Dévoiler les clichés du conflit sanglant qui agite le Sri Lanka, les différents protagonistes de ces crimes et leurs victimes, toujours plus nombreuses.

Mais là où il se trouve comme sur Terre, heurts et manipulations s'épanouissent. Almeida ne sait plus à qui se fier.
Son amant ?
Le fantome de sa prof ?
L'amoureuse platonique ?
Le démon qui lui promet réparation ?

J'ai une tendresse pour le Booker Prize.
Et une fois encore, il ne me déçoit pas !
Entre folklore et mythologie Sri lankaise, on est plongé ici dans une écriture tantôt incisive, tantôt divertissante.
Critique sociale sans concession, brillante, romanesque...
Une belle découverte
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Il y a eu des livres d'écrivains sri-lankais, qui ont reçu un accueil confidentiel, quand ils ont été traduits. Il y a eu Dheepan, Palme d'or à Cannes, le beau film de Jacques Audiard, autour d'un réfugié tamoul. Il y a eu 26 ans d'une guerre civile atroce dans l'ancien Ceylan, qui n'a pas vraiment attiré l'attention des médias occidentaux : trop longue, trop lointaine, trop complexe. Maintenant, il y a Les sept lunes de Maali Almeida, qui a valu à son auteur, Shehan Karunatilaka, d'obtenir le très prestigieux Booker Prize. En le recevant, celui-ci a remercié son éditeur d'avoir publié ce livre "bizarre, difficile, étrange." D'autres qualificatifs pourraient être ajoutés : dense, labyrinthique, inextricable, sombre, satirique, fantastique... Cette histoire d'un mort récent, stationné dans un entre-deux administratif, et qui a 7 jours pour découvrir qui l'a tué et pour quelles raisons, se déroule au plus fort de la guerre, que le héros du livre documente en tant que photographe. Il faut s'accrocher à la lecture de ces sept lunes, entre le monde fantastique des morts-conscients et le théâtre des vivants du Sri Lanka, tandis que les dernières heures de Maali Almeida nous sont progressivement dévoilées. Malgré ou à cause de son style ébouriffant, le livre est épuisant pour peu que l'on se détache de son intrigue à plusieurs têtes et que l'on n'arrive pas à suffisamment se passionner pour son héros très excessif. Les sept lunes de Maali Almeida appartient à cette catégorie de livres, assez rares, en définitive, dont on ne peut louer que la richesse et la virtuosité, mais qui, dans le même temps, peuvent susciter un grand attachement autant qu'un renoncement graduel, devant une telle accumulation d'horreurs, de sortilèges et de chaos.
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Avant Maali Almeida était photographe de guerre et fixeur pour des médias internationaux et des associations humanitaires. Avec le nombre de conflits, d'émeutes et d'insurrections au Sri Lanka, il n'avait pas besoin de quitter son île pour travailler. Mais ça c'était avant. Avant qu'il ne prenne des clichés compromettant de membres du gouvernement participant au massacre des Tamouls à Colombo en 1983.

Car maintenant, Maali gît au fond d'un lac, découpé en morceaux, comme tant d'autres victimes des « escadrons de la mort ».

Mais au Sri Lanka, les esprits peuvent rester dans l'Entre-Deux pendant 7 lunes pour décider de ce qu'ils veulent faire de leur mort, se venger en pactisant avec le diable, tout oublier et se réincarner ou rejoindre la Lumière pour guider les autres.

Maali veut avant tout que ses photos soient publiées, pour dénoncer les assassinats de masse et la torture institutionnalisée. Mais 7 lunes, c'est bien court pour parvenir à ses fins

Il faut entrer dans ce roman particulier, peuplé d'âmes errantes, pour voir au-delà des folies de ces êtres désincarnés, le témoignage que nous offre Shehan Karunatilaka sur un état insulaire déchiré par les guerres ethniques.

Et c'est tout un pays qui se dévoile, avec l'Histoire des premières colonisations, la grande diversité religieuse et le mode de vie mêlant tradition et modernisme d'un peuple multiculturel. A travers le périple de l'esprit de Maali dans les rues de Colombo, l'auteur nous raconte la vie trépidante et engagée de cet homme libre, flambeur et gay.

Ce roman est aussi un prétexte pour nous parler d'une guerre civile permanente, de la police gouvernementale corrompue, de l'armée terroriste des Tigres et des pressions de la Communauté internationale.

J'ai trouvé la situation politique de ce pays d'Asie assez complexe et je m'y suis parfois un peu perdue, mais la découverte de l'ex-Ceylan que je connaissais à peine m'a vraiment passionnée. Et puis au fil des pages, je me suis habituée à ces fantômes qui peuplent l'ile et ils ont fini par me séduire autant que les vivants qu'ils accompagnent.

Une étonnante révélation.
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Une lecture exigeante dont la forme particulière est assez déstabilisante. L'aspect historique se mêle à l'imaginaire accompagné d'un humour noir grinçant. Couac ! Il faut s'accrocher à ce contenu très riche, rapide et ne pas espérer tout y comprendre, folklore et mythologie se côtoyant dans une réalité meurtrière glaçante.
Un texte obscur avec une multitude de thèmes abordés. Étonnante lecture qui marque l'esprit.
http://www.mesecritsdunjour.com/2024/04/les-sept-lunes-de-maali-almeida-shehan-karunatilaka.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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