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3,53

sur 564 notes
Lu en anglais.
J'avais acheté ce livre de Laura Kasischke après avoir entendu du bien de cette auteure. Je voulais juste pratiquer mon anglais et passer un bon moment sans trop me creuser la tête. Echec total avec ce roman qui n'a pas cessé de m'agacer ! Quel ramassis de clichés ! La couverture nunuche à souhait aurait dû m'alerter: "sex, mystery, betrayal, intrigue and violence, all wrapped up in the disturbing world of a middle-aged woman's deepest desires."
La quadra bourgeoise qui s'ennuie quand son fils adoré part à l'université (quelle tristesse de ne plus pouvoir faire des cup cakes pour toute la classe) et qui prend un amant....Les animaux morts toutes les deux pages en guise de mauvais présage...Des scènes de sexe à pleurer où Sherry (l'héroïne en question) est le jouet passif de son mari et son amant...mais mon Dieu dans quelle époque vit Laura Kasischke ? C'est une femme qui écrit ces scènes ? je me suis sentie trahie ! Bref, on ne va pas en faire un plat, mais Laura Kasischke c'est fini pour moi ! Il reste l'écriture, il est vrai assez imagée et troublante .
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Ils ont tout pour être heureux,oui mais voilà, mariés depuis plus de 20 ans,ils s'ennuient parfois au lit. Alors ils partagent leurs fantasmes et pimentent un peu leur vie sexuelle en jouant des rôles.Cà les regarde,non?
Bon, rien de spectaculaire,et ça rompt la monotonie d'une vie bien huilée.
Trop huilée ?
Et puis madame souffre aussi du syndrome du nid vide.Le fiston ne revient que ponctuellement chez papa-maman,oui, madame,ils font tous ça...
Tout est réuni pour le dérapage incontrôlé.
Laura kasischke a le chic pour glisser des grains de sable,un par un,dans les machines trop bien huilées de nos sociétés où,si tout s'acquiert facilement,il est si facile d'être seul.e et de perdre ses repères.
Plein à l'extérieur,vide en dedans.
Les amarres sont rompus,les chiens sont lâchés,le diable est dans les détails.
Et si vous pensez que les fantasmes sont faits pour être réalisés,vous allez changer d'avis.
Comme d'habitude Laura Kasischke nous titille et ne nous lâche pas , l'histoire est sombre,très sombre sous l'apparence ordonnée et rassurante,place à L'expression de nos bas instincts, luxure, tromperie,mensonges, violences.,le beau petit monde bien rangé est un repère de menteurs, prêts à tout pour arriver à leurs fins et faire passer leurs désirs avant celui des autres,en bons petits prédateurs égoïstes qu'ils sont tous avec une telle bonne conscience !!! à bon entendeur salut


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Livre lu dans le cadre du défi Lectures 2022 des Editions du Seuil, item "lire un livre dont le titre contient le mot toujours". C'est donc chose faite ! A la réflexion, je me demande pourquoi ce livre se trouvait dans ma "pile à lire" ? Qu'est-ce qui avait bien pu m'attirer alors dans le résumé de 4e de couverture pour que je l'achète ?

Bon, clairement, je me suis particulièrement ennuyée à cette lecture et j'ai eu bien du mal à aller au bout (d'où la seule étoile comme note). Mais je suis allée au bout, et cette étoile ne vaut que pour la troisième partie qui m'a quelque peu réveillée, même si je l'ai trouvée particulièrement tirée par les cheveux.

Donc, j'ai eu bien du mal à m'intéresser aux atermoiements de cette "pauvre" Sherry Seymour qui du jour où son fiston de dix-huit ans - quitte le nid familial pour suivre des études dans une prestigieuse université californienne - a bien du mal à trouver une raison d'être à sa vie, conditionnée qu'elle a été pendant vingt ans à être une bonne mère, une bonne épouse, une bonne voisine, une bonne parent d'élève, etc. Que de clichés qui m'ont révulsée (on est très loin du vécu des femmes françaises et heureusement) ! Et pourtant, je pense que l'auteure ne fait que transcrire ici la réalité de millions de femmes américaines enfermées dans ce stéréotype. Mais en même temps, la lectrice que je suis ne peut pas s'empêcher de ne pas la plaindre considérant sa vie de rêve (bourgeoise ne travaillant presque pas et vivant dans une banlieue cossue) au regard de la réalité vécue par de millions d'autres femmes confrontées à la pauvreté, à l'impossibilité d'accéder aux études, de se soigner, de se loger correctement, quand elles ne sont pas confrontées à la drogue ou à la violence conjugale.

C'est ainsi que dans son quotidien morne de femme de 40 ans libérée de ses obligations maternelles, l'imprévu survient au travers d'un mot d'amour anonyme laissé dans son casier de professeur d'université (vraiment pas très assidue ni concernée par son métier manifestement). On assiste alors à une lente montée en puissance de son intérêt pour cet inconnu qui lui écrit et à une résurgence progressive de sa libido mise en sommeil, activée à la fois par ses fantasmes liés à cet homme qui la courtise sans le faire directement et dont elle ne sait rien et par l'incompréhensible et soudaine réactivation conjointe de la libido de son mari qui semble lui-même fantasmer sur les implications possibles de cette correspondance anonyme dont il a été informé (vous en connaissez, vous, des maris qui poussent leur femme à la faute et qui exigent de tout en savoir ?).
Jusqu'au "craquage" et sa redécouverte du plaisir sexuel. Là, on est carrément dans "50 nuances de gris". Cela semble tellement peu crédible tant on connaît le puritanisme américain !
Si elle semble dans un premier temps s'éclater, il n'en reste pas moins que l'auteure fait d'elle une femme soumise à l'emprise physique et psychologique de son amant, mais aussi de son mari. Vraiment, j'ai eu du mal à adhérer !
Et puis, au fil de longueurs narratives allant de l'état d'avancement de décomposition d'une biche écrasée sur la route aux multiples petits gestes du quotidien (le lavage des tee-shirts de son fils ou la façon dont elle remet de l'ordre au lit conjugal après avoir fait l'amour avec son amant...) en passant par ses relations ou non-relations avec ses collègues de travail ou encore son intérêt tout maternel pour un copain d'enfance de son fils... on arrive bon an, mal an au dénouement de cette liaison adultère et à l'explication des nombreux imbroglios qui en sont à l'origine et les conséquences qui en ont résulté.

Certes, on se laisse surprendre par la fin (mais des indices avaient été semés ici ou là pour laisser entrevoir la chute) mais franchement, là encore, cela manque de crédibilité et cela en est presque risible.

Je m'étais interrogée sur le choix de l'auteure de séparer son livre en trois parties commençant par "Un", "Deux", "Trois". A la réflexion et considérant la fin, je pense qu'elle a voulu distiller l'idée subliminale d'une tragédie en trois actes qui est en train de se jouer. Quant au style d'écriture, c'est fluide et ça se laisse lire, mais vraiment c'est le fond qui pèche. L'auteure se perd trop souvent dans des détails dont on se fiche (ça ronronne), ce qui imprime une vraie lenteur au récit. Et son histoire n'est vraiment pas très crédible, du moins, est-ce mon point de vue.

Bon, un roman qui ne me laissera aucun souvenir sinon celui d'avoir fait le mauvais choix en le lisant. Je me demande encore comment certains critiques littéraires peuvent avoir été si dithyrambiques sur cette auteure et sur ce livre (intérêt commercial ?). Je constate toutefois sur Babelio la présence d'autres critiques négatives, ce qui de mon point de vue de lectrice, me rassure. Je n'ai pas été la seule à avoir ce ressenti.
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Ouf, j'ai eu peur : pendant un instant, bien cru qu'il y avait deux Laura Kasischke !
Celle du magistral Esprit d'hiver (suspens, angoisse, pirouette finale surprenante !), et puis une autre Kasischke, à première vue un peu moins inspirée, celle d'À moi pour toujours...

J'ai rencontré la première Laura en début d'année, et j'ai encore en mémoire l'atmosphère oppressante de son brillant huis-clos familial, qui m'avait plongé de manière saisissante dans les méandres d'une âme en souffrance.
Je me faisais donc une joie de réitérer l'expérience mais quelle ne fut pas mon étonnement, en entamant cette nouvelle lecture, d'y découvrir une histoire d'adultère des plus triviales, sorte de romance érotique pour ménagère en mal de frisson coquin ? Une professeur d'université en pleine crise de la quarantaine et bien vite obsédée par les petits mots doux qu'un admirateur secret dépose régulièrement dans son casier, un mari qui espére pimenter sa vie de couple en poussant sa femme dans les bras d'un autre, un amant fougueux et des galipettes à répétition comme seules moteur narratif pour une intrigue qui peine à décoller : que diable suis-je allé faire dans cette galère ? me suis-je demandé pendant toute la première moitié du livre ! La couverture insipide et la mièvrerie du titre auraient pourtant dû me mettre la puce à l'oreille !

Et puis doucement, à mesure que le mystère s'épaissit quant à l'identité de l'amoureux transi et que la pauvre quadragénaire sent la situation lui échapper, l'effet Kasischke commence à opérer.
Bientôt un certain malaise gagne le lecteur, qui voit venir le drame sans pouvoir précisément deviner quand et comment tout va dégénérer. C'est ainsi que tout s'embrase, et qu'enfin j'ai pris plaisir à retrouver ce qui m'avait tellement plu dans Esprit d'hiver : la montée en tension progressive, les secrets devenus trop durs à taire et les failles qui de page en page fragilisent la narratrice, à la manière de fissures menaçant les fondations d'un édifice jusqu'à son inéluctable effondrement.

Ajoutons à tout ça la mise en scène de fantasmes pour le moins "curieux", et la température montera encore d'un cran dans cette cocotte-minute au bord de l'implosion.
Tous les personnages (Sherry et son mari, mais aussi leur fils, un ami de ce dernier, quelques collègue de l'université et bien sûr l'amant impétueux) se retrouvent mêlés au drame qui se noue et qui dépasse la simple affaire d'infidélité, dont j'avais d'abord craint qu'elle ne constitue le coeur du roman. Alors les quiproquos, les mensonges et les trahisons s'enchaînent, et chacun se méprend sur les intentions des autres.

Finalement, malgré un démarrage un peu poussif, l'étonnante Laura Kasischke a encore réussi à m'embarquer dans cette histoire familiale tendue, troublante, et plutôt immorale. Elle aime décidément entraîner son lecteur dans les coulisses des banlieues américaines huppées, où le vernis des apparences et de la réussite sociale commence à s'effriter.
Si je lui reconnais beaucoup de talent pour pénétrer dans l'intimité de ses personnages (féminins, surtout) et pour exposer leurs pulsions, leurs désirs, leurs doutes et leurs frustrations, j'espère avoir prochainement l'occasion de la redécouvrir dans un autre registre.
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(mars 2011) L'Histoire commence "En ouvrant la porte pour sortir ce matin, je découvris une écharpe de sang, gisant dans l'allée enneigée. Comme un mauvais présage, comme une menace, ou encore un sinistre souhait de Saint-Valentin …"

J'ai aimé ce livre, même s'il m'a réclamé de la patience et du temps pour m'y plonger. Les tâtonnements du début auraient dû me faire abandonner ma lecture (je suis une lectrice qui ne craint pas de le faire, tant et tant de livres à lire avec bonheur, pourquoi souffrir ?!). Et non, je ne l'ai pas lâché. En effet, cette écrivain a un talent pour décrire l'intime, ses faits, ses gestes, ses pensées, qui m'a accrochée à l'intrigue. Et oui, je dis intrigue. Ce roman de la vie d'une femme tourne, au moment où le lecteur se demande comment l'auteur va sortir de ces tribulations quotidiennes, au thriller psychologique. C'est très bien ficelé.

J'ai aimé l'héroïne de ce livre … Les hommes sont-ils privés de ce qui est le quotidien des états d'âme dits des femmes? Je ne le sais pas. Ce que je sais, c'est que j'ai trouvé admirable la retranscription de ces pensées rapides, légères, profondes, ces sautes d'humeur incompréhensibles, ces associations d'idées, ces vagues d'émotions, tous ces élans fugaces et inexplicables des femmes. Fait écho encore ce besoin de nouveauté, de mystère, de romantisme secret. Alors dresser ce portrait féminin dans le décor de la Saint Valentin est fin. Les anti Saint Valentin, l'associant à d'affreuses actions marketing, ne peuvent pas détrôner l'inconscient collectif tenu par le romantisme. Comment lutter contre le désir légitime de chacun d'être l'essentiel d'un autre ?

J'ai aimé le couple de ce livre … L'auteur nous fait la grâce du couple usé et triste classique. Ici, l'un et l'autre ont pris soin de chacun, soi et l'autre. Ils s'aiment et ils sont encore beaux, car ils s'y efforcent. Ici, les enfants n'ont pas mangé plus que leur part. Il n'y en a qu'un, il est à l'université, et fier de ses parents qui existent en tant que couple. Ici, le social à bonne figure ne l'emporte pas sur l'intimité qui n'existerait plus. Ce couple a une vie non seulement sexuée, mais débridée de surcroît. Ici, l'ennui domestique ne patine pas de gris le quotidien. Chacun travaille et apprécie son job.

Et quelque chose va se passer, et ce quelque chose va produire des tas d'autres petites choses. Je ne vous en dis qu'une, celle déjà annoncée par la quatrième de couverture : l'héroïne reçoit un mot doux d'un inconnu ….

La femme mûre est prise dans l'étourdissement de la jeune fille, dans la vague déferlante du désir, remuant les flux de l'excitation contre laquelle la honte ne peut rien, voire l'attise. Entrée dans un monde de sensations nouvelles, basculer dans l'adultère fait office de libération. Ce n'est pas si facile de tromper son conjoint. Entre rêver faire et faire, il y a une immensité de regards, de gestes, de peurs. Et tout d'un coup, vous êtes désiré(e), dénudé(e), regardé(e) nouvellement.

Sous le regard nouveau d'un amant, d'une maîtresse, c'est 10 ans, 15 ans, 20 ans que l'on offre d'un coup d'un seul, un changement irrévocable et brutal, loin du confort, qui endort, d'être approché(e) par un conjoint qui s'est imperceptiblement habitué aux changements qui se sont imposés au cours du temps. Il en faut du courage, du respect et de l'estime de soi pour passer le pas. Et l'histoire bascule par son désir débordant.

Puis viennent les ingrédients qui mènent au drame… Aimer, haïr, jalouser, fantasmer, mentir, imaginer, interroger, punir, …. tout s'accélère car ainsi vont les hommes et les femmes d'une même histoire, ils arrivent tous à un point de rencontre sans qu'il n'ait plus aucune possibilité de contrôle. Et le roman à l'eau de Saint Valentin se transforma en thriller psychologique !…
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Je viens de relire ce roman pour la deuxième fois. J'avais oublié le scénario. Ce n'est qu'aux trois quarts du roman que je me suis dit...ça me dit quelque chose cette histoire. En réalité, j'avais lu une première fois en version originale, j'avais plutôt aimé je crois. Relecture quelques années plus tard en français. Un début poussif et enfin ça s'emballe un peu mais d'un manière pas franchement thriller mais un peu glauque. On sent voir le drame arriver, et puis non mais finalement si... un autre drame et puis non mais finalement ....une autre issue et finalement non !! Après avoir joué avec nous en nous menant de fausses pistes en fausses pistes, on y est tout est bien qui finit bien. L'amant que l'on prenait pour une sacré terreur, un gros nounours un peu macho. le mari complètement tordu, un bon père de famille, le gamin aux allures de psychopathe finalement juste un fiston qui aime un peu trop sa maman. Comme Laura, je brouille un peu les piste pour ne pas dévoiler la véritable histoire. Mais l'idée est là. Bref, même si le roman se lit d'une seule traite, il n'est pas totalement réussi et nous laisse un petite saveur de déception en bouche. Comme un vin que l'on aurait aimé et puis en le goûtant à nouveau on se dit finalement qu'il manque un peu de caractère. Un Beaujolais à boire en été, au moment des vacances mais qu'on oublie aussi rapidement qu'il est venu. J'espère ne pas le lire une 3ème fois mais qui sait....
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Note : 7/10
Comme dans tous ses romans laura kasischke sait vous emporter avec elle dans la vie de tous ses personnages. Cette fois ci encore en 300 pages j'ai fais partie de cette histoire, de cette famille et de cette intrigue hors du commun.

Nous suivons ici Sherry Seymour jeune quarantenaire mariée et mère d'un fils a l'université. Prof d'anglais, sa vie est bien réglée jusqu'à ce qu'elle reçoive le jour de la Saint Valentin une carte dans son casier lui disant « Sois à moi pour toujours ».
Des lors Sherry n'aura plus qu'un seul but : retrouver l'émetteur de ces lettres qui semble mettre un peu de fantaisie dans sa vie un peu trop morne.
Mais de découvertes invraisemblables en actes démesurés, Sherry va devoir affronter des situations qui deviennent de plus en plus malsaines et qui feront beaucoup de dommages collatéraux
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Laura Kasischke, nous invite dans la vie apparemment paisible de Sherry Seymour. Pourtant, le temps passe, l'âge vient, la routine s'installe. Sherry la quarantaine, est enseignante à l'université, mariée au même homme depuis vingt ans, mère d'un garçon que ses études ont éloigné. le jour de la Saint-Valentin, un admirateur anonyme lui déclare son amour. « Sois à moi pour toujours », cinq mots qui giflent, glissés dans sa boîte aux lettres. Ajoutez à cela la vue d'une biche écrasée, un lapin tué, du sang sur la neige blanche, et c'est toute une forêt de symboles qui annonce la chute d'un destin parfait.
Le décor planté, Laura Kasischke instille le venin goutte à goutte dans les relations entre Sherry et son mari, amour, provocation, suspicion, chagrin, tout se bouscule.

J'ai aimé cette ambiance lourde et malsaine tellement bien décrite par l'auteure que l'on peut presque se sentir voyeur dans cette sombre histoire.
L'écriture est parfaite, fluide et directe, on y retrouve toute la force de l'auteure. Cette dernière se fait un plaisir de jouer sur les ambiguïtés pour mieux nous perturber et nous induire en erreur. C'est subtil mais pas machiavélique.
Seulement diablement efficace et addictif.

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Ne pas se fier à la couverture... c'est un roman noir, corsé et tortueux, qui se cache derrière ce truc sirupeux.
Les tourments d'une prof de littérature, la quarantaine sonnée, le fils unique parti pour l'université. Banal ? Pas avec Laura Kasischke.
D'abord, l'apparition d'un admirateur secret va venir bousculer cette vie en apparence bien rangée.
Ensuite, et c'est décidément un art que l'auteure maîtrise à la perfection, le lecteur est littéralement plongé dans l'esprit de cette femme, et du tournant que prend sa vie. Elle qui s'était construite comme mère de famille et épouse aimante voit ses repères chanceler.
J'ai à nouveau été bluffée par la justesse psychologique avec laquelle Laura Kasischke aborde ce personnage féminin. Sa manière de distiller le malaise et d'amorcer le drame qui couve est remarquable.
J'ai bien déploré quelques longueurs. Mais c'est peut-être le prix à payer pour explorer une famille ordinaire avec tant d'acuité. Un tableau au vitriol de l'Amérique aisée, mais avec une plume pleine de finesse et de sensualité.
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La femme encore jeune mais plus si jeune : du syndrome du nid vide au désir de se savoir encore belle et désirée, Laura Kasischke a su tout nous raconter. Tout.

Ce roman nous plonge dans l'intimité la plus profonde de Sherry : femme de Jon, mère de Chad, amie de Sue. Prof d'anglais dans une petite université. Habitant dans une belle maison ancienne à la campagne.
Elle a tout pour être heureuse, cette femme. Tout.
Mais un jour de St Valentin, un mystérieux billet s'est glissé dans son casier à l'université : « Sois à moi pour toujours ».
Et voilà lancée la machine à fantasmes, une machine qui va s'emballer au-delà de ce qu'on aurait pu imaginer…

Il y a des romans, comme ça, qui vous touchent particulièrement. C'est ce qui m'est arrivé avec celui-ci. Et pourtant, je ne ressemble pas à cette femme, mais je la comprends totalement. L'auteure a tellement bien mis à nu les fibres de l'être féminin que je n'ai pu qu'adhérer.
Le rapport à l'enfant, le souvenir des années passées à le chérir, à l'éduquer, le conduire à l'école, lui confectionner des gâteaux, lui lire des livres le soir, inviter ses copains, et puis le déchirement lorsqu'il quitte le nid pour faire ses études.
Le rapport au mari, aimé depuis plus de vingt ans, malgré la routine, le quotidien.
Le rapport à la meilleure amie, celle à qui on raconte tout, sans crainte d'être jugée.
Le rapport au père, vieux, pas loin de mourir, dans un home.
Le rapport aux autres hommes, de tous âges. La peur de vieillir, de ne plus être regardée, désirée.

Et quand ce billet porteur de tous les fantasmes arrive, toutes les contradictions féminines convergent en cette femme et font d'elle un être de chair, de fragilité et de force à la fois.
Un glissement se fait dans sa vie et dans son coeur, léger comme une plume, mais qui deviendra pesant, puis écrasant, jusqu'au drame.
Car Laura Kasischke n'est pas qu'une formidable analyste des sentiments, elle est aussi une instigatrice d'ambiances délétères, portées par un style fin et percutant. Elle m'a fait penser, ici, à Joyce Carol Oates, l'auteure américaine que j'adore et que beaucoup sur Babelio vénèrent également.

« Sois à moi pour toujours » : excitant…mais tellement dangereux.
Un énorme coup de coeur.
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