Laura Kasischke est une auteure dont l'univers m'intrigue depuis pas mal de temps. Il y a quelques mois, j'ai lu La vie devant soi, et j'en étais ressortie assez déboussolée. Elle avait réussi à m'embarquer dans cette histoire au départ banale, d'une femme qui a réussi, tout en m'amenant presque sans que je m'en rende compte dans une ambiance mystique, entre rêve et réalité. Tout au long de ma lecture, j'avais attendu la fin avec impatience et je m'étais finalement retrouvée un peu pantoise face à mes espérances déçues et surtout, même pas certaine d'avoir compris la manière dont
Laura Kasischke clôturait son récit.
Pas découragée pour autant, puisque toujours curieuse de découvrir les oeuvres de cette auteure bien particulière, j'ai voulu retenter l'expérience avec son dernier ouvrage en date :
Eden Springs.
Dans ce nouveau livre, plutôt court (c'est une novella), elle revient sur l'histoire de la Maison de David, créée par Benjamin Purnell dans le Michigan au début des années 1900.
Cette communauté prendra très vite une ampleur dépassant les frontières mêmes des États-Unis, son charismatique prédicateur promettant à tous vie et jeunesse éternelles. L'idéal étant quand même de pouvoir compter une majorité de jolies jeunes filles parmi ses disciples. Grâce à son éloquence et son pouvoir de séduction (assez remarquables, il faut le reconnaître), ce cher Benji, comme pas mal de ses copains gourou avant (et après) lui, va se payer le luxe de profiter assez largement (pour ne pas dire complètement exclusivement) des charmes de ses jeunes et naïves adeptes.
A partir de cette base, inspirée d'une histoire vraie,
Laura Kasischke nous emmène à la rencontre de cette étrange communauté, qui, au delà d'une « spiritualité » affichée, est surtout devenue une entreprise à part entière, avec son parc d'attraction, son zoo, ses stands de nourriture… A chaque chapitre (dont l'entête est chaque fois ponctuée d'une archive d'époque), on découvre un personnage, toutes des femmes, à l'exception de ceux dédiés à Purnell. le fil conducteur du récit étant la découverte, dès les premières pages, du cadavre d'une jeune adolescente dont la sépulture avait été maquillée, affichant le nom d'une vieille femme.
On avait donc là tous les éléments pour nous assurer une lecture prenante, un peu inquiétante, et très mystérieuse. Bref, le genre de lecture dont on n'a pas envie de sortir de sitôt.
Tout ça, on le retrouve, ça ne fait aucun doute, mais le problème, c'est que c'est l'auteure elle-même qui m'a fait sortir de la lecture beaucoup trop tôt. J'en attendais beaucoup plus. Je voulais connaître le parcours de Cora, de Lena et de toutes les autres. Je voulais plus qu'une simple description de tranches de vie. Je voulais tout savoir !
Je ressors de cette deuxième expérience avec
Laura Kasischke encore plus frustrée que la première fois. Ce qui est troublant c'est que j'ai vraiment aimé ce que j'ai lu. le récit est bien mené, le mélange entre réalité et fiction fonctionne bien. Bref, j'ai été dedans jusqu'au bout. Et puis d'un coup tout s'arrête, et comme on dit « Démerdes-toi Jeannot ! ». Je dis non.
Malgré tout, en y réfléchissant avec un peu de recul, je me doute que c'est un parti pris. Finalement, pourquoi nous en dire plus sur ces personnages puisque de toute façon, en entrant dans cette communauté, leur ancien « moi » était effacé ? On est à la fois spectateurs et acteurs de cette histoire, puisqu'elle nous permet de nous mettre, sur des courts chapitres, dans la peau de ces hommes et de ces femmes qui, un jour, sont tombés sous le charme d'un imposteur, qui en leur faisant miroiter tout, les a laissés sans rien.
Laura Kasischke nous met face à des thèmes qui m'ont l'air plutôt récurrents dans sa bibliographie : la mort, les relations malsaines, l'étrange.
Un article un peu « mi-figue, mi-raisin » pour une lecture qui peut paraître en demie-teinte mais qui vaut vraiment le coup d'oeil.
Laura Kasischke, je reviendrai !
Le Joli
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