AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Charybde2


Restant toutefois un peu en demi-teinte, le beau récit d'une immersion géographique et historique dans le vent des Kerguelen.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/09/18/note-de-lecture-larche-des-kerguelen-jean-paul-kauffmann/

Premier récit publié sous forme de livre à part entière du journaliste Jean-Paul Kauffmann, aux éditions Flammarion en 1992, « L'arche des Kerguelen » (sous-titré « Voyage aux îles de la Désolation » dans les premières éditions), en prenant pour sujet central un archipel ô combien fascinant, dans sa nudité apparente même, concentre la plupart des beautés et un bon nombre des pièges de la littérature de voyage de la fin du XXème siècle, telle que la décrivait Emmanuel Ruben dans son « Dans les ruines de la carte » (dont on aimerait tant ici qu'il soit prochainement réédité). Nettement plus érudit, certainement (en particulier dans son retraçage des heurs et malheurs du « découvreur » de ces îles) que le roman graphique d'Emmanuel Lepage, « Voyage aux îles de la Désolation », qui lui est postérieur de presque vingt ans, il est aussi nettement moins incisif. La quête de la « belle formule », souvent réussie – et parfois un peu ratée -, est toujours apparente – ce qu'évitera par exemple, au prix d'une introspection plus fondamentale, et d'une insertion dans une mélancolie géopolitique si poignante, le Vassili Golovanov de « Éloge des voyages insensés » (2002), à propos de l'île Kolgouev, au nord de la mer Blanche.

À la décharge du journaliste alors bien lancé sur le chemin d'un devenir-écrivain, ce voyage – et son compte-rendu peut-être trop habité, donc, de passages obligés et de quelques ressassements (sans tomber, loin de là, dans le maniement intensif de clichés du voyage érudit qui viennent gâcher la marchandise dans certaines tentatives de confrères – intervient peu de temps (deux ans et quelques mois) après la fin du calvaire vécu en tant qu'otage au Liban de mai 1985 à mai 1988, et l'on sait désormais à quel point il fallut du temps à Jean-Paul Kauffmann pour pouvoir retrouver ses sensations après une telle épreuve. Lorsque ces démons auront été affrontés et vaincus, ultérieurement, et qu'une forme d'humour sincère réapparaîtra, on pourra alors se délecter d'ouvrages moins directement proches de la tentative de catharsis, tels que, par exemple, « La maison du retour » en 2007 ou le superbe « Venise à double tour » en 2019, parmi bien d'autres. « L'arche des Kerguelen » n'en demeure pas moins une lecture captivante, où le sentiment de l'absence de quelque chose de largement indéfinissable ne gâche tout de même qu'à peine le plaisir à l'oeuvre.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}