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Citations sur Vertige, tome 1 : Wrecked (26)

Ici, rien n'est réel. Chez moi, la musique attire l'œil sur des musiciens en chair et en os. Les bougies et les lampes d'ambiances servent à éclairer la pièce et les tables sont en vrais bois. Les gens bavardent simplement sans se demander qui les regarde.
Ici, même l'odeur de l'air filtré semble fausse. Les flammes des bougies qui dansent dans les appliques sont animées par une énergie régulière. Les plateaux circulent parmi les invités comme portés par des serveurs invisibles. Le quintette à cordes est un hologramme parfait infaillible, identique à chaque représentation.
Je préférerais mille fois une soirée tranquille avec les hommes de ma section à ce simulacre de scène de roman historique.
Malgré les artifices victoriens à la mode, il est impossible de cacher où nous sommes. Derrière les hublots, les étoiles sont de pâles lignes blanches presque invisibles, irréelles. L'Icare, filant dans l'hyperespace, semblait tout aussi pâle, presque transparent, à un observateur immobile capable de voir passer un vaisseau plus vite que la lumière.
Appuyé contre la bibliothèque, je me rends soudain compte que les livres, eux, sont réels. Je lève une main, passe les doigts sur le cuir rugueux de leurs reliures anciennes, puis en saisis un. Personne ne lit ces ouvrages. Purement décoratifs, ils ont été choisis pour la beauté de leur reliure, pas pour leur contenu. Celui que j'ai choisi ne manquera à personne et j'ai besoin d'une dose de réalité.
Bientôt, je pourrai cesser de sourire aux caméras, comme j'en ai reçu l'ordre, et m'en aller. Les pontes de l'état-major croient que mêler des officiers de terrain au gratin créera une sorte de connivence. Ils veulent que les paparazzi de l'Icare me voient côtoyer l'élite. Moi, le jeune homme de basse extraction qui a réussi... Je croyais que les photographes en auraient vite assez de me tirer le portrait, un verre à la main dans le salon des premières classes, mais je suis à bord depuis deux semaines et ils sont toujours après moi.
Ces gens-là adorent les bonnes histoires de pauvres qui deviennent riches. Ma richesse à moi se résume aux médailles épinglées sur ma poitrine, mais ça fait tout de même de jolis articles dans les journaux. C'est une bonne publicité pour l'armée et pour les riches, et ça donne un peu d'espoir aux pauvres. Vous voyez, disent les gros titres, vous pouvez accéder en un rien de temps à la richesse et à la célébrité. Si un petit provincial peut réussir, pourquoi pas vous ?
Sans ce qui est arrivé sur Patron, je ne serais pas ici. Ce qu'ils qualifient d'héroïsme, je le qualifie, moi, d'échec tragique. Mais personne ne me demande mon avis.
J'observe les groupes de femmes en robes de couleurs vives, les officiers en grand uniforme, comme moi, les hommes en queue-de-pie et haut-de-forme. Les mouvements de la foule me gênent... Je ne m'habituerai jamais à ces salons.
Mon regard est attiré par un homme qui vient d'entrer. Tout, chez lui, indique qu'il n'a pas sa place ici, et qu'il fait son possible pour passer inaperçu. Son queue-de-pie noir est élimé, son haut-de-forme ne porte pas le ruban de salin luisant à la mode. Il a des rides aux coins des yeux et autour de la bouche ; sa peau est burinée, brunie par le soleil. Et il est nerveux : épaules voûtées, doigts serrant puis lâchant le revers de sa veste. J'ai appris à repérer ce qui cloche en toute situation et, dans cet océan de visages parfaits - grâce à la chirurgie -, cet homme est un phare !
Mon cœur se met à battre plus vite. J'ai fait de longs séjours dans les colonies, où toute anomalie peut se révéler fatale. Je m'éloigne de la bibliothèque et me dirige vers lui. Je veux connaître la raison de sa présence ici. Mais je suis obligé de progresser lentement, en tenant compte des mouvements de la foule, pour en pas attirer l'attention. En plus, si cet individu est dangereux, la plus petite altération de l'atmosphère risque de le pousser à agir.
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Je réalise, soudain, que c’est ce que j’attends d’elle depuis notre première rencontre. Qu’elle me regarde ainsi Maintenant, je ne suis plus pour elle un homme qui a grandi sur une planète de second ordre. Ni un soldat, ni un héros de guerre, ni un rustre qui ne comprend pas à quel point cette épreuve est pénible pour elle.
Elle me voit moi.
Juste moi.
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— J’ai fait un lit pour nous dans le dortoir, déclare Tarver en me précédant dans le couloir.

— Nous ? répété-je en me figeant sur le seuil.

Il se retourne et vient me prendre les mains. Je réussis à ne pas reculer, mais il a senti ma répulsion et me lâche aussitôt.

— Pourquoi ? demande-t-il à voix basse, l’air ravagé.
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- Quelle idée vous faisiez-vous de la planète, en ce premier jour ?

- Visiblement, elle était aux derniers stades de sa terraformation. Nous attendions l'arrivée des équipes de secours.

[...]

- Vos préoccupations principales, à ce moment ?

- Eh bien, Miss LaRoux était invitée à une réception qu'elle ne voulait pas manquer et je...

- Commandant, vous ne semblez pas avoir conscience de la gravité de votre situation.

- Bien sûr que si. A votre avis, quelles pouvaient bien être nos préoccupations principales ?
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— Écoutez-moi ! Quand vous entrerez à l’intérieur, il devrait y avoir un groupe électrogène. Il faut beaucoup de puissance… pour envoyer un signal…

Quoi ?

— Nous verrons cela plus tard, Lilac. Ça n’a pas d’importance.

Elle a mal quelque part, mais je ne vois pas où. Je commence à déboutonner son chemisier d’une main tremblante.

— Nous nous occuperons de ça quand nous serons à l’intérieur, poursuis-je.

— Je… pas moi, Tarver. Je n’y arriverai pas.
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Elle tente faiblement de repousser mon bras, le choc prenant le pas sur la lucidité, et fixe le ciel.

— Vous voyez que c’était mieux que je m’en charge, Tarver… Sinon, c’est vous qui auriez été en mille morceaux.

Je suis en mille morceaux, Lilac.

Et pourtant je continue à parler comme un être vivant.
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Si nous continuons à cette allure, il sera inutile de nous inquiéter de l’animal dont j’ai vu les empreintes. Inutile, aussi, de craindre de nous blesser ou de manquer de rations : nous mourrons de vieillesse à moins de trois kilomètres de la nacelle ! 
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Quand j’aperçois la fille à nouveau, elle me dévisage et, très lentement, ôte un de ses gants, tirant successivement sur chaque doigt.

Je la regarde faire comme un idiot, la gorge serrée et les jambes paralysées.
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- Il y a des draps, on pourra faire un lit. Un vrai. Je ne sais même pas si j’arriverais encore à y dormir.
Elle rit, à présent.
- Oh, faites-moi confiance, Miss LaRoux, je saurai quoi faire, moi… J’ai même toute une liste à votre disposition, si vous voulez.
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- Je voudrais pouvoir m’excuser de ce que je lui ai dit sur le pont-promenade. Lui expliquer que mes propos et mes pensées ne correspondent jamais parce que, dans le monde où je vis, c’est impossible. J’ai la gorge serrée et la bouche sèche. Qu’est-ce qui m’a pris d’attirer comme ça son attention ?
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