Vertige, tome 1 : Wrecked

Elle s’agite en gémissant, avant même d’avoir complètement repris conscience. Quelle râleuse, décidément !

En dépit du danger, je me surprends à penser à son corps pressé contre le mien. Pensée vite repoussée… Le moment est mal choisi, commandant Merendsen !

J’avais glissé sous mon vêtement la délicate fleur violette qu’il m’avait offerte. Je m’aperçois, en ôtant ma robe, qu’elle s’est écrasée sur ma peau, et je suis obligée de la laisser tomber dans la boue.
J’ai dû beaucoup changer, parce que je regrette davantage la perte de cette fleur que celle de ma robe. 

Je m’adosse au panneau de bois synthétique recouvrant l’intérieur de la cabine et fixe le symbole qui la décore : le lambda majuscule correspondant au L de LaRoux Industries, la colossale entreprise de mon père.
Et à deux de mes initiales : Lilac Rose LaRoux.
Drôle de bouquet… Vu mon caractère, mes parents auraient dû m’appeler Épine ou, mieux, Belladone !

Je sais ce que je devrais y voir... et ce n'est pas ça du tout. Derrière les vitres, les étoiles sont alternativement floues et nettes. Ce ne sont pas des lignes élégantes qu'on aperçoit lorsqu'on évolue en vitesse supraluminique. Je n'ai jamais rien vu de tel... C'est comme si l'Icare tentait en vain d'entrer à nouveau dans l'hyperespace. Je ne sais pas ce qui se passera s'il en sort prématurément, mais je suis certain que ça ne sera pas anodin.
Pendant un instant, un objet métallique énorme est visible dans un coin de la baie vitrée ; puis il disparaît. Il m'a semblé si gigantesque qu'il est sans doute capable de faire dévier l'Icare de sa trajectoire.

On ne parle jamais de la mort quand un être cher risque sa vie. Il ne faut pas attirer l'attention de la faucheuse.