Citations sur Alexis Zorba (248)
Ma vie avait fait fausse route et mon contact avec les hommes n'était plus qu'un monologue intérieur. J'étais descendu si bas que si j'avais eu à choisir entre tomber amoureux et lire un bon livre sur l'amour j'aurais choisi le livre.
Nous restâmes silencieux auprès du brasero, tard dans la nuit. Je sentais de nouveau combien le bonheur est une chose simple et frugale: un verre de vin, une châtaigne, un misérable poêle, la rumeur de la mer. Rien d'autre. Et pour sentir que tout cela c'est du bonheur, il ne faut qu'un cœur simple et frugal.
Les visages changent, s'effritent, retournent à la terre; mais d'autres en sortent qui les remplacent. Il n'y a qu'un seul danseur aux masques innombrables, immortel et qui a toujours vingt ans.
Nous sommes de petits vers, Zorba, de tout, tout petit vers sur la petite feuille d'un arbre gigantesque. Cette petite feuille est notre Terre. Les autres feuilles sont les étoiles que tu vois se mouvoir dans la nuit. Nous cheminons sur notre petite feuille en l'examinant anxieusement. Nous la humons, elle sent bon ou mauvais. Nous la goûtons, elle est comestible. Nous tapons dessus, elle résonne et crie comme un être vivant. Quelques hommes, les plus intrépides, arrivent jusqu'au bout de la feuille. De là, nous nous penchons, les yeux grands ouverts, les oreilles tendues, vers le vide. Nous frémissons. Nous devinons au-dessous de nous l'effrayant precipice, nous entendons de loin en loin le bruissement des autres feuilles de l'arbre gigantesque, nous sentons la sève monter des racines de l'arbre et notre coeur se gonfler. Ainsi penchés sur l'abîme, de tout notre corps, de toute notre âme, nous frissonnons de terreur. À partir de ce moment commence...( la poésie/ le grand danger)
Les premières étoiles apparurent et restèrent suspendues en l'air, tremblantes, comme des clochettes d'argent. Toute la nuit tinta.
Je rouvris le livre, le relus. Pourquoi ces poèmes m’avaient-ils passionné pendant tant d’années ? De la poésie pure ! La vie devenue un jeu diaphane, vaporeux, qu’aucune goutte de sang ne vient alourdir. L’élément humain – l’amour, la chair, le cri – est fruste, grossier, impur. Eh bien soit ! Qu’il se mue en idée abstraite et que, dans le creuset de l’esprit, d’alchimie en alchimie, il devienne immatériel et se dissipe !
Tout cela qui m’avait tant séduit, me parut ce matin-là n’être plus qu’artifices de charlatan !
A quoi ça rime, toute cette rage ? C'est ce que je pense, maintenant que j'ai un peu de plomb dans la cervelle. Oui, à quoi ça rime, cette rage qui te jette sur un autre homme qui ne t'a rien fait, te pousse à le mordre, à lui couper le nez, à lui arracher l'oreille, à lui ouvrir le ventre, en appelant Dieu à la rescousse ?
l'âme humaine devrait être faite de bronze ou d'acier..et non de vent !
Nous sommes restés un long moment autour d’un brasero sans dire un mot. Ce fut pour moi l’occasion de vérifier que le bonheur est une chose simple et frugale – un verre de vin, quelques châtaignes, un modeste brasero, la rumeur de la mer ; et rien d’autre. Pour sentir que là est le bonheur, il suffit d’un cœur simple et frugal. (p. 113)
C'est une grande joie d'entrer dans une maison de paysans crétois.
Tout ce qui vous entoure est patriarcal : la cheminée, la lampe à huile, les jarres alignées le long du mur, une table, quelques chaises et, à gauche en entrant, dans un creux du mur, la cruche d'eau fraîche.
Aux poutres pendent des chapelets de coings, de grenades et de plantes aromatiques : sauge, menthe poivrée, romarin, sarriette.
Au fond, trois où quatre marches de bois conduisent à la galerie où se trouvent le lit à tréteaux et, au dessus les saintes icônes avec la veilleuse toujours allumée.
La maison vous paraît vide et pourtant elle possède tout l'indispensable, tant l'homme véritable a besoin de peu de choses.