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4,2

sur 553 notes
Je suis tombé sur Zorba le Grec un peu par hasard à la bibliothèque. J'en avais déjà entendu parler, le personnage éponyme du roman est devenu un référent culturel, même si on ne connaît pas vraiment son histoire. En tous cas, moi, je ne la connaissais pas. Je m'attendais surtout à des aventures pittoresques, dans le genre Tartarin de Tarascon. Erreur. Il s'agit d'un roman touchant, d'une ôde à la liberté et à la beauté du monde.

Tout commence dans un port De Grèce continentale. le narrateur attend le bateau qui l'amènera sur l'île de Crète où il désire exploiter une petite mine. Il croise alors le chemin d'Alexis Zorba, qui cherche du travail. L'entrée de ce personnage exubérant est assez marquante. Un peu comme une vision. C'est que le type est un original. Fin soixantaine, fier, mais qui a roulé sa bosse, un bon vivant. Ce sera le début d'une association heureuse.

Zorba, en plus d'être travailleur et bon cuisinier, est un excellent conteur. Toutes ces soirées en tête à tête avec le narrateur, après de dures journées à la mine, il raconte bride par bride sa longue existence. Ses aventures de coureur de jupon, de sa Macédoine natale à Constantinople, et même en Russie. Ses démêlés avec les Bulgares et les Turcs. Ses diverses occupations sur les mers du monde, d'Alexandrie à Alger. de toutes ses aventures, il en a retiré une certaine sagesse, une philosophie de la vie. Rien de trop cérébral, après tout, Zorba est un homme de terrain, qui aime le concret. Les deux vont discourir longuement sur les femmes, la Grèce, la vie, la mort. Ajoutez à cela quelques petites péripéties comico-tragiques, à propos de la mine ou de Dame Hortense, une ancienne femme de joie sur le déclin, vous ne pourrez qu'adorer.

Et le tout dans le décor enchanteur de la Crête. Sur la plage de sable blanc, sous les figuiers de Barbarie et les oliviers, envirés par les odeurs de fleurs d'oranger et de thym. En buvant un verre de santouri et en mangeant un repas copieux. Il y a un je-ne-sais-quoi de magique tant dans la description des lieux, dans l'atmosphère. Même l'écriture est sensuelle, évocatrice. Un grand roman de Nikos Kazantzaki que je recommande vivement !
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La vie de lecteur est pleine de surprise : voilà un livre qui sera passé directement de mon Inconnu à mon Panthéon ! et il est certain que je m'en viendrai régulièrement lui rendre hommage à ce magnifique, tellurique, truculent Zorba !
Tout du long, cette lecture fut une bénédiction : l'immersion dans ce paysage crétois magnifié et gorgé de soleil, le choc salutaire de la rencontre des contraires entre le narrateur engoncé dans ses livres et Alexis Zorba, l'ouvrier de la vie aux cent vies, pétulant de joie, d'intelligence sans fard et de liberté ; l'alchimie merveilleuse qui se crée entre ces deux hommes ; les danses de Zorba, ses maximes puisées au coeur du réel, son énergie vitale, son désespoir traversé de lumière, sa sagesse de guerrier mille fois meurtri et mille fois relevé.
Quelle leçon, quelle belle philosophie que celle de ce livre, à vous faire fermer tous les autres, défaire toutes les chaînes et sauter à pieds joints dans la vie !
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De retour en Crète pour reprendre la gestion et l'extraction d'une mine de lignite, le narrateur, un jeune intellectuel rencontre le truculent Zorba dans un café. Alexis Zorba la soixantaine, éternellement accompagné de son santouri, fort en gueule, ayant vécu mille vies dont il partage les anecdotes avec beaucoup de verve. Deux personnalités diamétralement opposées, l'une cérébrale, l'autre volcanique, qui vont s'apprécier, s'enrichir l'une l'autre...
J'abordais ce roman avec un peu de crainte, me souvenant du magnifique film avec Anthony Quinn, Alan Bates et Irène Pappas, crainte de ne pas aimer le texte ou qu'il soit complètement divergent par rapport au souvenir lointain que j'avais du film. En fait j'ai été complètement séduite par cette amitié improbable entre un jeune intellectuel qui travaille sur un récit sur Bouddha, catapulté dans la vie par un Zorba qui vit toutes les expériences de façon épique, et plus il se livre, plus l'on découvre les failles et les malheurs qu'il a essayé de surmonter et l'on comprend mieux sa vision libre de la vie ; il remet tout en cause, le gouvernement, l'armée, la religion, le mariage, l'attachement, sa foi en l'homme, l'immobilisme, la paresse, se relevant de toutes les épreuves grâce à la musique de son santouri.
Le roman de Nikos Kazantzakis est une invite à vivre chaque jour comme s'il était le dernier, une promesse de se relever malgré les malheurs, un hymne à l'optimisme. C'est surtout le magnifique portrait d'un homme incroyablement vivant.
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Les îles grecques, la plage, l'odeur de la mer, chanter, danser et rire, en oubliant la vie de « gratte-papier ».

Lorsque je reviens de voyage, j'essaie de le prolonger avec un livre qui me ramène dans ce coin de pays. C'est ainsi que j'ai rencontré Alexis Zorba, un Grec du siècle dernier.

Bien sûr, j'avais entendu parler du film, surtout de la trame sonore et de la danse « traditionnelle » inventée spécialement pour le cinéma. Mais, dans le roman, c'est toute une philosophie, une religion de la beauté, de la liberté et de la joie de vivre.

Des idées intéressantes, sauf pour la conception des femmes et des rapports hommes/femmes. On souhaite vraiment que ce discours soit chose du passé, que les Grecs actuels ne partagent pas sa façon de penser. Je ne suis pas du tout à l'aise avec l'image diabolique ou, au mieux, pitoyable, qu'il attribue aux personnages féminins.

Un roman à l'atmosphère attrayante, mais avec des idées misogynes vraiment dépassées… du moins je l'espère !
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J'ai ouvert avec appréhension Zorba dont j'avais un souvenir ébloui. La magie allait-elle opérer à nouveau?
J'ai douté, Ce vieux lubrique, Cette vie patriarcale où les femmes sont oubliées au mieux,si ce n'est pas méprisées, ou pire, comme la belle veuve, est-ce que je vais laisser passer cela?
C'est un hymne à l'amitié, à la Crète, à la Grèce et à la vie toute entière. L'humanité de Zorba est tellement magnifique et généreuse, qu'il est impossible de mégoter. Jamais de mesquinerie. La faiblesse humaine,de ce ver, de cette limace, il la reconnait, il en rit, il l'efface avec le vin, la danse et la musique.
La beauté de la mer, du printemps, du parfum de la fleur d'oranger, il l'exalte, ouvre ses yeux comme s'il la découvrait chaque jour.


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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on va parler d'un roman grec publié en 1946, Alexis Zorba de Nikos Kazantzakis. Je n'ai pas vu le film.

Or donc le narrateur se sépare d'un ami et part ouvrir une mine en compagnie de Zorba, un homme âgé, pétulant, dont il va découvrir la vie rocambolesque et la philosophie toute personnelle.

Alors, pour commencer, quelle ne fut pas ma joie ! Ce roman exploite le sens de l'odorat et va donc rallonger ma précieuse liste. Les descriptions, élégantes et sans lourdeur, m'ont transportée dans des paysages enchanteurs.

-Pfff… C'est un roman pour mecs, bien mecs, de mecs satisfaits de n'être pas des femmes ! Comment veux-tu que j'accroche à ça ?

-Euuuh… en savourant la beauté de la prose ? Parce que, il faut le dire, le texte est splendide. Il recèle des réflexions intéressantes sur le bonheur dans la simplicité. Savourer le moment présent, la bonne chère, admirer la beauté de ce qui nous entoure, saisir les occasions…

-Mouais. Alexis Zorba m'a procuré une expérience littéraire inoubliable.

-Ah oui ? Laquelle ?

-C'est la première fois que je suis virée d'un roman par les personnages ! Faut le faire, quand même !

-Hein ? Mais non, voyons…

-Ah si. Je suis exclue de cette lecture par des persos qui prennent soin de me rappeler que je suis inférieure, que je représente la source de leurs malheurs, que je suis condamnée à les servir à cause de mon genre. Zorba disserte pendant des paragraphes entiers sur l'infériorité des femmes et la malédiction qu'elles représentent ! Oooh, mais quel bonheur à lire ! Quelle joie, quelle magnifique occasion de jouir du moment présent !

-D'accord… ce roman célèbre la liberté, Zorba va où il veut, fait ce qu'il veut…

-Ah oui, la liberté. Oh oui, c'est bô. Bon, on t'explique aussi que ce n'est pas pour tout le monde, hein, la liberté, si t'es trop pauvre, c'est non, si t'es une femme, la question ne se pose même pas, et on parle des Noirs ou pas ? Ah, le bon vieux temps des colonies…

-Bon, Méchante Déidamie… oui, il y a des choses discutables, mais le texte est splendide… et puis on adore Maupassant alors qu'il a écrit des horreurs, lui aussi !

-Maupassant, il prétend pas me donner des leçons de vie quand il rédige ! C'est ça qui me gonfle : cette posture « oh, je suis plein de réflexions élevant l'âme » tout en affichant un sexisme et un racisme assumés. ‘Scuse-moi, mais j'peux pas en tirer quoi que ce soit pour mon âme, sauf de l'amertume.

-Oui, mais… c'est bô… élégant…

-Tu sais quoi ? Je te propose un truc. Et si on appliquait les grands principes de liberté prônés par ce texte ? Et si on arrêtait de perdre notre temps avec des papiers inutiles comme le narrateur ? Et si... on se préparait quelques instants de délectation afin de se donner un peu de bonheur et de joie durant notre court passage sur cette planète ?

-Ah ouais, ça me tente ! On fait quoi ?

-ON LAISSE TOMBER CE BOUQUIN AVANT LA FIN ET ON EN PREND UN AUTRE !!! »
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Alexis Zorba est la démonstration qu'un homme sans culture, sans lecture, sans littérature, peut être un grand bonhomme. Il suffit, mais ce n'est pas rien, qu'il ait gardé une âme d'enfant émerveillé, une tendresse inextinguible pour la vie qui s'offre, une indulgence infinie pour les faiblesses de ses congénères.
Cet homme sans savoir, connaît tout de ses semblables, de l'existence, et se pose les mêmes questions fondamentales que Kazantzakis, son « patron, » mais tellement aussi son faire-valoir au cours du livre.
Car Kazantzakis, chargé de lectures, de raisonnements et de philosophie, n'a pas plus de réponses que Zorba.

C'est donc l'histoire d'un brave homme, d'un homme brave, et c'est aussi celle d'une amitié magnifique. Celle, sans pareil, qui lie les deux hommes, celle que Kazantzakis n'oubliera pas, à laquelle il consacrera ces quatre-cent-cinquante pages.
Un grand livre qui fait passer par toutes les émotions, les émotions de Zorba. Merci, monsieur Kazantzakis !
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Un jeune intellectuel vient en Crète exploiter une mine de lignite, et essayer d'écrire aussi. Son chemin croise celui d'Alexis Zorba, d'un tout autre milieu et plus âgé, qui a déjà beaucoup roulé sa bosse, et qui va proposer ses services au narrateur. Et qui va d'ailleurs au final tout faire : organiser le travail à la mine, car son patron, comme il l'appelle n'y connaît pas grand-chose, cuisiner, gérer le quotidien et surtout l'enchanter, par ses récits, son appétit de vivre, sa musique… Il va tenter d'insuffler à son jeune employeur une plus grande vitalité, une envie de vivre et non pas de penser sa vie en permanence.

Sous les apparences d'un récit picaresque et drôlatique, Nikos Kazantzakis interroge notre rapport au monde, à la vie. Aux choix que l'on fait ou non à un moment, à l'envie que l'on possède ou pas. Zorba qui mord dans la vie à belles dents, au risque de la catastrophe, s'oppose à l'intellectuel qui n'arrive pas à faire autre chose qu'observer et évaluer, au risque de l'impuissance. le monde dépeint n'a rien d'idéalisé, il est violent, plein de préjugés, et surtout rempli de la peur de la mort, à laquelle personne n'échappe à un moment ou un autre. Et toutes les sagesses du monde n'ont aucune réponse, aucun véritable apaisement face à cette crainte qui habite dans chaque être humain. Chacun y est confronté à un moment où un autre.

Face à la difficulté d'exprimer ce qui habite au fond de chaque être, la peur, la joie, le bonheur comme la peine, chacun trouve sa voix : celle du narrateur est celle du mot, du verbe. Alors que celle de Zorba est celle de la musique et du corps, à travers la danse. D'une certaine manière, un être humain complet posséderait les deux, les maîtriserait aussi bien l'un que l'autre. Mais est-ce vraiment possible ?

Un beau livre, qui pose beaucoup de questions, et qui nous fait faire un beau voyage.
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Ce qui me fascine le plus dans ce roman (un petit univers romanesque, un organisme bien construit, comme la toile d'une arraignée dont les singnes ne s'enchaînent pas au hasard comme ils semblent le faire, mais ils sont tissés avec soin par l'esprit d'un génie qui nous tient captives dans sa toile) est la manière par laquelle le narrateur personnage essaie de gagner la délivrance, en s'echappant à des mots comme 'éternité', 'amour', 'esperance', 'patrie', 'Dieu' qui sont des 'mots anthropophages', surtout l'éternité.
Admirant et enviant Zorba, il aurait voulu à un certain moment dans la narration faire 'tabula rasa' (effacer tout, tout ce qu'il a malheureusement appris, tout son passé et entrer à l'école de Zorba, l'école de la vie), mais c'était trop tard pour un 'tel avortement spirituel' et pour se délivrer il faudra naître, faire naître le manuscrit qu'il portait en lui et avec lui. L'acte de l'écriture, c'est un acte de naissance, voilà pourquoi on peut dire que l'écrivain incarne le principe feminin, passif, aquatique, intérieur, en temps que Zorba symbolise le principe masculin, actif, terreste, extérieur: 'Depuis deux ans, dans les tréfonds de moi-même, frémissait un grand désir, une semence: Bouddha. Je le sentais à tout moment dans mes entrailles me dévorer et mûrir. Il grandissait, s'agitait, commençait à donner dans ma poitrine des coups de pied pour sortir. Maintenant je n'avais plus le courage de le rejeter. Je ne le pouvais pas. Il était déjà trop tard pour un pareil avortement spirituel.'
En fait, l'amitié de l'écrivain avec ce 'mec' de soixante cinq ans qui ne veut pas mourir, qui vit comme s'il ne devait jamais mourir, est une relation oxymorique, une sorte de 'coincidentia oppositorum' (du latin: qui renvoie aux principes contraires qui s'attirent). Ce couple est une variante moderne, une actualisation du couple Don Quichotte - Sancho Panza.
Je considère que le dialogue du berger avec Bouddha est aussi fort intéressant parce qu'il en resulte que celui qui ne rien craint peut être considéré un homme, un esprit libre. L'un a ce qu'il a besoin pour vivre(des vaches, des prairies, une femme), mais il est simple, l'autre n'a rien et il est simple aussi. Tous les deux disent les mêmes choses regardant le ciel: '- Et toi, tu peux pleuvoir tant que tu veux, ciel!' et Bouddha ajoute: 'Je n'ai rien. Je ne crains rien.'
Sur la tombe de Nikos Kazantzakis est inscrite l'épitaphe: Je n'espère rien, je ne crains rien, je suis libre. Ça dit tout.
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Ce livre fait partie de mes 6 livres à emporter sur une île déserte et s'il n'en reste qu'un, ce sera celui-là ! Je l'ai découvert alors que je soignais par la lecture, qui m'apportait l'évasion nécessaire, un moment de profonde déprime. Curieusement, mon entourage se réjouissait de me voir plongée jusqu'au cou dans mes livres, mais je savais bien que cela tournait à l'addiction. J'en témoigne, la lecture peut devenir une dépendance et conduire au retrait social !

Je découvris d'abord le film (Alexis Zorba aura toujours pour moi la gueule burinée et la silhouette d'Antony Quinn) et j'achetai le livre. Dès les premières lignes je fus fascinée. Zorba, c'est avant tout une formidable leçon de vie et de tolérance, de confiance en la nature humaine, malgré tous ses défauts. C'est l'histoire d'une amitié improbable entre un jeune intellectuel tourmenté par Bouddha qui "gouverne encore ses pensées" et un homme qui représente ce qu'il cherche depuis longtemps, sa figure opposée "un coeur vivant, une large bouche goulue, une grande âme brute".

Ce n'est pas une Crète touristique que décrit Kazantzaki, elle est âpre, sauvage, les préjugés minent la société rurale, on se méfie de l'étranger, de celui qui est différent, des femmes trop libres. C'est une vie rude, dominée par la religion, c'est une société patriarcale. L'action du livre se situe dans les années 1930 et pour les lecteurs européens d'aujourd'hui, autant dire que c'est le Moyen-Age (du moins, l'idée qu'on en a !), un lieu et une époque que l'on pense révolus définitivement.

Quoi qu'il en soit, ce livre me jeta littéralement du haut de ma bibliothèque et je sortis dans la rue ! Quoi de plus beau qu'un livre qui vous réconcilie avec la vie et plus si affinités, c'est-à-dire, avec vous-même ?

Un petit plus : qui sait que le Sirtaki est une danse qui a été inventée pour le film à partir d'une danse traditionnelle ? (sources : Wikipédia et A voir A Lire).
Lien : http://jevousdediecelivre.ek..
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