Gloire, par
Daniel Kehlmann. Neuf nouvelles composent ce livre et un fil semble les relier, quelque chose qui fit une apparition soudaine et fulgurante il y a un peu plus d'une décennie. Au point de transformer nos vies, de nous demander ce que celles-ci avaient pu être avant. Au point de créer en nous une dépendance nouvelle et terrible à ce double adultérin. Chacun a deviné, il s'agit du téléphone portable, aujourd'hui sophistiqué et devenu un smartphone.
Bien sûr, le thème de ce livre est plus large, plus divers. Il s'agit d'un livre sur la communication, les angoisses et dérives existentielles, aussi sur l'écriture et la frontière entre le réel et l'imaginaire. Ainsi, le thème de la première nouvelle, c'est la solitude et une sorte de vie par procuration, mais c'est aussi celui d'un couac technologique à l'origine de méprises cocasses et angoissantes à la fois, et d'une atmosphère un peu fantastique. La deuxième nouvelle plonge dans les difficultés de communication entre un écrivain aux peurs infantiles et toujours dans la jérémiade et une journaliste aux prises avec une affaire grave, réelle et secrète. Et chacun vit la vie personnelle que lui permet son téléphone portable. La quatrième histoire est impressionnante : un acteur célèbre qui s'est fait doubler par un sosie, est envahi par le doute, voit sa personnalité brouillée, pensant "qu'aucun homme, vu de l'extérieur avec lucidité, ne ressemble à lui-même." Et pour cause, un imposteur, son sosie, a usurpé son identité, et lui-même se persuade qu'il avait tort de se prendre pour lui-même…
"
Gloire" se présente comme un roman en neuf histoires car certains personnages – l'écrivain Léo Richter et son héroïne Lara Gaspard, l'acteur Ralph Tanner – reviennent dans plusieurs nouvelles.
Daniel Kehlmann est un auteur contemporain, qui s'empare de problématiques d'aujourd'hui, et qui en rend compte avec distance, humour, mais aussi en s'engageant, car entre deux sourires, s'insinue volontiers une petite bouffée de désarroi, voire d'épouvante !