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Citations sur Réparer les vivants (345)

Que deviendra l'amour de Juliette une fois que le cœur de Simon recommencera à battre dans un corps inconnu, que deviendra tout ce qui emplissait ce cœur, ses affects lentement déposés en strates depuis le premier jour ou inoculé ça et là dans un élan d'enthousiasme ou un accès de colère, ses amitiés et ses aversions, ses rancunes, sa véhémence, ses inclinations graves et tendres ?

Que deviendront les salves électriques qui creusaient si fort son cœur quand s'avançait la vague ?
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Car ce que Goulon et Mollaret sont venus dire tient en une phrase en forme de bombe à fragmentation lente : l'arrêt du cœur n'est plus le signe de la mort, c'est désormais l'abolition des fonctions cérébrales qui l'atteste. En d'autres termes : si je ne pense plus, alors je ne suis plus. Déposition du cœur et sacre du cerveau - un coup d’État symbolique, une révolution.
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Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d’autres provinces, ils filaient vers d’autres corps. Que subsistera-t-il, dans cet éclatement, de l’unité de son fils ? Comment raccorder sa mémoire singulière à ce corps diffracté ? Qu’en sera-t-il de sa présence, de son reflet sur Terre, de son fantôme ?
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C’est cela être malade, ne pas avoir le choix.
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Au sein de l'hôpital, la réa est un espace à part qui accueille les vies tangentielles, les comas opaques, les morts annoncées, héberge ces corps exactement situés entre la vie et la mort. Un domaine de couloirs, de chambres, de salles, que régit le suspense.
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A deux cents mètres du rivage, la mer n'est plus qu'une tension ondulatoire, elle se creuse et se bombe, soulevée comme un drap lancé sur un sommier.
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Cette nuit-là, elle s'endort avec les fleurs. L'homme la déshabille avec précaution, déplie un par un les pétales puis les dispose sur sa peau nue comme les écailles d'un poisson, puzzle végétal formant un manteau de cérémonie qu'il prend soin de parfaire, murmurant de temps à autre, ne bouge pas tu veux, alors qu'elle avait sombré depuis longtemps dans un délice cataleptique, ornée et soignée comme une reine.
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Tertio: la situation est irréversible - elle déglutit en pensant à ce mot qu'il lui faudra articuler, irréversible, quatre syllabes qui vitrifient l'état des choses et qu'elle ne prononce jamais, plaidant le mouvement continu de la vie, le retournement possible de toute situation, rien n'est irréversible, rien a-t-elle coutume de clamer à tout bout de champ - elle prend alors un ton léger, balance sa phrase comme on secoue avec douceur celui qui se décourage, rien n'est irréversible, hormis la mort, le handicap, et peut-être alors qu'elle virevolte, tourne sur elle - même, peut-être qu'elle se met à danser.
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Marthe Carrare (…) suce un comprimé de nicotine, songeant après avoir regardé sa montre qu'elle a oublié de décommander ce dîner prévu d'ici deux heures chez sa fille et son gendre, elle n’aime pas aller chez eux, se le formule clairement à l'instant, je n’aime pas y aller, fait froid là-bas - ne saurait dire pourtant si ce sont les murs de l'appartement talochés d'une belle peinture blanche à la caséine qui la font frissonner, ou bien l’absence de cendrier et de balcon, de viande, de désordre, de tension, ou encore les tabourets maliens et la méridienne design, les soupes végétariennes servies dans des coupelles mauresques, les bougies parfumées Foin coupée Feu de bois, Menthe sauvage, la satiété stylée de ceux qui se couchent avec les poules sous des édredons de velours indien, la tendre atonie distillée partout dans leur royaume, ou peut-être est-ce ce couple qui l'effraye, ce couple qui avait avalé en moins de deux ans sa fille unique, l'avait désintégrée dans une conjugalité sûre, émolliente, un baume après des années de nomadisme solitaire : sa fille fougueuse et polyglotte désormais méconnaissable.
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Tout ce qui cinglait en elle de vif et d’ardent, cette légèreté à pleine vitesse, joueuse et féroce, ce pas de reine qu’elle avait encore cet après-midi dans les couloirs de la réa, tout cela prend l’eau à toute allure, et pendouille dans son cerveau, lourd, détrempé : à force d’avoir vingt-trois ans elle en avait vingt-huit, à force d’en avoir vingt-huit, elle en a trente et un, le temps cavale tandis qu’elle jette sur son existence un regard froid, un regard qui dézingue l’un après l’autre les différents secteurs de sa vie.
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