Découverte de cette auteure, par hasard. La photo de couverture (Edition Gallimard - Folio) d'une jeune femme assise au sol et peignant un tableau m'a attirée ?
Après quelques pages, je découvre un univers pour jeune adulte. le monde de la jeune Paula, partie pour ses études d'art et de la peinture décorative à Bruxelles. Un sujet qui m'intéresse. Les premiers pas en dehors du cocon familiale, la coloc, l'école d'art avec ses particularités et exigences, ça passe bien. Mais je commence à avoir le sentiment que ce livre a plutôt sa place dans une collection Jeunesse. Initiation à la formation, l'indépendance, l'amitié, éventuellement à un amour hésitant. Apprentissage de la vie, tout simplement.
Je découvre également un style fleuve rarement lu : suis-je entrain de feuilleter un catalogue professionnel des couleurs ? Une phrase peut courir sur plus d'une page, habilement entrecoupée toutefois… C'est aussi un art, avec le risque de lasser. Un riche vocabulaire, mais… énumération, catégorisation, description détaillée, tout ce qui se passe est nommé « comme de l'extérieur » mais pas vraiment vécu. Un écran étrange semble se dresser entre Paula, le lecteur et le narrateur qui est anonyme, invisible, parfois même « on ». Au point que je me demande si Paula serait une personne avec des traits légèrement autistes…car on n'arrive pas très bien non plus à la saisir. Son monde imaginaire est riche, mais sa façon d'être très retenue et distante.
Tout en se demandant où
Maylis de Kerangal veut amener sa Paula et nous les lecteurs, on finit par se laisser bercer par ce style de narration, une sorte de large panorama visuel et tactile très fort. Les sens y jouent un grand rôle. Ne cherchez pas de vrais dialogues, les quelques échanges verbaux entre les personnes sont d'avantage rapportés que cités.
Son diplôme en main, Paula accumule les premières expériences professionnelles ; la partie Rome avec les studios de Cinecittà est vivante, on apprend des choses intéressantes, ainsi que sur le marbre. Paula finit par accepter un mandat pour le projet Lascaux IV, et là, on arrive à mon sens dans la meilleure partie du livre ! Un vrai voyage souterrain, onirique, historique, coloré et mystérieux nous attend. (Dommage que l'auteur y a mêlé l'attentat de
Charlie Hebdo, rien à voir).
Une fois «
Un monde à portée de main » fermé, je me dis : c'est bien d'avoir 20 ans et avoir la vie devant soi… . Et j'irai bien voir les grottes de Lascaux IV !