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3,43

sur 808 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Attention ! vous allez tomber dans des palettes de couleurs confidentielles...Paula taquine le pinceau comme personne, jeune diplômée dans ce métier d'art spécifique, elle est capable de reproduire tout sorte de support à l'identique..de décors de cinéma, en passant par des matières rares, recréer un marbre, ou recopier un veinage, un trompe l'oeil, restaurer des panneaux de bois ..et même peindre un ciel dans une chambre d'enfant..recréer des teintes anciennes..amener une ambiance, nous sommes dans le domaine de l'excellence où le travail se fait sur la renommée et le bouche à oreille...
Nous suivons donc cette vie d'étudiante, sa colocation avec un jeune homme Jonas, ses amitiés, ses amours, ces chantiers qui la font voyager de Rome à Russie..une intermittente, passionnée par son art et l'histoire..elle se retrouvera même sur le chantier de la copie de la grotte de Lascaux...

Le roman est dense, documenté,..un dédale brillant de termes techniques en peinture révèle toute l'intérêt de ce vibrant hommage à ce métier d'art peu connu...Le style est là, l'érudition aussi..ce qui rend la lecture captivante, l'auteur brosse ses portraits avec subtilité...j'ai quelques fois manqué d'air au niveau de la forme cependant cela reste agréable à lire...et dans ce univers artistique, cette vie "d'illusionniste " n'est pas à la portée de toutes les mains...
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Un écrivain, c'est une pensée soutenue par un style. Chez Maylis de Kérangal, qui, soit dit en passant, a le chic pour étudier à fond les corps de métier (on a eu droit à la construction de ponts, aux transplantations médicales...), le style est là, indubitablement: généreux, foisonnant, travaillé (au risque d'être abscons), naturaliste à souhait. Pour le reste... le livre fermé (et on en sort d'ailleurs assez épuisé, sous le coup d'une overdose de vocabulaire et de phrases à longue portée), on a envie de dire: tout ça pour ça ? Je n'ai personnellement pas retrouvé le romanesque de "Réparer les vivants". Il n'en demeure pas moins que la performance est là, et elle est dans son genre assez spectaculaire: si vous voulez tout savoir sur les trompe-l'oeil en général et sur la grotte de Lascaux en particulier, ne cherchez pas, précipitez vous sur le très vitaminé "Monde à portée de main", impressionnant exercice de style de la présente rentrée littéraire !
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Après le succès énorme de réparer les vivants, la nouvelle fiction de Maylis de Kerangal était attendue au tournant, et nous a quelque peu déçue, malgré quelques qualités évidentes.
Un monde à portée de mains, sorti à la dernière rentrée de septembre, est un roman d'apprentissage qui nous plonge dans l'univers des peintres spécialistes de trompe l'oeil.

A travers la destinée d'une jeune artiste, Paula Kent, de sa formation dans une école réputée de Bruxelles où elle apprendra la maïtrise de différentes techniques ( marbres, bois, pochoir) à sa pratique , au gré des différents chantiers à travers le monde qu'elle visite, l'auteur nous dit sur ce métier assez étonnant.. Ce roman est très documenté, très technique, avec un vocabulaire riche et complexe, qui permet de décrire largement une matière poétisée et sensuelle évidente.
Dommage que le récit soit trop froid, trop clinique, pas assez empathique et lyrique pour emporter totalement l'adhésion et transcender cette richesse documentaire qui fait le sel de ce roman , nettement en dessous de réparer les vivants.
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L'oeil acéré de Maylis lançait en 2018, à l'écrivaine de Kerangal, un nouveau défi littéraire, transcrire un métier qui répare le temps. La pente est de plus en plus ardue pour faire d'une nouvelle passion, une oeuvre accessible à tous. Diluer le temps pour redonner vie aux blessures en les gommant ou en les défiant, entre le travail du faussaire et la fausse piste Maylis de Kerangal s'est peut-être trompé de registre, exécutant une partition bien élitiste.


Pourtant les recommandés des PTT étaient excellents. Pivot, Trapenard, Télérama avaient salué de 3 Trapenards, "Un monde à Portée de Main" quand l'autodidacte Serge Joncour n'en recevait que deux. Les amitiés de la villa Médicis avaient accompagné ces louanges. Je suis d'ailleurs scotché sur ses envolées lyriques, ainsi page 164, elle exprime une belle sensualité des doigts le long des veinules de marbre.
"C'est un marbre difficile, statuaire, une variété de carrare au fond d'un blanc pur, semé de mouchetures violettes et parcouru de veinules jaunes le long des brisures, comme si une rouille portuaire suintait des fentes de la pierre."


"Elle s'éclate ensuite à le peindre ce marbre dans les premières canicules de juillet",...Suit alors plus d'une longue page d'un seul tenant où l'on se noie, "dans son bleu Majorelle son ventre excité de plaisir". N'est ce pas trop, ou en fait-elle des caisses, page 191.


"A ses débordements de peaux, de nus, on oublie parfois le travail de l'atelier. »Ils sont imagés plus que décrits, page 56, l'idée que le trompe-l'oeil est bien autre chose qu'un exercice technique, bien autre chose qu'une simple expérience optique, c'est une aventure sensible qui vient agiter la pensée, interroger la nature de l'illusion et peut-être même c'est l'essence de la peinture. le trompe-l'oeil doit faire voir alors même qu'il occulte, et cela implique deux moments distincts et successifs : un temps où l'oeil se trompe, un temps ou l'oeil se détrompe si le dévoilement de l'impostura n'a pas lieu, ça signifie que l'on se trouve face à une supercherie".


Apprendre à imiter le bois c'est faire histoire avec la forêt.p 56


J'en suis baba d'extase, pour faire court.
En l'absence d'intrigue on se sent perdu comme ces trois personnages, Paula, Kate et Jonas, qui reprennent vie après les heures concentrées sur la préparation de la palette ; ainsi elle prépare : "une part de noir impérial, une part de terre de Cassel, que le pinceau incorpore par petites touches à mesure qu'elle accomplit la coalescence des images."


Je n'en sais pas beaucoup plus sur les techniques utilisées, mais j'ai happé cette très belle formule à utiliser pour travailler tous les supports, comme toutes les peintures, "cela revient à peindre de la peinture p 105".
Je crains que Maylis se soit éloignée comme moi.

La découverte des grottes de Lascaux le long de la Vézère, et le chantier de construction du deuxième site de Lascaux, pour en conserver toute l'intégralité dans sa splendeur originelle, écarté de toute pollution ultime, comblent les dernières pages.


Un dernier débordement amoureux viendra en apothéose dans cette grotte où l'on a mis au jour un poisson géant en 2001, un poisson géant vieux de 20 000 ans, quand les premiers hommes étaient venus peupler l'Europe. La découverte d'une chambre, ou se cachait un passage latéral, découvrait une galerie plus vaste encore, page 280, c'est là qu'ils "viendront peindre le cheval à crinière noire dont la course escortera le mouvement de la paroi en images préhistoriques pariétales".

Par leurs débordements, "Paula et Jonas explorent le plaisir comme une paroi sensible, comme s'ils se peignaient l'un l'autre, découvrant d'autres galeries encore plus vastes". Nos ancêtres ont du, eux aussi, certainement connaître l'extase .
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Un monde à portée de main, mais surtout un monde ou l'illusion, le clonage artistique tend à remplacer l'authentique, le réel, l'ancien par l'éphémère, par le trompe- -l'oeil, le fac-similé de la vision qui se joue de la confusion de la perception par un jeu de séduction !
Quant à la forme du récit : c'est mon 1° livre de l'auteure, et, j'ai été vite submergée par ses longues phrases, sans respirations, sans ponctuations, sans guillemets, sans tirets : un flux continu de mots techniques précis, de couleurs documentées mais qui arrivent en vrac ! le rythme est rapide, vigoureux sans coordination, et les personnages sont "brossés" furtivement en leur laissant peu d'espaces pour exister !
Quant au fond : Paula Kart, Jonas et Kate ont fait connaissance à l'Institut de peinture du Métal à Bruxelles, une brillante école qui apprend à ses élèves l'art du "trompe-l'oeil " ! Pour leur diplôme : ils ont choisi une spécialité :
Le portor pour Kate, la grande bringue exubérante qui n'a pas beaucoup de moyens financiers, et qui va être obligée de travailler comme physio au Nautilus et autres...
Le bois pour Jonas qui vit avec sa casquette des yankees enfoncée jusqu'aux yeux, c'est un taiseux aux airs de clodo , et après son diplôme : il ira faire les décors du Neveu de Rameau. Enfin, Paula issue d'un milieu bourgeois, qui a des yeux vairons et un strabisme et, qui a choisi l'écaille de tortue !
Les 2 derniers vont partager une colocation à Bruxelles, mais Kate sera toujours avec eux pendant la scolarité et même ensuite dans leurs activités respectives.
Paula, dans un premier temps fera des petits boulots de peinture près de chez elle, puis elle partira à Turin pistonnée par une des riches élèves de son école pour faire un travail dans la tombe de Khâ et Merit.
Sans entrer dans les détails de ses travaux : c'est à Cinecittà qu'elle va découvrir " la fabbrica dei sogni", la ville ou tout est décor, carton pâte pour les besoins du cinéma, elle va succomber aux charmes d'un staffeur expérimenté et original : le " Charlatan" .
De retour, avec les conseils de Jonas : elle va accepter d'aller en Dordogne travailler pour les décors de la grotte de Lascaux IV.
Jonas viendra la rejoindre et après, toutes ces années : ils réaliseront qu'ils ont des goûts mais surtout des sentiments en commun !
Un roman sur la vie difficile, instable et peu rémunératrice de ces artistes qui sont obligés de courir après les contrats pour subsister ! J'aurais aimé que ce coté " bohème", "décalé" soit valorisé dans le roman pour pouvoir apprécier " l'envers du décor" !
L.C thématique de septembre : première rencontre.
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Un lecture un peu laborieuse pour moi, et j'en suis désolée.
J'aime la démarche de l'auteur, poursuivie de livre en livre: elle met sa belle écriture au service d'un sujet sur lequel elle se documente de manière approfondie et qui sert de cadre au déploiement de personnages souvent très attachants.
Ici, elle s'est intéressée au trompe l'oeil et à la peinture dite de "décors" et nous permet d'approcher de façon précise les techniques mises en oeuvre dans toutes les applications possibles de cette formation.
J'ai trouvé que c'était était un peu austère, même si j'ai bien aimé son personnage principal Paula, jeune fille moderne en formation, qui va apprendre aussi l'autonomie, tout en étant en situation de précarité puisqu'elle est employé, souvent pour de courtes périodes sur tel ou tel chantier, en France ou à l'étranger.
l'histoire manque peut-être d'une intrigue?
le sujet n'est peut-être pas suffisamment propice à l'émotion?
Dans ce livre là de l'auteure, que je suis avec intérêt, j'ai trouvé que l'équilibre entre humain et technique était peut-être moins réussi que dans d'autres.
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Super un nouveau "Kerangal"!
Écrire sur la peinture, osé!
D'aucun dirait qu'il n'y a pas plus étranger qu'un art à un autre art.
J'aime l'écriture de Maylis de Kerangal, son rythme, ses descriptions... Mais arriver à l'adapter à la peinture n'est surement pas très facile.
Effectivement, le rythme des descriptions est effréné, peut-être un peu trop, et aussi un peu trop technique. On en perd les personnages, les lieux et on a l'impression de se retrouver dans un manuel technique décrivant les techniques du trompe l'oeil… et sur un volume de 280 pages, ça fini par lasser.
Oh deception quand tu nous tiens.

Les plus : l'écriture , le rythme
Les moins : le côté manuel technique
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Une jeune femme, en pleine recherche d'elle-même, devient peintre en décor, modifiant ses attentes et sa perception de la vie.
Après un RÉPARER LES VIVANTS, roman glacial, technique & tellement humain sur une transplantation de coeur, de Kérangal revient avec un livre hautement précis & amoureusement technique. Mais le charme opère moins. La faute à quoi? Des situations qui partent dans tous les sens, des projets de boulot qui font palpiter notre coeur et relâchés aussitôt. C'est le jeu de cette vie qui court d'un chantier à un autre, mais on se lasse vite. L'auteure s'investit sans faillir mais le sujet est peut-être le problème du livre. Les informations sont lassantes, malgré une dernière partie sur la grotte de Lascaux, historiquement exacte et foncièrement renversante. L'intérêt autour de cette peinture de décor touche moins, et on pourrait même évoquer de la part du lecteur, un ras-le-bol en cours de route.
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La langue de Maëlys de Kerangal est généreuse, survoltée, inventive. C'est un de ces rares auteurs qui prend des risques, qui possède un style inimitable et dont la prose vous remue au plus profond du coeur et de l'âme.
Je sors de son dernier ouvrage « Un monde à portée de mains » avec un sentiment mitigé, avec un léger poids sur l'estomac. L'écriture de Kerangal est riche et puissante. Elle donne souvent des pages extraordinaires (page 53, page 136). Tout le passage sur la découverte de Lascaux est un pur bonheur. Un passage trop rare. Une écriture riche et puissante, disais-je ? Cette fois cette langue la dessert, son écriture devient indigeste (page 83 par exemple). Sa virtuosité frise avec le superflu, tout en devient étouffant. Pire, le milieu dans lequel évoluent ses personnages semble avoir été choisi pour justifier ces litanies de noms savants, ses ribambelles de mots nouveaux, ses interminables phrases. Paula, son personnage principal, perd son humanité au milieu de ces catalogues. On ne comprend pas très bien où elle veut en venir et la scène d'amour, en fin d'histoire, à bout de souffle, a perdu toute crédibilité, tout charme.
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On suit quelques années de la vie de Paula depuis les 20 ans, âge auquel elle intègre une prestigieuse école d'art de Bruxelles. Elle veut y apprendre les techniques et secrets de la peinture en trompe l'oeil, avec une envie que l'on juge en tant que lecteur limitée voire résignée. Mais dont on saisit la véritable nature plus tard, après son diplôme lorsqu'elle se jette à corps perdu dans son travail. Il devient un prolongement de sa propre personne, une frontière floue entre sa réalité et la réalité du substrat, et peut être aussi le remède abstrait à son strabisme qu'aucun ophtalmologiste n'a jamais su résoudre. de ses premiers pas laborieux dans ce travail aléatoire aux réussites remarquées dans le cercle fermé de la bourgeoisie italienne, on observe les apprentissages sentimentaux de Paula et ses déambulations professionnelles qui l'amène à affiner sa propre vision de l'art, souterraine depuis ses 20 ans. Ces quelques années de sa vie sont à l'image de la trajectoire courbe décrite par un jet de peinture sur une toile immaculée. Cette toile qui représente l'espace des possibles pour la jeune Paula, qui espère en résorber la blancheur avec les teintes vives d'une existence d'artiste reconnue. Ce premier jet explose avec une fulgurance similaire à l'ambition éhontée de la jeune femme, s'y reflète la même beauté que sa candeur parfois malhabile. Paula désire âprement ériger la peinture en "trompe l'oeil" au rang qu'il devrait occuper, un art embryonnaire et fondamental, miroir de millénaires de création lorsque les hommes primitifs avaient uniquement le désir éthéré de reproduire ce qui leur faisait face. Elle veut l'instituer comme un art immuable de la reproduction, poreux au réel et aux soubresauts physiques du créateur. Une technique artistique universelle qui retranscrit l'essence même de la réalité. Et Lascaux apparait alors comme le point d'orgue de cette quête irrépressible. Puisque qu'il lie les époques et les êtres, unifie les formes, les matières et les couleurs. Ils ne forment plus qu'une masse dense se modelant de façon synchrone. Dans un temps nécessairement universel. Lascaux matérialise le sens que Paula cherchait éperdument pour appréhender enfin sa vie artistique, et l'assumer auprès de ses proches et en particulier du couple fusionne de ses parents. Et en décelant ce sens, sa vie sentimentale s'éclaire elle aussi.
Même si l'on peine parfois à pénétrer le personnage de l'héroïne, souvent distant. La lecture est agréable de bout en bout, soutenue par un phrasé poétique et imagés. A la fin, brûle en nous l'envie de connaître la suite: l'âge de la maturité.
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