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Citations sur Pipelines (8)

On mettra un disque de Keith Jarrett et tout le monde écoutera, et puis un disque de Satie et personne ne sera triste. Ce soir-là ceux qui sont seuls se sentiront ensemble et personne ne demandera "combien de sucre ?" parce que tout le monde se connaîtra.
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Le fils du chef du Mossad ne savait pas qu'il était le fils du chef du Mossad. Il croyait que son père était entrepreneur en travaux de terrassement. Et chaque matin, quand le père sortait du tiroir inférieur son Beretta et inspectait une par une dans le chargeur les spéciales 38 mm, il croyait que c'était à cause des Arabes des territoires avec lesquels il travaillait. Le fils du chef du Mossad avait de longues jambes maigres et un drôle de prénom. Il s'appelait Alex, en souvenir d'un ami de son père tué pendant la guerre des Six Jours. Et quand on voyait le fils du chef du Mossad en été, vêtu d'un short, se balançant sur ses fines échasses blanches, on l'aurait cru sur le point de s'écrouler. Et ce prénom, Alex. Il avait si peu l'air d'un fils du chef du Mossad qu'on pensait forcément à une nouvelle mystification du père, pour dissimuler son identité véritable.
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En arrivant sur l'Alexanderplatz, nous heurtâmes un cadavre. Ludwig le retourna maladroitement sur le dos et essaya, sans la moindre notion d'anatomie, de lui prendre le pouls là où il n'avait jamais battu. C'était le cadavre d'une jeune femme dont la robe était imbibée de sang. Bien qu'elle fût morte, son visage paraissait livide de douleur. Ludwig appuya son fusil contre la grille d'une maison et prit la jeune fille dans ses bras. Nous ne pouvions l'enterrer nulle part. Il la déposa délicatement sur le siège arrière d'une Volkswagen ouverte, garée non loin de là. Il ôta son manteau et recouvrit le cadavre souffrant. Puis il retourna prendre le vieux fusil et nous continuâmes notre promenade. "Quelle étrange nuit, dit Ludwig d'une voix tremblante, les mains autour de la taille comme pour essayer d'arrêter le froid. J'ai donné mon manteau à la jeune fille et je ne sais même pas son nom. Au diable, dit-il de plus en plus gelé, je ne connais même pas la couleur de ses yeux."
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Chaque semaine c'est la même histoire. Vendredi, quatre heures et quart, j'ai déjà enfilé ma tenue de sport, Ya'acov doit passer me chercher dans cinq minutes et c'est alors qu'elle dit : "Et si tu n'y allais pas aujourd'hui ? Tu sais bien que mon père se vexe quand tu ne restes pas pour la bénédiction du shabbat." Et chaque fois, je dois lui expliquer que je travaille comme un âne, que je fais des heures supplémentaires pour payer la maison de retraite de son père, et que le vendredi après-midi est mon seul moment de libre pour voir les copains, jouer au foot et oublier un peu les soucis. Et chaque semaine, elle me répète : "Mon père me demande si je suis veuve et pourquoi mon mari n'est pas à table." Alors je lui conseille de dire à ce vieil emmerdeur qu'elle est devenue veuve et que s'il veut que le mari de sa femme ressuscite qu'il cesse de nous pomper le pognon et déménage de sa maison de retraite cinq étoiles pour un endroit moins cher. Et cette chienne, me réponds toujours : "Je t'assure, Moshé, avec un mari comme toit, mieux vaudrait être veuve."
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Hans et moi, nous n'avions rien d'autre en commun que le cancer du cerveau dont nous étions atteints. Lui était un vieillard ratatiné qui parlait un hébreu saccadé, et moi un gars du pays, grand et gros, qui n'avait pas encore atteint la quarantaine. Pourtant, à partager une chambre qui n'avait pas été rafraîchie, nous nous sentions comme de vieux amis. "C'est parce que toi et moi nous sommes des malades terminal", expliquait Hans. J'aimais son hébreu approximatif, surtout quand il me qualifiait de "malade terminal", comme si je m'étais trouvé dans un aéroport bruyant d'où je me serais apprêté à m'envoler pour ailleurs, pour un endroit différent.
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Pour célébrer la fin du service de Kouki, nous lui avons offert Pipelines d’Etgar Keret. « C’est un livre de merde, a grimacé Kouki. Mis à part deux… pardon, trois histoires, tout le reste n’est que de la merde. De nos jours, n’importe quel imbécile peut publier un livre chez un minuscule éditeur et perdre un paquet d’argent, tout ça dans l’espoir infantile qu’un jour il va prendre son pied ».
A vrai dire, Kouki avait raison et si Akiva avait acheté le livre, c’était uniquement parce qu’il était en solde.
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Les soldats se sont excusés devant elle d'avoir tiré sur moi. Il faisait obscur, la frontière était proche et le tuyau en aluminium que je transportais ressemblait à un fusil. J'aurais dû réagir à leurs appels, mais comme d'habitude je les ai ignorés. Elle a pleuré si joliment, c'étaient des pleurs vierges en quelque sorte, ceux d'un être qui n'avait connu que de bonnes choses dans la vie.
Ils lui ont parlé des trois balles qui m'ont touché, deux à la base de la colonne vertébrale, de mon cri de douleur... non, je n'ai pas eu mal, mais j'ai fait semblant comme toutes les fois où j'ai chuchoté "je t'aime" alors que dans mon cœur je disais “pétasse" à toutes les femmes avant elle.
Les larmes coulaient, caressaient ses pommettes saillantes et délicates, glissaient le long du galbe de son cou. Et l'officier, le plus jeune des deux, a posé la main sur son épaule comme pour la soutenir, sa lèvre inférieure a frémi, elle a senti le désir de l'homme.
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"Quand je l'ai vu assemblé, en train de m'attendre, j'ai pensé à mon professeur de sociologie qui avait dit un jour que le premier homme à utiliser une canne n'était ni le plus fort, ni le plus intelligent de la tribu, parce que ni l'un ni l'autre n'avait besoin de canne, mais simplement celui qui en avait le plus besoin pour survivre et surmonter sa faiblesse. Je crois que personne au monde ne souhaitait disparaître autant que moi, et c'est la raison pour laquelle c'est moi qui ai inventé le tuyau. Moi et non pas le génial ingénieur de polytechnique qui dirigeait l'usine."
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