Bernie Gunther, tome 13 : L'offrande grecque

-C'est uniquement en tirant un trait sur le concept d'états-nations que nous pourrons mettre fin au fascisme et à la guerre.
-Moi qui ai participé aux trois dernières, je lève mon verre à cette idée.
-Trois?
-La guerre froide est une réalité hélas.

Il arborait une moustache tombante et un nœud papillon qui aurait pu paraître élégant s'il n'avait été vert et, pire encore, assorti à son costume en tweed (et vaguement à ses dents aussi). L'impression générale - outre le fait que le costume avait été confectionné par un apprenti taxidermiste - était celle d'un Irlandais jovial dans un film sentimental de John Ford.

C'est ça qui donnera à l'Allemagne l'avantage sur l'Angleterre. La ligne du bas sur le bilan. Les Rosbifs croient à tort que la victoire leur a donné le droit de mettre la main sur ces valeurs humaines. Voilà pourquoi ils ont créé leur État-providence, mais l'histoire prouvera qu' ils n'en ont pas les moyens. Vous verrez ce que je vous dis. P52

- [...] Le courage est une qualité admirable, mais j'ai l'impression qu'il y a beaucoup plus de courageux que de lâches dans les cimetières. Surtout en Grèce, où les héros sont souvent aussi pénibles et combattifs que les dieux eux-mêmes. Il me semble que les héros finissent souvent très mal.

Nos vies sont façonnées par nos choix, bien entendu, mais surtout par nos erreurs.

Il essaya de prendre un air songeur, mais l’effet produit avait quelque chose de grotesque : une gargouille faisant des mots croisés.

Vous êtes doué, je l'avoue. Très convaincant. Je parie que vous pourriez vendre un steak à un boucher. Mais je cours le risque. C'est ma spécialité à moi.

J'avoue que je ne crois pas trop aux coïncidences. Et je peux m'appuyer sur la tragédie grecque pour l'affirmer. Ce que vous, Allemands, appelez des coïncidences, des Grecs comme Sophocle ont tendance à y voir la main des Parques. Les divines tisseuses d'une tapisserie qui dicte le destin des hommes.

Les quartiers généraux de la police sont identiques partout dans le monde : impersonnels, défraîchis, malodorants, animés.

Et comme disait ma mère : c’est bien de joindre les deux bouts, mais parfois, c’est chouette d’avoir de quoi faire un noeud.