Les journaux nous ont si bien habitués aux catastrophes, aux émeutes, aux drames où tout un peuple est engagé que – pareils aux fossoyeurs qu’un cercueil n’émeut plus – nous vivons insensibles au milieu du sang et de la détresse.(...) Pour être vivants, notre tendresse ou notre effroi exigent un exemple singulier. Nous sommes ainsi faits que le visage d’un enfant qui pleure nous touche plus que d’apprendre la mort par la faim de toute une province.
Malgré ses craintes, elle aimait la triste douceur de leurs promenades. Ils allaient sans but, parlant peu. Et qu’auraient-ils eu à se dire après une si longue vie et si mêlée ? Clairs tous les deux, sans réticence ni secret, ils n’étaient que le prolongement l’un de l’autre. Mais tout leur amour, loyal, profond, jamais discuté, marchait à côté d’eux, de ses pieds invisibles, sur le gazon des jardins qu’ils préféraient. (p. 148, “Le thé du comte Sogoub”, Chapitre 1).