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Citations sur Les Coeurs purs (19)

Ces deux femmes de Cork, je n'ai pu les oublier, comme je n'ai pu oublier le soir où, avec Henri Béraud, nous vîmes toute la population que compte leur mélancolique cité, agenouillée dans la boue et priant devant la prison dans laquelle onze jeunes gens suivaient l'exemple de leur lord-maire. Un moine, comme une statue de bure, menait, sous la lumière de cent torches, ce lamento des agonisants.

Alors déjà, avant même que ne se dessinât la victoire, on sentait chez les combattants une dissension profonde. Les uns ne visaient qu'à une liberté mesurée, comprenant que l'Angleterre n'accepterait jamais d'avoir à son flanc un peuple non ligoté et hostile. Les autres voulaient une absolue franchise. Et nous nous demandions, Béraud et moi, avec angoisse (car nous aimions ces gens hardis et farouches), quelles querelles meurtrières déchireraient ces frères en cas de demi-succès.

Nous ne le sûmes que trop.
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Les journaux nous ont si bien habitués aux catastrophes, aux émeutes, aux drames où tout un peuple est engagé que – pareils aux fossoyeurs qu’un cercueil n’émeut plus – nous vivons insensibles au milieu du sang et de la détresse.(...) Pour être vivants, notre tendresse ou notre effroi exigent un exemple singulier. Nous sommes ainsi faits que le visage d’un enfant qui pleure nous touche plus que d’apprendre la mort par la faim de toute une province.
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Ce n'était pas les traits réguliers et fins de son visage qui en faisaient surtout la beauté. C'était son teint d'un rose mat, puéril et chaud en même temps, qui lui donnait une sorte d'ingénuité ardente, de passion qui s'ignorait elle-même.
Et puis ses yeux d'un gris profond et tendre comme du velours. Il y avait en eux une telle amitié pour l'univers que moi-même en fus ému. Et je ne sais pourquoi je n'osai obéir à mon premier mouvement qui avait été de la souiller.

Makhno et sa juive
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Mary se redressa. Une tendresse poignante la poussa vers Beckett, une pitié plus qu'humaine, comme celle dont on berce les agonies. Elle prit entre ses paumes le dur et bon visage, le regarda longuement. Puis, d'un accent que Beckett ne lui avait jamais entendu, féminin, chargé de langueur et de plainte douce, elle dit :
– Art, ce soir je vous aime pour la première fois.
Mais il accueillit cette voix avec indifférence, comme si rien, désormais, ne le pouvait émouvoir.

Mary de Cork
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– Pourquoi priez-vous ?
Une voix s'éleva, si connue qu'il en fut tout bouleversé de tendresse et que de nouveau sa force déserta son corps.
- Pour que notre séparation prenne fin, dit-elle.
La main de Beckett palpita, affermit son étreinte ; il allait attirer Mary contre lui, lorsqu'elle ajouta :
– Et je demande à Dieu qu'il vous fasse connaître enfin votre vrai devoir d'Irlandais.
Alors il retrouva dans la douceur enfantine de ce timbre l'accent implacable, la funeste volonté et sa courte béatitude fondit en une détresse sans limites. Mary ne revenait pas repentante, mais armée pour le même combat qui les avait si mortellement déchirés. Dès les premières paroles apparaissait, opiniâtre et fatale, l'image de leur discorde. – Mon devoir… commença-t-il.

Mary de Cork
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Tous les miracles sont possibles, toutes les audaces, toutes les évasions.
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Malgré ses craintes, elle aimait la triste douceur de leurs promenades. Ils allaient sans but, parlant peu. Et qu’auraient-ils eu à se dire après une si longue vie et si mêlée ? Clairs tous les deux, sans réticence ni secret, ils n’étaient que le prolongement l’un de l’autre. Mais tout leur amour, loyal, profond, jamais discuté, marchait à côté d’eux, de ses pieds invisibles, sur le gazon des jardins qu’ils préféraient. (p. 148, “Le thé du comte Sogoub”, Chapitre 1).
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"Soudain, de leur troupe serrée, un petit homme bondit vers nous, et, à l'élan de son corps, je compris que c'était la mort qui venait.
"Je ne vis alors ni son visage ni ses yeux, je ne vis qu'un éclat insoutenable, maladif, de prunelles. Je jure Dieu qu'il n'était pas ivre. Cela se sentait à tous ses mouvements.
"Mais c'était bien pire. Un ressort effroyablement comprimé qui devait se détendre. Un désir noué jusqu'au paroxysme et prêt à tout."

Makhno et sa juive
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Art avait vu s'accuser les plis nouveaux imprimés autour de ses lèvres et l'éclat plus sec des yeux. il comprit à son tour l'espoir trompé de Mary, sa révolte et qu'elle se préparait à répondre avec une véhémence cruelle. Il n'essaya pas de l'éviter. Mais dans son regard perça une supplication si navrée, il demanda si clairement grâce pour l'enfant qui ne savait rien encore de leurs déchirements que Mary eut pitié.
Puisqu'elle avait fait son devoir, qu'elle avait montré à Gerald vers quel parti devaient aller son amour et sa foi, puisqu'elle rejoindrait dans quelques heures les rebelles sur les monts qui gardent Cork, plus résolue que jamais, pourquoi ne pas accepter le répit d'une courte soirée et goûter près de son mari, dans la tendresse de son enfant, une joie qui lui serait peut-être désormais refusée ?

Mary de Cork
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Les coeurs instinctifs sont purs sans qu'intervienne aucune notion morale, purs à la manière d'un vin, d'une pierre ou d'un poison, purs par leur violence et leur intégrité.
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